RSS
 Accueil
 Derniers ajouts
 Catégories
 Auteurs
 Titres
 Aide
 Rechercher
 Login
 
 

- Taille du texte +
Tony faisait les cent pas dans la salle d’attente. Gibbs avait été emmené directement en réanimation et on l’avait prié de rester là. Alors qu’il entamait son huitième tour de la pièce, Kate, McGee et Abby entrèrent.
— Comment va t’il ? demanda la laborantine.
— Je n’en sais rien, souffla Tony en se laissant tomber sur une chaise, la tête dans les mains.
— Ne t’en fais pas, je suis sûre qu’il va s’en sortir, sourit Kate. Gibbs est un dur à cuire !
— Tu ne peux pas savoir comme j’espère que tu aies raison… murmura le jeune homme. Je ne sais pas si je pourrais supporter s’il…
Il fut interrompu par une jeune femme brune qui entra dans la pièce.
— Bonjour. Je suis le Docteur Lune Williams.
— Anthony DiNozzo. Je suis le compagnon de Jethro Gibbs, expliqua t’il en se levant. Comment va t’il ?
— Nous avons pu faire repartir son cœur mais nous avons du l’intuber pour lui permettre de respirer.
— Il est réveillé ? demanda Tony d’une voix faible, pressentant la mauvaise nouvelle qui n’allait pas manquer de lui tomber dessus d’un instant à l’autre.
— Non. Il n’a pas repris connaissance… il est dans le coma, je suis désolée…
Le jeune homme avait du mal à réaliser ce que la doctoresse venait de lui annoncer. Il avait l’impression d’être enveloppé dans le brouillard. Il entendait les voix de ses amis, assourdies comme s’il les avaient perçues à travers du coton. Il sentit à peine lorsque Kate le prit par le bras pour l’obliger à s’asseoir et passa une main sur son front en l’appelant. Et puis, petit à petit, il redescendit sur Terre alors que la douleur envahissait son cœur. Il avait beau se dire que ça aurait pu être pire, que l’homme qu’il aimait pourrait être mort, il se sentait descendre rapidement dans les abysses de la souffrance. Il sentait les larmes monter, mais ne voulait pas les laisser couler devant les autres alors il se releva et demanda en essayant de contrôler le tremblement de sa voix :
— Je peux le voir ?
— Suivez-moi, répondit le Docteur Williams.
Il entendit Kate lui dire :
— On va prévenir Morrow et Ducky. On reviendra tout à l’heure.
— D’accord, répondit-il machinalement.

La doctoresse le laissa entrer seul dans la chambre. Il se figea au pied du lit, impressionné par tous les appareils qui mesuraient les signes vitaux de son compagnon, mais surtout par la pâleur extrême de celui-ci. S’il n’avait vu sa poitrine se soulever en rythme, aidée par le respirateur, il aurait pu croire que Gibbs était mort. Se morigénant pour cette pensée morbide, il prit une chaise et s’installa près du lit, attrapant rapidement la main de son amant dans les siennes et la serrant très fort. Il aurait aimé parler, mais les mots restaient coincés dans sa gorge. Alors il se tut, se contentant de fixer le visage livide de Jethro. Les larmes finirent par s’échapper enfin de ses yeux et ruisselèrent sur ses joues et dans son cou, mouillant le col de sa chemise. La douleur fut plus forte, le dévastant d’un seul coup. Il enfouit son visage dans le cou de son compagnon, le corps secoué de violents sanglots, bredouillant :
— Ne me laisse pas… ne m’abandonne pas… je t’en supplie… je t’aime… je t’aime tellement…
Il pleura longtemps, incapable de se calmer. Et puis, la fatigue eut raison de lui et il finit par s’endormir dans cette position, son bras en travers du torse de Jethro.

