L'Enfant Perdu by Cybelia
Summary: Se situe après la saison 3 de DW et après la saison 1 de TW.

Ianto va trouver un objet qui va totalement changer sa vie, celle de Jack et celle du Docteur.
Categories: Séries Télé > Doctor Who, Séries Télé > Torchwood Characters: Capitaine Jack Harkness, Ianto Jones, Le Docteur
Genre : Slash
Challenges:
Series: Aucun
Chapters: 1 Completed: Oui Word count: 11186 Read: 2179 Published: 21/12/2007 Updated: 21/12/2007
OS by Cybelia
Jack se balançait doucement au rythme de la musique de Glenn Miller, son esprit bien loin de Cardiff. Même s’il savait qu’il avait pris la bonne décision en revenant auprès de son équipe, il avait du mal à se réhabituer à son ancienne vie. « Il » lui manquait. Et il n’arrivait pas à oublier l’année terrible qu’il venait de passer prisonnier du Maître, année que tout l’univers, à part une poignée de personnes, avait oubliée.
Son regard se posa sur le liquide ambré qui tournait dans son verre alors que la porte de la pièce s’ouvrait sur Ianto. Le jeune homme rangea quelques papiers qui traînaient puis se planta de l’autre côté du bureau, ses yeux où brillaient une lueur de tristesse fixés sur Jack.
- Tu penses encore à Lui…
- Je ne m’en excuserai pas.
- Je ne te le demande pas. Je sais très bien que tu tiens à lui…
Ianto arrêta là sa phrase mais son ami avait presque pu entendre la suite « beaucoup plus qu’à moi… ».
- Les autres sont partis ?
- Oui. J’ai quelque chose à te montrer.
Le jeune homme mit la main dans sa poche et en sortit un objet qu’il tendit à Jack. Celui-ci mit un certain temps à réaliser de quoi il s’agissait.
- Je l’ai trouvée dans mes affaires ce matin mais elle n’est pas à moi.
Jack prit l’objet, un soupçon de peur apparaissant dans son cœur. Il caressa avec prudence les dessins qui recouvraient le métal fin puis leva à nouveau les yeux vers son ami :
- Tu es sûr que tu ne l’avais jamais vue avant ?
- Je ne sais pas… je sais que je ne l’ai jamais vue… et pourtant, elle m’est familière… c’est une sensation étrange…
- Tu l’as ouverte ?
- J’ai essayé, mais elle semble bloquée. Les symboles dessus me sont inconnus, j’ai pensé que tu pourrais peut-être les connaître.
Jack hésita : cet objet faisait remonter en lui des souvenirs si pénibles que son instinct le poussait à le détruire ou à l’envoyer très loin, le plus loin possible de lui. Pourtant, le fait que Ianto soit en possession de cet objet impliquait quelque chose de tellement important qu’il savait qu’il n’avait qu’une chose à faire.
- Tu peux me la laisser ?
- Bien sûr. Je vais rentrer. Bonne nuit, Jack.
- Bonne nuit, Ianto.
Il attendit que le jeune homme soit parti pour décrocher son téléphone :
- Bonsoir. Excusez-moi de vous déranger, mais c’est très important. J’ai besoin de son numéro…

***


Une musique douce s’éleva dans le TARDIS. Il se renfonça dans son fauteuil, fermant les yeux alors que les souvenirs l’assaillaient soudain. Il revit le visage de sa compagne, de celle qu’il regrettait comme il n’avait jamais regretté les autres. Il revit aussi le visage de celui qui l’avait suivi pendant quelques temps… et qu’il venait de laisser repartir. Il se retrouvait seul, à nouveau… comme toujours…
Alors qu’il était plongé dans ses pensés maussades, une sonnerie le fit soudain sursauter. Il jeta un coup d’œil autour de lui, surpris. Il fronça les sourcils, se demandant quelle partie de son vaisseau faisait un tel bruit. Au bout d’un moment, il se traita d’imbécile lorsqu’il réalisa qu’il s’agissait de la sonnerie du portable que Martha lui avait rendu et qu’il avait rangé dans un tiroir, persuadé qu’elle ne l’appellerait jamais.
Il attrapa l’appareil, jetant un bref coup d’œil au numéro inconnu qui y était affiché.
- Allô !
- Enfin ! Vous en avez mis un temps à répondre ! lança une voix masculine familière.
- Jack ?
- Yep !
- Comment vous avez eu ce numéro ?
- Martha vient de me le donner. J’ai besoin de votre aide.
- Je vous écoute.
- Ianto Jones, l’un de mes collaborateurs, vient de trouver dans ses affaires une montre… comme la votre… comme celle du Maître…
- Impossible !
- Martha me l’a décrite, je suis certain qu’il s’agit bien de la même.
Le Docteur secoua la tête.
- Non non non non non, c’est impossible !
- Vous pensiez également qu’il était impossible que le Maître se soit caché sur Terre pendant tout ce temps… et pourtant, il l’a fait !
- Mais il y avait le réseau Archangel qui brouillait ma perception des choses… Là c’est…
Il s’arrêta, une pensée terrible s’insinuant dans son esprit. Il se passa une main sur le front, bouleversé, essayant de ne pas laisser l’espoir fou qui venait d’éclore envahir tout son être.
- Ca ne peut pas être le Maître, n’est-ce pas ? demanda Jack à l’autre bout du fil.
- Non, ça ne peut pas être lui… répondit le Docteur dans un souffle.
- J’ai préféré vous appeler… je n’avais pas envie de me retrouver avec un nouveau Seigneur du Temps cinglé sur les bras !
- Vous êtes toujours à Cardiff ?
- Oui.
- J’arrive !
Il raccrocha, puis composa les coordonnées sur la console de navigation du TARDIS. Il fallait qu’il sache… toute sa vie risquait d’être chamboulée si sa théorie s’avérait exacte, mais il fallait qu’il sache si ce Ianto Jones était vraiment un Seigneur du Temps… LE Seigneur du Temps auquel il pensait… le seul qui pouvait encore être en vie…

***


Jack se leva d’un bond en entendant le bruit caractéristique de l’atterrissage du TARDIS. Il arriva en bas au moment où la cabine bleue s’ouvrait sur le Docteur. Celui-ci, posant les yeux sur le mot « Torchwood » inscrit sur le mur en face de lui, fronça le nez d’un air agacé.
- Je suis content de vous revoir, sourit Jack.
- Où est la montre ?
Le Capitaine Harkness donna l’objet au Docteur qui le contempla un moment en silence, l’air absent.
- C’est bien la même ?
Le Seigneur du Temps ne répondit pas. Il se laissa tomber sur une chaise proche, puis se passa une main dans les cheveux, son regard toujours rivé sur l’objet entre ses doigts.
- Docteur ?
- Il vit donc à cette époque…
- Mais de qui parlez-vous ?
Le Docteur leva vers son ami un regard ému puis répondit dans un murmure :
- De mon fils…
Jack recula d’un pas, abasourdi par la révélation que venait de lui faire son ami.
- Vous avez un fils ?
- Oui… Je n’aurais jamais cru le revoir un jour…
- Là, vous allez devoir vous expliquer !
- C’est une longue histoire…
- Ca tombe bien, j’ai l’éternité devant moi ! Venez dans mon bureau, ça sera plus confortable.
Jack remonta, suivi par le Docteur qui resta, chose rare, silencieux un long moment, même après s’être installé dans le sofa. Enfin, il se décida à parler :
- Il y a longtemps… très longtemps… bien avant que ma planète et les autres Seigneurs du Temps disparaissent, j’avais une amie, la Gardienne. Nous étions très proches… Elle voulait faire de moi le père de ses enfants, mais je ne me sentais pas prêt à avoir une progéniture… et puis, un jour, alors que nous étions dans une situation dont nous pensions ne jamais sortir vivants, nous avons franchi la limite que je m’étais fixée. Le bébé, un garçon, venait juste de naître lorsque la Guerre du Temps entre mon peuple et les Daleks a éclatée. La Gardienne a été tuée… je ne pouvais pas garder mon fils avec moi… alors j’ai utilisé l’Arche Caméléon pour le transformer en humain, afin de le mettre à l’abri pendant la Guerre. Je l’ai mis dans une capsule temporelle et l’ai envoyé sur Terre. J’avais programmé le 20e siècle pour son atterrissage, mais pas de date précise pour de ne pas être tenté de revenir le chercher.
- Pourquoi ?
- Je voulais qu’il vive comme n’importe quel humain, qu’il ait une vie « normale » et, surtout, que personne ne puisse le retrouver pour se servir de lui contre moi pendant la Guerre.
- Mais vous lui avez laissé la montre… vous avez pris le risque qu’il l’ouvre un jour et que sa vraie nature réapparaisse.
- Je n’avais pas le choix. La montre ne peut pas être tenue loin de son propriétaire sinon il meure. J’ai été obligé de la lui laisser.
Jack se leva et se mit à faire les cent pas, essayant d’assimiler ce que son ami venait de lui dire. Il s’arrêta soudain devant le Docteur et souffla :
- Donc Ianto est un Seigneur du Temps… et c’est votre fils…
Son ami acquiesça d'un hochement de tête, visiblement trop bouleversé pour répondre.
- Ca alors !
Il se rassit, encore sous le choc de la révélation.

