Un bruit sourd et un cri retentirent, faisant sursauter les deux amants. Ils se rhabillèrent précipitamment, inquiets à l’idée qu’on les surprennent dans une position compromettante. Lorsqu’ils arrivèrent dans le couloir encore désert, un corps désarticulé était étendu sur le sol, une flaque de sang s’élargissant rapidement depuis son crâne abîmé par la chute.

***

Tony s’ennuyait. Cela faisait une bonne semaine qu’il n’y avait pas eu d’affaire ; ses collègues et lui passaient donc leurs journées à taper leurs rapports en retard. Seul Gibbs était rarement à sa place, passant le plus clair de son temps dans le bureau de la Directrice Sheppard. Tony ne pouvait s’empêcher d’être jaloux. Cela faisait maintenant presque un an que Jethro et lui étaient ensemble, dissimulant leur relation à tout le monde, même si certains comme Abby et Ducky semblaient avoir des doutes. Tony savait que son compagnon ne le trahirait jamais, mais il était d’un tempérament jaloux depuis toujours et la proximité constante de l’ex de Gibbs n’était pas faite pour le rassurer. Surtout qu’il avait très bien compris que Jenny ne dirait pas non si Jethro lui proposait de reprendre leur histoire où ils l’avaient arrêtée quelques années plus tôt.
Il soupira profondément, s'attirant un regard noir de Ziva :
- Qu’est-ce qu’il y a encore ?
- Je m’ennuie… je déteste toute cette paperasse… ce que j’aime dans ce boulot, c’est l’action !
- Tu vas en avoir ! lança la voix de Gibbs depuis la mezzanine. Un corps vient d’être trouvé à Norfolk. McGee, vous prenez le camion avec Ziva ! Tony, avec moi !
Tim attrapa les clés que son supérieur lui envoya et quitta le bureau, suivi de près par l’Israélienne. Tony attendit Jethro pour prendre le même ascenseur que lui. Une fois dans la cabine, l’ex-Marine souffla sans se retourner vers son compagnon qui se tenait derrière lui :
- Tu n’as rien à craindre concernant Jenny.
- Je sais.
- Alors, arrête d’être jaloux.
- Tu sais très bien que je ne peux pas. Je ne suis pas Italien pour rien…
La porte de la cabine s’ouvrit. Alors que Gibbs en sortait, Tony put voir un sourire flotter sur ses lèvres.

Une heure plus tard, la voiture arrivait près de la salle Washington, la plus grande des trois salles de spectacle de la base de Norfolk. Alors qu’ils roulaient le long du bâtiment, Gibbs demanda en désignant la foule qui attendait contre le mur :
- Qu’est-ce qu’ils font là ?
Avant que Tony ait pu répondre, son compagnon arrêta brusquement la voiture en grognant :
- Et qu’est-ce qu’Abby fait là ?
Les deux hommes sortirent de leur véhicule et se dirigèrent vers leur amie qui leur faisait de grands gestes en souriant :
- Vous êtes venus au concert ? demanda t’elle, enthousiaste.
- Quel concert ?
- Celui de 30 Seconds To Mars ! Vous êtes là pour quoi si vous êtes pas venus pour le concert ?
- Pour le boulot, répondit simplement Tony alors que son compagnon s’éloignait déjà vers leurs collègues.
Le visage d’Abby s’assombrit.
- Pour une fois que je suis en congé…
- T’en fais pas, on pourra bien se passer de toi quelques heures, sourit l’Italien.
- J’espère ! Tiens-moi au courant.
- Bien sûr.
Tony rejoignit Gibbs qui, avec McGee, écoutait l’officier de la Police Militaire qui était arrivé sur les lieux le premier.
- La victime s’appelle Alan Parson, 26 ans, célibataire. C’était un Quartier-Maître basé ici depuis un an et demi. Bon élément, sans histoire d’après son dossier.
Ils entrèrent dans le bâtiment et se dirigèrent vers les coulisses. Au pied d’un escalier métallique, le corps d’un homme gisait, sa tête dans une flaque de sang. Ducky était déjà au travail avec Palmer. Tony sortit son appareil et commença à prendre des clichés des lieux.
- Cause du décès ? demanda Gibbs en s’approchant.
- Vu les multiples fractures, les ecchymoses et la position du corps, je dirai qu’il est tombé de là-haut, répondit le légiste en désignant les cintres, environ quatre mètres plus haut. Je pense qu’il s’est brisé les cervicales en touchant le sol.
- Il a été poussé ?
- Je ne peux pas te le dire pour l’instant. Je ne pourrais en être sûr qu’après l’autopsie.
- Heure du décès ?
- Je le situe entre 14 heures et 14 heures 30.
- Qui a trouvé le corps ?
- Moi, répondit une voix grave provenant de derrière Gibbs.
Il se retourna et se trouva face à un homme d’une trentaine d’années, brun, les cheveux presque rasés, vêtu d’un tee-shirt blanc qui laissait voir des bras musclés et tatoués.
- Et vous êtes ?
- Shannon Leto. Je suis le batteur de 30 Seconds To Mars. Et vous ?
- Agent Spécial Gibbs, NCIS. Vous connaissiez la victime ?
- Oui… Et avant que vous l’appreniez par quelqu’un d’autre, j’ai eu une altercation avec lui il y a quelques jours.
- Pour quelle raison ?
- On peut aller en parler ailleurs ? demanda le musicien.
A ces mots, Tony leva les yeux de son appareil et vit qu’un groupe de curieux, composé de techniciens et d'employés de la salle, se tenait au bout du couloir, derrière le cordon mis en place par les MP.
- DiNozzo ! Viens avec nous !
- J’arrive Patron !
Il donna son appareil à McGee, puis suivit Gibbs et Shannon dans une loge déserte.

