Un cadeau inattendu by Cybelia
Summary: Tony va trouver un cadeau inattendu devant sa porte. Comment cela va t'il influer sur sa vie avec Jethro ?
Categories: Séries Télé > NCIS Characters: Anthony DiNozzo, Leroy Jethro Gibbs
Genre : Slash
Challenges:
Series: Aucun
Chapters: 1 Completed: Oui Word count: 10875 Read: 3027 Published: 17/01/2007 Updated: 17/01/2007

1. OS by Cybelia

OS by Cybelia
Un cadeau inattendu.


— Allez, Tony, lève-toi ou on va être en retard au bureau !
Un grognement provenant du lit répondit :
— Il fait même pas encore jour, Patron…
— Il est six heures. Je vais prendre ma douche. Va préparer le café ! C’est un ordre ! lança Jethro en souriant.
L’Italien émergea de sous le drap et jeta un regard en coin à son amant.
— Je déteste quand tu fais ça !
Mais, il obéit tout de même. Il se leva, enfila un caleçon et se dirigea vers la cuisine en passant une main dans ses cheveux déjà ébouriffés. Une fois la cafetière allumée, Tony s’assit sur l’un des tabourets, puis enfouis son visage entre ses bras croisés sur la table. Alors qu’il commençait à se rendormir, un bruit strident le fit sursauter. Il mit un petit moment à réaliser qu’il s’agissait de la sonnette de la porte d’entrée. Se demandant qui pouvait venir chez lui à une heure aussi matinale, le seul susceptible de le faire était présentement dans sa salle de bains, il alla ouvrir. Il se figea en constatant qu’il n’y avait personne, puis son attention fut attirée par un objet volumineux posé à ses pieds. Il se frotta les yeux, pas sûr d’être vraiment réveillé, puis souleva son « colis surprise » et l’emmena dans le salon où il le posa sur la table basse. Il se laissa tomber sur le sofa, essayant de comprendre ce qui se passait. Il était toujours dans cette position lorsque Jethro le rejoignit :
— Tony, j’ai entendu sonner. Qui…
L’ex-Marine se tut en voyant le visage paisible d’un bébé endormi dans l’un de ces sièges-autos modernes multifonctions.
— Là, Tony, il va falloir que tu m’expliques !
— Je… je ne sais pas ce qu’il fait là ! J’ai ouvert et il y avait ce bébé devant la porte !
Jethro se pencha sur l’enfant qui dormait toujours, inconscient de l’agitation provoquée par son arrivée. Lorsqu’il se redressa, il avait une enveloppe à la main.
— Tiens, c’est pour toi, dit-il en la tendant à son amant.
Le jeune homme la prit et l’ouvrit. Il la lut plusieurs fois, n’arrivant pas à réaliser ce qui était inscrit.
— Qu’est-ce que ça dit ? demanda Gibbs tandis qu’il ouvrait le sac qui était accroché à la poignée du siège.
— Ce… ça serait ma fille…
Surpris, son compagnon releva les yeux vers lui, puis lui prit la lettre des mains.

Tony,

Je suis désolée de te l’apprendre comme ça, mais tu es père. Voici Angie. Elle a 8 mois. Tu n’aurais jamais eu connaissance de son existence si je n’avais pas de gros ennuis. Des gens cherchent à me tuer et je sais qu’avec toi, notre fille sera en sécurité. Je t’en prie, prends bien soin d’elle surtout. Je reviendrai la chercher dès que je serai sortie d’affaire.
Merci.

Lisa.


Jethro posa la lettre sur la table basse, puis se tourna vers son amant :
— Lisa ?
— Le Sergent-Chef Lisa Moreno… la sœur du Caporal Miguel Moreno.
L’ex-Marine visualisa immédiatement les deux personnes. Ils avaient enquêtés un an et demi plus tôt sur la mort du Caporal et sa sœur avait été l’une des personnes qu’ils avaient interrogées.
— Je vois.
Tony s’affola :
— Je ne suis sorti avec elle qu’une seule fois ! Et c’était avant qu’on soit ensemble !
— Je ne te fais aucun reproche, répondit Gibbs en reportant son attention sur la petite. Bon, il y a dans ce sac tout ce qu’il faut pour s’occuper d’elle jusqu’à ce soir. On va passer au supermarché en rentrant pour prendre le reste et on ira chez moi récupérer quelques affaires.
— Attends ! Je ne peux pas la garder ! Je ne sais absolument pas m’occuper d’un bébé !
— Moi je sais. Va t’habiller, je m’occupe d’elle.
— Patron…
Devant le regard noir que lui jeta son compagnon, Tony sut qu’il n’avait pas d’autre choix que d’obéir. Il passa rapidement à la salle de bains, s’habilla puis alla à la cuisine chercher le café de son amant et quelques toasts pour lui-même. Il était en train de préparer tout ça lorsqu’il entendit des pleurs provenant du salon. Lorsqu’il y arriva, il s’arrêta sur le seuil, attendri : Jethro avait pris le bébé dans ses bras et la berçait lentement en fredonnant à voix basse. En voyant Tony, il se tut, l’air contrarié qu’on l’ait surpris dans une telle position. Voyant que la petite s’était rendormie, il la remit dans son siège et lança :
— On y va !
— Où ?
— Au bureau ! Où veux-tu qu’on aille ?
— Mais… On ne va pas l’emmener…
— Tu ne veux pas qu’on la laisse toute seule ici, non ?
— Euh… non, bien sûr.
— Alors, arrête de dire des conneries ! On y va !

***


Une demi-heure plus tard, ils arrivèrent dans le bâtiment du NCIS. Ils n’avaient presque pas échangé un mot depuis qu’ils avaient quitté l’appartement de Tony. Gibbs semblait contrarié, mais s’occupait essentiellement de la petite, refusant de laisser son compagnon porter le siège-auto. Lorsque la porte de l’ascenseur s’ouvrit sur leur étage, ils en sortirent toujours en silence. Kate et McGee échangèrent un regard surpris lorsque Jethro posa le cosy sur son bureau.
— Euh… vous allez devoir nous expliquer… commença la jeune femme.
— Apparemment, c’est la fille de Tony, répondit son supérieur.
Il ajouta avant qu’elle ait eu le temps d’ouvrir la bouche :
— Sa mère est le Sergent-Chef Lisa Moreno. Elle a des ennuis.
— De quel genre ? demanda Tim.
— Quelqu’un veut la tuer. Il faut qu’on trouve pourquoi et qu’on l’aide pour qu’elle puisse récupérer sa fille.
Kate caressa tendrement la joue du bébé.
— Comment elle s’appelle ?
— Angie.
A son nom, la petite ouvrit les yeux. Elle les posa sur la jeune femme qui sourit :
— Tony, elle a tes yeux !
L’Italien soupira en haussant les épaules, puis se pencha sur son ordinateur. Il ne voulait pas donner l’air d’être insensible à ce qui arrivait à cette enfant, mais il ne voulait pas d’un bébé dans sa vie… surtout maintenant qu’il avait enfin réussi à trouver le bonheur avec celui qu’il aimait. Tony se sentait bêtement jaloux de l’attention que portait Gibbs à Angie depuis qu’il l’avait vue. Il essaya de chasser cette idée idiote, puis se concentra sur sa recherche. Il devait absolument trouver où était Lisa pour la sauver et, ensuite, lui rendre sa fille. Il prit son téléphone et composa le numéro de la militaire, mais un message pré-enregistré lui annonça que la ligne était coupée. Il appela alors à son bureau où on lui apprit qu’elle avait pris deux semaines de congés et, lorsqu’il leur demanda de lui communiquer son numéro, il obtint celui qu’il connaissait déjà. Plongé dans ses recherches, il sursauta lorsque Gibbs apparut soudain près de lui.
— Du nouveau ?
— Non.
Il raconta ce qu’il savait à son supérieur, puis demanda :
— On ne devrait pas appeler les services sociaux ?
— Si Lisa est vraiment en danger, Angie est mieux ici. Elle ne risque rien tant qu’elle est avec nous.
— Oui mais…
— « Oui mais » quoi Dinozzo ?
Tony baissa les yeux en soupirant :
— Rien. Je continue mes recherches.
— Tiens-moi au courant.
Jethro rejoignit Kate qui était en train de s’amuser avec le bébé.
— Tu n’as pas du travail ? demanda t’il sèchement.
— Si ! J’y vais de suite !
La jeune femme retourna à son poste tandis que Gibbs s’asseyait dans son fauteuil, tournant le siège de la petite face à lui. Tony leva les yeux de son clavier et vit son compagnon sourire à Angie. Il se sentit minable d’être jaloux d’un bébé, surtout avec ce qu’il savait. Quelques semaines après qu’ils aient commencé à sortir ensemble, Jethro lui avait parlé de la mort de sa première femme, Shannon, et de leur fille, Kelly. Le jeune homme avait été effaré que personne n’ait eu vent de cette histoire au bureau, à part bien sûr Ducky qui connaissait déjà Gibbs à cette époque. Son cœur se serra en voyant l’air heureux qu’arborait son amant face à ce bébé… son bébé… Tony commençait juste à réaliser ce que cela voulait dire… ce petit être était une partie de lui. Il avait une responsabilité envers elle, qu’il le veuille ou non. Jethro leva les yeux vers lui et leurs regards se croisèrent. Tony sourit, puis se remit au travail.