***


Le Docteur était partagé entre deux envies aussi fortes l’une que l’autre : fuir le plus loin possible pour que son fils puisse continuer à avoir une vie d’humain « normal » et rester pour rencontrer l’homme qu’il était devenu. Ce qu’il avait du mal à assimiler, c’était la coïncidence qui avait fait de son héritier l’un des collaborateurs du Capitaine Jack Harkness. Sur les milliards d’humains qui peuplaient la Terre, il avait fallu qu’il tombe justement sur l’une des rares personnes qui connaissait l’existence des Seigneurs du Temps... et qui le connaissait, lui...
- Vous connaissez son passé ? Où il a été élevé ? Comment est sa famille d’adoption ?
- Non, pas vraiment… répondit Jack en secouant la tête. Ianto n’est pas quelqu’un de très bavard…
Le Docteur fixa son ami, un peu surpris par son ton empli de tendresse.
- Vous tenez à lui, n’est-ce pas ?
Jack sembla hésiter avant de répondre :
- Il m’est très précieux… Quelle ironie !
- Quoi ?
Harkness lui adressa un immense sourire :
- Je désespérais de séduire un jour le père et j’ai, sans le savoir, séduis le fils !
Le Docteur fronça les sourcils, perplexe.
- Vous…
- Je ne suis plus l’homme égoïste et dragueur que vous connaissiez… enfin, si, je le suis toujours un peu, mais vous avez fait de moi quelqu’un de différent… capable de s’attacher à d’autres êtres en manque d’amour… Et oui, je ressens quelque chose de fort pour Ianto. Je pense que c’est réciproque… vu qu’il est jaloux quand je parle de vous !
Le Seigneur du Temps, gêné par la tournure que prenait la conversation, changea de sujet :
- Vous m’avez dit qu’il vient de trouver la montre ?
- Oui. Il m’a dit qu’il ne l’avait jamais vue avant mais qu’elle lui semblait familière…
- Il ne l’a pas ouverte ?
- Non… il dit qu’elle est bloquée.
- Le filtre de perception de la montre a sûrement été altéré par celui du Maître et par le réseau Archangel.
- Ca veut dire que Ianto va redevenir un Seigneur du Temps ?
Le Docteur soupira profondément.
- Oui… malheureusement, lorsque le processus est en marche, il est impossible de l’interrompre.
- S’il ouvre la montre, vous allez devoir lui raconter son histoire.
- Je sais. Je le ferai.
- Vous allez l’emmener avec vous ? demanda Jack, une pointe d’inquiétude dans la voix.
- Ca sera à lui de choisir… s’il veut venir, il sera le bienvenu…
Et je ne serai plus jamais seul… pensa t’il avant de se traiter d’égoïste. Il savait qu’il n’avait pas le droit de choisir pour son fils. Ianto devrait décider tout seul quel serait son destin. La voix de Jack le tira de ses pensées :
- Je suppose que ça peut attendre demain matin ? Je n’ai pas envie de lui gâcher sa dernière nuit de sommeil en tant qu’humain « normal ».
- Bien sûr, sourit le Docteur. Je vais aller faire un tour, j’ai besoin de prendre l’air.
- Vous avez besoin de compagnie ? Je connais un coin très sympa dans la baie.
- Pourquoi pas ? Allons-y !

***


L’air de Cardiff était frais en cette nuit de début de printemps. Jack regarda avec tendresse le Docteur resserrer son manteau autour de son corps mince. Il se força encore une fois à résister à l’envie de le prendre dans ses bras. Depuis qu’il l’avait rencontré, le Docteur avait toujours été pour lui synonyme de force et de confiance en soi. Même lorsqu’il était prisonnier du Maître, réduit à un petit être sans défense, son ami était resté digne et fier. C’était la première fois qu’il voyait en lui une lueur de vulnérabilité. Retrouver ce fils qu’il pensait perdu à jamais avait élargi la fissure dans la carapace que le Seigneur du Temps s’était forgée au fil des siècles, fissure générée par la perte de Rose Tyler.
Le Docteur s’accouda à la rambarde du courait le long de la jetée, le regard fixant les vagues, plongé dans ses pensées. Jack resta derrière lui un moment, hésitant sur la conduite à tenir. Puis, il s’approcha et s’arrêta juste derrière son ami, soufflant :
- Vous l’aimiez ?
- Qui ?
- La Gardienne.
Le Docteur mit un certain temps à répondre :
- Oui… et je l’ai perdue… comme j’ai perdu toutes les personnes auxquelles j’ai jamais tenu dans ma longue vie…
- Rose…
Jack vit les épaules de son ami s’affaisser. Ne résistant plus, il jeta aux orties toutes ses bonnes résolution et franchit la distance qui les séparaient encore. Il referma ses bras autour des épaules du Docteur qui, d’abord tendu, finit par se relaxer.
- Jack ?
Harkness s’attendait à se faire réprimander pour son geste, mais il n’en fut rien :
- Merci… souffla son ami en se blottissant un peu plus contre lui.

Ils restèrent un long moment ainsi, immobiles, savourant le calme de la nuit. Jack savait que cette situation serait unique, que plus jamais il n’aurait la chance de tenir dans ses bras celui qui faisait battre son cœur un peu plus vite et il profitait de chaque seconde. L’idée que Ianto était le fils de son ami, un Seigneur du Temps quasi-immortel, avait fini par s’imprimer en lui. Tout ce qu’il craignait à présent, c’était de les voir partir ensemble… sans lui… et de se retrouver à nouveau seul. Bien sûr, il y aurait toujours le reste de son équipe : Tosh, Owen et Gwen, mais rien ne serait pareil sans Ianto à ses côtés.

A l’aube, les deux amis rentrèrent au Hub. Jack envoya un message à tous ses collaborateurs, sauf Ianto, leur demandant de ne pas venir travailler, qu’ils pouvaient prendre une journée de congé. Il laissa le Docteur dans son bureau et remonta à l’accueil attendre l’arrivée de son ami.

