Disparition by Cybelia
Summary: Tony et Jethro filent le parfait amour, mais personne n'est au courant. La disparition de l'un des deux va entraîner des révélations.

Ne tiens pas compte de la fin de la saison 2 et de la saison 3.
Categories: Séries Télé > NCIS Characters: Anthony DiNozzo, Leroy Jethro Gibbs
Genre : Slash
Challenges:
Series: Aucun
Chapters: 2 Completed: Oui Word count: 15223 Read: 4346 Published: 17/01/2007 Updated: 17/01/2007

1. 1ère partie by Cybelia

2. 2e partie by Cybelia

1ère partie by Cybelia
Disparition


Tony fut réveillé par une sensation de froid dans le lit. Il se frotta les yeux pour chasser les dernières brumes du sommeil, puis tendit la main mais ne rencontra que le vide. Un peu surpris, il se leva et se dirigea vers la cuisine sans prendre le temps d’enfiler le moindre vêtement. Il sourit en voyant que la cafetière était presque vide et qu’une tasse avait été lavée récemment. Il prit le récipient, y versa le breuvage amer, puis remarqua enfin le petit mot qui avait été posé à son intention sur le plan de travail.

Tony,

Je suis parti au bureau. Ne sois pas en retard !

J.


Le sourire du jeune homme s’élargit encore. Même dans leur vie privée, son patron ne pouvait s’empêcher de le traiter comme un gamin, mais ça n’était pas pour lui déplaire… surtout lorsqu’il décidait de lui enseigner certaines techniques… comme la nuit passée. Une vague de chaleur traversa Tony alors qu’il repensait à ce qui les avaient occupé de longues heures. Il se morigéna, but son café et alla prendre une douche froide pour calmer l’excitation qui s’était emparée de lui. Il s’habilla rapidement puis alla prendre sa voiture pour se rendre au siège du NCIS.

Près d’une demi-heure plus tard, il se gara dans le parking à sa place réservée et fut surpris de ne pas y voir le véhicule de son supérieur. Alors qu’il entrait dans le bureau, l’absence de l’ex-Marine ne fit que confirmer son étonnement.
— Où est Gibbs ? demanda t’il à Kate qui était plongée dans un rapport.
— Je ne sais pas. Je suis arrivée tôt mais je ne l’ai pas vu.
— C’est bizarre… Il devrait être arrivé depuis longtemps.
— Il a peut-être eu une panne de réveil, sourit la jeune femme.
— Non, il s’est levé tôt… Enfin… Tu parles de Jethro Leroy Gibbs, là ! se reprit Tony devant son regard surpris. Cet homme ne sait pas ce que veux dire « grasse matinée ».
— Il est peut-être en bonne compagnie, lança Tim en passant près d’eux.
Son collègue ne répondit pas. Il avait déjà du mal d’habitude à ne rien laisser transparaître de sa relation avec Gibbs, mais ce matin-là, c’était encore plus difficile. Pourtant, il lui avait promis, lorsqu’ils avaient débuté leur relation, de ne rien en dire aux autres. Tony savait très bien que son amant ne craignait pas les réactions de Kate, McGee, Abby ou Ducky, mais plutôt celle du « grand patron » à cause de la loi de non fraternisation qui s’appliquait aussi au corps des Marines et au NCIS. Soupirant, il alla s’asseoir à son bureau, hésitant sur la conduite à tenir. Il pouvait appeler Jethro sur son portable, mais, si jamais celui-ci était occupé, il risquait de se prendre une réflexion dans les dents et il n’en avait pas trop envie. Pourtant, un mauvais pressentiment s’était insinué en lui. C’était la première fois, depuis plus de trois ans qu’il travaillait avec lui, que Gibbs arrivait en retard au bureau sans avoir au préalable prévenu ses subordonnés. Essayant de ne pas se laisser envahir pas l’inquiétude, Tony décida de se plonger dans son boulot.

Il était presque onze heures lorsque le jeune homme leva les yeux vers la pendule… et Gibbs n’était toujours pas arrivé. Le doute n’était plus permis : il se passait quelque chose d’anormal. Tony composa le numéro du portable de son supérieur, mais il tomba directement sur la messagerie.
— Patron, c’est moi. Il est onze heures et on se demandait où tu étais passé. Rappelle-moi dès que tu as ce message… s’il te plait.
En l’entendant, Kate et Tim s’étaient rapprochés. Ils avaient l’air tous deux inquiets.
— Il est peut-être chez lui, suggéra la jeune femme.
Tony se mordit la langue. Il ne pouvait décemment pas leur dire qu’il y avait peu de chance que Gibbs ait traversé toute la ville pour passer chez lui alors que l’appartement de l’Italien, où il avait dormi, se trouvait à moins d’une demi-heure de route de leur bureau.
— On devrait y aller voir, continua Kate.
— Ok, acquiesça tout de même le jeune homme. McGee, demande à Abby si elle peut localiser le GPS de sa voiture… juste au cas où… ajouta t’il en voyant l’air surpris de ses collègues.
— Je m’en occupe de suite ! répondit Tim.

Tony gara sa voiture devant la maison de son supérieur et ne fut pas surpris de voir que le véhicule de Gibbs ne se trouvait pas dans l’allée, ni nulle part en vue. Kate le précéda en direction de la porte d’entrée et il la laissa sonner. Comme ils n’obtenaient pas de réponse, la jeune femme se retourna vers son collègue et demanda :
— Je crois qu’on devrait entrer.
— T’es folle ! Si Gibbs apprend qu’on est allés chez lui en son absence, il va nous tuer !
— Et s’il avait eu un malaise et qu’il ne puisse pas répondre ?
— Eh bien…
Tony devait admettre qu’elle avait raison, même s’il était presque sûr que son amant n’était pas là. Il soupira.
— Ok. Mais s’il nous tombe dessus, je dirai que c’était ton idée !
— D’accord, Monsieur Trouillard !
Alors qu’elle sortait un passe-partout, il lui tendit une clé. Sous le regard inquisiteur de la jeune femme, il eut du mal à ne pas rougir.
— N’oublie pas qu’il m’a hébergé, il y a quelques temps… j’ai oublié de la lui rendre.
Kate n’avait pas l’air convaincue par son histoire, mais ne répondit pas. Comment aurait-il pu lui dire que Jethro lui avait donné sa clé lors de la dernière Saint-Valentin ? Ce soir-là, les deux hommes avaient dîné en tête-à-tête chez l’Italien et l’ex-Marine avait proposé à son compagnon d’utiliser plus intelligemment leurs deux logements : à partir de ce jour, ils passaient leurs semaines chez Tony, plus proche du bureau, et leurs week-ends chez Jethro, plus éloigné, donc comportant moins de risques de tomber sur une connaissance en allant chercher les croissants le dimanche matin.

A l’intérieur, tout était en ordre, presque trop. Cela se voyait que les lieux n’étaient pas beaucoup occupés et Tony espéra que sa collègue n’allait pas trop se poser de questions.
— Je savais Gibbs maniaque du rangement, mais à ce point, c’est maladif ! lança t’elle en explorant les lieux.
Bien entendu, ils ne trouvèrent personne et aucune trace prouvant que le propriétaire des lieux y soit passé récemment.
— Je t’avais bien dit qu’il n’était pas là, soupira Tony.
Il sursauta lorsque son portable sonna, rompant subitement le calme des lieux. Son espoir fut déçu en voyant le nom d’Abby sur l’écran.
— DiNozzo.
— Tony, c’est moi.
— Salut Abby ! Tu as trouvé sa voiture ?
— Eh bien…
— Quoi ?
— Son GPS a été désactivé.
— QUOI ?
— Pas la peine de hurler, Tony ! s’exclama la laborantine.
— Désolé. Qu’est-ce qui s’est passé ?
— Aucune idée.
— Tu n’as aucun moyen de le retrouver ?
— Si le système avait juste été éteint, ça aurait été du gâteau, mais là, il a été carrément enlevé ! Le transpondeur a du être arraché, c’est la seule explication.
— Merci… souffla Tony, son mauvais pressentiment revenant en force.
Il se tourna vers Kate et lui expliqua la situation, puis reprit à l’attention d’Abby.
— Dis à McGee de contacter la police locale, qu’ils recherchent sa voiture.
— Tu crois qu’il lui est arrivé quelque chose ?
— Tu crois que Gibbs disparaîtrait dans la nature sans nous prévenir ? répondit Tony, essayant de garder son calme.
— Tu as raison… on s’en occupe. Tiens-moi au courant si tu as du nouveau.
— Toi aussi.
Et il raccrocha. Alors qu’il se tournait à nouveau vers Kate, il sentit un vertige le prendre et dut s’appuyer au mur pour ne pas tomber.
— Tony, qu’est-ce qui t’arrive ?
— C’est rien… Ca va aller.
— Tu es blanc comme un linge. Viens t’asseoir.
Elle le prit par le bras et le conduisit vers une chaise. Elle alla lui chercher un verre d’eau qu’il but lentement. Il ne comprenait pas ce qui lui arrivait, il ne s’était jamais senti aussi mal.
— Tu as mangé ce matin ?
— Non… juste bu du café…
— C’est pas bon de vouloir trop imiter Gibbs, Tony ! Tu devrais manger quelque chose.
A cette idée, le jeune homme sentit son estomac se révulser. Il secoua la tête.
— Il ne vaudrait mieux pas… souffla t’il. Ca va passer.
Il se sentait déjà un peu mieux, même si ça n’était pas encore la grande forme. Ce n’était vraiment pas le moment qu’il tombe malade ! Jethro avait sûrement besoin de lui. Cette pensée le revigora, même si un malaise persistait tout au fond de lui. Il se leva, sous le regard inquiet de Kate.
— Ca va. On devrait rentrer au bureau. Il va falloir prévenir le Directeur.
— Tu es sûr que ça va ?
— Oui oui, ne t’en fais pas. Allons-y !

