— GWAINE !
Le rugissement de Percival fit sursauter les autres chevaliers. Leon et Elyan échangèrent un regard amusé alors que leur ami quittait la salle à manger en hurlant :
— JE VAIS LE TUER !
Le géant blond parcourut rapidement les couloirs du château à la recherche de celui qui l'avait spolié de son dessert. Il avait eu le malheur de quitter la table quelques minutes pour répondre à une convocation tardive du Roi Arthur. Et, lorsqu'il était revenu, c'était pour s'apercevoir que sa part de tarte aux pommes avait disparu de l'assiette où il l'avait laissée. Il n'avait pas eu besoin de réfléchir bien longtemps pour deviner qui était coupable de ce larcin. Alors que son sang bouillait dans ses veines, il aperçut Gwaine qui sortait de ses appartements. Percival se précipita vers lui mais le brun l'avait vu et ne demanda pas son reste. Le plus jeune rattrapa son aîné au détour d'un couloir et le bloqua dans un recoin. N'ayant pas d'autre échappatoire, Gwaine recula, les mains levées en signe d'apaisement. Dos au mur, au sens propre comme au figuré, le brun sourit :
— Allez, tu ne vas pas t'énerver pour un bout de gâteau.
Percival serra les poings et grogna :
— C'était MON gâteau !
Les muscles de ses biceps tendus, il leva le bras, prêt à frapper l'autre homme qui lui lança soudain d'un air entendu :
— Attends ! Je vais me faire pardonner... Tu sais très bien que je suis doué à ce jeu-là...
Percival prit une profonde inspiration tandis que sa colère se muait en une autre émotion, encore plus intense. Il baissa le bras, puis s'avança d'un pas. Gwaine ne se départit pas de son sourire, conscient qu'il avait réussi à retourner la situation dans le sens qu'il souhaitait. Alors que son ami se plantait devant lui, leurs visages à quelques centimètres l'un de l'autre, des bruits de pas se firent entendre. Les deux hommes tournèrent la tête en même temps et virent Merlin qui se tenait là, les bras chargés du dîner du roi. Il les regardait en souriant largement. Voyant que les chevaliers s'étaient figés, il souffla :
— Ne vous dérangez pas pour moi, surtout...
Il avança de deux pas puis revint en arrière et ajouta :
— Et euh... cette fois, si vous pouviez être un peu plus discrets... il paraît que Sire Leon n'a pas bien dormi la dernière fois...
Hilare, le jeune sorcier reprit son chemin en direction des appartements d'Arthur. Lorsqu'il fut hors de vue, Percival se tourna à nouveau vers Gwaine. Il ne laissa pas le temps au brun de réagir et se jeta sur ses lèvres. Sa langue se fraya un chemin dans la bouche de son ami. Ses papilles y reconnurent le goût fruité des pommes et celui sucré de la pâte, ce qui fit redoubler son ardeur. Il glissa ses mains sous les fesses de Gwaine, le soulevant afin que leurs envies se rencontrent. Dans un grognement, Percival rompit le baiser. Se souciant peu des personnes qu'ils pourraient croiser, il chargea l'autre homme sur son épaule, bien décidé à obtenir réparation pour le préjudice dont il avait été victime.

***
Environ une heure plus tard, Percival reposait sur le dos, son corps nu luisant de sueur et sa respiration se calmant peu à peu. À ses côtés, Gwaine s'installa sur le flanc, appuyé sur son bras replié. Il le regardait en souriant :
— Alors, je suis pardonné ?
Le géant blond prit un moment de réflexion avant de répondre :
— Pas sûr...
Gwaine leva les yeux au ciel avant de s'extraire du lit. Percival se délecta de la vision de son amant dans le plus simple appareil. Le brun se dirigea vers l'armoire dont il sortit quelque chose que le blond ne pouvait pas voir.
— Ferme les yeux.
— Si c'est encore une ruse...
— Aies confiance, tu ne seras pas déçu.
Percival obéit, même s'il redoutait le pire, sa curiosité l'emportant sur son appréhension. Quelques secondes plus tard, il sentit le matelas s'affaisser sous le poids de son amant et une douce odeur chatouiller ses narines. Il rouvrit les yeux pour se retrouver nez à nez avec une énorme part de tarte aux pommes, encore plus grosse que celle disparue. Il jeta un regard interrogatif à son ami qui sourit :
— Et comme ça, je suis pardonné ?
Le géant grogna en s'emparant du dessert. Lorsqu'il eut fini de manger sous le regard amusé de son amant, il souffla :
— Tu sais, il y a moins dangereux pour m'attirer dans ton lit...
Gwaine lui ôta l'assiette vide des mains, la posa sur la table de nuit, puis se pencha pour l'embrasser fougueusement.
— Je sais... mais c'est beaucoup moins amusant...

Fin.