***


Lorsque Ianto poussa la porte, il fut surpris de voir Jack installé derrière « son » comptoir.
- Bonjour. Qu’est-ce qui se passe ?
- Salut ! Il faut que je te parle avant que tu descendes.
- Un problème ?
- Pas vraiment… nous avons un invité…
A l’expression de son ami, Ianto devina de qui il parlait.
- Et que fait-il ici ?
- Il te le dira lui-même. Viens.
Ils entrèrent dans le passage secret qui menait au Hub. Lorsqu’ils passèrent la grille, le jeune homme resta un instant en arrêt devant la cabine de police bleue qui trônait au milieu du capharnaüm.
- Ca fait bizarre de le voir « en vrai »…
Jack lui adressa un regard surpris.
- N’oublie pas que j’ai travaillé à Torchwood 1 ! Le Docteur et son TARDIS y étaient connus comme le loup blanc !
- C’est vrai, sourit Harkness. Il est dans mon bureau.
Ils montèrent. Le Seigneur du Temps se leva à leur entrée et dévisagea Ianto qui se sentit mal à l’aise sous son regard inquisiteur.
- Docteur, vous recommencez !
- Oh, désolé… Bonjour, je suis ravi de vous rencontrer !
- Moi de même. Voulez-vous un café ?
Jack sourit au Docteur :
- Le café de Ianto est magique, vous verrez !
Sans attendre la réponse de leur invité, le jeune homme redescendit et alla préparer le breuvage dont il avait le secret. Il se sentait étrangement intimidé par la présence du Docteur, mais mit ça sur le compte de tout ce qu’il avait appris de lui lorsqu’il travaillait à la tour de Canary Dwarf à Londres. Lorsque le café fut prêt, il remonta avec trois tasses fumantes. Jack et le Docteur discutaient avec animation mais se turent à son arrivée.
- Viens t’asseoir, lança son patron en lui désignant une place sur le sofa à côté de leur invité.
Ianto servit le café, puis s’installa à l’endroit désigné. Le Docteur sortit de sa poche la montre qu’il avait donnée à Jack la veille.
- Je crois que ceci est à vous, sourit l’homme en la lui tendant.
- Merci.
- Dites-moi… est-ce que vous avez été adopté ?
Surpris, Ianto souffla :
- Oui… comment le savez-vous ?
- Cette montre n’est pas comme les autres… c’est un objet extra-terrestre qui permet de transformer un Seigneur du Temps, comme moi, en être humain. Elle contient son essence, tout ce qui fait de lui un être à part.
- Et en quoi cela me concerne t’il ? demanda le jeune homme, perplexe.
- Cette montre vous appartient…
- Je ne sais pas. Je ne l’avais jamais vue avant hier.
- Mais elle vous est familière, n’est-ce pas ?
- Oui. Vous voulez dire que…
- Vous êtes un Seigneur du Temps.
Ianto se leva d’un bond, abasourdi par cette révélation. Il sentit la colère l’envahir :
- Non ! Je suis humain ! J’ai toujours été humain !
- Vous l’êtes depuis que je vous ai rendu humain… pour vous mettre à l’abri des ravages de la Guerre du Temps.
- Vous ? Pourquoi ?
- Parce que vous êtes mon fils.
Le jeune homme recula en titubant. Il s’appuya au mur, pris de vertiges.
- C’est impossible… impossible… répéta t’il.
- Si vous en voulez la preuve, ouvrez la montre.
- Et si je refuse ? Si je veux rester ce que je suis maintenant ?
- Le processus qui vous retransformera en Seigneur du Temps est déjà en cours… au moment où vous avez eu conscience de l’existence de la montre la première fois, il était déjà trop tard.
Jack se leva et s’approcha de lui. Il posa une main sur son bras, soufflant :
- Tu dois l’ouvrir. Je te promets que quoi qu’il arrive, et tant que tu voudras bien de moi, je serai à tes côtés.
Le jeune homme ferma les yeux pour ne pas laisser ses larmes couler. Tout ce qu’il venait d’apprendre était trop dur à assimiler. Il ne voulait pas que sa vie change… Il sentit Jack l’attirer contre lui. Ianto enfouit son visage dans le cou de son ami qui le serra un peu plus fort et déposa un baiser sur son front.
Tout à coup, submergé par la colère et le doute, le jeune homme repoussa Jack et quitta le Hub en courant.

***


Le Docteur se leva pour suivre Ianto, mais Jack lui fit signe de rester là :
- Je m’en occupe.
Il quitta à son tour la base souterraine et trouva son ami à quelques mètres de là, adossé contre un mur, les yeux fermés.
- Ianto…
- Je ne veux pas devenir comme lui…
- Ce n’est pas si terrible, tu sais, sourit Jack.
- Tu l’aimes ? demanda soudain le jeune homme en plongeant son regard dans le sien.
- Oui… autant que je t’aime… Et je te jure que mes sentiments ne changeront pas si tu deviens un Seigneur du Temps.
- Tu me le jures ?
- Sur tout ce que j’ai de plus précieux dans l’univers.
Ianto soupira profondément. Jack s’approcha, le prit à nouveau dans ses bras et l’embrassa tendrement. Au bout d'un moment, le jeune homme se dégagea de son étreinte et demanda :
- Qu'est-ce qu'on va dire aux autres ?
- Pour l'instant, ils n'ont pas besoin de le savoir. On avisera plus tard.
Ianto hocha la tête en silence.

Quelques minutes plus tard, les deux hommes étaient de retour dans le Hub. Le Docteur les regardait, l'air pensif. Ianto se rassit à côté de lui et ressortit la montre de sa poche. Il demanda :
- C'est douloureux ?
- Non. C'est juste comme se réveiller après un long sommeil...
- Vous... vous l'avez déjà fait ? Devenir humain ?
- Oui, sourit le Seigneur du Temps. Et je te promets que ça ne fait pas mal... du moins dans ce sens... Tu risques juste d'être désorienté un moment, le temps que tes molécules se réorganisent.
Jack s'accroupit à côté de Ianto et lui posa une main sur le genou, souriant :
- Ca va aller, je suis là...
Lui aussi appréhendait la suite, mais il ferait tout ce qui était en son pouvoir pour rassurer son ami. Le jeune homme le regarda un moment, puis contempla à nouveau la montre. Jack sentait son hésitation et sa peur. Il se redressa et vint s'asseoir derrière Ianto, l'enlaçant. Son ami se laissa aller contre lui, le corps un peu tremblant. Le Docteur posa ses mains sur celles de son fils et lui sourit. Ianto prit une grande inspiration, puis appuya sur le bouton de la montre qui s'ouvrit instantanément. Une lueur dorée, l'essence du Seigneur du Temps, monta en volutes jusqu'au visage du jeune homme et s'insinua lentement en lui. Jack sentit le corps de son ami se crisper contre lui alors que tout son être subissait la transformation. Il jeta un coup d'œil inquiet vers le Docteur mais celui-ci fixait son fils, l'air à la fois heureux et triste.
Au bout de quelques longues minutes, la montre se referma d'elle-même. Le cœur de Jack fit un bond dans sa poitrine lorsque la tension dans le corps de Ianto se relâcha subitement. Le jeune homme avait perdu connaissance.
- Docteur ! Qu'est-ce qui se passe ?
- Ne vous inquiétez pas, Jack. Il faut juste que son corps s'habitue à sa nouvelle condition. Il va bien.
- Vous êtes sûr ?
Le Docteur sourit. Il prit la main de Jack et la posa sur le torse de Ianto au niveau du cœur. Il pouvait sentir les battements lents et régulier sous sa paume. Puis son ami fit glisser sa main de l'autre côté et Jack sentit le second cœur, celui qui venait d'apparaître, palpiter doucement.
- Il était très jeune lorsque je l'ai transformé en humain... souffla le Docteur en caressant tendrement la joue de son fils.
La main toujours posée sur le second cœur de Ianto, Jack le serra un peu plus fort contre lui. Un mauvais pressentiment s'était emparé de lui et il n'arrivait pas à s'en défaire, malgré l'air confiant de son ami.