***


Lorsqu’il s’éveilla quelques heures plus tard, Tony constata avec tristesse que l’état de son compagnon n’avait pas évolué. Il soupira lourdement, étira ses muscles endoloris par la position peu agréable dans laquelle il avait dormi, puis se rendit dans la salle d’eau pour se rafraîchir un peu. Il passa une main dans sa chevelure ébouriffée, tentant de la remettre un peu en ordre, et revint dans la chambre au moment où le Docteur Williams y entrait.
— Bonjour. Vous avez dormi un peu ?
— Oui.
— J’aimerais vous parler de l’état de votre ami. Vous pouvez venir dans mon bureau ?
Devant l’hésitation du jeune homme, elle ajouta :
— De toutes façons, vous allez devoir le laisser pendant que les infirmières vont s’occuper de lui.
— D’accord, je vous suis.
Il jeta un dernier regard à son compagnon, puis rejoignit le médecin qui l’attendait dans le couloir. Elle le conduisit dans son bureau et l’invita à s’asseoir.
— J’ai sous les yeux le dossier médical de l’Agent Gibbs, mais j’aurais besoin de savoir si les renseignements qui y sont portés sont toujours valables.
— Que voulez-vous savoir ?
— C’est principalement au sujet de son hygiène de vie. Est-ce qu’il fume ?
— Non.
— Il boit de l’alcool ?
— Rarement. Une bière de temps en temps.
— Est-ce qu’il a un niveau de stress élevé ?
Tony ne put s’empêcher de pouffer.
— Il a eu trois femmes, boit environ 15 cafés par jour et doit nous supporter, mes collègues et moi, à longueur de temps, donc je pense que je peux dire oui…
— Cela fait combien de temps que vous êtes ensemble ?
Il jeta un coup d’œil circonspect à la femme qui l’interrogeait.
— Quel rapport avec sa santé ?
— Il faut que je sache si quelque chose dans son activité sexuelle peut être source de problèmes médicaux.
— Hum…
Le jeune homme n’était pas convaincu, mais répondit tout de même :
— Ca fait presque six mois.
— Est-ce qu’il a eu des relations sexuelles en-dehors de votre couple ?
— J’espère bien que non ! s’exclama l’Italien.
La doctoresse sourit devant la jalousie évidente de son interlocuteur.
— Et vous ?
— Je n’ai jamais été aussi fidèle que depuis que je suis avec lui, répondit Tony. Je l’aime et ça ne me viendrait jamais à l’idée de le tromper… de toutes façons, si ça arrivait, il me tuerait, ajouta t’il avec un sourire.
Il se demanda un court instant pourquoi il racontait tout ça à cette femme qu’il connaissait à peine, mais finalement, il se rendit compte que c’était plus facile pour lui de parler de Jethro à une personne qui ne les jugerait pas et qui semblait même très compréhensive vis-à-vis de leur relation.
— Vous vous protégez ?
Tony sortit brusquement de ses pensées.
— Quoi ? Oui, bien sûr. On a parlé d’aller faire le test mais on n’a pas eu le temps, avec notre boulot.
— Est-ce que l’Agent Gibbs fait du sport ?
— Il s’entraîne régulièrement, comme nous tous. Et il court souvent après les suspects.
— Il les rattrape ?
— Moins facilement que moi… sourit le jeune homme.
Le médecin souffla :
— Je n’ai plus d’autres questions, merci.
— Dites… vous pensez qu’il va s’en sortir ? demanda Tony en se penchant vers la doctoresse.
Elle baissa les yeux, soupira, puis releva la tête avant de répondre.
— Je vais être franche avec vous, ses chances sont faibles.
Ces quelques mots firent l’effet d’un coup de poignard en plein cœur pour l’Italien. Devant son air catastrophé, la jeune femme expliqua :
— Comme vous le savez, son cœur s’est arrêté de battre avant qu’on ne le retrouve. Et il a fait un nouvel arrêt lorsqu’il était en réanimation. Son muscle cardiaque est très fatigué ; nous avons dû mettre des stimulants dans sa perfusion pour l’obliger à battre normalement. Ce n’est pas étonnant, vu son métier, son âge et son niveau de stress… A côté de ça, son cerveau a été privé d’oxygène un long moment et, s’il se réveille, nous ne savons pas quelles seront les séquelles neurologiques.
— Vous pensez qu’il peut y en avoir ?
— Nous ne pouvons rien dire tant qu’il est inconscient. Je sais que ce que je vous dis doit être douloureux, mais je préfère être franche pour que vous ne vous fassiez pas trop d’illusions. Il se peut que votre compagnon ne se réveille pas…
Tony se frotta les yeux pour empêcher les larmes de couler et soupira profondément. Puis, il se redressa avec un faible sourire.
— C’est un battant… je suis sûr qu’il va tout faire pour s’en sortir.
— Je le souhaite de tout cœur.
Elle le raccompagna jusqu’à la porte de la chambre de Gibbs, puis le laissa pour aller faire ses visites. Lorsqu’il entra dans la pièce, Tony eut la surprise d’y trouver Kate et McGee.
— ‘Lut !
— Bonjour. Ca va ?
— Ca irait mieux s’il se décidait à ouvrir les yeux, répondit le jeune homme en haussant les épaules.
Son amie s’approcha de lui, une cassette vidéo à la main et il remarqua le carton contenant un magnétoscope posé sur la table.
— Qu’est-ce que c’est ?
— On est retournés dans le caveau tout à l’heure. Wilson y avait mis une caméra ; il a tout filmé.
— On a pensé que tu voudrais voir ce qui s’était passé, ajouta Tim.
— Vous l’avez regardée ? demanda Tony en prenant la cassette.
— Non. On est passés récupérer un magnétoscope et on est venus directement, répondit Kate.
— Merci.
— Il faut qu’on reparte au bureau.
— Qu’est-ce que Morrow a dit ? Au sujet de Gibbs ?
— Pour l’instant, il laisse l’équipe sous ta direction… mais je crois qu’il est au courant pour vous deux.
DiNozzo jeta un regard effaré à sa collègue.
— Quoi ? Oh non…
— Ne t’en fais pas, Tony. S’il avait voulu te virer à cause de ça, ce serait déjà fait.
— Je l’espère…
Il soupira.
— De toutes façons, il peut faire ce qu’il veut, je m’en fous, du moment que je peux être ici quand Gibbs se réveillera…
Les deux autres échangèrent un regard contrit, puis Kate sourit timidement :
— Si tu as besoin de quoi que ce soit, appelle-nous !
— D’accord. Merci.
Il les suivit des yeux jusqu’à ce qu’ils aient quitté la pièce, puis il alla brancher le magnétoscope sur le téléviseur de la chambre. Il ferma la porte, espérant ne pas être dérangé et s’installa sur sa chaise, toujours à côté du lit, serrant la main de son compagnon dans la sienne. Il mit la cassette en route…