***


Il était presque midi et ils n’avaient toujours rien trouvé : aucune trace de Lisa Moreno nulle part. On aurait dit qu’elle s’était évaporée dans la nature. Sa carte de crédit n’avait pas été utilisée, sa voiture était devant son appartement et ne semblait pas avoir roulé récemment. Rien n’indiquait où la jeune femme avait pu trouver refuge pour échapper à ceux qui voulaient la tuer… d’ailleurs, ils n’avaient pas non plus de piste concernant ces derniers. Lisa Moreno travaillait à l’armurerie de la base de Norfolk. Son dossier était exemplaire : jamais le moindre faux pas, jamais une remarque négative de ses supérieurs. C’était un officier modèle. Et pourtant, elle était en danger de mort.
Tony se passa une main sur le visage, vérifiant pour la millième fois au moins les dossiers de ses collègues les plus proches, mais il ne trouva rien. Lorsqu’il leva les yeux, il vit que Gibbs était en grande discussion avec le Directeur Morrow sur la mezzanine. Kate et McGee avaient quitté le bureau, allant visiter l’appartement de la disparue et s’entretenir avec ses voisins. Il se retrouvait donc seul avec le bébé qui dormait dans son cosy, toujours posé sur le bureau de son supérieur. Il se leva, étira ses muscles engourdis à force de rester assis, puis s’approcha de l’enfant. Il s’accroupit près du bureau de Gibbs pour se mettre à sa hauteur et contempla le petit visage paisible. Une bouffée de tendresse le traversa lorsqu’elle ouvrit soudain les yeux. Le voyant, Angie se mit à gigoter en babillant joyeusement.
— Prends-la dans tes bras, lança soudain la voix de Jethro derrière lui.
— Je… je ne sais pas…
— Elle n’attend que ça.
— J’ai peur de lui faire mal…
Son compagnon s’approcha et détacha les sangles de sûreté du siège d’Angie pour la soulever. Il la serra un bref instant contre lui avant de la tendre à Tony. Le jeune homme la prit dans ses bras, suivant les indications de son amant. La petite semblait ravie d’être là. Sa petite main attrapa le col de la chemise de son père et le secoua.
— Elle te ressemble, Tony.
— Il ne vaut mieux pas pour elle, sourit l’Italien.
— Tu n’as jamais pensé à avoir des enfants ? demanda Jethro d’une voix douce.
— Non… si… j’en sais rien… je me disais que j’avais le temps… Et maintenant… elle est là…
Son compagnon sourit. Le téléphone sonna, rompant la quiétude des lieux.
— Gibbs ! D’accord. Revenez.
Il raccrocha et se tourna vers Tony.
— Kate et McGee n’ont rien trouvé chez elle ni à son bureau.
— Où peut-elle bien être ? souffla le jeune homme en serrant un peu plus Angie contre lui.
Il vit Jethro sourire et s’étonna :
— Quoi ?
— Rien.
Ils furent alors rejoints par Abby qui se figea en voyant la petite.
— C’est quoi ça ?
— Euh… à première vue, un bébé, pourquoi ? demanda Gibbs, l’air amusé.
— Bon… ben qu’il reste loin de moi et tout ira bien.
— Tu n’aimes pas les enfants ? s’étonna Tony.
— Si… tant qu’ils ne braillent pas, ne me vomissent pas dessus et ne touchent pas à mes affaires ! Et puis…
— Qu’est-ce que tu veux, Abby ? la coupa Jethro, impatient.
— J’ai reçu ça par erreur au labo, répondit-elle en sortant une grande enveloppe de sa poche.
Elle la tendit à Tony :
— C’est pour toi.
Le jeune homme remit Angie dans son siège-auto, ce qui n’eut pas vraiment l’air de lui plaire puisqu’elle se mit à chouiner, et prit l’enveloppe. Il reconnut immédiatement l’écriture :
— Elle est de Lisa. Elle l’a postée hier.
Il l’ouvrit et en sortit plusieurs feuillets qu’il parcourut rapidement.
— On dirait des relevés de comptes… et de téléphone…
— Epluche tout ça. Abby, prends l’enveloppe et vois ce que tu peux en apprendre.
— Pas de problème, Gibbs, sourit la laborantine.
Elle jeta un dernier regard soupçonneux au bébé, puis quitta le bureau. Au bout de quelques minutes, Tony appela son supérieur :
— Je crois que j’ai trouvé quelque chose !
— Je t’écoute !
— Ces relevés sont ceux d’une société de Norfolk qui s’occupe du transport des armes défectueuses entre la base et le centre de recyclage. Je ne sais pas ce que ça veut dire, mais ils sont sûrement impliqués dans la disparition de Lisa.
— Alors, allons-y ! lança Jethro.
— Et Angie ? On ne peut pas l’emmener avec nous !
— Non. On va la confier à Ducky.
— Ducky ? Mais…
— Ne t’en fais pas, il est tout à fait qualifié pour s’occuper d’une petite fille. J’en ai déjà fait l’expérience.
Vaincu, Tony souffla :
— Je te fais confiance…