Une fois dans l’immeuble du NCIS, Tony, qui se sentait mieux malgré la boule à l’estomac qui ne le quittait pas, se précipita vers McGee et Abby qui discutaient.
— Du nouveau ?
— Rien, soupira la laborantine. On a prévenu la police locale et la police de la route, au cas où, mais ils n’ont pas encore trouvé sa voiture. J’ai pris la liberté de vérifier s’il avait utilisé sa carte bancaire, mais il ne l’a pas fait… et son portable n’est pas plus localisable que sa voiture. Nous avons appelé tous les hôpitaux, mais ils n’ont admis personne qui ressemble au signalement de Gibbs… les morgues non plus… termina t’elle dans un souffle.
Tony se passa une main sur le visage, essayant de chasser la lassitude qui s’était emparée de lui. Il soupira profondément.
— Je vais prévenir le Directeur.
Sans attendre la réponse des autres, il se dirigea vers le bureau du « grand patron » du NCIS. La secrétaire de celui-ci lui adressa un sourire charmeur, mais il n’avait pas le cœur à jouer avec elle et lui demanda un peu sèchement :
— Morrow est là ?
— Oui.
— Il faut que je lui parle, c’est très important !
La jeune femme blonde prit le téléphone et contacta le Directeur. Quand elle raccrocha, elle se tourna vers Tony en souriant :
— Tu peux y aller.
— Merci.
L’Italien frappa deux coups à la porte, puis pénétra dans le bureau de Morrow. Cela n’était que la seconde fois qu’il y venait, la première datant de son embauche au NCIS. Le Directeur était assis à son fauteuil et leva les yeux vers lui.
— Agent DiNozzo ! Asseyez-vous. Que se passe t’il de si urgent ?
— Gibbs a disparu, Monsieur.
— Disparu ? s’étonna Morrow.
Tony lui expliqua la situation. Au fur et à mesure qu’il parlait, il vit le visage de son interlocuteur se décomposer.
— Vous n’avez aucune piste ?
— Aucune. Pour l’instant, la seule chose qui pourrait nous permettre de le retrouver serait que la police mette la main sur sa voiture… ou qu’une personne, Gibbs ou quelqu’un d’autre, utilise sa carte de crédit ou son portable…
— Je vois…
Il réfléchit un long moment, puis lança :
— Agent DiNozzo, je vous charge de mener les recherches. La procédure voudrait que je vous envoie une personne plus haut gradée, mais je sais que vous et votre équipe êtes les plus compétents pour mener cette enquête.
— Merci, Monsieur.
Tony se leva, soulagé que Morrow lui fasse confiance.
— Retrouvez-le ! lui lança le Directeur avant qu’il ne sorte du bureau.
— A vos ordres, Monsieur.

Tony rejoignit Kate et Tim qui étaient occupés sur leurs ordinateurs.
— Vous avez quelque chose ?
— Rien, répondit la jeune femme. Qu’est-ce qu’il a dit ?
— Il nous confie l’enquête. Où est Abby ?
— Elle est redescendue au labo. Nous…
Elle fut interrompue par la sonnerie du téléphone de McGee. Celui-ci décrocha rapidement.
— McGee ! Oui… oui… je note…d’accord, on arrive. Merci.
Il raccrocha et se tourna vers ses collègues qui attendaient, impatients.
— La police a retrouvé sa voiture.
— Allons-y ! lança Tony.
Quelques minutes plus tard, ils montèrent dans un véhicule du NCIS. Kate ayant refusé de laisser conduire Tony après le malaise qu’il avait eu chez leur supérieur, elle prit le volant et ils se dirigèrent vers l’endroit que la police avait indiqué à Tim, une zone industrielle délabrée située au nord de la ville. Lorsqu’ils y arrivèrent, ils virent que la voiture de Gibbs avait été entourée par un cordon de sécurité. Tony fut le premier auprès de l’officier de police.
— Agent Spécial DiNozzo, voici les Agents Spéciaux Todd et McGee.
— Officier Wallace. Le véhicule était vide lorsque je l’ai trouvé.
— Merci. On prend le relais, répondit Kate tandis que Tony se dirigeait déjà vers la voiture de son supérieur en enfilant ses gants.
Le jeune homme en fit le tour, cherchant des indices visibles. A son grand soulagement, il ne vit pas de sang dans l’habitacle ni autour. Les clés étaient toujours sur le contact, la boîte à gants était ouverte et l’arme que Jethro y dissimulait avait disparu. Il ouvrit le capot, inspectant le moteur, cherchant la raison qui aurait pu pousser son amant à se garer dans ce quartier désert, plutôt éloigné du chemin reliant son appartement à l’immeuble du NCIS. A première vue, le moteur semblait intact, mais il demanderait à Abby de l’inspecter en détail. Alors qu’il refermait le capot, la voix de McGee l’interpella :
— Tony !
Le jeune homme se précipita vers son collègue qui lui tendit le portable de Gibbs.
— Il était sous la voiture.
DiNozzo prit le téléphone qui était éteint et tenta de l’allumer sans succès. Il rendit l’appareil à Tim.
— Demande à Abby de voir ce qu’elle peut en tirer.
Kate, qui s’était rapprochée des deux hommes, demanda :
— Qu’est-ce qu’il est venu faire ici ? Ca n’est pas vraiment sur sa route !
— Non, admit Tony, qui était soulagé que cet endroit soit aussi loin de chez lui que de chez son supérieur, ne pouvant donc pas créer des soupçons chez ses collègues.
— J’ai appelé les techniciens pour qu’ils viennent chercher la voiture, reprit la jeune femme.
— Ok. On refait un tour dans les environs et on rentre.

Tony était vraiment très inquiet. Leur deuxième inspection des lieux n’avait rien donné. Abby était en train de travailler sur la voiture et le portable de Gibbs. Kate et McGee étaient pendus au téléphone avec divers informateurs pour essayer d’en apprendre plus, mais aucune démarche ne semblait concluante. C’était comme si leur supérieur s’était littéralement volatilisé. Le jeune homme sentait une migraine poindre. Il se massa lentement les tempes pour essayer de se soulager, mais l’angoisse qui lui nouait les tripes se manifestait en faisant apparaître dans son esprits des scénarios tous plus affreux les uns que les autres qui finissaient invariablement par la mort de Jethro Gibbs. Il serra les paupières lorsqu’il sentit des larmes poindre. Il ne voulait pas se laisser abattre, il savait que son amant comptait sur lui, qu’il avait besoin de lui. Alors qu’il se morfondait, la voix de Kate lui demanda :
— Tony, ça va ?
— Non, répondit-il dans un souffle.
— Dis… j’ai eu une idée… elle me paraît très invraisemblable, mais, connaissant Gibbs…
DiNozzo ouvrit les yeux et darda son regard azur sur sa collègue.
— Je t’écoute.
— Et si… tu vas trouver ça idiot…
— Accouche ! lança Tony, perdant patience.
— Et si tout ceci n’était qu’un coup monté par Gibbs pour nous tester ?
Le jeune homme mit quelques secondes à comprendre ce que Kate suggérait.
— Tu veux dire… qu’il aurait mis en scène sa disparition juste pour voir si on était capable de le retrouver ?
— Oui. Pourquoi pas ?
Tony ne trouva rien à répondre. Après tout, l’idée n’était pas si insensée que ça, surtout lorsqu’il s’agissait de Jethro Gibbs. Pourtant, son intuition lui soufflait qu’il ne s’agissait pas de ça. S’il avait voulu les mettre à l’épreuve, il lui aurait suffit de les laisser mener tous seuls la prochaine enquête. Et, surtout, le Directeur Morrow aurait été au courant. A moins que… Tony soupira :
— De toutes façons, qu’il s’agisse ou non d’un test, nous n’en aurons la certitude que lorsque nous aurons retrouvé Gibbs. Alors, au boulot !
Kate acquiesça silencieusement et retourna à sa place. Tony n’avait aucune envie de rester là sans rien faire alors il décida d’aller voir où en était Abby.

La laborantine était penchée sur sa table de travail, dans un silence quasi-religieux. Elle se retourna lorsque Tony entra.
— Du nouveau ? demanda t’elle.
— Non. Et toi ?
— Je viens de finir de regarder son portable. Rien de particulier à part qu’il n’a plus de puce et que sa batterie est vide. Par contre, la voiture est intéressante…
Ils descendirent à l’atelier où le véhicule de Gibbs était installé sur des rails, capot ouvert.
— Qu’est-ce que tu as trouvé ?
— Quelqu’un a trafiqué l’arrivée d’essence. Et c’est quelqu’un de vraiment futé !
— Pourquoi ?
— La personne qui a fait ça a mis une minuterie qui a déclenché deux pinces, coupant l’arrivée d’essence dans le moteur, d’où la panne.
— Et qu’est-ce qui est si futé là-dedans ?
— Cette façon de faire n’a provoqué aucune fuite visible et aucun voyant d’alerte sur le tableau de bord ne s’est allumé. Donc, Gibbs ne pouvait pas savoir ce qui se passait.
Tony était perplexe, mais faisait confiance à l’expertise de la jeune femme.
— Tu as tiré quelque chose de la minuterie ?
— Non… en fait, elle n’est plus dans la voiture…
— Alors comment tu…
— Il y a des traces des pinces sur les durites… et pour la minuterie, j’ai deviné. Si les pinces avaient été mises avant que la voiture démarre, elle n’aurait pas fait cent mètres…
— … donc elles n’ont pu être que déclenchées par une minuterie… Bon travail, Abby.
— Merci. Mais ça ne va pas beaucoup nous aider pour retrouver Gibbs, souffla la laborantine en fronçant le nez.
— C’est tout de même mieux que rien, répondit Tony en se forçant à sourire.
Alors qu’ils remontaient au labo, Abby posa une main sur l’épaule de son ami.
— Tu devrais leur dire la vérité…
Surpris, il se tourna vers elle :
— De quoi tu parles ?
— Du fait que Gibbs ne sortait pas de chez lui ce matin, mais de chez toi.
Tony se sentit subitement rougir et balbutia :
— Que… comment…
— Je vous connais bien, tous les deux. J’avais déjà remarqué que quelque chose avait changé entre vous... notamment son regard sur toi... et une chose que j'ai trouvé dans son portable n’a fait que confirmer mes soupçons, ajouta t’elle avec un clin d’œil.
Le jeune homme sentit son cœur manquer un battement. Il comprit immédiatement de quoi son amie parlait : pour l’anniversaire de Jethro, il lui avait envoyé un SMS qui ne pouvait pas être plus explicite :
Happy Birthday my love. T.
Abby le regardait à présent avec sollicitude.
— Ne t’en fais pas, je ne dirai rien. Mais, je crois que Kate et McGee devraient le savoir.
Tony se laissa tomber sur une chaise et se passa une main sur le visage, essayant de rassembler ses idées.
— Je ne peux pas… si jamais ça arrive aux oreilles de Morrow, nos carrières sont foutues. Franchement, je m’en remettrai si je suis viré, mais je ne veux pas que Gibbs souffre par ma faute. Pour l’instant, les autres n’ont pas besoin de savoir.
— Sauf qu’ils vont sûrement chercher des indices au mauvais endroit. La voiture de Gibbs a été trafiquée cette nuit, près de chez toi… et, donc, si vous voulez essayer de trouver quelque chose à ce sujet, tu vas bien être obligé de leur dire la vérité.
Tony comprit que la jeune femme avait raison. Avec un long soupir, il admit :
— Tu as raison… il va me tuer… surtout si ce n’est qu’un test…
— De quoi tu parles ?
Il expliqua à son amie l’hypothèque qu’avait émise Kate. Abby ne sembla pas surprise.
— Ca lui ressemblerait assez de faire ça… mais dans ce cas, il a du engager un bon mécano parce que je ne le connais pas capable d’installer une minuterie dans son moteur tout seul. Ca serait un bateau, je ne dis pas, mais une voiture…
— Ca n’est pas vraiment rassurant tout ça… parce que ça veut dire qu’il a sûrement été enlevé. Et la personne qui a fait ça était vraiment organisée… et devait sûrement l’avoir surveillé depuis plusieurs semaines…
Tony sentit à nouveau son estomac se révulser. A l’idée qu’un criminel les ait espionnés, ait tout vu de leur vie qu’ils essayaient tant bien que mal de dissimuler à leurs amis le rendait malade. Et le fait que l’homme qu’il aimait soit aux mains d’une telle personne était la pire des catastrophes qu’il ait jamais pu imaginer.
— Tony, ça va ?
— Non, mais je n’ai pas le droit de me laisser aller. Il faut que je retrouve Gibbs !
Il quitta la jeune femme et remonta au bureau rejoindre Kate et McGee. Il leur expliqua ce qu’Abby avait trouvé puis leur demanda de s’asseoir.
— J’ai quelque chose d’important à vous dire.
Ses collègues obéirent. Lorsqu’ils furent installés, Tony se percha sur le coin de son bureau et, les yeux fixés sur ses mains, il lança d’une voix qu’il espérait assurée :
— Cela fait plusieurs mois que Gibbs et moi, nous sommes… nous…
Il prit une grande inspiration :
— Nous sommes ensemble !
Un grand silence ponctua sa déclaration. Kate et Tim échangèrent un regard, puis la jeune femme sourit:
— J’ai gagné !Tu me dois vingt dollars !
Alors que l’autre homme la payait, Tony bondit.
— Quoi ?
— Ca fait un moment que j’avais deviné, mais je n’étais pas sûre de moi… et McGee me soutenait que je me faisais des idées…
— Et vous aviez parié sur nous ?
— Oui. Bon… je suppose que si tu te décides à nous en parler justement aujourd’hui, c’est parce que ça a un lien avec la disparition de Gibbs.
— Hum… oui… il était chez moi la nuit dernière… donc sa voiture a du être trafiquée en bas de mon appartement.
Kate se leva et attrapa son sac.
— Allons-y !
Alors que Tim s’apprêtait à la suivre, Tony l’arrêta :
— Il faudrait que tu cherches dans les fichiers tous les criminels que Gibbs a fait enfermer, qui seraient sortis récemment et qui seraient capable d’avoir posé la minuterie qui a provoqué la panne de sa voiture.
— Ok. Je vais demander à Abby de me donner un coup de main, on ira plus vite.
— Bonne idée. On t’appelle si on a quelque chose.