L’image tremblota un peu, puis se focalisa sur la silhouette de Jethro Gibbs, à genoux sur le sol, bâillonné, les mains attachées dans le dos. Son regard, tout d’abord fixé sur l’objectif, se détourna au moment où une voix retentit :
— Alors, Agent Gibbs, qu’est-ce que ça fait de savoir que vous allez bientôt mourir ? Vous avez peur ? Oh oui, je suis sûr que vous avez peur, même si vous ne le montrez pas. Vous savez pourquoi vous êtes là ? Non, bien sûr, vous devez vous demander qui je suis. Vous vous souvenez d’Anna Wilson ? Vous l’avez arrêtée il y a trois ans parce qu’elle dealait à Norfolk. Ca vous revient, n’est-ce pas ? Vous vous demandez sûrement si je suis son mari… Non, vous avez perdu, je suis son frère. Je suis sûr que vous ne comprenez toujours pas pourquoi vous êtes là… Vous saviez que ma sœur est morte ? Elle a été butée par une autre détenue… tout ça parce qu’elle refusait de lui filer de la dope. C’était y’a deux mois. Lorsque je l’ai appris, j’ai tout de suite compris que je devais la venger, que je devais vous faire payer, DiNozzo et vous. Vous êtes responsables ! Si vous ne l’aviez pas envoyé en taule, elle serait encore en vie. Franchement, vous m’avez facilité la tâche… Je n’aurais jamais cru que DiNozzo et vous étiez des tantouzes ! Je peux vous dire que j’ai chopé un sacré fou-rire quand j’ai vu ça ! Vous êtes très fort, Gibbs, mais je suis sûr que vous n’aviez pas remarqué que je vous surveillait depuis deux mois. Je vous ai même filmés à votre insu… J’ai une jolie collection de cassettes où vous vous envoyez en l’air avec DiNozzo qui feraient un tabac sur Internet !
L’ex-Marine ne bronchait pas, seuls ses yeux trahissaient sa fureur. Si son regard avait tué, l’homme serait tombé raide mort. Et il est certain que s’il avait pu se libérer, il aurait étranglé son ravisseur sans hésitation. Wilson continua :
— En vous surveillant, je n’ai eu aucun problème, à trouver le bon moment pour trafiquer votre voiture. J’ai appris que ce matin, vous aviez un rendez-vous avec votre notaire pour faire modifier votre testament en faveur de DiNozzo. Alors, j’en ai profité. J’ai mis des pinces sur les durites de votre bagnole et je vous ai suivi de loin quand vous êtes parti de chez votre mec ce matin. Dire que vous ne vous êtes pas méfié lorsque je me suis arrêté pour vous aider ! Vous n’êtes pas si doué que ça, finalement… Bon, je crois que vous en savez assez. A présent, passons aux choses sérieuses !
La caméra tourna et l’image d’un cercueil vide apparut. Elle resta un instant là-dessus avant de revenir sur l’ex-Marine.
— Vous voyez ce cercueil ? C’est le vôtre, Gibbs.
L’homme passa devant l’objectif, sourit à la caméra et montra une seringue qu’il tenait en main.
— C’est juste un sédatif, histoire de pouvoir vous mettre là-dedans sans que vous vous débattiez. Je ne veux pas que vous mourriez rapidement. Vous savez ce que je vais faire ? Je vais vous enfermer dans ce cercueil et, ensuite, je scellerai hermétiquement le caveau, histoire que l’air n’y pénètre plus. Vous allez mourir très lentement…
Wilson plongea l’aiguille dans le cou de Jethro qui s’écroula rapidement sur le sol, inconscient. Le ravisseur jeta la seringue sur le sol et se pencha sur son prisonnier. Il lui détacha les mains, le souleva sous les bras et disparut de l’image. Quelques secondes plus tard, la caméra tourna à nouveau, montrant le cercueil où Gibbs était étendu, toujours sans connaissance. Wilson posa le couvercle et le cloua. Il se tourna vers l’objectif, un grand sourire aux lèvres.
— Ma vengeance est en marche. Agent DiNozzo, si vous voyez cette cassette, c’est que Gibbs est mort et que je vous l’ai envoyée pour vous faire souffrir encore un peu plus. J’ai bien vu comment vous le regardiez. Je sais que vous êtes amoureux et j’espère que vous avez mal, très mal !
Wilson éclata de rire, puis reprit :
— Le spectacle est fini ! Adieu Jethro Gibbs !


Alors que l’image s’éteignait, Tony se leva d’un bond de sa chaise et fonça dans la salle de bains, prit par une nausée violente. Comme il n’avait rien mangé, il ne vomit pas, mais il avait l’impression que tout tournait autour de lui. Il s’assit sur le carrelage froid, ramena ses jambes contre son torse et enfouit son visage entre ses bras croisés. Il fallait qu’il se calme, qu’il se reprenne. Il ne devait pas se laisser aller, il devait être fort pour celui qu’il aimait, mais c’était si difficile ! Il prit plusieurs grandes inspirations et releva lentement la tête. Sa nausée était passée. Il se releva, retourna dans la chambre, débrancha le magnétoscope qu’il remit dans le carton, puis se rassit près du lit, reprenant la main de Jethro entre les siennes.
— Patron, j’espère que tu m’entends. Je t’aime et tu n’as pas intérêt à me laisser tomber. Je me battrai jusqu’au bout pour que tu reviennes parmi nous. Lorsque tu me l’as ordonné, je ne suis pas mort… donc tu n’as pas le droit de mourir, je te l’interdis formellement, tu m’entends ? Je t’aime, Jethro…

***


Cela faisait maintenant neuf jours que Gibbs était dans le coma. Tony n’avait quitté la chambre d’hôpital que quelques heures pour aller se changer mais ne supportait pas d’être dans son appartement où tout lui rappelait les bons moments qu’il avait passés avec son compagnon. Le personnel hospitalier, compréhensif, lui avait installé un lit d’appoint dans la chambre de Jethro dès la seconde nuit. Le Docteur Williams venait le voir chaque jour pour s’enquérir de l’état de son patient, mais il n’y avait aucune évolution. Ce matin-là, le jeune homme lisait à voix haute « Moby Dick » à son amant lorsque Kate entra dans la chambre.
— Bonjour.
— Bonjour. Tony, il va falloir que tu viennes au bureau, Morrow veut te voir.
— Pourquoi ?
— Il ne m’a rien dit.
L’Italien soupira. Il n’avait aucune envie de laisser son compagnon, mais savait qu’il ne pouvait refuser la convocation du Directeur du NCIS.
— Si tu veux, je peux rester avec lui pendant que tu y vas.
— Merci, c’est gentil.
— De rien, c’est normal. A tout à l’heure !
Il sourit, puis quitta la chambre.