***


Le Docteur fronça les sourcils. Quelque chose n'allait pas. Il posa sa main sur le front de Ianto.
- Il a de la fièvre...
- Vu votre ton, je suppose que ce n'est pas normal ! S'inquiéta Jack.
- C'est comme si... Non, c'est impossible !
- Quoi ?
- Amenez-le dans le TARDIS ! Vite ! Lança le Seigneur du Temps en se levant d'un bond.
Jack lui obéit, le suivant rapidement, Ianto dans ses bras. Une fois à l'intérieur du vaisseau, le Docteur fit signe à son ami de déposer le jeune homme sur une banquette près de la console tandis qu'il réglait quelques instruments.
- Que se passe t'il ? Il est brûlant ! Docteur ! DOCTEUR !
- Non...
Le Docteur se passa une main dans les cheveux, essayant de ne pas se laisser gagner par la panique. Il n'arrivait pas à croire ce qui se passait, malgré ce que les détecteurs indiquaient. Il se précipita auprès de Ianto dont la température avait presque atteint les 40° Celsius en quelques minutes.
- Docteur, dites-moi ce qui lui arrive !
- C'est... le risque est si minime... si infime...
- Quel risque ?
- Lorsqu'un Seigneur du Temps reste humain trop longtemps, il est possible que son corps rejette la transformation... comme il rejetterait une greffe...
- Et comment peut-on l'aider ?
Le Docteur savait que la solution était à portée de main, mais elle était tellement dangereuse qu'il hésitait. Jack posa sa main sur son épaule, le ramenant à l'instant présent.
- Docteur !
- Il faut que son esprit entre en contact avec le cœur du TARDIS. Mais...
- Mais...
- Il se peut qu'il n'y survive pas...
- Et si on ne fait rien ?
Le Seigneur du Temps secoua la tête.
- Alors, on n'a pas le choix... souffla Jack.
Il souleva à nouveau Ianto dans ses bras et l'amena près de la trappe qui donnait accès au cœur du vaisseau. Il le déposa précautionneusement sur le sol, lui caressa tendrement le front, puis recula.
- Ouvrez-la !
Le Docteur soupira profondément, ferma les yeux... et libéra le cœur du TARDIS. La lueur brillante enveloppa presque instantanément le corps de Ianto, le dissimulant à la vue des deux hommes.

***


Alors que le jeune homme était toujours enveloppé par le cœur du TARDIS, Jack demanda :
- Pourquoi n’est-il pas arrivé la même chose à Yana ? Il est resté humain bien plus longtemps que Ianto.
- Le Maître avait déjà vécu plusieurs siècles en tant que Seigneur du Temps, répondit le Docteur sans quitter son fils des yeux. Son ADN a eu beaucoup moins de mal à reprendre sa forme initiale.
Alors que Jack allait poser une autre question, la lueur dorée s’atténua et reflua jusqu’à l’intérieur du vaisseau, la trappe se refermant d’elle-même. Les deux amis se précipitèrent auprès de Ianto. Le Docteur posa sa main sur le front de son fils et sourit :
- Il n’a plus de fièvre.
- Il va s’en sortir ?
- Son corps ne rejète plus la transformation… Elle va pouvoir se terminer normalement.
Jack souleva à nouveau Ianto dans ses bras, puis le ramena sur la banquette. Il resta assis près de lui, encore inquiet. Le Docteur était debout, appuyé sur la console de navigation, les bras croisés. Il les regardait, semblant perdu dans ses pensées.
- Vous ne l’avez jamais regretté ?
- Quoi ?
- De l’avoir éloigné pour le mettre à l’abri.
Le Docteur eut un sourire amer :
- C’est une jolie façon de dire que je l’ai abandonné… Comme je vous ai abandonné lorsque Rose vous a ressuscité, ajouta t’il en plongeant son regard dans celui si bleu du Capitaine Harkness.
- Je ne vous en veux pas… enfin, je ne vous en veux plus… sourit son ami.
Ils restèrent un long moment à se regarder en silence, puis le Docteur reporta son attention sur Ianto.
- Je l’ai regretté chaque jour… même si, au fil du temps, la douleur s’est estompée d’elle-même… Mais je sais que j’ai fait le bon choix. S’il avait été présent lors de la Guerre du Temps, il aurait pu être tué comme tous les autres… et ça, je ne l’aurais pas supporté ! Mais j’ai souvent essayé d’imaginer quelle aurait été ma vie s’il était resté avec moi… si on avait voyagé ensemble dans le TARDIS.
- On ne se serait peut-être pas rencontrés, souffla Jack.
- C’est vrai…
Le Docteur le regarda à nouveau, puis sourit franchement, cette fois-ci.
- Je suis heureux que vous soyez son ami et que vous soyez là pour veiller sur lui. Malgré le fait que votre existence soit une anomalie temporelle, vous êtes quelqu’un de loyal et d’honnête.
- Merci, mais c’est grâce à vous !
- Je n’en suis pas sûr… pour que vous ayez changé aussi facilement, c’est que tout ceci était déjà en vous… il fallait juste un déclencheur !
- Et ça a été ma rencontre avec Rose et vous.
Le Docteur hocha la tête, l’air nostalgique. Jack se traita mentalement d’imbécile : il n’arrêtait pas de parler de la jeune femme alors qu’il savait pertinemment combien elle manquait à son ami. Alors qu’il allait s’en excuser, il sentit Ianto bouger contre lui.

***


Le jeune homme se sentait bien mais il avait comme l’impression que quelque chose de nouveau résonnait dans sa poitrine. Il ouvrit lentement les yeux et posa son regard sur le visage inquiet de Jack penché au-dessus de lui.
- Comment te sens-tu ?
- J’ai une sensation étrange dans la poitrine…
- Ca vient sûrement du deuxième cœur, sourit le Docteur.
Ianto le regarda, abasourdi, pas sûr d’avoir bien compris :
- Quoi ?
- Je ne vous en ai pas parlé ?
- Ce n’est pas le genre de choses qu’on oublie facilement ! répondit le jeune homme.
- Désolé…
- Donc… j’ai deux cœurs…
- Oui. Les Seigneurs du Temps utilisent beaucoup plus leurs cerveaux que les humains. Il faut donc que l’afflux sanguin soit plus important. D’où les deux cœurs.
Ianto se redressa lentement avec l’aide de Jack et jeta un coup d’œil autour de lui.
- On est où là ?
- Dans le TARDIS.
- Oh…
Le jeune homme se leva. Il fit quelques pas mal assurés, son ami derrière lui prêt à le rattraper en cas de besoin.
- Si je dis que c’est plus grand à l’intérieur qu’à l’extérieur, je suppose que ça va vous sembler banal ! sourit-il en se tournant vers le Docteur.
- Oui, mais ça me fait toujours plaisir qu’on le remarque !
- Que va t’il de passer, maintenant ? Je vais devoir partir avec vous ?
- C’est à toi de choisir ta vie… tu peux venir si tu veux… ou tu peux rester ici.
Ianto recula, se blottissant dans les bras de Jack qui se trouvait juste derrière lui. Son ami referma son étreinte sur lui et il ferma les yeux. Tout s’était passé trop vite, il avait du mal à assimiler qu’il n’était plus humain, que la nature même de son être avait changé. Il était perdu et il avait peur… Il rouvrit les yeux en sentant une main se poser sur son bras. Le Docteur se tenait devant lui, souriant :
- Tu as tout ton temps pour prendre ta décision. Repose-toi un peu, réfléchis et lorsque tu te seras décidé, appelle-moi.
- Vous allez repartir ?
- Je n’aime pas rester trop longtemps au même endroit…
- J’aimerais que vous restiez… souffla Ianto. J’aimerais que vous me racontiez l’histoire de votre… notre peuple… et que vous me parliez de ma mère… S’il vous plait…
Le Docteur échangea un rapide regard avec Jack, puis répondit :
- D’accord.