Le musicien se laissa tomber sur le sofa en soupirant. Il passa une main sur son visage las, puis expliqua :
- Parson est… était un Echelon…
- Echelon ? l’interrompit Gibbs.
- C’est le nom de nos fans. D’après une chanson de notre premier album.
- Continuez.
- On a donné un concert à New York la semaine dernière et il était là. Ce n’était pas la première fois que je le voyais, il était là à presque tous nos concerts sur la Côte Est. Jusqu’à dimanche, tout se passait très bien… et puis là, je ne sais pas ce qui lui a pris… après le concert, on a signé des autographes, comme à notre habitude… Parson était là. Il m’a demandé si on pouvait faire une photo ensemble. Et au moment où je me suis approché de lui, il s’est jeté à mon cou et m’a embrassé…
Tony jeta un bref coup d’œil à son supérieur mais le visage de celui-ci était impassible. Shannon continua :
- Je l’ai repoussé et il a commencé à hurler… une vraie scène de ménage !
- Vous avez eu une aventure avec lui ?
- Non. Je suis pris… et même si je ne l'étais pas, je n’aurais jamais eu de relation avec l’un de nos fans. Je ne sais pas ce que Parson a cru, mais il était comme fou. Il a fallu que Freddy, l’un de nos vigiles, vienne le faire partir. Je ne l’ai pas revu après ça… jusqu’à ce que je trouve son corps tout à l’heure…
- Que faisiez-vous dans ce couloir ?
- J’étais sorti fumer et je revenais vers la scène pour les répétitions lorsque j’ai entendu un cri et un bruit sourd. Quand je suis arrivé près de Parson, il était déjà mort.
- Vous l’avez touché ?
- Non. Vu son état, j’ai tout de suite compris qu’il n’y avait plus rien à faire pour lui.
- Vous avez vu quelqu’un d’autre ? Dans le couloir ou dans les cintres ?
- Non, personne.
Des coups retentirent sur la porte. Le battant s’ouvrit sur un homme brun, aux cheveux mi-longs et aux yeux d’un bleu perçant.
- Shan, ça va ?
- Qui êtes-vous ? demanda Gibbs !
- C’est Jared Leto ! répondit Tony, souriant.
Devant l’air perplexe de son compagnon, l’Italien ajouta :
- Il est acteur ! « Alexandre », « Panic Room », « Fight Club »… Oh, et je vous ai adoré dans « Lord Of War » ! lança t’il à Jared en lui serrant la main.
- Merci.
Voyant que Jethro ne comprenait toujours pas de quoi il parlait, Tony soupira :
- Il va vraiment falloir que je fasse ton éducation cinématographique, Patron !
Sans relever la remarque de son compagnon, l’ex-Marine s’approcha de l’acteur :
- Agent Spécial Gibbs et voici l’Agent Spécial DiNozzo, NCIS. Que faites-vous ici ?
- Shannon est mon frère. Et je suis le leader du groupe. Je suppose que vous êtes là pour la mort de Parson ?
- Vous le connaissiez ?
- Pas vraiment. C’était un Echelon qui venait assez régulièrement à nos concerts. Mon frère m’a raconté ce qui s’était passé l’autre jour mais en dehors de ça, on n’avait jamais eu de problème avec lui. Va t’il falloir annuler le concert ?
Gibbs parut réfléchir un instant puis répondit :
- Non, ça ne sera pas nécessaire. Mais vous devez rester en ville jusqu’à la fin de l’enquête.
- Pas de problème, nous donnons un autre concert ici après-demain et après nous avons quelques jours de repos.
- Vous êtes descendus à quel hôtel ? demanda Tony.
- A aucun. La Marine nous a mis à disposition une maison à quelques minutes d’ici pour la durée de notre séjour.
- Tony, prends leurs dépositions et leurs numéros de portables.
Gibbs sortit après avoir salué les deux musiciens. Son compagnon resta un moment avec eux le temps de finir son travail, puis rejoignit ses collègues. Le corps de Parson avait été enlevé, il ne restait plus que la tache de sang que Ziva prenait en photo. Gibbs donna des ordres à deux agents en uniforme :
- Ce couloir est condamné jusqu’à nouvel ordre.
- A vos ordres, Monsieur.
L’équipe quitta le bâtiment. En revenant vers sa voiture, Gibbs s’arrêta à côté d’Abby :
- Je vais avoir besoin de toi.
- Mais euh ! Gibbs ! J’attends ce concert depuis des mois…
- Abby !
La jeune femme eut une moue boudeuse, puis soupira :
- Ok, j’arrive…
Elle ramassa son sac et suivit ses collègues.