Quelques minutes plus tard, il arrivait devant la secrétaire de Morrow. Elle lui adressa un regard glacial et lança d’une voix froide :
— Il t’attend !
Tony entra sans un mot. Le Directeur se leva et lui serra la main, puis l’invita à s’asseoir.
— Comment va l’Agent Gibbs ?
— Il n’y a rien de neuf. Les médecins ne sont pas optimistes du tout.
Morrow soupira.
— Il faut que je prenne une décision au sujet de votre groupe, Agent DiNozzo. Je ne peux pas laisser une unité sans responsable.
— Je comprends.
— J’ai décidé, compte tenu de votre excellent dossier, de vous donner le poste de l’Agent Gibbs.
— Je ne veux pas prendre sa place, répondit Tony en secouant la tête.
— Ce ne serait pas définitif… juste provisoire jusqu’à ce qu’il revienne… ou que je sois obligé de vous nommer définitivement.
Le jeune homme était flatté que le Directeur ait pensé à lui pour prendre la tête de l’équipe, pourtant il sentait bien que celui-ci ne comptait pas trop sur le retour de Jethro Gibbs. Il se demanda un instant si Morrow connaissait la nature exacte de leur relation mais rien chez celui-ci ne le montrait.
— Cependant, je vous demanderai d’être présent au bureau à partir d’aujourd’hui. Compte tenu de l’état de l’Agent Gibbs, il ne vous sert à rien de rester à l’hôpital toute la journée, même si je sais que cela vous tient à cœur. Et les dossiers ne doivent pas souffrir de votre absence prolongée.
Même s’il savait que Morrow avait raison, Tony ne pouvait s’empêcher d’être ennuyé par sa décision. Il n’avait aucune envie de laisser son compagnon seul à l’hôpital et il voulait être présent lorsqu’il se réveillerait, mais il devait admettre qu’il ne pouvait pas y passer sa vie.
— D’accord, Monsieur.
Il se leva. Alors qu’il allait sortir, le Directeur le rappela :
— Jethro et vous êtes mes meilleurs agents. Je tiens à vous garder tous les deux parmi nous le plus longtemps possible.
Tony lut à cet instant dans le regard de l’homme un éclat de sollicitude qui le rassura. Si Morrow savait pour Gibbs et lui, il ne leur en tenait pas rigueur. L’Italien sourit à son supérieur, puis rejoignit son bureau. McGee lui adressa un regard interrogatif, mais Tony préféra prévenir Kate avant tout. Il composa le numéro de la chambre de son compagnon.
— Chambre de Jethro Gibbs.
— Kate, c’est Tony. Morrow vient de m’annoncer qu’il me nommait à la tête de l’équipe en attendant le retour de Gibbs et il veut que je reste au bureau. Donc, tu peux revenir ici.
— D’accord, soupira la jeune femme à l’autre bout du fil. A tout à l’heure.
L’Italien raccrocha, puis se tourna vers Tim qui demanda :
— Tu deviens notre Patron ?
— Provisoirement, sourit DiNozzo. Je n’ai pas l’intention de piquer sa place à Gibbs. Lorsqu’il sera sur pieds, je lui laisserai son poste avec joie !
— Tu vas prendre son bureau ?
— Non, je préfère le mien.
En fait, il ne voulait pas toucher aux affaires de son amant. Tant que rien ne bougeait, cela voulait dire que Jethro pourrait revenir d’un instant à l’autre et, pour l’instant, c’était la seule chose qui pouvait laisser un espoir à Tony que tout revienne comme avant.

***


Tony rangea son arme dans le tiroir en soupirant. Ils venaient de boucler une affaire particulièrement compliquée et toute l’équipe n’avait qu’une envie : enfin débaucher ! Il se passa une main sur le visage pour en chasser la fatigue, puis vérifia s’il n’avait pas eu d’appel de l’hôpital. Cela faisait une semaine qu’il avait pris la tête de l’équipe et trois jours qu’il n’avait pas pu aller voir son compagnon à cause de l’enquête en cours.
— Tu vas voir Gibbs ? lui demanda Kate en passant à côté de son bureau.
— Oui. Je passe juste chez moi prendre une douche et j’y vais.
— Ok. Dis-lui qu’on pense bien à lui et qu’on a hâte qu’il se réveille.
— Pas de problème, sourit l’Italien.
Il prit sa veste et quitta le bureau.