Kate se gara en bas de l’immeuble de Tony. Celui-ci se dirigea directement vers l’endroit où la voiture de Gibbs avait été garée, quelques heures plus tôt. Ensemble, ils scrutèrent le sol à la recherche d’un indice, mais il n’y avait rien.
— On devrait demander au voisinage, suggéra la jeune femme. Peut-être que quelqu’un a vu quelque chose.
— Bonne idée. Par contre, je préfèrerais que tu t’occupes de mon immeuble… j’ai pas trop envie que certains de mes voisins se mêlent de ma vie privée…
— Pas de problème. J’y vais.
Kate disparut à l’intérieur. Tony traversa la rue et alla interroger les habitants des autres bâtiments. Alors qu’il désespérait de trouver quelque chose, il tomba sur un homme d’une quarantaine d’années qui lui répondit :
— J’ai vu un type traîner dans le coin.
Le cœur battant à tout rompre, l’Italien demanda :
— Racontez-moi !
— Hier soir, je suis rentré soir parce que j’ai fait l’inventaire de mon magasin, je suis disquaire. Lorsque je me suis garé, j’ai vu un homme qui soulevait le capot d’une voiture. J’ai supposé qu’il était en panne alors je me suis approché.
— Vous lui avez parlé ?
— Oui. Je lui ai demandé si je pouvais l’aider. Et il m’a dit que non, qu’il avait déjà appelé un dépanneur.
— Vous avez vu son visage ?
— Oui, mais il faisait sombre…
— Il était comment ? Brun, blond ? Grand, petit ?
— Il était un peu plus grand que moi, assez mince et brun, je crois.
— Aucun signe particulier ? Une cicatrice ou quoi que ce soit d’autre ?
— Non…
L’homme réfléchit un instant, puis reprit :
— Si ! Après lui avoir parlé, je suis revenu vers ici mais je me suis retourné vers lui juste avant d’entrer dans l’immeuble et j’ai remarqué qu’il boitait fortement.
— Quelle jambe ?
— Attendez… On aurait dit que sa jambe gauche était plus courte que la droite.
Tony nota cet élément dans son calepin.
— Rien d’autre ?
— Non, je ne crois pas.
L’agent du NCIS donna sa carte au témoin :
— Si jamais quelque chose d’autre vous revient, appelez-moi.
— Bien sûr.
— Merci beaucoup !
— De rien. J’espère que vous trouverez ce que vous cherchez.
« Moi aussi… » songea Tony en quittant les lieux. Il fit le tour des autres voisins, mais personne n’avait rien vu. Il rejoignit alors Kate qui avait fini d’interroger les habitants de son immeuble. Il lui raconta ce que l’homme lui avait dit, puis proposa :
— Rentrons ! Peut-être que McGee et Abby auront des suspects à nous proposer et que l’un d’eux boitera !

Dans l’ascenseur qui les menait vers leur bureau, Tony s’adossa au mur. Tant qu’il bougeait, ça allait, il arrivait à ne pas imaginer le pire, à ne pas penser que celui qu’il aimait était peut-être gravement blessé ou pire… mais, dès qu’il s’arrêtait, son cerveau se remettait à remuer les pires idées et il avait l’impression que son estomac se convulsait. Il ferma les yeux un instant, essayant de se calmer. Il sursauta presque en sentant la main de Kate sur son épaule.
— Tu devrais vraiment manger quelque chose…
Il secoua la tête négativement.
— Ca ne passerait pas…
— Tu n’aideras pas Gibbs si tu tombes d’inanition ! Tu vas manger quelque chose, c’est un ordre !
— Bien, M’dame… sourit Tony.
Malgré son malaise, il devait admettre que la façon dont ses collègues – et amis, il devait bien se l’avouer – avaient pris l’aveu de sa relation avec Jethro, l’avait soulagé. Il prit une grande inspiration et se redressa au moment où la cabine s’ouvrait. Ils rejoignirent Tim qui pianotait rapidement sur son clavier.
— Vous avez trouvé quelque chose ? demanda t’il sans lever les yeux de son écran.
Tony raconta ce que le témoin avait vu.
— Des suspects potentiels ?
— Des tas, malheureusement ! Mais, avec les détails que tu viens de me donner, ça devrait réduire le champ d’investigation.
Avisant la pizza qui était posée sur son bureau, Kate interpella son collègue :
— Tony !
Le jeune homme se retourna vivement vers elle et soupira. Il savait qu’elle avait raison, mais savait aussi que son estomac refuserait de digérer quoi que ce soit tant qu’il n’aurait pas de nouvelles de Gibbs. Pourtant, il fit un effort et entama une part encore chaude. Finalement, son corps parut accepter qu’il se nourrisse et il se sentit mieux au point d’engloutir une seconde part. Lorsqu’il eut terminé, il sentit que ses forces revenaient un peu. Il se releva et s’approcha du bureau de McGee.
— Alors ?
— Eh bien…
— Quoi ?
— Je n’ai trouvé personne dans notre liste de suspects qui boite…
— C’est impossible !
Kate les rejoignit.
— Qu’est-ce qu’on fait, maintenant ?
— On reprend tout depuis le début, soupira Tony.

***


Minuit. Cela faisait maintenant plus de 16 heures que Gibbs avait disparu. Tony ne tenait pas en place. Il avait essayé de rester assis à son bureau, mais à chaque fois qu’il s’arrêtait de bouger, il se mettait à penser au pire, alors il préférait rester actif. Kate, McGee, Abby et lui avaient repris la liste des suspects potentiels et avaient étudiés les dossiers un par un, mais n’avaient rien trouvé. Epuisé, le jeune homme se laissa tomber sur sa chaise en soupirant :
— C’est pas normal qu’on n’ait aucune piste sérieuse ! On doit être parti dans la mauvaise direction !
Soudain, une idée lui traversa l’esprit. Elle parut totalement folle, mais si elle s’avérait exacte, cela expliquerait leurs difficultés à trouver le ravisseur de leur supérieur. Il se leva d’un bond et quitta le bureau, sous les regards surpris de ses coéquipiers. Il descendit au labo où Abby était penchée sur son microscope.
— J’ai eu une idée ! lança Tony, la faisant sursauter.
— Je t’écoute ! répondit la laborantine en se tournant vers lui.
— Tu peux trouver des infos sur un civil ?
— Je peux toujours essayer. Tu as son nom ?
— Non, mais il vit juste en face de chez moi.
— Ton témoin ? Tu crois qu’il a quelque chose à voir avec la disparition de Gibbs ?
— C’est possible, je ne veux écarter aucune piste, si farfelue soit-elle.
— Ok.
Il donna l’adresse exacte à la jeune femme qui pianota rapidement sur son clavier. Quelques minutes plus tard, un permis de conduire apparut à l’écran.
— Adam Wilson, lut Abby. 43 ans…
Elle chercha encore et tomba sur son dossier militaire.
— C’est un ancien lieutenant de l’Air Force. Il a été viré suite à plusieurs incidents…
— De quel genre ?
— Des bagarres… La goutte d’eau qui a fait déborder le vase, c’est quand il s’est battu avec son supérieur et l’a envoyé à l’hôpital. L’homme est resté trois semaines dans le coma et ils ont viré Wilson sans indemnisation.
— Il s’y connaît en voitures ?
— Hum… y’a des chances. Son père possède un garage à Seattle. Et… oh…
— Quoi ? demanda Tony en se penchant sur l’épaule de son amie.
— Il avait une sœur, Anna Wilson, qui était sergent chez les Marines.
— Ce nom me dit quelque chose…
— Normal, Gibbs et toi l’avez arrêtée, il y a trois ans. Elle revendait de la drogue sur la base de Norfolk : cocaïne, héroïne, etc… Elle a prit cinq ans de prison… mais elle ne les finira jamais…
— Elle est sortie ?
— Non, elle est morte. Assassinée par ses co-détenues suite à un deal qui a mal tourné, d’après le rapport de la prison.
— Ca fait longtemps ?
— Deux mois.
Tony s’assit sur un tabouret. Il venait de comprendre que Wilson les tenaient responsables, Gibbs et lui, de la mort de sa sœur, et qu’il avait décidé de se venger en enlevant l’ex-Marine. Serrant les poings, il se releva, furieux.
— Merci, Abby !
La jeune femme hocha la tête et il sortit.