***


Lorsqu’ils arrivèrent aux bureaux de la société Willems & Co, ils furent accueilli par une secrétaire du genre vieille fille à l’air revêche. Elle leur jeta un regard pas vraiment aimable, et ça ne s’arrangea pas lorsque Jethro sortit sa plaque :
— NCIS, Agent Spécial Gibbs et voici l’Agent Spécial DiNozzo. Nous voulons voir votre patron.
— Il est en réunion avec les actionnaires.
— Nous enquêtons sur une disparition… et peut-être même un meurtre, donc il pourrait être en réunion avec le Pape, je m’en fiche. Prévenez-le !
La femme râla à voix basse mais prit tout de même son téléphone.
— Monsieur Adamson ? Le NCIS est là. Ils veulent vous voir.
— Très rapidement ! lança Gibbs en se penchant vers le téléphone.
La secrétaire lui adressa un regard noir, puis écouta un instant avant de raccrocher.
— Monsieur Adamson va vous recevoir. Prenez l’ascenseur jusqu’au deuxième étage, on vous attendra.
— Merci, Madame ! sourit Tony.
— Mademoiselle ! grogna la femme alors que les deux hommes s’éloignaient.
Ils échangèrent un regard amusé, puis montèrent dans l’ascenseur. Ils furent accueillis en haut par un homme à la carrure imposante qui leur tendit la main :
— Paul Ravier, chef de la sécurité de Willems & Co. Je vous conduis au bureau de Monsieur Adamson.
Gibbs serra la main du gorille, ne se laissant pas impressionner par la poigne de fer qui lui broyait presque les doigts. Ils le suivirent dans une pièce où un homme semblait les attendre, debout derrière un bureau moderne encombré de dossiers. Le molosse s’installa près de la porte tandis que l’autre homme s’approchait, un grand sourire aux lèvres :
— Bonjour, Messieurs. Je suis Stephen Adamson. Que puis-je pour vous ?
— Nous avons quelques questions à vous poser, répondit Jethro en s’asseyant dans le siège qu’on lui désignait.
— Je vous écoute.
— Connaissez vous le Sergent-Chef Lisa Moreno ?
— Oui, bien sûr. Elle est l’officier de liaison entre notre société et la Marine. Elle a des ennuis ?
— Elle a disparu, expliqua Gibbs.
L’homme sourit.
— Elle n’a pas disparu, elle est partie en vacances à Hawaï.
Tony jeta un coup d’œil perplexe à Adamson.
— Qui vous a dit ça ?
— C’est elle. Il y a quelques jours, je l’ai croisée dans un couloir et quand je lui ai demandé comment elle allait, elle m’a dit qu’elle avait pris deux semaines de congés et qu’elle allait à Hawaï.
— Elle vous a dit si elle partait seule ?
— Elle ne m’a rien dit de plus. Nous étions tous les deux pressés et nous sommes partis chacun de notre côté.
— Vous ne l’avez pas revue depuis ?
— Non.
— Avec qui travaillait-elle chez vous ?
— Principalement avec Monsieur Brown, le responsable du transport des armes.
— Pourrions-nous lui parler ?
— Bien sûr. Monsieur Ravier va vous conduire à son bureau.
Jethro se tourna vers son compagnon :
— Va interroger ce Brown, j’ai encore quelques questions à poser à Monsieur Adamson.
— A tes ordres, Patron !
Tony se leva et quitta le bureau derrière le chef de la sécurité. Celui-ci le conduisit au premier jusqu’à un bureau occupé par un homme entre deux âges, à l’air chétif, affublé de lunettes immenses qui semblaient lui manger le visage.
— Monsieur Brown ?
— Je suis Peter Brown, oui.
— Agent Spécial Anthony DiNozzo, NCIS. J’ai quelques questions à vous poser au sujet de Lisa Moreno.
A la mention du nom de la jeune femme, Brown jeta un regard affolé à Ravier, puis sembla se calmer.
— Que voulez-vous savoir ?
Tony s’assit en face de l’homme, puis demanda :
— Vous la connaissez bien ?
— Nous travaillons ensemble. Elle est en congés en ce moment.
— Je sais.
— Qu’est-ce qui se passe ?
— Elle a disparu.
— Non, elle est en vacances à Hawaï.
L’Italien hésita un instant, mais préféra ne pas révéler que la militaire avait laissé sa fille derrière elle et répondit :
— Nous avons des éléments nous faisant penser qu’elle n’a pas quitté l’Etat… et qu’elle a des ennuis… de sérieux ennuis. Savez-vous si elle a reçu des menaces récemment ?
— Non. De toutes façons, je ne pense pas qu’elle m’en aurait parlé. Nous ne nous parlions que pour le travail.
— Aucun problème à ce niveau là ?
— Aucun.
Tony posa encore quelques questions apparemment anodines, puis se tourna vers Ravier en souriant.
— J’ai fini.
Le chef de la sécurité le ramena dans le hall où Gibbs l’attendait. Une fois hors du bâtiment, Jethro demanda :
— Qu’est-ce que tu as trouvé ?
— Brown m’a servi le même discours qu’Adamson au sujet d’Hawaï… mais il était très nerveux et n’arrêtait pas de jeter des coups d’œil à Ravier.
— Ils nous cachent quelque chose. Je suis sûr que tout est lié à cette boîte.
Ils montèrent en voiture, puis il continua :
— Tu vas demander à Abby de t’aider à éplucher les relevés que ton amie t’a envoyés. Si elle l’a fait, c’est qu’il y a quelque chose d’important dedans.
— Sûrement.
Ils roulèrent un moment en silence, puis Tony souffla :
— Je t’ai menti ce matin…
— A quel propos ?
— Au sujet de Lisa… nous ne sommes pas sortis ensemble qu’une seule fois… ça a duré presque deux mois…
— Je le sais, répondit simplement Jethro.
Ebahi, l’Italien scruta le visage de son compagnon, essayant de lire ce qu’il ressentait, mais, comme la plupart du temps, il se heurtait à un mur.
— Comment…
— Tu crois que je n’écoutais pas quand tu racontais tes déboires amoureux ? J’ai toujours accordé toute mon attention aux récits concernant tes multiples conquêtes.
— Tu étais jaloux ? s’amusa Tony.
Son amant ne répondit pas immédiatement, puis souffla :
— Peut-être… je n’y ai jamais réfléchi… mais c’est possible…
Encore plus surpris par cette révélation, le jeune homme voulut en savoir plus, mais son portable sonna, l'interrompant :
— DiNozzo !
— Tony, c’est Lisa.
Il fit un signe à son compagnon qui gara la voiture et prit son propre portable pour appeler le bureau.
— Lisa, où es-tu ?
— Je ne peux pas te le dire, la ligne est peut-être surveillée. Comment va Angie ?
— Bien. Elle est en sécurité.
— Je suis désolée… Je ne peux pas rester longtemps, ils risquent de me repérer.
— Qui ?
— Tu as eu ma lettre ?
— Oui. Qui veut…
— Tout est dans les relevés. Dis à Angie que je l’aime.
Avant que Tony ait le temps de répondre, elle avait raccroché. Il se tourna vers Jethro qui lança dans son propre portable :
— Tu l’as ?… Et merde !
Il éteignit son téléphone en soupirant.
— La communication a été trop courte. Tout ce qu’Abby a pu me dire, c’est que Lisa est toujours à Washington.
— Ca ne nous aide pas beaucoup… Elle a dit que tout était dans les relevés.
— Rentrons. Il faut absolument qu’on trouve ce qu’elle a voulu nous montrer.

***


Ils passèrent le reste de la journée à éplucher les relevés envoyés par Lisa et les dossiers des employés de Willems & Co qui avaient un lien quelconque avec elle. Il était juste vingt heures lorsque Jethro lança soudain :
— Tony, on rentre !
— Quoi ? Mais on ne va pas laisser tomber maintenant !
— Il faut coucher la petite, répondit son supérieur en désignant le cosy où Angie dormait. Et on a des courses à faire. Prends ton ordinateur et les relevés, on continuera chez moi.
— D’accord, répondit l’Italien en rassemblant ses affaires.
Ils quittèrent le bureau sous les regards à la fois ahuris et amusés de Kate et Tim. Ils passèrent au supermarché où Gibbs prit tout ce qu’il fallait pour s’occuper d’Angie, puis rentrèrent chez lui. Alors que Tony installait son portable dans le salon, son compagnon disparut au premier étage. Lorsqu’il revint, il portait un berceau en bois verni.
— Il est magnifique ! lança le jeune homme en levant les yeux de son travail.
— Je l’avais construit pour Kelly. Je ne pensais pas qu’il resservirait un jour, souffla Jethro, l’air nostalgique.
Il mit le matelas qu’il venait d’acheter dans le berceau, puis sortit Angie, toujours endormie, du siège-auto et l’installa confortablement. Tony le regardait faire, attendri de découvrir cette facette de la personnalité de l’homme qu’il aimait. Celui-ci caressa doucement la joue du bébé, puis se tourna vers son compagnon.
— Je peux te laisser avec elle ? Je vais préparer le dîner.
— Vas-y. Je continue mes recherches sur les relevés.
Lorsque Gibbs eut quitté la pièce, Tony se leva et s’approcha du berceau. Il contempla un long moment Angie en souriant
— Tu es vraiment très belle…
Alors qu’il retournait s’asseoir, la petite commença à sangloter dans son sommeil. Inquiet, Tony retourna la voir et la prit dans ses bras pour la bercer tendrement.
— Sa mère lui manque… souffla la voix de son compagnon, juste derrière lui.
L’ex-Marine l’entoura de ses bras et posa son menton sur l’épaule du jeune homme.
— Je la comprends… j’espère qu’il ne va rien lui arriver…
— Nous allons tout faire pour la retrouver, je te le promets.
L’Italien soupira :
— Jethro… je connais à peine Angie… et je ne sais pas m’occuper d’un bébé… mais je sais que je ne pourrais pas la faire sortir de ma vie comme ça, quand tout sera fini. Je veux la voir grandir, marcher, parler… C’est dingue, non ?
— Non. C’est ta fille. Et, même si tu ne connais son existence que depuis ce matin, ton instinct de père s’est réveillé.
Tony déposa un léger baiser sur la joue de la petite puis se dégagea des bras de son amant pour aller la reposer dans son berceau. Il revint embrasser tendrement Jethro avant de se remettre au travail, bien décidé à tout faire pour aider Lisa.