***

Deux heures plus tard.


Ianto dormait sur le sofa du bureau de Jack après une longue discussion où son père lui avait parlé de sa mère, de leur peuple et de leur planète d’origine, Gallifrey. Au bout d’un moment, le jeune homme avait montré des signes de fatigue et les deux autres l’avaient laissé se reposer. Jack était descendu avec le Docteur pour lui montrer quelques artefacts aliens dont il ignorait la provenance. Alors qu’il en sortait un d’une boîte sécurisée, le Seigneur du Temps s’exclama :
- Vous avez ça depuis longtemps ?
- Plusieurs mois, pourquoi ?
Le Docteur prit l’objet et l’emmena dans le TARDIS sans répondre. Jack le suivit, agacé, grommelant :
- Je déteste quand il fait ça…
Lorsqu’il entra dans le vaisseau, son ami était en train de pointer son tournevis sonique sur l’artefact, l’air concentré.
- Vous allez m’expliquer ce qui vous arrive ou il faut que je devine ?
- C’est une balise de détection Westiks.
- Et à quoi ça sert ?
- Ca détecte toute apparition de particules temporelles et envoie un message d’alerte aux vaisseaux Westiks les plus proches. C’est un peuple qui se nourrit d’énergie temporelle. Le TARDIS serait pour eux une véritable corne d’abondance s’ils arrivaient à mettre la main dessus.
- Et vous avez libéré son cœur pour sauver Ianto… souffla Jack, comprenant la situation.
- Oui… La balise a envoyé un message au moment même où j’ai ouvert la trappe.
- Il y a un vaisseau Westik à proximité ?
Le Docteur consulta l’écran du TARDIS et soupira profondément :
- Malheureusement oui… il y en a un qui vient de rentrer dans votre système solaire. Il devrait être en orbite terrestre dans moins d’une heure.
- Que va t’on faire ?
- Il faut que j’emmène Ianto loin d’ici.
- Pourquoi ?
- Il a encore une forte concentration de particules temporelles en lui. Quand les Westiks verront qu’ils ne peuvent pas obtenir le cœur du TARDIS, ils s’en prendront à Ianto. Ils lui voleront son énergie temporelle… et il mourra.
- Mais il pourra se régénérer, non ?
Le Docteur secoua la tête négativement.
- Un Seigneur du Temps ne peut vivre sans énergie temporelle… c’est elle qui lui permet notamment de se régénérer… Je suis autant en danger que lui ici… et je ne partirai pas sans lui, pas cette fois-ci !
Jack soupira et acquiesça :
- Je vais le chercher.
Il remonta dans son bureau. Ianto dormait paisiblement sur le sofa. Le cœur serré, Jack s’agenouilla à côté de lui et le secoua doucement. Le jeune homme s’éveilla, l’air un peu perdu.
- Il faut que tu viennes avec moi dans le TARDIS.
- Il y a un problème ?
- Je t’expliquerai en bas.
Ianto se leva sans en demander plus. Il prit sa veste qu’il avait posée sur le dossier d’une chaise, l’enfila et suivit Jack. Une fois dans le vaisseau, le Docteur expliqua la situation à son fils. Celui-ci hésita puis souffla :
- Puisqu’il n’y a pas d’autre solution, je pars avec vous…
Il se tourna ensuite vers Jack, l’air soucieux :
- Tu viens avec nous ?
Le Capitaine Harkness avait une boule dans la gorge lorsqu’il répondit :
- Non. Il faut que quelqu’un soit là pour convaincre les Westiks de repartir. Je ne peux pas laisser la Terre sans défense.
Si Ianto était attristé par la décision de son ami, il ne le montra pas. Il se contenta de s’approcher de lui pour l’embrasser tendrement. Au bout d’un moment, Jack le repoussa doucement et se tourna vers le Docteur :
- Prenez bien soin de lui.
- Je vous le promets.

Jack ressortit du TARDIS et regarda le vaisseau disparaître. Il resta là un moment, jusqu’à ce qu’une alerte retentisse dans tout le Hub. Il se précipita vers un ordinateur, tapa son mot de passe et tomba sur une image satellite qui montrait un énorme vaisseau couleur acier qui approchait rapidement de la Terre.

***


Ianto faisait les cent pas dans le TARDIS. Il était inquiet pour Jack. Il savait que son ami ne pouvait pas mourir, mais il ne pouvait s'empêcher de se faire du soucis. Vu les capacités qu'avaient les Westiks à absorber l'énergie temporelle des Seigneurs du Temps, rien ne prouvait qu'ils n'étaient pas en mesure de prendre son immortalité au Capitaine Harkness. Le Docteur manipulait des boutons et des manettes sur la console de navigation, sans paraître se soucier du sort de leur ami. Son flegme et sa désinvolture énervaient le jeune homme qui finit par demander d'un ton sec :
- On ne peut rien faire ?
- Non. Il n'y a qu'en gardant le TARDIS dans le vortex temporel qu'on pourra échapper aux Westiks. Ils ne peuvent pas suivre nos traces jusqu'ici.
Le Docteur s'approcha et se planta devant lui :
- Je sais que tu es inquiet pour Jack, mais il va s'en sortir. Il s'en sort toujours, ajouta t'il en souriant.
- Vous semblez tellement insouciant ! Comme si vous vous en moquiez de ce qu'il peut lui arriver ! Vous êtes toujours comme ça ? Peu vous importe ce que deviennent vos amis pourvu que vous vous en sortiez ?
Le regard du Docteur se fit dur. Il s'approcha un peu plus, l'air menaçant. Ianto recula, soudain effrayé par la lueur de colère qui assombrissait les yeux noisettes de son géniteur.
- Ne dis jamais une chose pareille ! J'ai perdu bien plus de proches que tu ne peux l'imaginer ! Mon peuple... NOTRE peuple a été anéanti, en partie par ma faute ! J'ai sur la conscience un poids si lourd que je me demande parfois comment je peux encore me lever et marcher ! Alors ne viens jamais me dire que je ne me soucie pas du sort des autres !
Contrit, Ianto bredouilla :
- Je suis désolé... je ne voulais pas...
Le Docteur s'éloigna, l'air toujours furieux. Le jeune homme soupira et se laissa tomber sur une banquette, la tête dans les mains. Il se sentait complètement perdu, ne savait plus où il en était... et avait trop peur pour Jack pour raisonner correctement. Il s'en voulait de ce qu'il avait dit au Docteur, il savait bien, au fond de lui, que ses reproches n'étaient pas justifiés, mais il avait ressenti un besoin irrépressible de faire sortir sa terreur par un moyen... qui n'était pas, de loin, le meilleur qu'il aurait pu trouver.
- C'est toujours comme ça ?
- Quoi ?
- Votre vie. Vous vous attachez à des gens et vous finissez par les perdre ?
Le Docteur soupira profondément, à présent calmé.
- Oui, malheureusement. Un jour, j'ai dit à une amie qu'elle pourrait passer le reste de sa vie avec moi, mais que moi, je ne pourrais pas passer le reste de ma vie avec elle... Je crois que ça pourrait être la devise des Seigneurs du Temps. Personne ne vit assez longtemps pour nous...
Ianto releva la tête, un léger sourire sur les lèvres :
- Sauf Jack...
Le Docteur sourit à son tour.
- Oui, c'est vrai...
Le jeune homme changea totalement de sujet :
- A votre avis, il faudra combien de temps avant que nous puissions retourner sur Terre ?
- Les Westiks vont vite sentir que nous ne sommes plus là. Je pense que Jack nous appellera bientôt. En attendant, si tu veux te reposer, tu peux t'installer dans l'une des chambres.
- Il y en a combien ?
- Hum... je ne sais plus vraiment... il y a tellement de pièces ici que j'arrive presque à m'y perdre moi-même !
- Alors je préfère rester ici.
Il s'installa plus confortablement sur la banquette et ferma les yeux. Quelques minutes plus tard, il dormait profondément.