***

La porte de la salle d’autopsie s’ouvrit sur Gibbs et Tony. Ducky se tourna vers eux et lança avant même qu’ils aient eu le temps de lui poser une question :
- C’est un meurtre, Jethro.
- Tu en es sûr ?
- Certain.
Il désigna le poignet gauche de Parson.
- Tu vois ces ecchymoses.
- Ca ressemble à des marques de doigts… souffla Tony en se penchant sur le bras du mort.
- C’en est, répondit le légiste. Notre ami s’est débattu, violemment même.
- Des empreintes ? demanda Gibbs.
- Non. Les marques ont été faites à travers le tissus de sa manche. J’ai donné les vêtements à Abby pour analyse. Mais vu la taille de la main qui les a faites et leur intensité, je dirai que l’agresseur est un homme, plutôt musclé.
- Un batteur, par exemple ?
- Tu penses que Shannon Leto est coupable ? s’étonna Tony.
- Pourquoi pas. Ca ne serait pas la première fois qu’un type un peu connu tue quelqu’un.
- Je vais voir s’il a un casier.
- Et tant que tu y es…
- Je regarde si les autres membres du groupe et leur personnel en ont aussi ! lança le jeune homme en quittant la pièce.
Il remonta dans l’ascenseur qui s’arrêta au niveau du laboratoire d’Abby. Sa collègue monta dans la cabine en soupirant.
- Dire que je loupe un super concert… Gibbs a intérêt à être très gentil avec moi pour se faire pardonner.
- Ils en font un autre après-demain.
- C’est complet depuis des mois ! C’était ma seule chance de pouvoir les voir sur scène !
Tony se retint de sourire. Il venait d’avoir une idée mais pour qu’il puisse la mettre en application, il fallait que Shannon Leto ne soit pas l’assassin d’Alan Parson… et qu’ils parviennent à le prouver rapidement.

Lorsque Gibbs remonta de la morgue quelques minutes plus tard, Tony avait sorti les casiers judiciaires de trois personnes parmi lesquelles Shannon Leto. Les trois autres membres du groupe et de leur personnel n’avaient jamais eu de casier. Les deux autres concernés étaient des techniciens qui avaient fait de courts séjours en prison dans leur jeunesse : l’un pour conduite en état d’ivresse, l’autre pour vol à l’étalage. Tony soupira : celui qui avait le casier le plus chargé était malheureusement le batteur. Quelques années plus tôt, vers la fin de son adolescence, il avait été arrêté plusieurs fois en possession de drogue et une fois pour coups et blessures sur un autre jeune homme.
- Qu’est-ce que tu as trouvé ? demanda Gibbs en le tirant de ses pensées.
Il résuma la situation à son supérieur. Alors qu’il terminait, McGee posa la feuille qu’il était en train de lire et lança :
- J’ai les dépositions d’un groupe de fans qui se tenaient près de la porte par laquelle Leto est censé être sorti pour fumer.
- Et ?
- Il a menti. La porte n’a pas été ouverte de l’après-midi… du moins pas avant notre arrivée.
- Tony, convoque-le pour un nouvel interrogatoire. Convoque aussi les deux techniciens qui ont un casier.
- A tes ordres, Patron.