Armés d’un mandat, qu’ils n’avaient eu aucun mal à obtenir lorsque le Directeur Morrow avait été mis au courant de la situation, les trois enquêteurs du NCIS arrivèrent devant l’immeuble où vivait Wilson. Ils descendirent de voiture tandis que l’Italien donnait ses ordres :
— McGee, tu prends la sortie de secours, au cas où il tenterait de s’enfuir par derrière. Kate, tu viens avec moi.
Tony se dirigea vers la porte de l’appartement du suspect. Il frappa normalement, se retenant de fracasser le battant. N’obtenant aucune réponse, il cogna plus fort.
— NCIS ! Ouvrez !
Toujours rien. Le jeune homme échangea un regard avec sa collègue et décida de ne plus être patient. Il se recula et donna un coup de pied dans la porte qui s’effondra sur le sol dans un fracas. Les deux agents entrèrent, armes aux poings. Ils firent le tour de l’appartement, mais aucune trace de Wilson. Pendant que Kate appelait Tim pour lui dire de les rejoindre, Tony commençait à fouiller les lieux, en espérant trouver un indice qui lui permette de savoir où le ravisseur détenait Gibbs. Alors qu’il entrait dans la salle de bains, Kate l’appela :
— Tony, j’ai trouvé quelque chose !
Il se précipita dans la chambre du suspect où son amie lui désigna une caméra munie d’un téléobjectif, installée devant la fenêtre. Il n’eut pas besoin de regarder dans l’appareil pour savoir que celui-ci était braqué sur son appartement… et notamment sur la fenêtre de sa chambre. Il sentit la colère le gagner, mais réussi à la faire taire. Cependant, la découverte suivante qu’il fit ne le calma pas, au contraire : sous le lit se trouvaient deux cartons remplis de cassettes vidéos dont les étiquettes comportaient des dates. Tony prit la première, celle du 15 mars, surlendemain de la mort d’Anna Wilson, et la mit dans le magnétoscope. Dès les premières images, son estomac se noua. Sur l’écran, on pouvait voir Jethro, debout dans sa chambre, vêtu uniquement d’un caleçon, qui l’attirait contre lui pour l’embrasser fougueusement. Tony coupa l’image, furieux. Kate s’approcha, l’air inquiet tandis que McGee gardait les yeux baissés sur le sol, apparemment gêné.
— Je vous jure qu’il va passer un sale quart d’heure ce type ! grogna l’Italien. Il faut absolument qu’on le retrouve !
— J’ai prévenu la police et je leur ai donné son signalement, expliqua son amie.
— Sa voiture ?
— Elle est toujours dans le parking de l’immeuble, répondit Tim, j’ai vérifié avant de monter. J’ai demandé à Abby de voir si une compagnie de taxi serait venu ici dans la journée.
— Ok. Continuons à chercher, il doit bien y avoir un indice quelque part ! s’exclama DiNozzo.
Il se pencha sur les cartons de cassettes et en sortit une datée de la veille.
— Je vais regarder celle-là, il y aura peut-être un indice.
Les deux autres sortirent pour fouiller à nouveau l’appartement. Tony s’assit sur le bord du lit et mit la cassette en route. Une foule de sentiments le parcouraient alors qu’il se voyait dans les bras de Jethro, sur l’écran : colère, détresse, humiliation et surtout, une envie irrépressible d’étrangler Wilson de ses propres mains. A la fin de la bande, il n’avait rien appris de plus qui pourrait l’aider à retrouver son amant. Il soupira profondément, puis rangea la cassette avec les autres avant de rejoindre ses collègues.
— Alors ?
— Rien, soupira Kate.
— J’ai peut-être quelque chose, lança McGee, penché sur le bureau de Wilson.
Les deux autres se précipitèrent vers lui et se mirent de chaque côtés, regardant par-dessus son épaule.
— Qu’est-ce que c’est ? demanda Tony en désignant le papier que son collègue lisait.
— Un contrat pour l’achat d’un cercueil…
— Pour sa sœur, sûrement, répondit Kate.
— Il date d’il y a trois jours, répliqua Tim. Et vu la taille, ça correspond à la carrure de Gibbs.
Tony se retint au dossier d’une chaise proche. Un vertige l’avait saisi à l’idée que son compagnon devait être enfermé dans un cercueil quelque part. Un silence pesant s’installa dans la pièce. Tous trois sursautèrent lorsque le téléphone de McGee sonna.
— Oui Abby ? Ok, c’est noté ! Merci.
Il raccrocha et se tourna vers ses collègues :
— Wilson a pris un taxi vers dix-huit heures pour se rendre au cimetière du nord.
Tony eu une illumination soudaine lorsqu’il revit dans son esprit quelque chose qu’il avait lu sur l’écran de la laborantine, près d’une heure plus tôt.
— Sa sœur est enterrée là-bas dans le caveau familial ! Allons-y !

La pleine lune illuminait les lieux. En temps normal, Tony n’aurait pas été très rassuré de se promener de nuit dans un cimetière, mais là, il s’en moquait. La seule chose qui comptait, c’était de retrouver Jethro en vie. Ils se déployèrent pour s’approcher du caveau, ne sachant pas si Wilson était toujours dans le coin. Tony avançait rapidement vers la petite construction qu’il voyait à une vingtaine de mètres devant lui. Il n’y avait pas de bruit à part ceux des oiseaux nocturnes. Alors qu’il arrivait devant la porte du caveau, il entendit un bruissement sur sa droite. Il se retourna vivement, arme pointée devant lui et eut à peine le temps de s’écarter avant qu’une balle ne s’écrase sur la pierre, à l’endroit même où se trouvait sa tête une seconde plus tôt. Il roula sur le sol, se dissimulant derrière une stèle, puis appela ses collègues.
— Kate, McGee, vous le voyez ?
— Non. Ca va ?
— Oui, il m’a manqué. Il est quelque part à la droite du caveau, murmura t’il en tendant le cou pour essayer d’apercevoir Wilson.
— Je l’ai ! souffla la voix de Timothy dans son oreillette.
Deux coups de feu retentirent, des balles sifflèrent, puis une voix inconnue s’éleva :
— Agent DiNozzo ! Je sais que vous êtes là !
— Où est Gibbs ? répondit Tony.
— Vous le savez très bien. Il est dans sa dernière demeure.
L’Italien ne put retenir un frisson de terreur. Il déglutit difficilement et lança :
— Pourquoi avez-vous fait ça ?
Il connaissait déjà la réponse, mais il fallait qu’il le fasse parler pour que ses collègues puissent le localiser et l’arrêter.
— Il a tué ma sœur. A cause de lui, elle s’est retrouvée en prison et elle a été tuée là-bas !
— Je suis aussi coupable que lui. J’ai participé à l’arrestation d’Anna.
— Je le sais, DiNozzo ! Mais j’ai décidé qu’en tuant votre amant, je vous punissait également. Je…
Wilson s’interrompit subitement. Un coup de feu explosa dans l’air, suivi rapidement d’un second et d’un cri. Tony se précipita vers l’endroit d’où provenaient les bruits et trouva Kate debout au-dessus du ravisseur, étendu sur le sol, un trou sanglant dans la poitrine.
— J’allais le neutraliser mais il m’a vue et il a tiré. Je n’ai pas eu le choix… s’excusa t’elle.
Ils furent rejoints par McGee.
— J’appelle une ambulance.
— Il n’en aura pas besoin, souffla Tony qui s’était baissé pour vérifier si Wilson était toujours vivant, mais appelle-là tout de même… pour Gibbs…
Le jeune homme se redressa vivement et se précipita vers le caveau. Il ne fut pas surpris de constater que la porte en pierre avait été fermée hermétiquement. Kate le rejoignit rapidement après être allée chercher des outils dans la voiture. Ils s’attaquèrent ensemble au joint qui avait été mis pour colmater l’ouverture. Il leur fallut presque une demi-heure pour arriver à dégager l'entrée. Tony se rua à l’intérieur dès qu’il le put. Le cercueil était posé au milieu du caveau. Le jeune homme toussa à cause de l’air raréfié, mais ne perdit pas de temps et s’attaqua aux clous qui maintenaient le couvercle. Enfin, il réussit à ouvrir le cercueil et poussa un petit cri de surprise en voyant la pâleur de son amant, étendu là sans connaissance. Tony ne perdit pas de temps à réfléchir et se pencha vers lui, testant son pouls. Son cœur rata un battement lorsqu’il se rendit compte que Gibbs ne respirait plus. Il se lança alors dans un bouche à bouche tandis que McGee pratiquait le massage cardiaque. Kate, debout à côté d’eux, les éclairait avec deux torches. A chaque seconde qui passait, l’Italien sentait son espoir s’effriter alors qu’il n’obtenait aucune réaction de la part de son compagnon. Des larmes ruisselaient sur ses joues, mais il continuait, refusant d’admettre qu’il était arrivé trop tard pour le sauver. Lorsqu’une main voulut l’écarter du corps de Jethro, il se rebella, mais Kate l’attrapa par le bras pour le calmer.
— Laisse-les faire.
Tony réalisa alors qu’il s’agissait des médecins de l’ambulance qui venaient d’arriver. Il recula, s’asseyant sur le sol du caveau, adossé contre un mur froid, les yeux fixés sur le corps inanimé de l’homme qu’il aimait. Il ne pensait à rien, son cerveau était comme anesthésié. Soudain, la voix d’un docteur le ramena au présent :
— J’ai un pouls !
Quelques secondes plus tard, Gibbs était emmené sur un brancard jusqu’à une ambulance. Tony les suivit et monta dans le véhicule après avoir dit aux médecins :
— Je suis son compagnon.
Une fois à l’intérieur, il prit la main de Jethro dans la sienne et se pencha pour lui souffler à l’oreille :
— Je t’interdis de mourir.
2e partie by Cybelia
Tony faisait les cent pas dans la salle d’attente. Gibbs avait été emmené directement en réanimation et on l’avait prié de rester là. Alors qu’il entamait son huitième tour de la pièce, Kate, McGee et Abby entrèrent.
— Comment va t’il ? demanda la laborantine.
— Je n’en sais rien, souffla Tony en se laissant tomber sur une chaise, la tête dans les mains.
— Ne t’en fais pas, je suis sûre qu’il va s’en sortir, sourit Kate. Gibbs est un dur à cuire !
— Tu ne peux pas savoir comme j’espère que tu aies raison… murmura le jeune homme. Je ne sais pas si je pourrais supporter s’il…
Il fut interrompu par une jeune femme brune qui entra dans la pièce.
— Bonjour. Je suis le Docteur Lune Williams.
— Anthony DiNozzo. Je suis le compagnon de Jethro Gibbs, expliqua t’il en se levant. Comment va t’il ?
— Nous avons pu faire repartir son cœur mais nous avons du l’intuber pour lui permettre de respirer.
— Il est réveillé ? demanda Tony d’une voix faible, pressentant la mauvaise nouvelle qui n’allait pas manquer de lui tomber dessus d’un instant à l’autre.
— Non. Il n’a pas repris connaissance… il est dans le coma, je suis désolée…
Le jeune homme avait du mal à réaliser ce que la doctoresse venait de lui annoncer. Il avait l’impression d’être enveloppé dans le brouillard. Il entendait les voix de ses amis, assourdies comme s’il les avaient perçues à travers du coton. Il sentit à peine lorsque Kate le prit par le bras pour l’obliger à s’asseoir et passa une main sur son front en l’appelant. Et puis, petit à petit, il redescendit sur Terre alors que la douleur envahissait son cœur. Il avait beau se dire que ça aurait pu être pire, que l’homme qu’il aimait pourrait être mort, il se sentait descendre rapidement dans les abysses de la souffrance. Il sentait les larmes monter, mais ne voulait pas les laisser couler devant les autres alors il se releva et demanda en essayant de contrôler le tremblement de sa voix :
— Je peux le voir ?
— Suivez-moi, répondit le Docteur Williams.
Il entendit Kate lui dire :
— On va prévenir Morrow et Ducky. On reviendra tout à l’heure.
— D’accord, répondit-il machinalement.