***


Le Docteur contemplait son fils endormi depuis de longues minutes. Il avait encore du mal à réaliser qu’il venait de le retrouver, après toutes ces années. Un bref instant, il revit le visage de Rose lorsqu’il lui avait dit « J’ai déjà été père ». Il savait qu’elle avait été intriguée par cette phrase, mais il ne lui en avait jamais expliqué la signification. Il l’aurait peut-être fait un jour si… mais finalement, c’était mieux ainsi : personne n’avait jamais eu connaissance de l’existence de son fils, ce qui avait assuré jusque là sa sécurité.
Il sursauta lorsque son téléphone se mit à vibrer dans sa poche. Ne voulant pas réveiller Ianto, il s’éloigna pour répondre :
- Ils sont partis ?
- Oui… mais il y a eu un problème…
- Quel genre de problème ?
Jack ne répondit pas immédiatement. Le Docteur l’interrogea à nouveau :
- Que s’est-il passé ?
Il entendit son ami soupirer profondément avant de reprendre :
- Leur chef s’est énervé lorsqu’il a vu que le TARDIS n’était plus là… Il a donné l’ordre de tirer sur la ville jusqu’à ce que je lui dise où vous étiez. J’ai réussi à le convaincre que ça ne servirait à rien, mais je n’ai pu empêcher la première salve qui a détruit un ponton sur la baie.
- Il y a eu des victimes ?
- Un couple et leur petite fille de six ans. Je n’ai rien pu faire pour les sauver.
- Ce n’est pas de votre faute… soupira le Docteur.
- N’en parlez pas à Ianto, s’il vous plait. Je le connais, s’il l’apprend, il va s’en vouloir et je préfère éviter de le perturber un peu plus qu’il ne l’est déjà.
- Je ne lui dirai rien, ne vous en faites pas.
- Merci. Je viens de faire une vérification, le vaisseau Westik est bien parti hors du système solaire. Et j’ai détruit leur balise. Je pense que vous pouvez revenir sans risque.
- On arrive.
Le Docteur raccrocha et alla programmer les coordonnées de la console de navigation. La voix de Ianto lui parvint au moment où le moteur du TARDIS se mettait en route.
- Jack a appelé ?
- Oui. Les Westiks sont partis. On rentre à Cardiff.
- Tout s’est bien passé ?
- Apparemment oui, mentit le Docteur.
- Alors tant mieux !

***


Ianto était ravi de revoir Jack. Ils n’avaient été séparés que quelques heures, mais son ami lui avait vraiment manqué. Ils passèrent le reste de la journée ensemble, tous les trois. Le soir venu, Ianto invita le Docteur et Jack à dîner chez lui, histoire d’avoir l’illusion, peut-être pour la dernière fois, qu’il avait une vie normale.
Alors que le plat cuisait dans le four, il alluma la télévision pour regarder les informations locales. Il se figea lorsque la voix du présentateur lança :
- Un tragique accident a eu lieu vers midi sur la baie de Cardiff. Une explosion d’origine inconnue a détruit un ponton, tuant un couple et leur fille de six ans qui s’y promenaient. La famille a été tuée sur le coup par la déflagration. Les enquêteurs n’ont pour l’instant aucune piste concernant…
Furieux, Ianto revint dans le salon où Jack et le Docteur discutaient à voix basse.
- Pourquoi tu m’as menti ?
Les deux hommes échangèrent un regard ennuyé. Jack se leva et s’approcha mais son ami recula :
- Ces gens ont été tués par ma faute !
- Tu n’y pouvais rien…
- Ils sont morts, Jack !
Ianto se tourna vers son père :
- Vous étiez au courant ?
Le Docteur acquiesça d’un signe de tête.
- Pourquoi vous n’avez rien dit ?
- Cela n’aurait servi qu’à te faire culpabiliser pour rien ! répondit Harkness.
- Pour rien ? POUR RIEN ? Trois personnes sont mortes ! Une petite fille de six ans a été tuée parce que j’ai fui les Westiks ! C’est ça la vie d’un Seigneur du Temps ? Regarder les autres mourir sans rien pouvoir faire pour les aider ? Si c’est ça, je n’en veux pas ! J’étais bien mieux lorsque je n’étais qu’un simple humain !
Jack posa sa main sur son bras pour le calmer :
- Ianto…
Le jeune homme se dégagea, trop en colère pour raisonner avec cohérence.
- Fous-moi la paix ! Allez-vous en ! Tous les deux !
Le Docteur se leva et lança à Jack :
- Venez !
Le Capitaine Harkness n’insista pas et suivit son ami hors de l’appartement. Une fois seul, Ianto se laissa tomber sur le sofa. Sa fureur ayant soudain disparu, il se retrouva complètement perdu. Les larmes se mirent à ruisseler sur ses joues alors qu’il pensait à cette famille tuée par sa faute. Tout ça était trop pour lui. Il aurait donné n’importe quoi pour revenir en arrière, pour redevenir humain et oublier tout ce qui concernait les Seigneurs du Temps.

***


Jack tournait comme un lion en cage dans son bureau. Le Docteur, debout près de la baie vitrée, semblait plongé dans ses pensées. Au bout d’un moment, celui-ci demanda :
- Vous pensez qu’il va s’en remettre ?
- Sûrement… Mais il lui faudra un peu de temps. Ianto est quelqu’un de très sensible… Il n’a jamais supporté l’injustice…
Jack ajouta en souriant :
- En ça, il vous ressemble beaucoup !
Le Docteur hocha la tête en silence. Jack s’approcha et se planta à côté de lui.
- S’il part avec vous, je pourrai venir ?
- Bien sûr ! Dites-moi, lorsque je vous ai proposé de m’accompagner la dernière fois, lorsqu’il y avait Martha, et que vous avez refusé, c’était pour lui, n’est-ce pas ?
Jack sourit à nouveau :
- Oui… Je n’arrive pas à imaginer ma vie sans qu’il en fasse partie… et à présent qu’il est devenu comme vous, un Seigneur du Temps, je me dis que je vais peut-être enfin pouvoir vivre une longue histoire avec quelqu’un sans que la mort ne me le prenne trop tôt… Je sais que vous avez perdu beaucoup de personnes à qui vous teniez… mais moi aussi… à cause de ça, j’ai fermé mon cœur, je ne voulais plus souffrir… Pour ne plus les voir mourir, je les quittais… Et puis, je l’ai rencontré… J’ai lutté longtemps contre mes sentiments… jusqu’au jour où j’ai failli le perdre…
- Que s’est-il passé ?
- Nous avons enquêté sur des disparitions inexpliquées dans un coin reculé de la campagne… et nous sommes tombés sur un village de cannibales… Ianto et Toshiko, l’une des filles de mon équipe, se sont fait prendre. Mes deux autres collègues, Owen et Gwen, aussi. L’un de ces types a failli tuer Ianto… Je suis arrivé juste à temps pour le sauver mais il a été très perturbé par ce qui s’est passé…
- On le serait à moins… souffla le Docteur.
- Pendant quelques jours après cette histoire, il s’est renfermé sur lui-même. Il travaillait efficacement, mais ne parlait et ne souriait plus…