Une heure plus tard, il arrivait à l’hôpital. Alors qu’il se dirigeait vers la chambre de son compagnon, il fut intercepté par le Docteur Williams.
— Agent DiNozzo, j’allais vous appeler.
Inquiet, Tony demanda :
— Il y a un problème ?
— Non, au contraire. Depuis ce matin, l’activité cérébrale et le rythme cardiaque de l’Agent Gibbs sont remontés sensiblement vers la normale.
Voyant que le jeune homme ne semblait pas comprendre, elle expliqua :
— Il revient lentement vers la conscience.
— Il va se réveiller ?
— Ca peut encore prendre du temps, mais ça semble en bonne voie. S’il continue comme ça, nous pourrons bientôt lui ôter le respirateur.
Un grand sourire étira les lèvres de Tony.
— C’est la première bonne nouvelle que j’entends depuis des jours !
Le médecin sourit, puis le laissa rejoindre son compagnon. Il s’assit près du lit et prit la main de Jethro dans les siennes, comme à son habitude.
— Le Docteur Williams vient de me dire que ton état s’améliore. Tu ne peux pas savoir comme je suis heureux… tu me manques tellement… Je sais que ça fait plusieurs jours que je ne suis pas venu, mais on a eu une affaire complètement dingue et je n’ai pas pu me libérer avant. Je suis sûr que si tu avais été là, tu aurais trouvé la solution bien avant nous…
Il soupira.
— Je ne suis vraiment pas à la hauteur… Vivement que tu reprennes ton poste… parce que je ne suis pas sûr que Morrow me le laisse trop longtemps, vu mes résultats un peu désastreux… oh, on a trouvé l’assassin, mais il nous a fallu trois jours… et toi, tu l’aurais eu en moins d’une journée !
Il se tut un instant, contemplant le visage paisible de Jethro.
— Tu me manques… et pas seulement au boulot… Je t’aime…
Il se pencha pour déposer un léger baiser sur les lèvres de son compagnon, puis se rassit, un léger sourire étirant sa bouche.
— Bon… j’avais un espoir fou que tu fasses comme la belle au bois dormant et que tu te réveilles… mais c’est pas grave, le médecin a dit que ça allait prendre un peu de temps avant que tu reviennes. Tu vas rire : ça me manque de ne plus t’entendre me hurler après… et de ne plus sentir tes tapes sur mon crâne… sans parler de ta peau sur la mienne lorsque… ouh là, faut que je m’arrête là sinon, je vais avoir besoin d’une douche froide ! rit Tony en passant une main dans ses cheveux déjà passablement ébouriffés.
Il caressa tendrement la joue de Gibbs, repensant à tous les bons moments qu’ils avaient passés ensemble depuis qu’ils se connaissaient.
— Dire qu’on a perdu tout ce temps avant de sortir ensemble… Si j’avais su, quand je suis arrivé au NCIS, que tu étais bi et que j’avais une petite chance de te séduire, je crois que j’aurais tenté ma chance bien avant ! Tu le sais déjà… j’ai craqué pour toi dès le premier regard… quand on s’est rencontrés à Baltimore… Je crois que si je draguais toutes ces filles devant toi, c’était pour te faire réagir… même si je pensais que ça ne servirait à rien. Je me rends compte qu’on n’a jamais discuté de tout ça depuis qu’on est ensemble… je sais bien que tu n’es pas trop bavard, beaucoup moins que moi, mais j’aimerais vraiment qu’on en parle, un jour… Tu sais que Kate et McGee avaient parié sur le fait que nous étions ensemble ? Oui, je ne te l’ai pas encore dit, mais tout le monde est au courant… Même Morrow… Il m’a bien fait comprendre qu’il voulait nous garder tous les deux, donc je pense qu’on ne risque rien de sa part.
Tony souriait tendrement en parlant, le regard fixé sur le visage de son compagnon. Il sursauta soudain en voyant une infirmière dans l’encadrement de la porte. Il la connaissait, elle surveillait les chambres de ce couloir presque toutes les nuits et ils avaient sympathisés.
— Bonsoir, Tony.
— Bonsoir, Cybelia.
— J’ai appris que votre ami allait un peu mieux.
— Oui.
— Vous devez être soulagé.
Il hocha la tête avec un grand sourire.
— Maintenant, je n’ai plus qu’à attendre qu’il se réveille…
La jeune femme brune alla vérifier les niveaux des perfusions de Gibbs, puis demanda :
— Vous restez cette nuit ?
— Oui. Je n’ai pas pu venir pendant trois jours et il m’a trop manqué pour que je le laisse.
— Vous avez mangé ?
— Pas encore. Je comptais descendre au café en face prendre un sandwich.
— Attendez, ne bougez pas !
Elle sortit de la chambre et revint avec un plateau-repas.
— L’un des patients est rentré chez lui tout à l’heure et ils ont oublié d’annuler son dîner. Ce n’est pas de la grande cuisine, mais si ça vous dit… surtout avec le temps qu’il fait.
Tony se retourna et constata avec surprise qu’il pleuvait des cordes.
— Merci, ça sera avec plaisir.
L’infirmière posa le plateau sur la table en souriant.
— Si vous avez besoin de quoi que ce soit, n’hésitez pas à m’appeler.
— D’accord. Merci encore.
Lorsqu’elle fut sortie, Tony mangea avec appétit. Puis, après avoir ôté ses chaussures et sa veste, il alla s’allonger sur le lit d’appoint, ferma les yeux et s’endormit rapidement.

Il se réveilla en sursaut au milieu de la nuit. Il secoua la tête pour chasser les dernières réminiscence de son cauchemar, puis se tourna vers son compagnon. Il fut rassuré par la vue du visage paisible de Jethro, mais ne put se rendormir. Finalement, il se leva pour venir se rasseoir près du lit. Il entrelaça ses doigts avec ceux de son amant et posa sa tête sur le torse de celui-ci, se laissant bercer par les battements de cœur réguliers. A peine une minute plus tard, il dormait profondément.