La doctoresse le laissa entrer seul dans la chambre. Il se figea au pied du lit, impressionné par tous les appareils qui mesuraient les signes vitaux de son compagnon, mais surtout par la pâleur extrême de celui-ci. S’il n’avait vu sa poitrine se soulever en rythme, aidée par le respirateur, il aurait pu croire que Gibbs était mort. Se morigénant pour cette pensée morbide, il prit une chaise et s’installa près du lit, attrapant rapidement la main de son amant dans les siennes et la serrant très fort. Il aurait aimé parler, mais les mots restaient coincés dans sa gorge. Alors il se tut, se contentant de fixer le visage livide de Jethro. Les larmes finirent par s’échapper enfin de ses yeux et ruisselèrent sur ses joues et dans son cou, mouillant le col de sa chemise. La douleur fut plus forte, le dévastant d’un seul coup. Il enfouit son visage dans le cou de son compagnon, le corps secoué de violents sanglots, bredouillant :
— Ne me laisse pas… ne m’abandonne pas… je t’en supplie… je t’aime… je t’aime tellement…
Il pleura longtemps, incapable de se calmer. Et puis, la fatigue eut raison de lui et il finit par s’endormir dans cette position, son bras en travers du torse de Jethro.

***


Lorsqu’il s’éveilla quelques heures plus tard, Tony constata avec tristesse que l’état de son compagnon n’avait pas évolué. Il soupira lourdement, étira ses muscles endoloris par la position peu agréable dans laquelle il avait dormi, puis se rendit dans la salle d’eau pour se rafraîchir un peu. Il passa une main dans sa chevelure ébouriffée, tentant de la remettre un peu en ordre, et revint dans la chambre au moment où le Docteur Williams y entrait.
— Bonjour. Vous avez dormi un peu ?
— Oui.
— J’aimerais vous parler de l’état de votre ami. Vous pouvez venir dans mon bureau ?
Devant l’hésitation du jeune homme, elle ajouta :
— De toutes façons, vous allez devoir le laisser pendant que les infirmières vont s’occuper de lui.
— D’accord, je vous suis.
Il jeta un dernier regard à son compagnon, puis rejoignit le médecin qui l’attendait dans le couloir. Elle le conduisit dans son bureau et l’invita à s’asseoir.
— J’ai sous les yeux le dossier médical de l’Agent Gibbs, mais j’aurais besoin de savoir si les renseignements qui y sont portés sont toujours valables.
— Que voulez-vous savoir ?
— C’est principalement au sujet de son hygiène de vie. Est-ce qu’il fume ?
— Non.
— Il boit de l’alcool ?
— Rarement. Une bière de temps en temps.
— Est-ce qu’il a un niveau de stress élevé ?
Tony ne put s’empêcher de pouffer.
— Il a eu trois femmes, boit environ 15 cafés par jour et doit nous supporter, mes collègues et moi, à longueur de temps, donc je pense que je peux dire oui…
— Cela fait combien de temps que vous êtes ensemble ?
Il jeta un coup d’œil circonspect à la femme qui l’interrogeait.
— Quel rapport avec sa santé ?
— Il faut que je sache si quelque chose dans son activité sexuelle peut être source de problèmes médicaux.
— Hum…
Le jeune homme n’était pas convaincu, mais répondit tout de même :
— Ca fait presque six mois.
— Est-ce qu’il a eu des relations sexuelles en-dehors de votre couple ?
— J’espère bien que non ! s’exclama l’Italien.
La doctoresse sourit devant la jalousie évidente de son interlocuteur.
— Et vous ?
— Je n’ai jamais été aussi fidèle que depuis que je suis avec lui, répondit Tony. Je l’aime et ça ne me viendrait jamais à l’idée de le tromper… de toutes façons, si ça arrivait, il me tuerait, ajouta t’il avec un sourire.
Il se demanda un court instant pourquoi il racontait tout ça à cette femme qu’il connaissait à peine, mais finalement, il se rendit compte que c’était plus facile pour lui de parler de Jethro à une personne qui ne les jugerait pas et qui semblait même très compréhensive vis-à-vis de leur relation.
— Vous vous protégez ?
Tony sortit brusquement de ses pensées.
— Quoi ? Oui, bien sûr. On a parlé d’aller faire le test mais on n’a pas eu le temps, avec notre boulot.
— Est-ce que l’Agent Gibbs fait du sport ?
— Il s’entraîne régulièrement, comme nous tous. Et il court souvent après les suspects.
— Il les rattrape ?
— Moins facilement que moi… sourit le jeune homme.
Le médecin souffla :
— Je n’ai plus d’autres questions, merci.
— Dites… vous pensez qu’il va s’en sortir ? demanda Tony en se penchant vers la doctoresse.
Elle baissa les yeux, soupira, puis releva la tête avant de répondre.
— Je vais être franche avec vous, ses chances sont faibles.
Ces quelques mots firent l’effet d’un coup de poignard en plein cœur pour l’Italien. Devant son air catastrophé, la jeune femme expliqua :
— Comme vous le savez, son cœur s’est arrêté de battre avant qu’on ne le retrouve. Et il a fait un nouvel arrêt lorsqu’il était en réanimation. Son muscle cardiaque est très fatigué ; nous avons dû mettre des stimulants dans sa perfusion pour l’obliger à battre normalement. Ce n’est pas étonnant, vu son métier, son âge et son niveau de stress… A côté de ça, son cerveau a été privé d’oxygène un long moment et, s’il se réveille, nous ne savons pas quelles seront les séquelles neurologiques.
— Vous pensez qu’il peut y en avoir ?
— Nous ne pouvons rien dire tant qu’il est inconscient. Je sais que ce que je vous dis doit être douloureux, mais je préfère être franche pour que vous ne vous fassiez pas trop d’illusions. Il se peut que votre compagnon ne se réveille pas…
Tony se frotta les yeux pour empêcher les larmes de couler et soupira profondément. Puis, il se redressa avec un faible sourire.
— C’est un battant… je suis sûr qu’il va tout faire pour s’en sortir.
— Je le souhaite de tout cœur.
Elle le raccompagna jusqu’à la porte de la chambre de Gibbs, puis le laissa pour aller faire ses visites. Lorsqu’il entra dans la pièce, Tony eut la surprise d’y trouver Kate et McGee.
— ‘Lut !
— Bonjour. Ca va ?
— Ca irait mieux s’il se décidait à ouvrir les yeux, répondit le jeune homme en haussant les épaules.
Son amie s’approcha de lui, une cassette vidéo à la main et il remarqua le carton contenant un magnétoscope posé sur la table.
— Qu’est-ce que c’est ?
— On est retournés dans le caveau tout à l’heure. Wilson y avait mis une caméra ; il a tout filmé.
— On a pensé que tu voudrais voir ce qui s’était passé, ajouta Tim.
— Vous l’avez regardée ? demanda Tony en prenant la cassette.
— Non. On est passés récupérer un magnétoscope et on est venus directement, répondit Kate.
— Merci.
— Il faut qu’on reparte au bureau.
— Qu’est-ce que Morrow a dit ? Au sujet de Gibbs ?
— Pour l’instant, il laisse l’équipe sous ta direction… mais je crois qu’il est au courant pour vous deux.
DiNozzo jeta un regard effaré à sa collègue.
— Quoi ? Oh non…
— Ne t’en fais pas, Tony. S’il avait voulu te virer à cause de ça, ce serait déjà fait.
— Je l’espère…
Il soupira.
— De toutes façons, il peut faire ce qu’il veut, je m’en fous, du moment que je peux être ici quand Gibbs se réveillera…
Les deux autres échangèrent un regard contrit, puis Kate sourit timidement :
— Si tu as besoin de quoi que ce soit, appelle-nous !
— D’accord. Merci.
Il les suivit des yeux jusqu’à ce qu’ils aient quitté la pièce, puis il alla brancher le magnétoscope sur le téléviseur de la chambre. Il ferma la porte, espérant ne pas être dérangé et s’installa sur sa chaise, toujours à côté du lit, serrant la main de son compagnon dans la sienne. Il mit la cassette en route…