***

Une heure plus tard, Shannon se trouvait dans une salle d’interrogatoire, attendant que quelqu’un vienne le voir. Jared avait insisté auprès des agents du NCIS venus chercher son frère pour les accompagner, mais ils avaient refusé. Alors il était venu par ses propres moyens et se trouvait à présent assis à côté du bureau de Ziva.
- Pourquoi vous êtes là, Monsieur Leto ? demanda l’Israélienne.
- Shannon est mon frère. Si vous avez quelque chose à lui reprocher, je veux être au courant. Vous le soupçonnez ?
- Pas pour le moment. Nous voulons juste l’interroger, répondit Tony. Dites, c’est comment de tourner avec Oliver Stone ?
- Fatigant, sourit Jared. Mais très intéressant. Dites-moi, est-ce que mon frère risque vraiment quelque chose ? Votre patron n’a pas l’air très commode.
- Ne vous en faites pas, Gibbs aboie très fort, mais il ne mord pas. Et il est toujours juste dans ses jugements. Si votre frère est innocent, il n’a rien à craindre de lui.
Alors que Tony finissait sa phrase, son compagnon déboula dans l’open space.
- DiNozzo, McGee dans la salle d’observation ! Ziva, vous restez avec notre invité !
Tony et Tim suivirent leur supérieur. Gibbs entra dans la salle d’interrogatoire. Shannon se tourna vers lui, l’air inquiet.
- Je suis là en tant que témoin ou en tant que suspect ?
- Je ne le sais pas encore. Cela va dépendre de vos réponses à mes questions.
L’agent du NCIS s’assit en face de l’autre homme.
- Pour commencer, pourquoi avez-vous menti ?
Le visage de Shannon resta impassible mais une lueur de peur s’alluma soudain dans son regard.
- De quoi parlez-vous ?
- Vous n’êtes pas sorti fumer, du moins pas par la porte qui menait au couloir où Parson a été retrouvé. Donc, vous avez menti. Que faisiez-vous à cet endroit ?
Le musicien hésita un instant avant de répondre :
- J’avais besoin d’être tranquille… pour passer un coup de fil… J’étais dans un cagibi près de la porte.
- Seul ?
- Oui.
- Pourquoi vous ne l’avez pas dit avant ?
- Parce que vous ne m’auriez pas cru. Je suis le suspect idéal : je connaissais Parson, j’ai eu une dispute avec lui…
- Avoir menti vous rend encore plus suspect, Monsieur Leto.
- Je m’en rends bien compte… Ecoutez, Agent Gibbs, je n’ai pas l’intention de me soustraire à la justice. Je suis innocent mais si vous avez besoin de moi, je coopérerai… je vous demande juste de me laisser assurer le concert de ce soir. Ce n’est pas pour moi mais pour les autres membres du groupe et pour nos fans. S’il vous plait…
Gibbs se leva et se tourna vers le miroir sans tain. Tony savait que son compagnon réfléchissait aux risques qu’ils courraient de laisser leur principal suspect ressortir libre des locaux du NCIS. A côté de lui, McGee était en train de demander le listing des appels passés depuis le portable de Shannon afin de confirmer son alibi, mais il savait qu’il leur faudrait plusieurs heures pour obtenir la réponse. Au bout d’un long moment, Gibbs finit par refaire face au batteur et dit :
- Vous pouvez y aller.
Shannon eut l’air réellement surpris, puis soulagé, il souffla :
- Merci beaucoup.
- Un agent va vous raccompagner. Attendez ici.
Gibbs sortit de la salle d’interrogatoire. Ses subordonnés le rejoignirent dans le couloir.
- Tony, tu vas avec lui. Je veux que tu ne le quittes pas d’une semelle tant qu’il sera dans le bâtiment. Je vais poster des hommes à chaque sortie. Pour l’instant, c’est notre seul suspect, il est hors de question qu’il nous fausse compagnie.
- D’accord, pas de problème, répondit l’Italien.
Il alla chercher Shannon et le ramena dans l’open space. En voyant son frère, Jared bondit sur ses pieds et se précipita vers lui, l’air inquiet.
- Ca va ?
- Oui, t’en fais pas. Viens, on a un concert à donner ! sourit Shannon.
Les deux hommes se dirigèrent vers l’ascenseur, suivis de près par Tony.

***

Gibbs venait de finir d’interroger les deux techniciens qui avaient tous deux un très bon alibi pour le moment du meurtre. Il retourna dans l’open space et fut interpellé par Ziva :
- Abby vient d’appeler, elle veut vous voir.
Sans un mot, l’ex-Marine fit demi-tour et rentra dans l’ascenseur. Quand il arriva dans le laboratoire, la musique hurlait dans les haut-parleurs de la chaîne stéréo. Gibbs éteignit ce vacarme alors que son amie se tournait vers lui.
- Tu as trouvé quelque chose ?
- Les empreintes sur la manche de Parson sont inexploitables. Par contre, Ducky a trouvé un peu de peau sous ses ongles. L’analyse ADN est en cours. J’aurais les résultats d’ici une heure.
- Tu as quelque chose de concret à me dire maintenant ?
- Oui, je suis furieuse de louper le concert… quand tu choperas l’assassin, je vais lui dire ma façon de penser ! Quelle idée d’aller tuer quelqu’un justement aujourd’hui !
Gibbs soupira puis quitta le laboratoire. Tout au fond de lui, il ne pensait pas que Shannon Leto soit le tueur… mais il n’était pas infaillible… il ne devait négliger aucune piste. Alors qu’il arrivait à côté de son bureau, McGee le rejoignit :
- Patron, je viens d’avoir le listing des appels du portable de Leto : il n’y a qu’un seul appel à sa messagerie vers 13h et rien ensuite jusqu’à 16h.
- Vous avez vérifié le téléphone de son frère ?
- Oui, mais il n’y a rien qui coïncide avec son histoire.
Jethro était agacé : il ne supportait pas qu’on lui mente et il comptait bien découvrir pourquoi Shannon, s’il n’était pas l’assassin, tentait de lui dissimuler ce qu’il faisait au moment du meurtre.
- Ziva, venez avec moi ! McGee, allez voir si Abby n’a pas besoin d’un coup de main !
- J’y vais, Patron !

Gibbs gara la voiture à côté de la salle Washington. Le public commençait à sortir par vagues successives. Tout en avançant vers la porte des coulisses, gardée par un agent du NCIS en uniforme, Jethro appela Tony.
- DiNozzo.
- Où est Shannon Leto ?
- Dans la salle, il signe des autographes avec les autres.
- Reste près de lui, j’arrive.
Il raccrocha. Quelques minutes plus tard, ils arrivaient près du groupe qui était assis derrière une table où les fans se succédaient. Les vigiles empêchèrent en premier lieu les deux agents du NCIS d’approcher, mais en voyant leurs plaques, ils s’écartèrent. Shannon leva les yeux et, après avoir croisé le regard de Gibbs, il se pencha vers son frère pour lui parler à l’oreille. Quand il se redressa, l’ex-Marine était à côté de lui :
- Monsieur Leto, veuillez me suivre.
Sentant qu’il ne servirait à rien de résister, Shannon se leva. Jared l’imita.
- Dois-je appeler un avocat pour mon frère ? demanda t’il, l’air sévère.
- Pas encore. Mais j’aimerais aussi vous interroger.
- Nous venons. Tomo, Tim, on vous appelle dès qu’on le peut.
Les deux autres membres du groupe acquiescèrent et les regardèrent partir encadrés par les agents du NCIS.