Un peu après l’aube, Tony fut réveillé par une pression sur ses doigts. Alors qu’il émergeait doucement des brumes du sommeil, il eut l’impression que le rythme régulier qui l’avait endormi était un peu plus rapide. Il se redressa lentement, fixant le visage de Jethro, cherchant un signe d’une quelconque évolution de son état. Il commençait à se demander s’il n’avait pas rêvé lorsqu’il sentit à nouveau les doigts de son amant serrer les siens. Souriant, il se pencha et murmura :
— Jethro ? Je sais que tu m’entends… Tu sais que tu me ferais un grand plaisir si tu te réveillais maintenant ?
Tout en parlant, le jeune homme appuya sur la sonnette pour prévenir l’infirmière de garde. Cybelia arriva presque aussitôt. Il lui sourit :
— Il a serré ma main.
Elle s’approcha et fit quelques tests rapides.
— Je vais appeler le Docteur Williams, sourit-elle. Je pense que votre ami devrait très vite revenir parmi nous.
— Merci.
Lorsqu’il fut à nouveau seul avec son compagnon, Tony poussa un long soupir de soulagement. Il ne pouvait détacher son regard du visage de Gibbs, persuadé qu’il allait très vite y voir un signe d’amélioration. Cependant, au bout de quelques minutes, il comprit que ça pourrait encore prendre un peu de temps. Il hésita un instant : il savait qu’il devait aller bosser mais il ne voulait pas risquer de manquer le réveil de l’homme qu’il aimait. Alors qu’il se demandait quoi faire, le Docteur Williams arriva.
— Bonjour, Agent DiNozzo.
— Bonjour, Docteur. Il a serré ma main tout à l’heure… deux fois.
— Mademoiselle White me l’a dit, sourit Lune. Je vais devoir vous demander de sortir le temps que je l’examine.
— Bien sûr… répondit Tony.
Il remit ses chaussures et sa veste, puis quitta la chambre. Il alla se chercher un café au distributeur et revint, attendant dans le couloir que le médecin ait fini. Elle le rejoignit cinq minutes plus tard, un grand sourire sur les lèvres.
— L’Agent Gibbs n’a plus besoin du respirateur, j’ai pu l’extuber.
— Vous pensez qu’il mettra longtemps à se réveiller ?
— Cela peut prendre quelques heures ou quelques jours. Il faut être patient.
— C’est dur ! soupira le jeune homme.
— Je le sais. Mais il faut vous dire que les moments les plus difficiles sont derrière vous maintenant.
— Vous avez raison.
— Vous pouvez retourner le voir. Je reviendrai après mes visites de la matinée.
— D’accord.
Tony rentra dans la chambre et sourit à l’infirmière qui notait des indications dans le dossier de Jethro. L’Italien resta debout, adossé au mur face au lit.
— Je vais devoir partir… mon Directeur n’acceptera jamais que je passe la journée ici.
— Ma garde se termine à sept heures, mais, si vous voulez, je peux dire à ma remplaçante de vous appeler s’il y a du nouveau.
— Merci, c’est gentil.
Il attendit que la jeune femme soit sortie, puis il alla déposer un léger baiser sur les lèvres de son compagnon avant de quitter l’hôpital.

***


Assis à son bureau, Tony essayait vainement de se concentrer sur son rapport, mais il n’arrêtait pas de penser à Jethro, se demandant si son amant était réveillé. Il regardait sans arrêt sa montre et avait déjà appelé trois fois l’hôpital depuis qu’il était arrivé pour avoir des nouvelles.
— Tu aurais dû rester là-bas, lui lança Kate en passant devant son bureau.
— J’aurais bien aimé, mais je doute que Morrow ait été du même avis.
La jeune femme vint s’asseoir au bord du meuble, sans un mot, plongeant son regard dans celui de son collègue.
— Quoi ? demanda l’Italien, agacé par son silence.
— Je me disais juste que je comprends mieux pourquoi ton attitude a changé depuis quelques mois…
— Comment ça, changé ?
— Tu joues moins au joli cœur avec les femmes… Tu restes plus tard au bureau le soir… comme Gibbs, d’ailleurs… Mais, vous avez quand même bien caché votre jeu, tous les deux… Si je n’avais pas été profiler, je ne suis pas sûre que j’aurais compris ce qui se passait.
— Nous ne voulions pas que ça s’ébruite… Tu imagines : deux Agents Spéciaux du NCIS, deux hommes, qui couchent ensemble… Et, en plus, Gibbs est mon supérieur ! Nous n’en avons pas vraiment discuté, mais nous savions implicitement que la direction ne devait pas être au courant. A présent, Morrow sait… et il semble s’en accommoder… Enfin, du moins, il n’a pas l’air de vouloir nous virer tous les deux !
— Je pense que tant que ça n’empiète pas sur votre travail, il n’a aucune raison de vouloir vous renvoyer.
— Sauf que c’est interdit par le règlement. En nous permettant de rester, il se met en danger…
— Il est sûrement conscient du risque. S’il le fait, c’est que vous en valez la peine. Tu sais, la procédure normale voudrait qu’il fasse venir quelqu’un de l’extérieur pour remplacer Gibbs… et s’il a préféré te confier les rênes de notre équipe, c’est sûrement parce qu’il ne veut pas que quelqu’un prenne la place de son meilleur enquêteur. Gibbs et toi, vous êtes complémentaires… et Morrow le sait.
— Kate a raison, intervint McGee.
Tony eut un sourire songeur.
— Peut-être…
Il sursauta soudain lorsque son portable sonna. Il répondit immédiatement :
— DiNozzo !
— Ici le Docteur Williams. L’Agent Gibbs s’est réveillé il y a quelques minutes.
— Merci, j’arrive tout de suite !
Il raccrocha et expliqua la situation aux autres. Kate sourit :
— Envoie-lui nos vœux de rétablissement. On passera le voir ce soir. Et on s’occupe de prévenir tout le monde.
— Ok, merci.