L’image tremblota un peu, puis se focalisa sur la silhouette de Jethro Gibbs, à genoux sur le sol, bâillonné, les mains attachées dans le dos. Son regard, tout d’abord fixé sur l’objectif, se détourna au moment où une voix retentit :
— Alors, Agent Gibbs, qu’est-ce que ça fait de savoir que vous allez bientôt mourir ? Vous avez peur ? Oh oui, je suis sûr que vous avez peur, même si vous ne le montrez pas. Vous savez pourquoi vous êtes là ? Non, bien sûr, vous devez vous demander qui je suis. Vous vous souvenez d’Anna Wilson ? Vous l’avez arrêtée il y a trois ans parce qu’elle dealait à Norfolk. Ca vous revient, n’est-ce pas ? Vous vous demandez sûrement si je suis son mari… Non, vous avez perdu, je suis son frère. Je suis sûr que vous ne comprenez toujours pas pourquoi vous êtes là… Vous saviez que ma sœur est morte ? Elle a été butée par une autre détenue… tout ça parce qu’elle refusait de lui filer de la dope. C’était y’a deux mois. Lorsque je l’ai appris, j’ai tout de suite compris que je devais la venger, que je devais vous faire payer, DiNozzo et vous. Vous êtes responsables ! Si vous ne l’aviez pas envoyé en taule, elle serait encore en vie. Franchement, vous m’avez facilité la tâche… Je n’aurais jamais cru que DiNozzo et vous étiez des tantouzes ! Je peux vous dire que j’ai chopé un sacré fou-rire quand j’ai vu ça ! Vous êtes très fort, Gibbs, mais je suis sûr que vous n’aviez pas remarqué que je vous surveillait depuis deux mois. Je vous ai même filmés à votre insu… J’ai une jolie collection de cassettes où vous vous envoyez en l’air avec DiNozzo qui feraient un tabac sur Internet !
L’ex-Marine ne bronchait pas, seuls ses yeux trahissaient sa fureur. Si son regard avait tué, l’homme serait tombé raide mort. Et il est certain que s’il avait pu se libérer, il aurait étranglé son ravisseur sans hésitation. Wilson continua :
— En vous surveillant, je n’ai eu aucun problème, à trouver le bon moment pour trafiquer votre voiture. J’ai appris que ce matin, vous aviez un rendez-vous avec votre notaire pour faire modifier votre testament en faveur de DiNozzo. Alors, j’en ai profité. J’ai mis des pinces sur les durites de votre bagnole et je vous ai suivi de loin quand vous êtes parti de chez votre mec ce matin. Dire que vous ne vous êtes pas méfié lorsque je me suis arrêté pour vous aider ! Vous n’êtes pas si doué que ça, finalement… Bon, je crois que vous en savez assez. A présent, passons aux choses sérieuses !
La caméra tourna et l’image d’un cercueil vide apparut. Elle resta un instant là-dessus avant de revenir sur l’ex-Marine.
— Vous voyez ce cercueil ? C’est le vôtre, Gibbs.
L’homme passa devant l’objectif, sourit à la caméra et montra une seringue qu’il tenait en main.
— C’est juste un sédatif, histoire de pouvoir vous mettre là-dedans sans que vous vous débattiez. Je ne veux pas que vous mourriez rapidement. Vous savez ce que je vais faire ? Je vais vous enfermer dans ce cercueil et, ensuite, je scellerai hermétiquement le caveau, histoire que l’air n’y pénètre plus. Vous allez mourir très lentement…
Wilson plongea l’aiguille dans le cou de Jethro qui s’écroula rapidement sur le sol, inconscient. Le ravisseur jeta la seringue sur le sol et se pencha sur son prisonnier. Il lui détacha les mains, le souleva sous les bras et disparut de l’image. Quelques secondes plus tard, la caméra tourna à nouveau, montrant le cercueil où Gibbs était étendu, toujours sans connaissance. Wilson posa le couvercle et le cloua. Il se tourna vers l’objectif, un grand sourire aux lèvres.
— Ma vengeance est en marche. Agent DiNozzo, si vous voyez cette cassette, c’est que Gibbs est mort et que je vous l’ai envoyée pour vous faire souffrir encore un peu plus. J’ai bien vu comment vous le regardiez. Je sais que vous êtes amoureux et j’espère que vous avez mal, très mal !
Wilson éclata de rire, puis reprit :
— Le spectacle est fini ! Adieu Jethro Gibbs !


Alors que l’image s’éteignait, Tony se leva d’un bond de sa chaise et fonça dans la salle de bains, prit par une nausée violente. Comme il n’avait rien mangé, il ne vomit pas, mais il avait l’impression que tout tournait autour de lui. Il s’assit sur le carrelage froid, ramena ses jambes contre son torse et enfouit son visage entre ses bras croisés. Il fallait qu’il se calme, qu’il se reprenne. Il ne devait pas se laisser aller, il devait être fort pour celui qu’il aimait, mais c’était si difficile ! Il prit plusieurs grandes inspirations et releva lentement la tête. Sa nausée était passée. Il se releva, retourna dans la chambre, débrancha le magnétoscope qu’il remit dans le carton, puis se rassit près du lit, reprenant la main de Jethro entre les siennes.
— Patron, j’espère que tu m’entends. Je t’aime et tu n’as pas intérêt à me laisser tomber. Je me battrai jusqu’au bout pour que tu reviennes parmi nous. Lorsque tu me l’as ordonné, je ne suis pas mort… donc tu n’as pas le droit de mourir, je te l’interdis formellement, tu m’entends ? Je t’aime, Jethro…

***


Cela faisait maintenant neuf jours que Gibbs était dans le coma. Tony n’avait quitté la chambre d’hôpital que quelques heures pour aller se changer mais ne supportait pas d’être dans son appartement où tout lui rappelait les bons moments qu’il avait passés avec son compagnon. Le personnel hospitalier, compréhensif, lui avait installé un lit d’appoint dans la chambre de Jethro dès la seconde nuit. Le Docteur Williams venait le voir chaque jour pour s’enquérir de l’état de son patient, mais il n’y avait aucune évolution. Ce matin-là, le jeune homme lisait à voix haute « Moby Dick » à son amant lorsque Kate entra dans la chambre.
— Bonjour.
— Bonjour. Tony, il va falloir que tu viennes au bureau, Morrow veut te voir.
— Pourquoi ?
— Il ne m’a rien dit.
L’Italien soupira. Il n’avait aucune envie de laisser son compagnon, mais savait qu’il ne pouvait refuser la convocation du Directeur du NCIS.
— Si tu veux, je peux rester avec lui pendant que tu y vas.
— Merci, c’est gentil.
— De rien, c’est normal. A tout à l’heure !
Il sourit, puis quitta la chambre.

Quelques minutes plus tard, il arrivait devant la secrétaire de Morrow. Elle lui adressa un regard glacial et lança d’une voix froide :
— Il t’attend !
Tony entra sans un mot. Le Directeur se leva et lui serra la main, puis l’invita à s’asseoir.
— Comment va l’Agent Gibbs ?
— Il n’y a rien de neuf. Les médecins ne sont pas optimistes du tout.
Morrow soupira.
— Il faut que je prenne une décision au sujet de votre groupe, Agent DiNozzo. Je ne peux pas laisser une unité sans responsable.
— Je comprends.
— J’ai décidé, compte tenu de votre excellent dossier, de vous donner le poste de l’Agent Gibbs.
— Je ne veux pas prendre sa place, répondit Tony en secouant la tête.
— Ce ne serait pas définitif… juste provisoire jusqu’à ce qu’il revienne… ou que je sois obligé de vous nommer définitivement.
Le jeune homme était flatté que le Directeur ait pensé à lui pour prendre la tête de l’équipe, pourtant il sentait bien que celui-ci ne comptait pas trop sur le retour de Jethro Gibbs. Il se demanda un instant si Morrow connaissait la nature exacte de leur relation mais rien chez celui-ci ne le montrait.
— Cependant, je vous demanderai d’être présent au bureau à partir d’aujourd’hui. Compte tenu de l’état de l’Agent Gibbs, il ne vous sert à rien de rester à l’hôpital toute la journée, même si je sais que cela vous tient à cœur. Et les dossiers ne doivent pas souffrir de votre absence prolongée.
Même s’il savait que Morrow avait raison, Tony ne pouvait s’empêcher d’être ennuyé par sa décision. Il n’avait aucune envie de laisser son compagnon seul à l’hôpital et il voulait être présent lorsqu’il se réveillerait, mais il devait admettre qu’il ne pouvait pas y passer sa vie.
— D’accord, Monsieur.
Il se leva. Alors qu’il allait sortir, le Directeur le rappela :
— Jethro et vous êtes mes meilleurs agents. Je tiens à vous garder tous les deux parmi nous le plus longtemps possible.
Tony lut à cet instant dans le regard de l’homme un éclat de sollicitude qui le rassura. Si Morrow savait pour Gibbs et lui, il ne leur en tenait pas rigueur. L’Italien sourit à son supérieur, puis rejoignit son bureau. McGee lui adressa un regard interrogatif, mais Tony préféra prévenir Kate avant tout. Il composa le numéro de la chambre de son compagnon.
— Chambre de Jethro Gibbs.
— Kate, c’est Tony. Morrow vient de m’annoncer qu’il me nommait à la tête de l’équipe en attendant le retour de Gibbs et il veut que je reste au bureau. Donc, tu peux revenir ici.
— D’accord, soupira la jeune femme à l’autre bout du fil. A tout à l’heure.
L’Italien raccrocha, puis se tourna vers Tim qui demanda :
— Tu deviens notre Patron ?
— Provisoirement, sourit DiNozzo. Je n’ai pas l’intention de piquer sa place à Gibbs. Lorsqu’il sera sur pieds, je lui laisserai son poste avec joie !
— Tu vas prendre son bureau ?
— Non, je préfère le mien.
En fait, il ne voulait pas toucher aux affaires de son amant. Tant que rien ne bougeait, cela voulait dire que Jethro pourrait revenir d’un instant à l’autre et, pour l’instant, c’était la seule chose qui pouvait laisser un espoir à Tony que tout revienne comme avant.

***


Tony rangea son arme dans le tiroir en soupirant. Ils venaient de boucler une affaire particulièrement compliquée et toute l’équipe n’avait qu’une envie : enfin débaucher ! Il se passa une main sur le visage pour en chasser la fatigue, puis vérifia s’il n’avait pas eu d’appel de l’hôpital. Cela faisait une semaine qu’il avait pris la tête de l’équipe et trois jours qu’il n’avait pas pu aller voir son compagnon à cause de l’enquête en cours.
— Tu vas voir Gibbs ? lui demanda Kate en passant à côté de son bureau.
— Oui. Je passe juste chez moi prendre une douche et j’y vais.
— Ok. Dis-lui qu’on pense bien à lui et qu’on a hâte qu’il se réveille.
— Pas de problème, sourit l’Italien.
Il prit sa veste et quitta le bureau.