Flashback

Jack en avait assez de voir Ianto dans cet état. Il décida de prendre les choses en main et renvoya les autres chez eux tôt ce jour-là. Alors que son ami était en train de faire du rangement dans son bureau, il l’obligea à s’asseoir et prit place en face de lui :
- Il faut qu’on parle.
- J’ai des choses à finir, répondit Ianto.
Son expression et sa voix étaient neutres. Jack se pencha vers lui, posant sa main sur son bras :
- Ce n’est pas bon que tu gardes tout ça pour toi.
- Que veux-tu que je te dise ? s’énerva le jeune homme en se levant d’un bond. Que j’ai eu la plus grande frayeur de ma vie ? Que j’ai cru que j’allais mourir et me faire bouffer par ces dingues ? Que chaque nuit je fais des cauchemars tous plus horribles les uns que les autres ? Que la vue d’un morceau de viande me soulève l’estomac et me fait trembler de peur ? C’est ça que tu veux entendre ?
Jack se leva à son tour et posa sa main sur la joue inondée de larmes de son ami.
- Je suis là…
Avant que Ianto ait pu reculer, Jack l’attira dans ses bras et le serra contre lui. Il le garda un long moment dans son étreinte, lui caressant le dos alors que le jeune homme laissait enfin couler ses pleurs sans les retenir. Lorsque Ianto se fut calmé, il s’écarta de Jack, l’air contrit.
- Je suis désolé…
- Ne le sois pas…
Leurs visages se retrouvaient à quelques centimètres l’un de l’autre. Jack ne put résister plus longtemps. Il posa doucement ses lèvres sur celles de son ami. Ianto, d’abord crispé, se détendit et le baiser s’approfondit. Lorsqu’ils se séparèrent, Jack souffla :
- Je serai toujours là pour toi… je te le promets…
- Je sais…

Fin flashback


- Nous n’avons jamais vraiment parlé de nos sentiments… mais ils sont là, c’est suffisant pour nous. Je lui ai juré de toujours être là… et je ne veux pas renier ma promesse. C’est pour ça que je veux venir s’il vous suit.
- Je comprends. Et vous le savez, vous serez toujours le bienvenu à bord du TARDIS.
- Merci… Dites, ça vous dérange si je vais faire un somme ? Je suis un peu fatigué par tous ces évènements.
- Allez-y. De toutes façons, faut que je retourne dans le TARDIS, j’ai des… trucs… à faire.
- Ok. A demain, Docteur.
- A demain.

***


Le Docteur fit quelques réglages sur la console de navigation du TARDIS, d’après les informations qu’il avait récupéré sur l’un des ordinateurs du Hub, et attendit que le moteur s’arrête. Il enfila son long manteau marron, puis sortit du vaisseau. Il se trouvait dans une ruelle déserte de la banlieue sud de Cardiff, à quelques mètres d’une école primaire. Dans la cour, les enfants s’amusaient bruyamment. Le Docteur s’approcha un peu afin de mieux voir et trouva le petit garçon qu’il cherchait au milieu d’un groupe jouant au ballon. Le jeune Ianto avait huit ans et l’insouciance de tous les enfants de cet âge. Le Seigneur du Temps sentit une bouffée de tendresse l’envahir et sourit.
- Que faites-vous ici ? Qui êtes-vous ?
Une femme d’une cinquantaine d’années se tenait de l’autre côté du grillage et le fixait, l’air mauvais. Avant qu’il ait pu répondre, la femme reprit :
- Si vous restez ici, j’appelle la police !
Le Docteur jeta un dernier coup d’œil à Ianto qui jouait toujours, inconscient de sa présence et de cet incident, puis fit volte-face pour rejoindre son TARDIS.

Une fois à l’intérieur du vaisseau, il hésita un court instant puis décida de continuer sa promenade discrète dans la jeunesse de son fils. Cette fois-ci, il atterrit l’année des 16 ans de Ianto. Il se rendit du côté de l’immeuble où vivait le jeune homme et eut la surprise de le voir en sortir, vêtu d’un blouson de cuir, les cheveux en bataille, un anneau à l’oreille droite. Ianto rejoignit une fille d’à peu près son âge, brune, en jean et blouson et ils montèrent ensemble sur une moto pétaradante. Le Docteur les suivit des yeux jusqu’à ce qu’ils aient disparus au bout de la rue, puis entra dans l’immeuble. Il monta au second étage et sonna au numéro 205. Une femme blonde, les yeux verts, entrouvrit la porte, méfiante.
- Madame Jones ?
- Qui êtes-vous ? demanda t’elle d’une voix fluette.
- Monsieur Smith, John Smith, répondit-il en lui montrant le papier psychique. Je suis conseiller d’orientation au lycée Francis Bacon et j’aimerais m’entretenir avec vous au sujet de votre fils, Ianto.
A la mention de l’adolescent, la femme soupira profondément. Elle ouvrit la porte et l’invita à entrer.
- Il a encore fait des bêtises ?
- Non non ! la rassura le Docteur.
- Vous voulez un thé ou un café ?
- Un thé, je veux bien, merci.
- Faites comme chez vous ! lança t’elle en disparaissant dans la cuisine.
Il fit un tour dans le salon, s’arrêtant devant les photos de Ianto. Lorsque la femme revint, il prit place sur le sofa tandis qu’elle s’installait face à lui.
- C’est la première fois que quelqu’un du lycée se déplace… surtout pendant les vacances scolaires !
- Je sais. Mais je suis nouveau. Je suis arrivé quelques jours avant la fin des cours et, en étudiant les dossiers de mon prédécesseur, je me suis dit qu’il serait bien d’aller rencontrer certains des parents chez eux, afin de voir l’environnement dans lequel vit l’élève. J’ai vu dans le dossier de votre fils qu’il avait de très bonnes notes mais que tout a changé l’an dernier. Que s’est-il passé ?
La femme soupira profondément avant de répondre :
- Mon mari et moi lui avons avoué qu’il avait été adopté. Ca l’a complètement bouleversé. Il nous en a énormément voulu de ne pas le lui avoir dit avant… et il a voulu rencontrer ses vrais parents… mais c’est impossible…
- Pour quelle raison ?
- Ils sont morts dans un accident de voiture. C’est ce qu’on nous a dit à l’orphelinat qui nous l’a confié. Depuis qu’on le lui a dit, Ianto a changé. Il ne nous parle plus comme avant, ne nous fait plus confiance…
Elle servit le thé, puis se réinstalla.
- Il a commencé à sortir avec cette fille, Trisha, qui a une mauvaise influence sur lui. Ianto est très intelligent vous savez…
Le Docteur sourit :
- Oui, je sais.
- Mon mari et moi en avons longuement discuté et nous pensons l’envoyer en pension à Londres. Mon beau-frère y a envoyé mon neveu qui était sur une mauvaise pente. Il est ressorti de là diplômé, deuxième de sa promo. Qu’en pensez-vous ?
- Je suis sûr que vous saurez prendre la bonne décision pour votre fils. Madame Jones, je ne vais pas abuser de votre hospitalité, sourit le Docteur en se levant.
La femme le raccompagna à la porte. Avant de partir, le Seigneur du Temps se tourna vers elle une dernière fois et dit :
- Je suis certain que votre mari et vous êtes d’excellents parents et que tout finira par s’arranger pour Ianto.
- Merci, Monsieur Smith.

Dans le TARDIS, le Docteur se laissa tomber sur la banquette en soupirant. Il était heureux d’avoir pu voir Ianto lorsqu’il était encore un humain « normal » et insouciant de tout ce qui n’était pas « terrien ». Il ferma les yeux et décida qu’il était temps de revenir au présent où il avait laissé son fils en plein trouble.