A peine un quart d’heure plus tard, Tony déboulait à l’hôpital. Alors qu’il arrivait devant la chambre de son compagnon, la porte s’ouvrit sur Lune Williams. Elle sourit :
— Vous avez fait vite !
— Il va bien ?
— Oui. Je lui ai fait quelques examens préliminaires et tout semble normal. Je lui ai prescrit d’autres tests complémentaires, mais vous pouvez aller le voir en attendant qu’on vienne le chercher.
— Il… il n’a pas de séquelles ? demanda Tony, inquiet.
— Apparemment non, mais ce n’est qu’avec des examens approfondis que je pourrais en être sûre. Ah oui, que je vous prévienne : il faut qu’il évite de parler. L’intubation a irrité ses cordes vocales et il faut qu’il les laisse se reposer au maximum. Je lui ai donné un bloc-note et un crayon pour qu’il puisse communiquer.
— D’accord.
Le médecin partit. L’Italien n’attendit pas une seconde de plus. Il entra rapidement dans la chambre. Jethro était assis dans son lit, les yeux fixés sur le mur en face de lui. Il se tourna vers le nouveau venu et sourit. Le cœur de Tony se réchauffa. Il vint reprendre sa place près du lit.
— Tu sais que tu nous as fait un belle peur !
Jethro prit le papier et répondit :
Je sais.
— Tout le monde était très inquiet pour toi. Moi le premier !
Où est Wilson ?
— Il est mort. Kate l’a abattu près du caveau où il t’avait enfermé. Il nous a donné du fil à retordre. J’ai bien cru qu’on ne te retrouverait pas. Par contre…
Comme Tony ne continuait pas, Gibbs écrivit :
Quoi ?
Le jeune homme soupira et expliqua :
— J’ai été obligé de dire aux autres que nous sommes ensemble… Abby a deviné toute seule, Kate s’en doutait déjà et McGee est tombé des nues… Morrow aussi le sait…
Il baissa les yeux devant le regard furieux de son compagnon et ajouta :
— Il a l’air de bien prendre les choses… en tous cas, il ne nous a pas virés tout de suite… de toutes façons, si l’un de nous deux devait être renvoyé, ça serait moi…
Tony sursauta lorsque la main de son compagnon s’abattit sur son crâne. Il se redressa et plongea son regard dans les prunelles grises de Gibbs.
Ne dis pas de conneries !
Le jeune homme sourit. Mieux que tous les tests que pourraient lui faire passer les médecins, l’attitude de son compagnon lui prouvait qu’il allait bien. Jethro, souriant, posa la main sur l’avant-bras de Tony et l’attira vers lui. L’Italien se laissa faire, se retrouvant bientôt à genoux sur le lit, ses lèvres plaquées contre la bouche de l’ex-Marine, leurs langues se redécouvrant avec ardeur. Un toussotement les fit se séparer. Un infirmier, le rouge aux joues, se tenait dans l’encadrement de la porte avec un brancard.
— Excusez-moi, je dois emmener l’Agent Gibbs pour des examens.
Les deux hommes échangèrent un regard amusé, puis Tony lança :
— Je vais aller manger un morceau. Je serai là quand tu reviendras.
Jethro acquiesça silencieusement.