***

Shannon fut installé dans une salle d’interrogatoire, Jared dans une autre. Gibbs comptait s’occuper de l’aîné et envoya Tony interroger le cadet de la famille Leto.

Salle d’interrogatoire 1 :

Cette fois-ci, Gibbs resta debout. Il se planta à côté de Shannon qui fut obligé de lever les yeux pour le regarder :
- Je n’aime pas que l’on me mente, Monsieur Leto ! Vous dites que vous n’avez pas tué Alan Parson, mais vous n’arrêtez pas de me raconter des bobards depuis le début ! Alors maintenant, je veux que vous me disiez exactement ce que vous faisiez dans ce couloir !
Shannon ne répondit pas, baissant les yeux sur ses mains jointes. Gibbs claqua sa main à plat sur la table, faisant sursauter l’autre homme.
- Répondez !
- Je ne peux pas… souffla le batteur. Je ne peux pas…

Salle d’interrogatoire 2 :

Tony s’assit en face de Jared et demanda :
- Où étiez-vous au moment du meurtre ?
- Si vous me dites à quelle heure il a eu lieu, je pourrai vous répondre.
L’Italien sourit :
- Vous êtes un petit malin… Entre 14h et 14h30.
- Je vous ai déjà dit tout à l’heure que j’avais passé le début de l’après-midi dans la loge, je me reposais.
- Seul ?
- Oui.
- Jusqu’à quelle heure ?
- Jusqu’au moment où j’ai entendu des bruits inhabituels dans le couloir. Je suis allé voir ce qui se passait et la Police Militaire était déjà là.
- Vous savez où était votre frère pendant ce temps là ?
- Non.
- Vous en êtes sûr ?
Une lueur d’inquiétude éclaira le regard azur de Jared.
- Que voulez-vous dire ?
- Que votre frère nous a menti… deux fois… et qu’il est notre principal suspect…
- Shannon est incapable de tuer quelqu’un !
- C’était peut-être un accident ? Parson l’a encore ennuyé…

Salle d’interrogatoire 1 :

- … vous vous êtes disputés, vous en êtes venus aux mains et Parson a basculé par-dessus la rambarde.
- La seule fois où je l’ai vu aujourd’hui, c’est quand je l’ai trouvé mort au pied de l’escalier.
- Alors, si ce n’est pas vous l’assassin, c’est peut-être votre frère ?
- Impossible !
- Pour quelle raison ? Jared et vous êtes les deux seules personnes présentes dans le bâtiment à ne pas avoir d’alibi pour l’heure du meurtre.
- Jared ne l’a pas tué !
- Comment pouvez-vous en être aussi sûr puisque vous n’étiez pas avec lui au moment du meurtre ?
Shannon se tut à nouveau. Gibbs s’énerva :
- Plus vous vous taisez, plus vous aggravez votre cas !
- Je ne l’ai pas tué et mon frère non plus !
L’ex-Marine soupira profondément. Sans un mot de plus, il sortit de la pièce et se dirigea vers l’autre, espérant que Tony aurait eu plus de succès avec Jared.

Salle d’interrogatoire 2 :

- Vous savez que vous êtes dans le pétrin, tous les deux ?
- Vous allez nous inculper ?
- Pas pour le moment. Je…
Il fut interrompu par l’entrée de Jethro dans la salle.
- DiNozzo !
Tony le rejoignit dans le couloir.
- Tu as obtenu quelque chose ?
- Il soutient qu’il était seul au moment du meurtre et que son frère est innocent. Mais il y a quelque chose de bizarre entre ces deux-là…
- Quoi ?
- Je n'arrive pas à mettre le doigt dessus… Je sais qu’on ne fait jamais ça d’habitude, mais je crois qu’on devrait les laisser un moment dans la même salle.
Gibbs ne répondit pas immédiatement. Puis, il acquiesça :
- Vas-y… et laisse les micros tourner.
- Ok.
Tony alla chercher Shannon et l’emmena dans la salle où Jared attendait. Il les laissa seuls, sans leur donner d'explication, puis rejoignit Jethro dans la pièce d’observation.