***


Jethro se passa une main sur le visage pour en chasser la lassitude et avala son cinquième café de la nuit. Il venait de passer plusieurs heures à étudier les dossiers des employés de Willems & Co, sans succès. Rien ne permettait de dire si Adamson, Ravier ou Brown faisaient partie des personnes qui menaçaient la vie de Lisa Moreno. Il reposa les feuillets qu’il venait de parcourir et leva les yeux sur Tony qui s’était endormi sur le sofa, quelques minutes plus tôt. Gibbs se leva, prit un plaid et en couvrit son compagnon. Il sourit tendrement, puis alla voir Angie qui dormait paisiblement, elle aussi. Un court instant, il revit Kelly, sa Kelly, dans ce berceau et sentit une vague de tristesse l’envahir. Il chassa les larmes qui avaient inondé ses yeux d’un revers de manche. Soupirant, il se remit au travail.

***


La sonnerie du téléphone réveilla Tony à quatre heures huit. Il se redressa, un peu perdu et jeta un regard à son compagnon qui s’était levé pour répondre.
— Gibbs !… quoi ?… où ça ?… d’accord, on arrive !
Il raccrocha, puis se tourna vers le jeune homme, l’air ennuyé. Tony eut un mauvais pressentiment.
— Que se passe t’il ?
— Il y a eu un meurtre au Franklin Motel… une jeune femme qui correspond au signalement de Lisa Moreno.
— Non… ce n’est pas possible… gémit l’Italien.
— Viens, il faut qu’on y aille.
— Et Angie ?
— On n’a pas le choix, on l’emmène avec nous. On trouvera bien quelqu’un sur place pour s’occuper d’elle.
Sans perdre de temps, Jethro remit l’enfant dans le siège-auto, prit quelques affaires dont ils pourraient avoir besoin pour elle et ils quittèrent la maison.

***


Il faisait encore nuit noire lorsqu’ils arrivèrent au motel. Le reste de l’équipe, Ducky compris, se trouvait déjà là. Kate proposa de s’occuper d’Angie. Les deux hommes entrèrent dans la chambre derrière le légiste qui avait attendu leur arrivée avant d’examiner le corps. Tony se figea. Jethro n’avait pas besoin de lui demander s’il s’agissait bien de Lisa, il le voyait à son expression catastrophée.
— C’est elle, Ducky. C’est le Sergent-Chef Lisa Moreno, souffla Gibbs.
Il fixa le corps sans vie de la jeune femme et demanda :
— Comment est-elle morte ?
— A première vue, je dirais qu’on lui a brisé la nuque. Je ne pourrais te le confirmer qu’avec les radios, mais tout porte à croire que la personne qui a fait ça n’est pas un amateur.
— Ravier… grogna Tony.
Son compagnon acquiesça :
— C’est bien possible. McGee, photos ! Tony…
— Oui… les empreintes…
— Non, tu retournes auprès d’Angie et tu m’envoies Kate.
— Mais, Patron, je…
— C’est un ordre !
La douceur de son regard contrastait avec son ton sévère et le jeune homme sut qu’il faisait ça pour son bien. Il hocha la tête et sortit de la chambre. Lorsqu’il fut parti, Ducky interrogea son ami :
— Jethro… que va t’il arriver à la petite ?
— J’ai fait quelques recherches. Lisa Moreno n’avait plus que sa mère et aucune autre famille. Je pense que cette femme va vouloir récupérer Angie.
— Et Tony ? S’il est vraiment son père, il a des droits !
— Tu crois vraiment qu’un juge normal acceptera de confier une petite fille de 8 mois à un agent mâle du NCIS qui vit en couple avec un autre homme, son supérieur qui plus est ?
— Pourquoi pas ? Je suis sûr que cette enfant aurait tout l’amour dont elle aurait besoin avec vous deux.
Jethro soupira.
— Pour l’instant, la question ne se pose pas. Nous devons retrouver l’assassin de sa mère. Ensuite, lorsque tout ça sera terminé, nous aviserons.
Ducky n’insista pas, mais Gibbs savait qu’il avait raison. En quelques heures, Tony et lui s’étaient attachés à cette petite fille, beaucoup plus qu’ils n’auraient du… et maintenant, il était presque sûr qu’on allait la leur enlever. Il sentait que ça serait très difficile de faire comme si Angie n’avait pas déboulé dans leurs vies, mais savait qu’on ne leur laisserait pas le choix. Soupirant, il quitta la chambre à son tour et rejoignit Tony. Le jeune homme s’était installé à l’arrière, à côté du siège du bébé et la regardait dormir. Jethro posa une main sur la joue de son compagnon.
— Je te jure qu’on va attraper le salaud qui a fait ça. Pour Lisa… et pour Angie.
— Merci.
— Tu devrais peut-être rentrer te reposer ?
— Non, je reste avec toi. Je veux coincer cette ordure.
— Ok. Je vais voir ce que Kate et McGee ont pu trouver et ensuite, on va au bureau éplucher la biographie de Paul Ravier.
Tony ne répondit pas. Il se contenta de sourire, puis reporta son attention sur la petite.

***


Lorsque le soleil se leva sur Washington, Tony n’ignorait plus rien de la vie de Paul Ravier avant son entrée chez Willems & Co et il était persuadé que cet homme était l’assassin de Lisa Moreno. Il envoya le dossier de Ravier sur l’écran principal et se leva.
— Qu’est-ce que tu as trouvé ? demanda Jethro en s’approchant.
— Paul Wallace Ravier, né le 24 avril 1963 à Atlanta, Géorgie. Ancien Quartier-Maître, renvoyé en 2003 pour, je cite : « tendances à la violence gratuite ». A divorcé à la même époque, pas d’enfants. Il est spécialiste du combat à mains-nues…
— Il est donc sûrement capable de tuer quelqu’un en lui brisant la nuque…
Gibbs prit son téléphone et composa le numéro du labo.
— Ducky, du nouveau ?… Merci.
Il raccrocha et se tourna vers ses collègues :
— La cause du décès est confirmée.
— Comment on va coincer Ravier ? demanda Kate.
— J’ai trouvé quelque chose ! lança soudain McGee depuis son poste.
Les trois autres se rapprochèrent. Il leva la tête vers eux et leur montra les relevés de compte qu’il était en train de vérifier à nouveau.
— J’ai remarqué que des virements sont fréquemment effectués en provenance d’une société basée à New York. Ce qui a attiré mon attention, c’est que les sommes sont toujours les deux mêmes : cinquante ou cent mille dollars. J’ai fait des recherches sur cette société et j’ai découvert que c’est une filiale d’une autre boîte, basée à Miami, dont l’un des actionnaires est le frère de Stephen Adamson, le PDG de Willems & Co.
— Nous avons un mobile et des suspects ! s’exclama Jethro. Maintenant, tout ce qu’il nous faut, c’est une preuve.
— Peter Brown, souffla Tony. Quand je l’ai interrogé, il avait l’air inquiet… et il a peur de Ravier, de toute évidence.
Gibbs prit ses clés de voiture tandis que son compagnon demandait :
— Kate, McGee, je peux vous confier Angie ? Elle a pris son biberon, elle ne devrait pas vous ennuyer.
— Ne t’en fais pas, on prend soin d’elle, sourit la jeune femme.
— Merci.