Une heure plus tard, il arrivait à l’hôpital. Alors qu’il se dirigeait vers la chambre de son compagnon, il fut intercepté par le Docteur Williams.
— Agent DiNozzo, j’allais vous appeler.
Inquiet, Tony demanda :
— Il y a un problème ?
— Non, au contraire. Depuis ce matin, l’activité cérébrale et le rythme cardiaque de l’Agent Gibbs sont remontés sensiblement vers la normale.
Voyant que le jeune homme ne semblait pas comprendre, elle expliqua :
— Il revient lentement vers la conscience.
— Il va se réveiller ?
— Ca peut encore prendre du temps, mais ça semble en bonne voie. S’il continue comme ça, nous pourrons bientôt lui ôter le respirateur.
Un grand sourire étira les lèvres de Tony.
— C’est la première bonne nouvelle que j’entends depuis des jours !
Le médecin sourit, puis le laissa rejoindre son compagnon. Il s’assit près du lit et prit la main de Jethro dans les siennes, comme à son habitude.
— Le Docteur Williams vient de me dire que ton état s’améliore. Tu ne peux pas savoir comme je suis heureux… tu me manques tellement… Je sais que ça fait plusieurs jours que je ne suis pas venu, mais on a eu une affaire complètement dingue et je n’ai pas pu me libérer avant. Je suis sûr que si tu avais été là, tu aurais trouvé la solution bien avant nous…
Il soupira.
— Je ne suis vraiment pas à la hauteur… Vivement que tu reprennes ton poste… parce que je ne suis pas sûr que Morrow me le laisse trop longtemps, vu mes résultats un peu désastreux… oh, on a trouvé l’assassin, mais il nous a fallu trois jours… et toi, tu l’aurais eu en moins d’une journée !
Il se tut un instant, contemplant le visage paisible de Jethro.
— Tu me manques… et pas seulement au boulot… Je t’aime…
Il se pencha pour déposer un léger baiser sur les lèvres de son compagnon, puis se rassit, un léger sourire étirant sa bouche.
— Bon… j’avais un espoir fou que tu fasses comme la belle au bois dormant et que tu te réveilles… mais c’est pas grave, le médecin a dit que ça allait prendre un peu de temps avant que tu reviennes. Tu vas rire : ça me manque de ne plus t’entendre me hurler après… et de ne plus sentir tes tapes sur mon crâne… sans parler de ta peau sur la mienne lorsque… ouh là, faut que je m’arrête là sinon, je vais avoir besoin d’une douche froide ! rit Tony en passant une main dans ses cheveux déjà passablement ébouriffés.
Il caressa tendrement la joue de Gibbs, repensant à tous les bons moments qu’ils avaient passés ensemble depuis qu’ils se connaissaient.
— Dire qu’on a perdu tout ce temps avant de sortir ensemble… Si j’avais su, quand je suis arrivé au NCIS, que tu étais bi et que j’avais une petite chance de te séduire, je crois que j’aurais tenté ma chance bien avant ! Tu le sais déjà… j’ai craqué pour toi dès le premier regard… quand on s’est rencontrés à Baltimore… Je crois que si je draguais toutes ces filles devant toi, c’était pour te faire réagir… même si je pensais que ça ne servirait à rien. Je me rends compte qu’on n’a jamais discuté de tout ça depuis qu’on est ensemble… je sais bien que tu n’es pas trop bavard, beaucoup moins que moi, mais j’aimerais vraiment qu’on en parle, un jour… Tu sais que Kate et McGee avaient parié sur le fait que nous étions ensemble ? Oui, je ne te l’ai pas encore dit, mais tout le monde est au courant… Même Morrow… Il m’a bien fait comprendre qu’il voulait nous garder tous les deux, donc je pense qu’on ne risque rien de sa part.
Tony souriait tendrement en parlant, le regard fixé sur le visage de son compagnon. Il sursauta soudain en voyant une infirmière dans l’encadrement de la porte. Il la connaissait, elle surveillait les chambres de ce couloir presque toutes les nuits et ils avaient sympathisés.
— Bonsoir, Tony.
— Bonsoir, Cybelia.
— J’ai appris que votre ami allait un peu mieux.
— Oui.
— Vous devez être soulagé.
Il hocha la tête avec un grand sourire.
— Maintenant, je n’ai plus qu’à attendre qu’il se réveille…
La jeune femme brune alla vérifier les niveaux des perfusions de Gibbs, puis demanda :
— Vous restez cette nuit ?
— Oui. Je n’ai pas pu venir pendant trois jours et il m’a trop manqué pour que je le laisse.
— Vous avez mangé ?
— Pas encore. Je comptais descendre au café en face prendre un sandwich.
— Attendez, ne bougez pas !
Elle sortit de la chambre et revint avec un plateau-repas.
— L’un des patients est rentré chez lui tout à l’heure et ils ont oublié d’annuler son dîner. Ce n’est pas de la grande cuisine, mais si ça vous dit… surtout avec le temps qu’il fait.
Tony se retourna et constata avec surprise qu’il pleuvait des cordes.
— Merci, ça sera avec plaisir.
L’infirmière posa le plateau sur la table en souriant.
— Si vous avez besoin de quoi que ce soit, n’hésitez pas à m’appeler.
— D’accord. Merci encore.
Lorsqu’elle fut sortie, Tony mangea avec appétit. Puis, après avoir ôté ses chaussures et sa veste, il alla s’allonger sur le lit d’appoint, ferma les yeux et s’endormit rapidement.

Il se réveilla en sursaut au milieu de la nuit. Il secoua la tête pour chasser les dernières réminiscence de son cauchemar, puis se tourna vers son compagnon. Il fut rassuré par la vue du visage paisible de Jethro, mais ne put se rendormir. Finalement, il se leva pour venir se rasseoir près du lit. Il entrelaça ses doigts avec ceux de son amant et posa sa tête sur le torse de celui-ci, se laissant bercer par les battements de cœur réguliers. A peine une minute plus tard, il dormait profondément.

Un peu après l’aube, Tony fut réveillé par une pression sur ses doigts. Alors qu’il émergeait doucement des brumes du sommeil, il eut l’impression que le rythme régulier qui l’avait endormi était un peu plus rapide. Il se redressa lentement, fixant le visage de Jethro, cherchant un signe d’une quelconque évolution de son état. Il commençait à se demander s’il n’avait pas rêvé lorsqu’il sentit à nouveau les doigts de son amant serrer les siens. Souriant, il se pencha et murmura :
— Jethro ? Je sais que tu m’entends… Tu sais que tu me ferais un grand plaisir si tu te réveillais maintenant ?
Tout en parlant, le jeune homme appuya sur la sonnette pour prévenir l’infirmière de garde. Cybelia arriva presque aussitôt. Il lui sourit :
— Il a serré ma main.
Elle s’approcha et fit quelques tests rapides.
— Je vais appeler le Docteur Williams, sourit-elle. Je pense que votre ami devrait très vite revenir parmi nous.
— Merci.
Lorsqu’il fut à nouveau seul avec son compagnon, Tony poussa un long soupir de soulagement. Il ne pouvait détacher son regard du visage de Gibbs, persuadé qu’il allait très vite y voir un signe d’amélioration. Cependant, au bout de quelques minutes, il comprit que ça pourrait encore prendre un peu de temps. Il hésita un instant : il savait qu’il devait aller bosser mais il ne voulait pas risquer de manquer le réveil de l’homme qu’il aimait. Alors qu’il se demandait quoi faire, le Docteur Williams arriva.
— Bonjour, Agent DiNozzo.
— Bonjour, Docteur. Il a serré ma main tout à l’heure… deux fois.
— Mademoiselle White me l’a dit, sourit Lune. Je vais devoir vous demander de sortir le temps que je l’examine.
— Bien sûr… répondit Tony.
Il remit ses chaussures et sa veste, puis quitta la chambre. Il alla se chercher un café au distributeur et revint, attendant dans le couloir que le médecin ait fini. Elle le rejoignit cinq minutes plus tard, un grand sourire sur les lèvres.
— L’Agent Gibbs n’a plus besoin du respirateur, j’ai pu l’extuber.
— Vous pensez qu’il mettra longtemps à se réveiller ?
— Cela peut prendre quelques heures ou quelques jours. Il faut être patient.
— C’est dur ! soupira le jeune homme.
— Je le sais. Mais il faut vous dire que les moments les plus difficiles sont derrière vous maintenant.
— Vous avez raison.
— Vous pouvez retourner le voir. Je reviendrai après mes visites de la matinée.
— D’accord.
Tony rentra dans la chambre et sourit à l’infirmière qui notait des indications dans le dossier de Jethro. L’Italien resta debout, adossé au mur face au lit.
— Je vais devoir partir… mon Directeur n’acceptera jamais que je passe la journée ici.
— Ma garde se termine à sept heures, mais, si vous voulez, je peux dire à ma remplaçante de vous appeler s’il y a du nouveau.
— Merci, c’est gentil.
Il attendit que la jeune femme soit sortie, puis il alla déposer un léger baiser sur les lèvres de son compagnon avant de quitter l’hôpital.

***


Assis à son bureau, Tony essayait vainement de se concentrer sur son rapport, mais il n’arrêtait pas de penser à Jethro, se demandant si son amant était réveillé. Il regardait sans arrêt sa montre et avait déjà appelé trois fois l’hôpital depuis qu’il était arrivé pour avoir des nouvelles.
— Tu aurais dû rester là-bas, lui lança Kate en passant devant son bureau.
— J’aurais bien aimé, mais je doute que Morrow ait été du même avis.
La jeune femme vint s’asseoir au bord du meuble, sans un mot, plongeant son regard dans celui de son collègue.
— Quoi ? demanda l’Italien, agacé par son silence.
— Je me disais juste que je comprends mieux pourquoi ton attitude a changé depuis quelques mois…
— Comment ça, changé ?
— Tu joues moins au joli cœur avec les femmes… Tu restes plus tard au bureau le soir… comme Gibbs, d’ailleurs… Mais, vous avez quand même bien caché votre jeu, tous les deux… Si je n’avais pas été profiler, je ne suis pas sûre que j’aurais compris ce qui se passait.
— Nous ne voulions pas que ça s’ébruite… Tu imagines : deux Agents Spéciaux du NCIS, deux hommes, qui couchent ensemble… Et, en plus, Gibbs est mon supérieur ! Nous n’en avons pas vraiment discuté, mais nous savions implicitement que la direction ne devait pas être au courant. A présent, Morrow sait… et il semble s’en accommoder… Enfin, du moins, il n’a pas l’air de vouloir nous virer tous les deux !
— Je pense que tant que ça n’empiète pas sur votre travail, il n’a aucune raison de vouloir vous renvoyer.
— Sauf que c’est interdit par le règlement. En nous permettant de rester, il se met en danger…
— Il est sûrement conscient du risque. S’il le fait, c’est que vous en valez la peine. Tu sais, la procédure normale voudrait qu’il fasse venir quelqu’un de l’extérieur pour remplacer Gibbs… et s’il a préféré te confier les rênes de notre équipe, c’est sûrement parce qu’il ne veut pas que quelqu’un prenne la place de son meilleur enquêteur. Gibbs et toi, vous êtes complémentaires… et Morrow le sait.
— Kate a raison, intervint McGee.
Tony eut un sourire songeur.
— Peut-être…
Il sursauta soudain lorsque son portable sonna. Il répondit immédiatement :
— DiNozzo !
— Ici le Docteur Williams. L’Agent Gibbs s’est réveillé il y a quelques minutes.
— Merci, j’arrive tout de suite !
Il raccrocha et expliqua la situation aux autres. Kate sourit :
— Envoie-lui nos vœux de rétablissement. On passera le voir ce soir. Et on s’occupe de prévenir tout le monde.
— Ok, merci.