***


Lorsque Ianto entra dans le Hub, tout était silencieux et le TARDIS n’était plus là. Intrigué, il monta dans le bureau de Jack où il trouva son ami endormi sur le sofa. Il resta un moment à contempler le dormeur, puis remonta préparer du café. Lorsqu’il revint, le vaisseau était revenu et trônait au milieu de la base souterraine. Le Docteur en sortit au moment où il passait à côté.
- Bonjour.
- Bonjour, Ianto.
- J’ai fait du café.
- Bonne idée !
Ils remontèrent ensemble dans le bureau. Jack s’était réveillé et les regarda tour à tour. Ianto ne put s’empêcher de sourire en voyant les cheveux ébouriffés de son ami et ses vêtements chiffonnés. Il distribua les tasses emplies de breuvage fumant et alla ensuite s’asseoir à côté de Jack. Le Docteur prit place dans le fauteuil, face à eux. Ils burent en silence. Lorsqu’il eut terminé, Ianto lança dans le silence :
- Je veux redevenir humain.
Jack le fixa, ébahi, mais le Seigneur du Temps ne semblait pas surpris.
- C’est possible ? Demanda le jeune homme à son père.
- Oui. L’Arche Caméléon peut te retransformer en humain.
- Alors je veux le faire ! lança t’il en se levant.
- Pourquoi ? demanda Harkness.
Ianto fit quelques pas dans le bureau, puis se tourna pour plonger son regard dans celui de son compagnon :
- Je sais que ça peut te paraître égoïste… mais je ne supporterai pas que d’autres personnes meurent par ma faute. A quoi sert d’être quasiment immortel et d’avoir de si grandes capacités si on ne peut pas sauver les gens ? Sans parler du fait de voir mourir ceux qu’on aime…
Jack se leva et le rejoignit :
- Moi, je serai toujours là…
- Je sais…
- Docteur, vous pouvez nous laisser un moment ?
- Bien sûr.
Le Seigneur du Temps quitta le bureau. Jack attendit d’être sûr qu’il soit hors de portée pour souffler :
- Tu es vraiment sûr de toi ?
- Oui ! répondit Ianto d’un air déterminé. Je suis désolé si je te déçois…
- Tu ne me déçois pas. Et je respecte ta décision. Quoi qu’il arrive, je serai toujours à tes côtés…
- Ecoute, je comprendrais que tu ne veuilles plus...
Jack l'empêcha d'en dire plus en le bâillonnant de sa bouche pour un baiser d'une tendresse infinie. Lorsqu'il le laissa à nouveau libre de parler, Ianto ne le fit pas. Il se contenta de sourire un long moment en silence.
De petits coups frappés à la porte vitrée du bureau les firent se retourner. Le Docteur entra et lança :
- Si tu es vraiment décidé à redevenir humain, on devrait s'y mettre maintenant... Je n'ai aucune envie de rencontrer vos collègues...
- Ianto ? Demanda Jack en regardant son compagnon, toujours dans ses bras.
- On y va.

***


Une fois dans le TARDIS, le Docteur installa l'Arche Caméléon sous le regard inquiet de Jack et celui, soulagé, de Ianto. Le jeune homme paraissait détendu et souriait légèrement alors que son ami était stressé et faisait les cent pas dans le vaisseau.
- Jack, vous voulez bien cesser de vous agiter ? Lança le Seigneur du Temps. Vous me donnez le tournis !
- Est-ce que je vais oublier tout ça ? Demanda soudain Ianto à son père.
Le Docteur se planta devant son fils, puis répondit :
- Oui. Tu oublieras tout ce qui s'est passé depuis que tu as découvert la montre. Tu risques d'être un peu désorienté au début, mais ça va vite passer.
- Ce n'est pas dangereux ? Interrogea Jack. Je veux dire : toutes ces modifications d'ADN, ça ne risque pas de l'altérer à force ?
- Si, sûrement. Mais, jusqu'à présent, je ne connais aucun Seigneur du Temps qui ait utilisé deux fois ce dispositif. En revanche, ce que je sais, c'est que, cette fois-ci, la transformation sera douloureuse...
- Je prends le risque ! Répondit Ianto, déterminé.
Le Docteur le contempla un instant en silence. Il était triste de la décision que son fils avait prise mais, en même temps, il la comprenait, lui-même s'étant souvent demandé ce qu'aurait été sa vie s'il n'avait pas été un Seigneur du Temps. Il soupira profondément et demanda :
- Tu as la montre ?
- Oui, bien sûr.
Ianto la lui donna. Il la regarda sous toutes les coutures, s'assurant qu'elle était intacte et opérationnelle, puis l'installa dans l'Arche.
- C'est ta dernière chance de changer d'avis... Une fois redevenu humain, tu pourras toujours inverser le processus, mais je ne serai peut-être pas là pour t'aider s'il y a un problème.
- Je suis prêt.
Ianto s'approcha de l'Arche. Il regarda le dispositif un instant, puis se tourna vers son père et, sans prévenir, il se jeta dans ses bras. Le Docteur, d'abord surpris, mit un certain temps à réagir, mais finit par le serrer contre lui, ému.
- Jack veillera sur toi... et je ne serai jamais bien loin...
- Merci... Je suis heureux de vous avoir rencontré... et je suis fier d'être votre fils...
Le Seigneur du Temps ferma les yeux afin de retenir ses larmes, puis repoussa doucement le jeune homme.
- Allons-y !
Ianto se plaça sous l'Arche. Le Docteur prit une grande inspiration, envahi par une vague de tristesse aussi forte que celle qu'il avait ressentie lorsqu'il avait perdu Rose. Finalement, il activa le dispositif. Ianto se crispa sous la force de la douleur et se mit à hurler. Jack voulut se précipiter vers lui, mais le Docteur le rattrapa par le bras.
- Il faut laisser faire les choses. Une fois le processus enclenché, on ne peut plus l'interrompre sinon il mourra.
Impuissants, ils durent regarder Ianto souffrir sans pouvoir intervenir. Puis, au bout de quelques minutes, des bips réguliers retentirent. Au même instant, le jeune homme s'effondra sur le sol, inconscient. Cette fois-ci, le Docteur laissa Jack le rejoindre et l'installer sur la banquette.
- Il va dormir au moins deux jours, le temps que son corps accepte la transformation.
- Il ne risque pas de faire un rejet comme l'autre fois ?
- Non. Dans ce sens, la transformation est instantanée.
Il s'approcha et posa sa main sur le torse de Ianto, à gauche.
- Son coeur à nouveau unique bat calmement.
- Je vais le ramener chez lui.
Le Docteur approuva d'un signe de tête. Il retourna près de l'Arche pour en extraire la montre. Puis, il revint et la tendit à Jack qui la prit avec déférence.
- Conservez-la précieusement.
- Je veillerai sur elle... et sur lui, ajouta t'il en désignant Ianto. Je vous le promets.
- Je sais.
Il alla jusqu'à la console et y entra les coordonnées de l'appartement du jeune homme.

***


Jack déposa Ianto dans son lit, lui caressa tendrement le front, puis rejoignit le Docteur qui attendait à côté du TARDIS, dans le salon.
- A présent, je ne vous demanderai plus de m'accompagner, sourit le Seigneur du Temps. Je sais que vous avez quelqu'un d'important sur qui veiller ici.
- Vous allez me manquer, souffla Jack.
Le Docteur se frotta l'oeil en répondant :
- Je sais... je fais souvent cet effet-là aux gens...
- Toujours aussi effronté ! Rit son ami.
- Bonne chance, Capitaine Harkness.
- Bonne chance aussi à vous, Docteur.
Jack attrapa son ami avant qu'il ait eu le temps de bouger et l'embrassa tendrement. Un peu perturbé par ce baiser, le Seigneur du Temps rentra enfin dans son vaisseau qui disparut quelques secondes plus tard.
Jack resta un instant à contempler l'espace vide où se tenait le TARDIS quelques instants plus tôt, puis retourna dans la chambre. Ianto avait besoin de lui et il comptait bien tout faire pour tenir la promesse qu'il avait faite au Docteur de veiller sur son fils redevenu humain.

Fin.

Fic terminée le 20/12/2007.
Cette fanfic est archivée sur http://cybeliacottage.free.fr/viewstory.php?sid=183