***


Jethro gara la voiture devant chez Brown juste au moment où celui-ci sortait. En voyant les agents du NCIS, il se figea, visiblement terrorisé.
— Monsieur Brown, lança Tony. J’aimerais vous poser d’autres questions.
— Je… je… je n’ai pas le temps… je vais être en retard au travail…
— Vous pourriez être inculpé de complicité de meurtre, Monsieur Brown, le menaça Gibbs en s’approchant.
— De… de meurtre ?
— Le Sergent-Chef Lisa Martino a été retrouvée assassinée ce matin, la nuque brisée.
— Oh mon dieu !
— Si vous nous disiez ce que vous savez, Monsieur Brown, renchérit l’Italien.
— Non… il… il va me tuer…
— Nous vous protègerons. Préférez-vous que nous parlions de tout ça dans la rue ou chez vous ?
L’homme fit demi-tour et les fit entrer chez lui. Ils allèrent s’asseoir dans le salon. Brown s’installa face aux deux enquêteurs. Il était nerveux : ses mains, serrées l’une contre l’autre, tremblaient et de la sueur perlait à son front.
— Depuis quand le détournement de fonds dure t’il ?
— Je ne sais pas… Je n’ai eu vent de cette histoire que lorsque Lisa l’a découvert.
— Comment a t’elle fait ? demanda Tony.
— Elle vérifiait les transactions entre nous et la Marine. Un jour, il y a eu une erreur : on lui a envoyé le mauvais fichier de comptes. On a rectifié l’erreur, mais elle avait pris le temps d’en faire une copie. Je ne sais pas comment elle avait fait, mais elle avait vu tout de suite qu’il y avait quelque chose de pas régulier. Elle est venue me voir pour m’en parler. Je lui ai dit qu’il devait sûrement s’agir d’un problème d’écriture comptable et que j’allais en parler à Monsieur Adamson. Quand il a appris que Lisa était au courant, il est devenu furieux… il m’a dit de n’en parler à personne. Quelques jours après, Ravier est venu me dire que Lisa était partie en vacances à Hawaï. J’ai trouvé bizarre qu’elle parte sans prévenir, mais je n’ai rien dit…
— Vous n’avez pas revu le Sergent-Chef Moreno ?
— Non, pas depuis le jour où elle m’a parlé des comptes.
Tony soupira, puis se tourna vers son compagnon :
— Nous n’avons rien qui prouve que Ravier l’a tuée, souffla t’il.
— Non… mais j’ai une idée… sourit Gibbs.
Le jeune homme connaissait ce regard et sut que l’assassin ne s’en tirerait pas aussi facilement.

***


Jethro se tourna vers Tony qui était assis à côté de lui et lui fit signe de se tenir prêt. Ils se trouvaient chez Lisa Moreno où ils avaient tendu un piège à l’assassin présumé de la jeune femme. Quelques minutes plus tôt, Brown avait appelé son patron en lui disant que Lisa lui avait envoyé une lettre avant sa mort indiquant qu’elle avait dissimulé les doubles des relevés de comptes l’incriminant dans son appartement. McGee et Kate, planqués près de Willems & Co, avaient vus Ravier quitter l’entreprise et, après avoir prévenu leur supérieur, ils l’avaient suivi jusque chez la militaire.
Les deux hommes entendirent quelqu’un forcer la serrure de la porte d’entrée. Armes aux poings, ils échangèrent un regard entendu, puis se préparèrent à foncer. La lumière d’une torche apparut dans le salon, balaya les lieux, puis se dirigea vers le coin où se trouvait un bureau ancien, dans lequel étaient censés se trouver les documents compromettants. Jethro se redressa soudain, braquant le faisceau de sa lampe sur le visage de Ravier :
— NCIS ! Ne bougez plus !
Il eut à peine le temps de se jeter au sol qu’une balle allait se ficher dans le mur derrière lui. Tony n’hésita pas. Il tira et fut satisfait d’entendre un gémissement provenant de derrière le bureau. Gibbs alluma la lumière. Les deux agents s’approchèrent, leurs armes prêtes à tirer. Ravier était à genoux par terre, une main sur son épaule ensanglantée, son bras droit pendant le long du corps. L’Italien ramassa le revolver abandonné par le suspect, le donna à son supérieur, puis se pencha vers Ravier :
— Vous êtes en état d’arrestation pour le meurtre de Lisa Moreno.
— Je ne vois pas de quoi vous parlez, répondit l’homme.
Tony lui récita ses droits en lui passant les menottes. Jethro prit son portable :
— McGee, nous l’avons mais il est blessé. Appelez un médecin.
Il raccrocha et se tourna vers son compagnon :
— Allons-y !