Jared s’approcha de son frère qui l’arrêta d’une phrase :
- Ils nous observent.
- Je m’en fous ! Shan, il faut leur dire !
L’aîné jeta un regard effaré à son cadet.
- T’es dingue ! Ca va ruiner ta carrière… et pense à Maman !
- Et qu’est-ce qu’elle va penser si tu te retrouves en prison pour meurtre ? Je sais qu’elle aura mal en apprenant la vérité, mais nous n’avons pas le choix ! Et puis ma carrière, je m’en fous ! Tu es plus important que tout le reste !
Shannon se leva et se mit à faire les cent pas. Jared se planta devant lui, l’obligeant à s’arrêter.
- Shan… je t’en prie… tu as toujours veillé sur moi jusqu’à présent… laisse-moi veiller sur toi… s’il te plait…
La main de l’aîné se posa tendrement sur la joue du cadet. Celui-ci avait les yeux brillants de larmes.
- Je ne supporterai pas de te perdre…
Shannon soupira profondément :
- D’accord… On leur dit…
Jared se blottit dans les bras de son frère qui le serra contre lui. Au bout d’un long moment, ils se séparèrent et l’aîné s’approcha du miroir qui recouvrait l’un des murs de la pièce.
- Agent Gibbs, je sais que vous nous écoutez. Nous allons vous dire la vérité, mais seulement si vous nous promettez que ça ne sera pas enregistré !
A peine une minute plus tard, Jethro entra dans la pièce.
- Je vous écoute.
- Les micros et les caméras sont coupés ? demanda le batteur.
- Oui. De toutes façons, tout ce que vous me direz est confidentiel.
Les deux frères échangèrent un regard. Shannon se lança :
- Jared et moi étions ensemble à l’heure du meurtre… dans le cagibi…
Derrière le miroir sans tain, Tony soupira. Il venait de comprendre ce que les deux frères dissimulaient depuis le début… et pourquoi ils le dissimulaient…
- Vous devriez trouver nos empreintes un peu partout là-bas… ajouta Jared.
L’Italien ne put entendre la suite de la conversation car Abby déboula soudain dans la salle d’observation. En voyant les frères Leto, elle bredouilla :
- C’est… c’est eux !
- Tu as du nouveau ?
Voyant qu’elle fixait les musiciens sans lui prêter attention, Tony l’appela :
- Abby !
- Désolée… mais ça fait bizarre de les voir ici !
- Abby !
- L’analyse ADN du tueur est finie…
- Tu pouvais pas le dire tout de suite ?
Tony appela Gibbs sur son portable. Il vit son supérieur regarder l’appareil avant de quitter la salle d’interrogatoire pour les rejoindre.
- L’assassin n’est pas un Leto ! lui lança Abby dès qu’il entra.
- Comment peux-tu en être aussi sûre ?
- L’analyse ADN prouve qu’il s’agit d’un homme Afro-Américain. Donc, ça ne peut pas être eux !
Gibbs sembla soulagé :
- Tony, va le leur dire et raccompagne-les à leur logement.
- D’accord.
Abby piailla :
- Je peux venir avec toi ?
Gibbs tempéra son enthousiasme :
- Tu as encore du travail.
- Giiiiiiiiiiibbbbbs…
Devant son air intraitable, elle soupira :
- Tu n’es pas gentil aujourd’hui !
Elle sortit de la pièce en ronchonnant. Lorsqu’ils se retrouvèrent seuls, Tony souffla :
- Ca te choque ?
- Quoi ?
- La relation entre les deux frères.
Gibbs leur jeta un coup d’œil à travers la vitre. Ils étaient assis l’un près de l’autre, leurs mains jointes, visiblement inquiets.
- Je ne peux pas les blâmer… l’amour ne se commande pas, je suis bien placé pour le savoir…
Il sourit à Tony, l’embrassa furtivement sur les lèvres puis quitta la pièce à son tour.

***

Tony salua les deux frères, puis remonta dans sa voiture. Alors qu’il s’éloignait de la maison que la base avait mise à disposition des 30 Seconds To Mars, il remarqua un coupé sombre qui l’intrigua, rangé le long du trottoir. Le véhicule semblait désert, mais il avait l’impression de l’avoir déjà vu quelques heures plus tôt devant l’immeuble du NCIS. Il releva le numéro de la plaque, puis appela le bureau.
- McGee.
- Le Bleu, j’ai besoin d’une identification de plaque minéralogique.
Il donna le numéro puis demanda :
- Gibbs est là ?
- Il est descendu voir Ducky.
- Ok. Appelle-moi quand tu auras l’info pour la plaque.
Il raccrocha, puis composa le numéro de son compagnon :
- Gibbs.
- Je me demande s’il ne faudrait pas assurer la protection des frères Leto cette nuit.
- Pour quelle raison ?
- Il y a une voiture suspecte près de chez eux… et je me demande si le tueur ne pourrait pas s’en prendre à l’un d’eux.
- On dirait que tu as une théorie.
- J’en ai une, effectivement. Et si l’assassin avait tué Parson par jalousie ? Parce qu’il avait embrassé Shannon Leto… Si jamais il apprenait la relation entre les deux frères, il pourrait tenter de se débarrasser de Jared…
- Ok. Tu restes là-bas. Je t’envoie une voiture pour te relever dans deux heures.
- D’accord, Patron.
Au moment où il raccrochait, son portable sonna :
- DiNozzo.
- La plaque est celle de la voiture du Sergent Barney Williamson.
- Il habite sur la base ?
- Oui, mais pas du tout dans le coin où tu es. Et de plus, il est Afro-Américain.
- Ok. Dis-le à Gibbs dès qu’il remonte. On tient peut-être notre assassin.
- Pas de problème.
Tony fit le tour du quartier, éteignit ses phares et se gara à bonne distance de la maison. Il sortit ses jumelles à vision infrarouge afin de pouvoir surveiller la voiture de leur nouveau suspect. Comme il s’y attendait, il vit un homme en sortir et se diriger vers la maison où se trouvaient les Leto et dont toutes les lumières venaient de s’éteindre. Après avoir prévenu ses collègues, Tony sortit son arme, quitta sa voiture en prenant bien garde à ne pas faire claquer sa portière, puis se faufila à la suite de l’homme. Il n’aimait pas agir seul, sans soutien, mais ne pouvait pas attendre que les renforts arrivent.