Tony se planta devant la fenêtre, le regard perdu sur le paysage au loin. Après avoir avalé rapidement un sandwich au snack en face de l’hôpital, il avait appelé Kate pour lui donner des nouvelles de leur patron, puis était revenu dans la chambre. Maintenant, il attendait son retour en réfléchissant à leur avenir. Il se rendait compte qu’il n’avait jamais été autant amoureux qu’en ce jour et ça lui faisait un peu peur. Il ne pouvait s’empêcher de s’interroger sur les sentiments de Jethro. Après tout, celui-ci avait déjà eu trois femmes et plusieurs relations sérieuses – Tony en était persuadé, même s’il ne lui en avait jamais parlé. Il sentait au plus profond de lui que Gibbs l’aimait… mais il ne le lui avait jamais dit… Il le lui avait fait comprendre par son attitude, par ses gestes tendres… et surtout lorsqu’il lui avait donné les clés de sa maison, mais il n’avait jamais prononcé ces mots que Tony rêvait tant d’entendre. Ca n’était pas la première fois qu’il doutait, mais, cette fois-ci, il avait besoin d’être rassuré. Il soupira profondément, se promettant d’en parler à son compagnon dès que celui-ci irait mieux.
Jethro fut ramené dans la chambre et réinstallé dans son lit. Tony s’assit près de lui en se forçant à sourire.
— Qu’est-ce qui se passe ? demanda l’ex-Marine d’une voix rendue rauque par l’intubation.
— Rien ! s’empressa de répondre son amant.
— Ne me mens pas, DiNozzo !
L’intéressé baissa les yeux. Il ne voulait pas avoir cette discussion si tôt, tant que Gibbs était à l’hôpital, mais, après tout, il s’avoua qu’il serait ainsi plus vite fixé. Alors, il releva la tête, plongea son regard azur dans les pupilles acier de son compagnon et se lança :
— Je t’aime, Jethro… comme je n’ai jamais aimé personne jusqu’à présent… je suis heureux avec toi, mais parfois, je me demande si tes sentiments envers moi sont… je ne dirai pas aussi forts que les miens… disons… tu me connais, Patron, je ne suis pas du genre à me lamenter mais… est-ce que tu m’aimes ?
Un éclair de surprise traversa les yeux de Gibbs. Il se contenta de répondre par une autre question :
— A ton avis ?
— Justement, je n’en sais rien ! Par tes actes, tu m’as prouvé que tu tiens à moi… mais je me demande si je ne suis qu’une passade pour toi, ou si c’est plus sérieux.
Jethro posa sa main sur le bras de son compagnon pour l’attirer à lui. Lorsque leurs visages se retrouvèrent à quelques centimètres l’un de l’autre, il souffla :
— Tu veux que je te dise que je t’aime ?
Tony répondit, le cœur serré :
— Seulement si c’est vrai.
— Je t’aime, Anthony DiNozzo.
Le jeune homme sut que c’était la vérité, il pouvait le lire dans le regard si pénétrant qui le fixait. Il ferma les yeux avant de poser ses lèvres sur celles de son amant. Le baiser, chaste au début, devint vite plus fiévreux, mais Tony le rompit lorsqu’il sentit une main de Jethro se glisser sous sa chemise.
— Tu dois te reposer… haleta t’il en s’éloignant à contrecœur.
— J’ai assez dormi ! grogna l’ex-Marine. Je n’ai pas l’intention de rester ici pendant des jours !
— Vous resterez jusqu’à ce que je vous autorise à partir ! lança une voix depuis la porte.
Les deux homme se tournèrent vers le Docteur Williams qui leur souriait.
— Je vois que vous reprenez vite des forces, Agent Gibbs.
Tony se sentit rougir, conscient qu’elle avait du surprendre leur baiser. La jeune femme s’approcha du lit en consultant le dossier de son patient.
— J’aurais les résultats des derniers examens d’ici quelques heures, mais vu le temps que vous avez passé dans le coma et, surtout, l’état de votre cœur, je préfèrerai vous garder encore quelques jours.
Gibbs s’apprêtait à râler lorsque son compagnon le devança en riant :
— Vous allez le regretter ! Il est infernal lorsqu’il est alité !
— Il pourra l’être tant qu’il voudra, il ne sortira pas d’ici tant que je ne serai pas sûre qu’il va bien.
— Je vous signale que je suis là ! lança l’ex-Marine en fronçant les sourcils.
Tony et Lune échangèrent un regard amusé, puis la doctoresse demanda :
— Vous avez entendu quelque chose, Agent DiNozzo ?
— Moi ? Non, rien. Et vous ?
— Tony !
— Oui, Patron ! répondit l’intéressé en se tournant vers son amant.
— Si tu continues à te moquer de moi, tu dormiras sur le sofa quelques temps quand je rentrerai…
Connaissant Gibbs comme il le connaissait, le jeune homme sut qu’il n’hésiterait pas à mettre sa menace à exécution.
— Je vais vous laisser vous reposer, lança le Docteur Williams.
Alors qu’elle allait sortir de la chambre, elle se retourna et leur lança avec un clin d’œil :
— J’ai dit « vous reposer » et pas autre chose…
Lorsqu’elle fut sortie, Tony soupira.
— Je vais devoir faire un saut au bureau, histoire de donner des nouvelles à tout le monde et de voir s’il n’y a pas du boulot qui m’y attend. Je reviendrai ce soir.
— Tu as plutôt intérêt… à revenir, je veux dire.
Le jeune homme sourit, déposa un léger baiser sur les lèvres de son compagnon et quitta l’hôpital.

***


Tony se réveilla en sursaut. Il tendit la main, mais la place à côté de lui était vide. Une angoisse sourde étreignit son cœur. Il se leva rapidement, priant pour que le cauchemar ne recommence pas. Alors qu’il arrivait au rez-de-chaussée, il entendit le bruit caractéristique du rabot à bois provenant du sous-sol. Soulagé, il descendit rejoindre son compagnon.
— Tu devrais dormir, lança t’il en contemplant la silhouette de Jethro.
— Je vais bien.
— Le médecin a dit que tu devais te ménager… que ton cœur avait besoin de calme et de repos.
Son amant se tourna vers lui, un sourire narquois sur le visage :
— Avec ce qu’on a fait hier soir, tu crois qu’il s’est reposé ?
Tony rougit et haussa les épaules.
— T’avais qu’à pas me masser sensuellement le dos… et le reste…
— Tu en avais besoin ; tu travailles trop.
Le jeune homme rejoignit son amant, ses pieds nus faisant crisser la sciure de bois, puis il lui jeta un regard en coin :
— Qui êtes-vous ? Qu’avez-vous fait de mon Leroy Jethro Gibbs ?
L’intéressé éclata de rire en attirant Tony contre lui.
— Je ne pense pas qu’au boulot, tu sais !
— Vraiment ? Et à quoi d’autre alors ? demanda l’Italien de sa voix la plus sensuelle.
— A toi…
Ils s’embrassèrent longuement, leurs corps pourtant rassasiés quelques heures plus tôt réclamant à nouveau des caresses. Ils se séparèrent juste le temps de remonter dans la chambre où ils purent encore une fois ne faire qu’un.

Fin.


Fic terminée le 12/08/2006.


Entrez le code de sécurité indiqué ci-dessous :
Note: Vous pouvez soumettre un rating, une review ou les deux.

Skin réalisé par Cybelia.

Disclaimer : Toutes les histoires de ce site m'appartiennent. Merci de ne pas les publier sur un autre site sans mon autorisation.
Les personnages appartiennent à leurs auteurs ou créateurs respectifs.
Je ne tire aucun profit de ces fanfics hormis ma satisfaction personnelle et celle de mes lecteurs.
Pour le RPS : Je ne prétends pas connaître la vie et les orientations sexuelles des personnes que j'utilise dans mes fanfictions. Je les utilise seulement comme des personnages pour mes fictions, même si j'utilise parfois des détails réels de leurs vie pour écrire mes fics.