***


Ravier n’avait pas décoché un mot depuis qu’ils avaient quitté l’appartement de Lisa. Tony se demandait comment ils arriveraient à lui faire avouer le meurtre de la jeune femme. Pour l’instant, tout ce qu’ils pouvaient lui reprocher, c’était une effraction et une tentative d’homicide sur des agents du NCIS… ce qui n’était déjà pas mal, mais pas suffisant aux yeux de l’Italien. Gibbs conduisit le suspect dans la salle d’interrogatoire et se tourna vers son compagnon :
— Va voir Angie, je m’occupe de lui.
— D’accord.
Alors qu’il allait sortir, Jethro lui posa une main sur l’épaule et murmura :
— Ne t’en fais pas, il ne s’en sortira pas comme ça.
Tony acquiesça silencieusement, puis quitta la pièce. Il descendit en salle d’autopsie où Ducky s’amusait avec Angie.
— Vous l’avez eu ? demanda le légiste.
— Oui. Gibbs l’interroge.
Le jeune homme s’assit par terre à côté du bébé qui se mit à quatre pattes et se dirigea vers lui en babillant joyeusement. Il la prit dans ses bras, contemplant son petit visage rond et ses grands yeux bleus.
— Elle est bien éveillée pour son âge.
— Vraiment ? Je ne m’en rends pas compte… j’ai peur, Ducky… j’ai peur qu’on me l’enlève… je sais très bien que c’est ce qui va arriver maintenant, mais je ne veux pas la perdre…
— Je te comprends, Anthony. Mais il existe peut-être une solution pour que tu puisses la garder avec toi.
— Tu dis ça pour me faire plaisir ?
Le légiste eut un sourire triste.
— Oui, je dois l’avouer. Je ne sais pas du tout si c’est possible…
Tony serra un peu plus fort Angie contre lui, respirant son parfum de bébé. Il se sentait bien ainsi et ne voulait pas que ça change. Mais, il était réaliste. Il savait que ce bien-être ne durerait pas.
Les deux hommes sursautèrent lorsque le téléphone résonna dans la pièce. Ducky alla répondre. Quand il raccrocha, il se tourna vers son ami :
— Une femme attend en haut. Elle prétend être la grand-mère d’Angie.
Tony soupira. Il se leva, la petite toujours contre lui, puis prit le sac que Ducky lui tendait et monta dans l’ascenseur. Il aurait aimé retarder l’inévitable, mais il savait très bien que la mère de Lisa avait plus de droits sur Angie que lui, surtout tant que sa paternité n’était pas vérifiée. Lorsque la porte s’ouvrit, une femme entre deux âges s’approcha de lui :
— Agent DiNozzo ? Je suis Melinda Moreno, Lisa était ma fille.
Tony serra la main de la femme, l’observant soigneusement. Il remarqua immédiatement l’air de ressemblance avec la défunte.
— Je suis venue chercher Angie.
Instinctivement, il resserra son étreinte autour de la petite. Il savait que c’était vain, que ça n’empêcherait pas Melinda de l’emmener avec elle. Il soupira.
— Dites-moi… je sais que vous ne me connaissez pas et que je ne suis au courant de son existence que depuis deux jours, mais j’aimerais revoir Angie, si vous le permettez. J’aimerais faire partie de sa vie…
La femme eut un sourire ennuyé.
— Cela risque d’être difficile. Je vis à San Francisco et je suppose que vous ne pourrez pas faire le trajet toutes les semaines.
— San Francisco ? s’exclama Tony, perdant soudain tout espoir.
— Oui. Sachez bien que je n’ai rien contre vous et que, si vous voulez voir Angie, vous serez le bienvenu chez moi…
Tandis qu’elle parlait, la femme commença à rassembler les affaires de sa petite-fille. Alors qu’elle tendait les bras pour prendre Angie, Tony lança :
— Je vais demander sa garde !
Visiblement surprise, Melinda se figea :
— Quoi ?
— Je veux demander la garde de ma fille.
— Vous… mais… vous ne pouvez pas !
— C’est ma fille, répondit-il calmement.
— Rien ne le prouve ! s’énerva son interlocutrice.
— Je vais faire un test de paternité. Vous ne pouvez pas m’en empêcher.
— Même si vous êtes son père, aucun juge ne vous confiera la garde d’une petite fille ! Surtout en sachant que vous êtes gay !
— Comment…
— Ma fille m’a envoyé une lettre il y a trois jours pour me dire que vous étiez le père d’Angie et qu’elle allait vous la confier pour quelques temps. J’ai immédiatement fait appel aux services d’un détective privé qui m’a fait un rapport très intéressant sur votre vie aux mœurs douteux.
Tony sentit la colère l’envahir.
— Vous n’avez pas le droit de me juger là-dessus ! Je suis son père.
— En attendant, si vous ne voulez pas que j’appelle la police, rendez-moi ma petite-fille ! J’étais déjà bien aimable de vous autoriser à la voir, compte tenu de ce que vous êtes, mais puisque vous insistez, on se retrouvera devant le tribunal.
Elle arracha presque Angie des bras du jeune homme, l’installa dans le siège-auto, prit le sac et quitta les bureaux du NCIS d’un pas déterminé. Tony n’avait pas bougé, sous le choc. Kate, qui n’avait rien perdu de l’échange, planquée derrière son écran, s’approcha de lui.
— Tony ? Ca va ?
Il ne répondit pas. La colère avait soudainement fait place au désespoir. Sentant monter les larmes, il courut s’enfermer dans les toilettes des hommes. Là, il s’assit sur le sol, remontant ses jambes contre son torse, et enfouis son visage entre ses bras croisés avant d’éclater en sanglots.

***


Jethro était satisfait. Il avait joué la partie au bluff, faisant croire à Ravier qu’ils avaient l’une de ses empreintes sur le corps de Lisa Moreno. L’homme était tombé dans le panneau et avait avoué le meurtre, n’oubliant pas d’indiquer qu’il avait tué la jeune femme sur ordre de son patron, Stephen Adamson. Après avoir enregistré la déposition de Ravier, il revint dans le bureau, pensant y trouver Tony et Angie mais aucun des deux n’étaient là et les affaires de la petite avaient disparu. Il se tourna vers Kate qui s’approchait de lui, l’air ennuyée.
— Que se passe t’il ? Où sont Tony et Angie ?
La jeune femme lui résuma ce qui venait d’arriver. Il se précipita vers les toilettes. Lorsqu’il y entra, il trouva Tony recroquevillé contre le mur du fond, le corps secoué par de violents sanglots. Il s’assit auprès de son compagnon et l’attira contre lui pour le serrer dans ses bras. L’Italien se laissa faire, enfouissant son visage humide dans le cou de Jethro.
— Calme-toi, Tony… tout n’est pas perdu…
— Si… hoqueta le jeune homme. Je suis sûr que je ne la reverrai jamais…
— Il faut que tu fasses le test de paternité. S’il est prouvé qu’Angie est bien ta fille, ce dont je ne doute pas, on prendra le meilleur avocat qui soit et on ira devant le juge pour que tu puisses la récupérer.
Tout en parlant, il caressait tendrement les cheveux de son compagnon qui se calma peu à peu. Ils restèrent encore quelques minutes enlacés, puis Tony repoussa doucement Jethro. Il essuya ses larmes d’un revers de la main et tenta un pauvre sourire.
— Tu crois vraiment que j’ai une chance ?
— Tu crois vraiment que quelqu’un pourrait vouloir me contrarier ? Nous allons la récupérer.
— Nous ?
— Eh bien… je me disais que si tu étais d’accord… je pourrais l’adopter légalement.
— Tu ferais ça ? s’étonna Tony.
— Oui. Je me suis attaché à cette petite… et puisqu’elle est ta fille et que je vis avec toi, je me suis dit que ça serait bien que je sois plus que « tonton Jethro » pour elle… enfin, si tu le veux bien.
— Evidemment ! sourit le jeune homme.
— Alors, debout ! Il faut qu’on dépose une requête auprès du juge pour que la mère de Lisa te laisse faire le test de paternité !
Gibbs se leva et tendit la main à son compagnon. Il l’aida à se relever, l’embrassa tendrement, puis ils sortirent des toilettes pour retourner dans leur bureau.

***


Il y avait beaucoup de monde aux obsèques du Sergent-Chef Lisa Moreno. Tony, debout près de son compagnon, guettait l’arrivée de Melinda et Angie. Il avait obtenu facilement l’autorisation d’effectuer un test de paternité et il attendait avec impatience les résultats depuis deux jours. Heureusement, le travail l’avait pas mal occupé, l’empêchant de trop cogiter. Grâce aux témoignages de Ravier et de Brown, ils avaient pu inculper Stephen Adamson de détournement de fonds et de complicité de meurtre et, ainsi, boucler l’affaire. La nuit, en revanche, il ne pouvait éviter de se faire du souci, même lorsqu’il était blotti entre les bras de son amant, et en avait pratiquement perdu le sommeil.
Tony était perdu dans ses pensées et en émergea en voyant Melinda s’approcher, Angie dans ses bras. En voyant son père présumé, la petite se mit à gigoter et à tendre les bras vers lui. La grand-mère n’eut pas d’autre choix que de s’avancer vers lui et le laisser la prendre. Lorsqu’il la serra contre lui, il se sentit si bien qu’il aurait aimé que cet instant dure éternellement. Il déposa un baiser sur la joue de sa fille qui se mit à rire. Jethro caressa tendrement les cheveux d’Angie, les couvant du regard.
— Pouvez-vous me la laisser le temps de la cérémonie ? demanda le jeune homme.
La femme hésita un instant, mais elle ne voulait sûrement pas faire un scandale devant tout le monde à l’enterrement de sa fille et accepta silencieusement, les lèvres pincées. Tony la remercia d’un signe de tête. La cérémonie commença, mais il ne pouvait se concentrer sur ce qui se passait devant lui. Un douloureux pressentiment lui oppressait le cœur : il sentait que ça serait la dernière fois qu’il verrait Angie avant très longtemps. Même s’il s’avérait qu’il était bien son père, la procédure judiciaire pour obtenir la garde de la petite fille serait très longue et, de plus, rien ne prouvait qu’il obtiendrait gain de cause.
La cérémonie durait en longueur. Alors que le prêtre terminait son discours, Angie se mit à s’agiter et à pleurnicher. Tony remarqua immédiatement que quelque chose n’allait pas. Il s’éloigna un peu, suivi de près par Jethro, sous le regard suspicieux de Melinda. Le jeune homme posa la main sur le front du bébé et s’alarma :
— Elle a de la fièvre.
— Elle doit commencer à faire ses dents, le rassura son compagnon. C’est tout à fait normal.
— Vraiment ?
— Mais oui, ne t’inquiètes pas.
— Elle a l’air de souffrir. On ne peut pas la soulager ?
— Il faudrait aller lui chercher du gel à la pharmacie… mais on ne peut pas partir comme ça.
Tony soupira.
— Je sais…
Il fixait le visage un peu rouge de la petite, lui caressant tendrement les joues. Elle se calma peu à peu alors qu’il la berçait doucement, serrée contre lui.
Quelques minutes plus tard, ils furent rejoints par Melinda. Tony lui rendit Angie à contrecœur.
— Elle a un peu de fièvre. Elle doit faire ses dents, souffla t’il.
— Je sais, répondit la femme, sèchement.
Sans un mot de plus, elle tourna les talons et s’éloigna. Jethro posa une main réconfortante sur l’épaule de son compagnon.
— Rentrons.