Tony s’arrêta au coin de la maison. Williamson venait de crocheter la serrure et d’entrer. L’agent du NCIS le suivit à l’intérieur. Il faisait sombre mais pas totalement grâce à la lueur de la lune presque pleine. Le suspect monta lentement au premier étage où se trouvaient les chambres. Il poussa une première porte, jeta un coup d’œil à l’intérieur, puis passa à la suivante. Là, il s’arrêta, sortant un couteau de sa veste et poussa le battant sans bruit. Alors qu’il allait entrer dans la chambre, Tony alluma sa lampe-torche et lança :
- Ne bougez plus ! NCIS !
Williamson fut aveuglé un court instant, mais réagit plus vite que l’Italien ne l’aurait cru et se rua sur lui, son couteau prêt à frapper. Tony eut juste le temps d’esquiver avant que la lame ne fende l’air à l’endroit où se trouvait son épaule quelques secondes plus tôt. Il leva son arme, prêt à tirer, mais fut distrait par l’apparition de Shannon et Jared dans l’encadrement de la porte.
- Enfermez-vous à l’intérieur ! leur hurla t’il.
Williamson profita du court instant d’inattention de l’agent du NCIS pour se jeter sur lui. Les deux hommes roulèrent au sol. Tony perdit son arme qui glissa à travers la rampe de l’escalier et atterrit sur le sol du rez-de-chaussée. Son agresseur tenait toujours fermement son couteau qu’il essayait d’enfoncer dans le torse de l’Italien. Alors qu’il tentait de repousser son assaillant, Tony sentit soudain une douleur vive traverser son côté. Alors que l’homme allait le frapper à nouveau avec son couteau, un coup de feu retentit. Williamson hurla et lâcha son arme, une tâche de sang s’élargissant rapidement sur son épaule droite. Il tomba sur le côté, se tordant de douleur. La lumière s’alluma au moment où la voix de Gibbs retentissait :
- Tony, ça va ?
Il était agenouillé à côté de son compagnon, l’air inquiet.
- C’est juste une égratignure…
- McGee, appelez une ambulance !
- C’est fait, Patron !
La porte de la chambre se rouvrit doucement sur les frères Leto. Ils regardèrent Williamson qui se tortillait toujours sur le sol en gémissant.
- Barney ? souffla Shannon.
- Vous le connaissez ?
- C’est l’un des Marines bénévoles qui s’occupent de l’entrée du spectacle, répondit le batteur.
- Qu’est-ce qu’il fait là ? demanda son frère.
Tony, qui s’était relevé avec l’aide de son compagnon, leur expliqua sa théorie. Pendant ce temps là, des brancardiers emmenèrent Williamson.
- J’aimerais que vous passiez au NCIS demain matin pour faire une déposition, leur demanda Gibbs.
- On viendra… merci, Agent DiNozzo.
- Oh mais de rien, je n’ai fait que mon travail… sourit l'Italien.
Il fit quelques pas pour s’éloigner mais tituba. Jethro le rattrapa et l’aida à descendre. Il le conduisit jusqu’à l’ambulance où un médecin l’obligea à s’allonger sur une civière.
- Je vais bien…
- Laisse-toi examiner, Tony ! C’est un ordre !
- Seulement si tu viens avec moi.
Gibbs leva les yeux au ciel, puis alla rejoindre McGee et Ziva.
- Faites placer un agent devant la porte de Williamson. J’accompagne Tony à l’hôpital.
- D’accord.

***

La blessure de Tony était bénigne mais le médecin voulut le garder toute la nuit en observation. Jethro resta avec lui jusqu’à ce qu’il s’endorme puis se rendit dans la chambre de Williamson. Celui-ci était éveillé. La balle de Gibbs lui avait brisé la clavicule mais ses jours n’étaient pas en danger.
L’ex-Marine se planta à côté du lit, son magnétophone posé sur la table de chevet. Il avait du mal à ne pas s’énerver contre l’homme qui avait blessé celui qu’il aimait. Williamson le fixait, un air de défi sur le visage.
- Comment va votre agent ? Je suis désolé de l’avoir blessé, mais il voulait m’empêcher de finir mon boulot.
- Quel boulot ?
- Me débarrasser du dernier obstacle entre mon amour et moi.
- Votre amour ? Shannon Leto ?
- Bien sûr.
- Vous avez tué Alan Parson ?
Une expression de dégoût apparut sur le visage de l’homme.
- Ce type avait osé embrasser MON Shannon !
- Et vous vouliez tuer son frère, n’est-ce pas ?
- C'est à cause de lui que Shannon ne me regarde pas. Jared passe tout son temps à se l'accaparer, il est tout le temps collé à lui, comme un petit toutou à son maître... ça m'énerve ! Shannon est à moi, rien qu'à moi ! Personne d'autre n'a le droit de passer ses journées avec lui ! Et quand je l'aurais débarrassé de Jared, on pourra enfin être heureux tous les deux, comme un couple normal.
- Et tuer des gens innocents, vous trouvez ça normal, peut-être ?
- Personne n’est innocent, Agent Gibbs, vous devriez le savoir.
Jethro haussa les épaules, arrêta l’enregistrement, puis quitta la chambre. Il rangea le magnétophone dans sa poche et retourna voir Tony. Celui-ci dormait toujours profondément. Jethro prit une chaise et s’installa près du lit de son compagnon, sa main dans les siennes.