A peine un quart d’heure plus tard, Tony déboulait à l’hôpital. Alors qu’il arrivait devant la chambre de son compagnon, la porte s’ouvrit sur Lune Williams. Elle sourit :
— Vous avez fait vite !
— Il va bien ?
— Oui. Je lui ai fait quelques examens préliminaires et tout semble normal. Je lui ai prescrit d’autres tests complémentaires, mais vous pouvez aller le voir en attendant qu’on vienne le chercher.
— Il… il n’a pas de séquelles ? demanda Tony, inquiet.
— Apparemment non, mais ce n’est qu’avec des examens approfondis que je pourrais en être sûre. Ah oui, que je vous prévienne : il faut qu’il évite de parler. L’intubation a irrité ses cordes vocales et il faut qu’il les laisse se reposer au maximum. Je lui ai donné un bloc-note et un crayon pour qu’il puisse communiquer.
— D’accord.
Le médecin partit. L’Italien n’attendit pas une seconde de plus. Il entra rapidement dans la chambre. Jethro était assis dans son lit, les yeux fixés sur le mur en face de lui. Il se tourna vers le nouveau venu et sourit. Le cœur de Tony se réchauffa. Il vint reprendre sa place près du lit.
— Tu sais que tu nous as fait un belle peur !
Jethro prit le papier et répondit :
Je sais.
— Tout le monde était très inquiet pour toi. Moi le premier !
Où est Wilson ?
— Il est mort. Kate l’a abattu près du caveau où il t’avait enfermé. Il nous a donné du fil à retordre. J’ai bien cru qu’on ne te retrouverait pas. Par contre…
Comme Tony ne continuait pas, Gibbs écrivit :
Quoi ?
Le jeune homme soupira et expliqua :
— J’ai été obligé de dire aux autres que nous sommes ensemble… Abby a deviné toute seule, Kate s’en doutait déjà et McGee est tombé des nues… Morrow aussi le sait…
Il baissa les yeux devant le regard furieux de son compagnon et ajouta :
— Il a l’air de bien prendre les choses… en tous cas, il ne nous a pas virés tout de suite… de toutes façons, si l’un de nous deux devait être renvoyé, ça serait moi…
Tony sursauta lorsque la main de son compagnon s’abattit sur son crâne. Il se redressa et plongea son regard dans les prunelles grises de Gibbs.
Ne dis pas de conneries !
Le jeune homme sourit. Mieux que tous les tests que pourraient lui faire passer les médecins, l’attitude de son compagnon lui prouvait qu’il allait bien. Jethro, souriant, posa la main sur l’avant-bras de Tony et l’attira vers lui. L’Italien se laissa faire, se retrouvant bientôt à genoux sur le lit, ses lèvres plaquées contre la bouche de l’ex-Marine, leurs langues se redécouvrant avec ardeur. Un toussotement les fit se séparer. Un infirmier, le rouge aux joues, se tenait dans l’encadrement de la porte avec un brancard.
— Excusez-moi, je dois emmener l’Agent Gibbs pour des examens.
Les deux hommes échangèrent un regard amusé, puis Tony lança :
— Je vais aller manger un morceau. Je serai là quand tu reviendras.
Jethro acquiesça silencieusement.

Tony se planta devant la fenêtre, le regard perdu sur le paysage au loin. Après avoir avalé rapidement un sandwich au snack en face de l’hôpital, il avait appelé Kate pour lui donner des nouvelles de leur patron, puis était revenu dans la chambre. Maintenant, il attendait son retour en réfléchissant à leur avenir. Il se rendait compte qu’il n’avait jamais été autant amoureux qu’en ce jour et ça lui faisait un peu peur. Il ne pouvait s’empêcher de s’interroger sur les sentiments de Jethro. Après tout, celui-ci avait déjà eu trois femmes et plusieurs relations sérieuses – Tony en était persuadé, même s’il ne lui en avait jamais parlé. Il sentait au plus profond de lui que Gibbs l’aimait… mais il ne le lui avait jamais dit… Il le lui avait fait comprendre par son attitude, par ses gestes tendres… et surtout lorsqu’il lui avait donné les clés de sa maison, mais il n’avait jamais prononcé ces mots que Tony rêvait tant d’entendre. Ca n’était pas la première fois qu’il doutait, mais, cette fois-ci, il avait besoin d’être rassuré. Il soupira profondément, se promettant d’en parler à son compagnon dès que celui-ci irait mieux.
Jethro fut ramené dans la chambre et réinstallé dans son lit. Tony s’assit près de lui en se forçant à sourire.
— Qu’est-ce qui se passe ? demanda l’ex-Marine d’une voix rendue rauque par l’intubation.
— Rien ! s’empressa de répondre son amant.
— Ne me mens pas, DiNozzo !
L’intéressé baissa les yeux. Il ne voulait pas avoir cette discussion si tôt, tant que Gibbs était à l’hôpital, mais, après tout, il s’avoua qu’il serait ainsi plus vite fixé. Alors, il releva la tête, plongea son regard azur dans les pupilles acier de son compagnon et se lança :
— Je t’aime, Jethro… comme je n’ai jamais aimé personne jusqu’à présent… je suis heureux avec toi, mais parfois, je me demande si tes sentiments envers moi sont… je ne dirai pas aussi forts que les miens… disons… tu me connais, Patron, je ne suis pas du genre à me lamenter mais… est-ce que tu m’aimes ?
Un éclair de surprise traversa les yeux de Gibbs. Il se contenta de répondre par une autre question :
— A ton avis ?
— Justement, je n’en sais rien ! Par tes actes, tu m’as prouvé que tu tiens à moi… mais je me demande si je ne suis qu’une passade pour toi, ou si c’est plus sérieux.
Jethro posa sa main sur le bras de son compagnon pour l’attirer à lui. Lorsque leurs visages se retrouvèrent à quelques centimètres l’un de l’autre, il souffla :
— Tu veux que je te dise que je t’aime ?
Tony répondit, le cœur serré :
— Seulement si c’est vrai.
— Je t’aime, Anthony DiNozzo.
Le jeune homme sut que c’était la vérité, il pouvait le lire dans le regard si pénétrant qui le fixait. Il ferma les yeux avant de poser ses lèvres sur celles de son amant. Le baiser, chaste au début, devint vite plus fiévreux, mais Tony le rompit lorsqu’il sentit une main de Jethro se glisser sous sa chemise.
— Tu dois te reposer… haleta t’il en s’éloignant à contrecœur.
— J’ai assez dormi ! grogna l’ex-Marine. Je n’ai pas l’intention de rester ici pendant des jours !
— Vous resterez jusqu’à ce que je vous autorise à partir ! lança une voix depuis la porte.
Les deux homme se tournèrent vers le Docteur Williams qui leur souriait.
— Je vois que vous reprenez vite des forces, Agent Gibbs.
Tony se sentit rougir, conscient qu’elle avait du surprendre leur baiser. La jeune femme s’approcha du lit en consultant le dossier de son patient.
— J’aurais les résultats des derniers examens d’ici quelques heures, mais vu le temps que vous avez passé dans le coma et, surtout, l’état de votre cœur, je préfèrerai vous garder encore quelques jours.
Gibbs s’apprêtait à râler lorsque son compagnon le devança en riant :
— Vous allez le regretter ! Il est infernal lorsqu’il est alité !
— Il pourra l’être tant qu’il voudra, il ne sortira pas d’ici tant que je ne serai pas sûre qu’il va bien.
— Je vous signale que je suis là ! lança l’ex-Marine en fronçant les sourcils.
Tony et Lune échangèrent un regard amusé, puis la doctoresse demanda :
— Vous avez entendu quelque chose, Agent DiNozzo ?
— Moi ? Non, rien. Et vous ?
— Tony !
— Oui, Patron ! répondit l’intéressé en se tournant vers son amant.
— Si tu continues à te moquer de moi, tu dormiras sur le sofa quelques temps quand je rentrerai…
Connaissant Gibbs comme il le connaissait, le jeune homme sut qu’il n’hésiterait pas à mettre sa menace à exécution.
— Je vais vous laisser vous reposer, lança le Docteur Williams.
Alors qu’elle allait sortir de la chambre, elle se retourna et leur lança avec un clin d’œil :
— J’ai dit « vous reposer » et pas autre chose…
Lorsqu’elle fut sortie, Tony soupira.
— Je vais devoir faire un saut au bureau, histoire de donner des nouvelles à tout le monde et de voir s’il n’y a pas du boulot qui m’y attend. Je reviendrai ce soir.
— Tu as plutôt intérêt… à revenir, je veux dire.
Le jeune homme sourit, déposa un léger baiser sur les lèvres de son compagnon et quitta l’hôpital.

***


Tony se réveilla en sursaut. Il tendit la main, mais la place à côté de lui était vide. Une angoisse sourde étreignit son cœur. Il se leva rapidement, priant pour que le cauchemar ne recommence pas. Alors qu’il arrivait au rez-de-chaussée, il entendit le bruit caractéristique du rabot à bois provenant du sous-sol. Soulagé, il descendit rejoindre son compagnon.
— Tu devrais dormir, lança t’il en contemplant la silhouette de Jethro.
— Je vais bien.
— Le médecin a dit que tu devais te ménager… que ton cœur avait besoin de calme et de repos.
Son amant se tourna vers lui, un sourire narquois sur le visage :
— Avec ce qu’on a fait hier soir, tu crois qu’il s’est reposé ?
Tony rougit et haussa les épaules.
— T’avais qu’à pas me masser sensuellement le dos… et le reste…
— Tu en avais besoin ; tu travailles trop.
Le jeune homme rejoignit son amant, ses pieds nus faisant crisser la sciure de bois, puis il lui jeta un regard en coin :
— Qui êtes-vous ? Qu’avez-vous fait de mon Leroy Jethro Gibbs ?
L’intéressé éclata de rire en attirant Tony contre lui.
— Je ne pense pas qu’au boulot, tu sais !
— Vraiment ? Et à quoi d’autre alors ? demanda l’Italien de sa voix la plus sensuelle.
— A toi…
Ils s’embrassèrent longuement, leurs corps pourtant rassasiés quelques heures plus tôt réclamant à nouveau des caresses. Ils se séparèrent juste le temps de remonter dans la chambre où ils purent encore une fois ne faire qu’un.

Fin.


Fic terminée le 12/08/2006.
Cette fanfic est archivée sur http://cybeliacottage.free.fr/viewstory.php?sid=104