***


Jethro fut réveillé par une sensation de froid dans le lit. Surpris, il se redressa et vit que Tony était debout, en boxer, près de la fenêtre et regardait dehors. L’ex-Marine se leva, enfila son pantalon de pyjama et se dirigea vers son compagnon. Il se colla contre son dos, l’enlaçant tendrement.
— Tu devrais essayer de dormir.
— Je sais… mais je suis trop nerveux.
— Tout va bien se passer, j’en suis sûr.
— J’ai peur, Jethro… j’ai peur que le test soit négatif, qu’Angie ne soit pas ma fille… c’est ma seule chance d’avoir un enfant qui soit vraiment le mien.
— Tu es sûr qu’il n’y en a pas un autre de caché quelque part ? le taquina Gibbs.
— Et toi ?
— Quoi moi ?
— Tu as peut-être un enfant quelque part et tu ne le sais pas…
Jethro soupira.
— Je dois t’avouer que j’y ai parfois pensé… surtout après la mort de Kelly… mais pour l’instant, tout ce qui compte pour moi, c’est toi… et Angie. Je suis sûr que tu es son père.
— C’est gentil de dire ça, mais tu ne peux pas en avoir la certitude. Qui dit que Lisa ne m’a pas dit ça juste pour être sûre que je m’occupe d’elle, que je la protège ?
— Tu oublies à qui tu parles ! lança Jethro, faussement vexé.
— Ah oui, c’est vrai, le grand Leroy Jethro Gibbs n’a jamais tort ! rit Tony.
Heureux d’avoir pu faire sourire son amant, l’ex-Marine l’embrassa tendrement dans le cou et resserra son étreinte.
— Tu es gelé. Viens te recoucher.
Le jeune homme soupira, puis souffla :
— J’arrive.
Ils retournèrent dans le lit et se blottirent l’un contre l’autre, chacun profitant de la chaleur du corps de celui qu’il aimait.

***


Tony faisait les cent pas dans le bureau sous le regard inquiet de Jethro. Il était près de midi et ils n’avaient toujours pas de nouvelles des résultats du test. Kate soupira :
— Tony, tu ne veux pas t’asseoir ? Tu me donnes le tournis !
— Désolé… répondit le jeune homme en s’arrêtant à côté du bureau de son compagnon. Pourquoi c’est aussi long ?
— Calme-toi. Ca ne les fera pas arriver plus vite d’user le sol.
— Je sais…
Il soupira, puis s’assit par-terre contre la cloison, près du fauteuil de son amant. Gibbs se pencha vers lui et posa une main sur son épaule.
— Souviens-toi de ce que je t’ai dit cette nuit… souffla t’il. Aie confiance.
Tony se força à sourire. Il allait répondre lorsqu’un homme entra dans le bureau et lança :
— J’ai un courrier pour l’Agent Spécial DiNozzo.
Le jeune homme se leva d’un bond et se précipita vers le coursier.
— C’est moi !
L’homme lui tendit une enveloppe et lui fit signer un bordereau avant de quitter les lieux. Tony contempla un long moment le pli, hésitant.
— Alors, tu l’ouvres ? le pressa Kate.
Il se rendit compte que ses amis et son compagnon s’étaient rapprochés de lui. Les mains un peu tremblante, il ouvrit l’enveloppe et en sortit une grande feuille. Ses yeux se posèrent instinctivement sur un seul mot. Son cœur s’emballa et il leva les yeux vers les autres, un grand sourire aux lèvres.
— C’est positif ! Angie est ma fille !
Kate et McGee le félicitèrent chaleureusement. Jethro attendit en retrait, puis, lorsque les autres eurent fini, il s’approcha et enlaça tendrement son compagnon. Tony en fut surpris car c’était la première fois que Gibbs lui démontrait son affection d’une telle façon en public. Encore sous le choc, il entendit celui qu’il aimait lui murmurer à l’oreille :
— Je suis très heureux pour toi.
Ils se séparèrent. Tony soupira :
— Maintenant, le plus difficile va commencer.
Kate s’avança à nouveau vers lui et lui tendit un papier :
— C’est le numéro de l’une de mes amies qui est assistante sociale. Elle pourra t’aider dans la procédure.
— Merci.
Jethro soupira, puis lança :
— Bon, maintenant, il serait temps que tout le monde se remette au boulot !
— A vos ordres, Patron ! lancèrent ses trois subordonnés en chœur.