***

Tony en avait marre d’attendre que le médecin veuille bien le laisser sortir. Gibbs était parti pour le NCIS pour taper son rapport au sujet de l’affaire et il se retrouvait tout seul à se morfondre. Alors qu’il allait se lever pour partir sans autorisation, la porte de sa chambre s’ouvrit sur les frères Leto.
- Bonjour. Vous allez bien ? demanda Shannon avec un grand sourire.
- Oui, merci. Que faites-vous ici ?
- Nous voulions vous remercier à nouveau pour hier soir. Vous avez failli vous faire tuer…
- Oh, ce n’est rien, j’ai l’habitude ! sourit Tony.
- On aimerait faire quelque chose pour vous, mais on ne sait pas quoi… souffla Jared.
- J’ai bien une idée…

***

L’équipe du NCIS et les 30 Seconds To Mars se trouvaient dans les loges après le second concert du groupe à Norfolk. Le Tim musicien draguait ouvertement le Tim agent fédéral qui tentait de repousser timidement ses avances… mais pas d’une manière très convaincante… Pendant ce temps là, Tomo et Ziva écoutaient l’une des fameuses histoires de Ducky dans un coin de la pièce tandis que Tony, Jethro et les Leto discutaient à l'autre bout.
Au bout d’un moment, la porte s’ouvrit sur Abby qui tenait dans ses mains un café Starbucks. Gibbs sourit en la regardant s’approcher, puis se rembrunit lorsqu’elle passa devant lui sans le regarder et donna le breuvage à Shannon. Le batteur la remercia d’un sourire qui la rendit soudainement toute timide.
- Je savais bien que ça ne pouvait pas être un mauvais type, souffla Tony à son compagnon en riant. Il boit le même café que toi !
La main de Jethro s’abattit sur son crâne dans un claquement sonore.
- Aïeuuuh !
Jared s’approcha d’eux, souriant :
- Je voulais encore vous remercier pour tout ce que vous avez fait… et je voulais vous demander si…
- Ne vous en faites pas, votre secret restera entre nous. J’ai passé sous silence tous les détails à ce sujet dans mon rapport, le rassura Gibbs.
- Merci.
L’ex-Marine jeta un coup d’œil à Abby qui dévorait Shannon des yeux.
- Merci à vous. Vous avez fait une heureuse ce soir !
- Heureusement que je ne suis pas jaloux, sourit Jared.
Alors que le chanteur s’éloignait, Jethro se tourna vers Tony et lui souffla à voix basse :
- Tu devrais prendre exemple sur lui…
L’Italien lui répondit sur le même ton :
- Avoue que ça te plait bien que je sois jaloux de toutes les femmes qui te tournent autour…
- Tant que tu ne les tues pas !
Leur conversation fut interrompue par l’arrivée d’Abby qui se jeta au cou de Tony.
- Je t’aime, mon Tony !
Le jeune homme grimaça lorsque son amie appuya par mégarde sur sa blessure.
- Aïe !
- Désolée…Shannon m’a dit que l’idée venait de toi. Tu es un amour.
- Je sais ! sourit Tony.
- Ca va être trop génial ! Tu imagines, un concert de 30 Seconds To Mars rien que pour moi !
- Nous serons là aussi, intervint Ziva qui venait de les rejoindre avec les autres.
Abby ne sembla pas avoir entendu. Elle déposa un baiser sur la joue de Tony et repartit en sautillant discuter avec Shannon.

***

Les baguettes frappaient les peaux tendues des caisses avec force. Les cordes des guitares vibraient tandis que la voix suave de Jared s'élevait dans la salle. Debout devant la scène, Abby chantait et tapait dans les mains en bondissant partout. Ziva, McGee et les autres membres du NCIS qui avaient été invités au concert profitaient de ce moment privilégié qui avait été possible grâce à Tony. Celui-ci était assis au fond de la salle, sur un tabouret de bar, Gibbs debout à côté de lui. Le jeune homme sursauta presque en sentant le bras de son compagnon entourer ses épaules. Il lui jeta un regard surpris, mais Jethro se contenta de sourire. Tony se blottit alors contre son amant et reporta son regard sur la scène, tout simplement heureux d'être là.

Fin.

Fic terminée le 5/12/2007.