***


Cela faisait maintenant trois semaines que Tony avait eu confirmation de sa paternité. Il n’avait pas revu Angie depuis les obsèques de Lisa et elle lui manquait terriblement. Il essayait de ne pas trop le montrer et surtout, que ça n’affecte pas son travail, mais, le soir, malgré la présence de son compagnon, il ne pouvait s’empêcher d’être envahi par le doute et la peur de ne jamais revoir sa fille. Ce soir-là, justement, il se retrouvait seul dans son appartement, Jethro ayant du s’absenter pour une mystérieuse raison. Tony zappait sans même faire attention aux images qui défilaient sur l’écran. Il attendait le retour de son amant, se demandant où il avait bien pu passer. Lorsqu’il entendit les clés dans la serrure, il se leva d’un bond et se précipita vers la porte. Quelle ne fut pas sa surprise de voir entrer Angie, endormie, blottie entre les bras de l’ex-Marine.
— Que… comment…
— J’ai eu un appel de l’assistante sociale tout à l’heure, répondit Jethro en souriant. Avant de statuer, le juge a demandé à ce qu’Angie passe quelques semaines chez nous afin de savoir dans quel environnement elle pourrait être élevée avec nous.
— Pourquoi tu ne m’as rien dit avant ? demanda Tony en prenant sa fille et en la serrant contre lui.
— Je ne voulais pas risquer de te faire une fausse joie si jamais il y avait eu un changement de dernière minute. Je suis directement parti à l’hôtel de Melinda Moreno en sortant du bureau.
— Comment elle a réagi ?
— Elle n’avait pas l’air très heureuse de me voir… mais elle m’a confié Angie sans trop rechigner. Elle avait bizarrement l’air soulagée lorsque je l’ai prise.
— Soulagée ?
— Je me suis peut-être fait des idées, souffla Jethro en haussant les épaules.
Tony était perplexe. Son compagnon savait très bien juger les gens et ne se trompait que très rarement.
— Je crois qu’elle a besoin d’être changée, sourit l’ex-Marine. Tu n’as qu’à t’en occuper pendant que je vais récupérer son berceau dans la voiture. Ensuite, je préparerai le dîner.
— D’accord.
Tony emmena Angie dans sa chambre et la déshabilla. Lorsqu’il lui ôta le body qu’elle portait sous sa robe, il remarqua des bleus sur ses bras et son ventre. Inquiet, il se tourna vers son compagnon qui venait d’entrer dans la pièce, amenant le berceau.
— Regarde ces bleus.
Jethro se pencha sur le bébé et l’observa un moment sans rien dire. Puis, il se redressa, l’air furieux.
— J’appelle Ducky.
— Attends ! Tu crois que c’est Melinda qui lui a fait ça ?
— Je ne veux pas tirer de conclusions hâtives avant d’avoir l’avis d’un médecin.
Il sortit de la chambre tandis que Tony terminait de changer sa fille.
— Il sera là dans vingt minutes, lança Gibbs en revenant.
— Qu’est-ce qu’on va faire ?
— Pour l’instant, on attend que Ducky l’ait examinée. Viens, allons préparer le repas.
Le jeune homme acquiesça. Il réinstalla Angie dans son cosy, le posa près de la table de la cuisine et se mit au travail avec son compagnon.
Ducky arriva un quart d’heure plus tard et Tony lui confia sa fille pour qu’il l’examine. Les deux hommes attendaient près du lit, inquiets, tandis que leur ami auscultait la petite. Au bout d’un moment de silence, il se redressa en soupirant. Jethro demanda :
— Quoi ?
— Cette enfant a été empoignée fermement par les bras… sûrement pour la faire taire. Quant aux bleus sur son ventre, je pense qu’ils sont dus à de légers coups.
Tony serra les poings, rouge de colère.
— La sale garce !
Jethro paraissait très calme, mais toute personne qui le connaissait savait que la lueur qui brillait dans ses prunelles acier n’augurait rien de bon pour Melinda Moreno. Alors qu’il se dirigeait vers la porte de la chambre, son compagnon le rappela :
— Où vas-tu ?
— Régler cette histoire.
— Jethro…
— Fais-moi confiance, Tony. Cette femme ne posera plus jamais la main sur Angie.
Avant que le jeune homme ait le temps de lui demander plus de précisions sur ses intentions, Gibbs était parti. L’Italien se tourna vers Ducky qui avait rhabillé la petite et jouait avec elle.
— Qu’est-ce qu’il va faire à ton avis ?
— Sûrement ce qu’il faut pour que tu obtiennes la garde de ta fille. Jethro n’est déjà pas très indulgent envers les criminels, surtout ceux qui touchent aux enfants. Ils n’ont aucune excuse à ses yeux.
— Je le comprends, je suis comme lui… souffla Tony en prenant Angie dans ses bras.
— Vous formez une très belle famille, tous les trois, sourit le légiste.
— Je n’aurais jamais cru que j’aurais un enfant un jour… mais j’en suis vraiment heureux. Je l’aime tellement.
— Ca se voit. Bon, je vais rentrer. Maman doit s’impatienter.
— Merci, Ducky. Bonne soirée et à demain au bureau.
— Bonne nuit, Anthony.
Il déposa un baiser sur la joue du bébé en souriant :
— Bonne nuit, petite Angie.

***


Jethro frappa à la porte de la chambre d’hôtel. Il n’eut pas longtemps à attendre avant que la porte ne s’ouvre sur une Melinda Moreno plus que surprise :
— Que faites-vous ici ?
Il ne répondit pas, mais s’avança à l’intérieur, l’obligeant à reculer. La femme paniqua :
— Que me voulez-vous ? N’approchez pas !
— Demain matin, vous allez venir avec nous chez le juge et vous allez signer un renoncement au droit de garde sur Angie, dit enfin l’agent du NCIS d’un ton cassant.
— Il en est hors de question ! s’indigna Melinda.
— J’exècre les personnes de votre espèce, les monstres comme vous qui ne peuvent s’empêcher de brutaliser les enfants.
— Je n’ai jamais…
— Ne mentez pas ! gronda Gibbs. Les preuves sont sur le corps d’Angie. A présent, vous avez le choix : soit vous renoncez spontanément à sa garde dès demain, soit nous portons plainte.
— Si vous faites ça, je dirai que c’est vous qui avez brutalisé ma petite-fille !
Jethro s’approcha encore, profitant du fait que Melinda mesurait vingt bons centimètres de moins que lui.
— Ceux qui se sont un jour opposés à moi n’en sont jamais sortis indemnes. Vous voulez vraiment tenter le coup ?
— Ce sont des menaces ?
— Non, juste un conseil. Allez signer ce document chez le juge demain matin et Anthony DiNozzo vous autorisera peut-être à revoir votre petite-fille… un jour…
Sans un mot de plus, Jethro quitta la chambre d’hôtel et rentra chez son compagnon, satisfait.

***


Le lendemain matin, Tony entra dans le bureau du juge, Angie dans ses bras. Melinda Moreno était déjà là, visiblement nerveuse, mais parut soulagée lorsque Jethro lança à son compagnon :
— Je vous attends dans le couloir.
Le jeune homme acquiesça d’un signe de tête et referma la porte derrière lui. Il alla s’asseoir sur le siège vide.
— Monsieur DiNozzo, je vous ai convoqué ce matin à la demande de Madame Moreno qui souhaite renoncer à son droit de garde sur l’enfant Angie Moreno.
Surpris, l’Italien se tourna vers la femme :
— C’est vrai ?
— Oui, répondit-elle simplement sans le regarder.
Le juge ouvrit un dossier et le tendit à Melinda.
— Par ce document, Angie Moreno devient Angie DiNozzo et vous transférez sa garde à Monsieur Anthony DiNozzo en renonçant à tout droit ultérieur. Veuillez indiquer vos initiales en bas de chaque page et signer la dernière pour les cinq exemplaires.
Elle s’exécuta en soupirant. Lorsqu’elle eut terminé, le juge se tourna vers Tony.
— Pareil pour vous.
Lorsqu’il eut fini de signer, le jeune homme rendit le dossier au magistrat. Celui-ci leur donna un exemplaire à chacun en souriant.
— J’apprécie lorsque les situations « tendues » se résolvent à l’amiable.
Il serra la main de Melinda, puis de Tony. La femme se leva et quitta la pièce sans un mot. Jethro entra alors, interrogeant son amant du regard.
— C’est fait.
Le jeune homme se tourna alors vers le juge :
— J’aimerais savoir quelles sont les démarches à effectuer pour que mon compagnon puisse adopter légalement Angie.
Le juge n’eut pas l’air surpris de la requête. Il alla chercher un dossier dans son armoire et le tendit à Gibbs.
— Vous devez remplir ces formulaires et l’assistante sociale rendra un rapport. Ensuite, je prendrai la décision ou non de valider l’adoption.
— Merci, Monsieur le Juge, sourit Tony en lui serrant la main.
— A bientôt, Messieurs.

***


Deux semaines plus tard, Tony, Jethro et Angie se retrouvaient dans le bureau du juge qui valida l’adoption de la petite fille par l’ex-Marine. D’un commun accord entre ses deux pères, son nom fut modifié en Angie DiNozzo Gibbs. La petite était devenue la mascotte du NCIS et la nouvelle famille avait été comblée de cadeaux lorsque l’annonce de l’adoption avait été faite dans le bureau des deux hommes. C’était une ère de grands changements pour eux : suite à l’arrivée « officielle » d’Angie chez eux, ils avaient décidés de rendre l’appartement de Tony pour s’installer à plein temps chez Jethro. Leur seul soucis fut de trouver une nounou pour prendre soin de leur fille durant la journée. Ce fut McGee qui les sauva en leur présentant l’une de ses tantes qui vivait tout près de chez Gibbs et qui était une adorable gardienne d’enfants. Grâce à elle, les deux hommes pouvaient partir au travail l’esprit tranquille. Et, le soir, ils se retrouvaient tous les trois, profitant de leur nouvelle vie de famille.

Fin.


Fic terminée le 30/09/2006.
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