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Se laisser aller


Même s’il ne pouvait s’empêcher de penser à ses équations, Charlie avait remarqué que Don semblait songeur durant tout le repas. Il n’avait presque pas dit un mot, se contentant de répondre par monosyllabes à leur père. Lorsque le dîner fut terminé, Alan monta dans sa chambre, laissant ses fils entre eux. Alors que Don s’apprêtait à quitter la maison, son cadet le retint :
— Attends, il faut qu’on parle.
— De quoi ?
— Viens.
Le mathématicien conduisit son aîné dehors, sous la véranda et l’invita à s’asseoir.
— Qu’est-ce que tu as à me dire, Charlie ? demanda son frère qui resta debout, appuyé contre la rambarde.
— Tu peux m’expliquer ce qui t’arrive ?
L’air étonné, Don répondit :
— Comment ça ?
— Depuis qu’on est rentrés, tu sembles ailleurs. Je sais bien que tu n’es pas très bavard en temps normal, mais là, on dirait que tu n’étais pas avec nous de tout le dîner.
L’agent du FBI soupira et baissa les yeux sur ses chaussures. Charlie était surpris de cette attitude embarrassée car elle ne ressemblait en rien à ce qu’il connaissait de son aîné.
— Don… tu sais que tu peux tout me dire…
— Je repensais à ce que m’a dit Daniel tout à l’heure à l’aéroport…
— Et qu’est-ce qu’il t’a dit ?
Don eut un petit temps d’hésitation avant de répondre :
— Que j’avais le droit de pleurer la mort de ma mère, moi aussi… mais j’en suis incapable…
Le cœur de Charlie se serra en voyant l’air perdu de son grand frère. Il ne s’apercevait qu’à cet instant que Don, derrière son air solide en toutes circonstances, devait souffrir de ne pas arriver à exprimer ses sentiments. Le plus jeune se leva et vint se planter devant son aîné pour l’obliger à le regarder.
— Je sais que ça n’est pas facile pour toi… peut-être qu’il faut juste que tu te laisses aller… Ecoute, Don… Depuis qu’on est enfants, tu as toujours été là pour moi lorsque j’avais besoin de toi et de ton épaule pour pleurer… Aujourd’hui, je suis là pour toi… et, quoi qu’il arrive, je serai toujours là.
— Je sais… mais je n’y arrive pas…
Charlie lui sourit tendrement.
— Ca viendra quand ça viendra, je le sais. Et, ce jour-là, tu pourras compter sur moi.
Don lui sourit à son tour.
— Tu devrais peut-être rester ce soir, suggéra le plus jeune.
Son aîné acquiesça silencieusement et ils montèrent dans leurs chambres respectives.

***


Charlie ne dormait pas, il n’arrêtait pas de repenser à sa discussion avec Don, quelques heures plus tôt. Soupirant, il se leva et se dirigea vers la chambre de son frère. Alors qu’il hésitait devant la porte, il entendit la voix de son aîné qui semblait se débattre dans un cauchemar. Charlie poussa le battant sans bruit, entra et referma derrière lui. Don s’agitait dans son lit et se redressa soudain en gémissant son prénom. Charlie se précipita près de lui, s’asseyant au bord du lit. En le voyant, Don l’attrapa pour le serrer dans ses bras à l’étouffer. Il murmura :
— J’ai eu si peur…
— Raconte-moi.
— Tu te faisais tuer sous mes yeux… je ne pouvais rien faire pour te sauver…
Un violent frisson traversa le corps de l’aîné. Charlie lui caressa tendrement le dos, essayant de faire taire l’envie dérangeante qui s’insinuait peu à peu en lui alors qu’il se retrouvait ainsi blotti dans les bras de son frère.
— Je ne le supporterais pas… je ne pourrais pas survivre si je te perdais… souffla Don.
— Ne dis pas de bêtise, sourit le plus jeune.
Son frère le repoussa doucement pour plonger son regard dans le sien. Charlie sentit son cœur manquer un battement lorsqu’il vit les larmes qui inondaient les joues de son aîné. C’était la première fois de sa vie qu’il voyait Don pleurer… enfin. Il le serra à nouveau contre lui tandis que de violents sanglots secouaient le corps du plus âgé.
— Vas-y, Don… je suis là… je serai toujours là…
De longues minutes s’écoulèrent, durant lesquelles l’aîné pu enfin laisser libre court à toutes les émotions qu’il avait enfouies au plus profond de lui depuis des années. Lorsqu’il s’apaisa, il garda Charlie dans ses bras, le visage caché dans les boucles brunes de son cadet. Alors que le plus jeune commençait à se demander si son frère ne s’était pas endormi, il sentit les lèvres de celui-ci se poser dans son cou, lui arrachant un frisson de désir.
— Don… murmura t’il.
Son aîné ne répondit pas. Il laissa sa bouche remonter vers la mâchoire du plus jeune qui ne put retenir un gémissement. Ecarlate, Charlie tenta de se dégager de l’étreinte de son frère avant que celui-ci ne comprenne qu’il n’était pas indifférent à ses caresses mais Don le serrait fermement contre lui, n’ayant apparemment aucune envie de le laisser partir. Soudain, les lèvres de l’aîné se posèrent sur celles du cadet qui ferma les yeux, se laissant porter par l’explosion de sensations que ce baiser lui procurait. Lorsque leurs langues se rencontrèrent, Charlie réalisa ce qui se passait : il était en train d’embrasser son frère… comme il en rêvait depuis des mois, depuis qu’il avait réalisé qu’il ne pourrait jamais sortir avec Amita puisqu’il aimait Don de tout son être.
Lorsque le baiser se rompit, Charlie ouvrit la bouche pour parler, mais son frère l’en empêcha d’un doigt sur les lèvres :
— Non… j’aimerais juste oublier que nous sommes frères… juste une nuit… s’il te plait…
Cette demande faisait tellement écho à ses propres sentiments que le plus jeune ne put qu’accepter, même s’il savait qu’il le regretterait le lendemain matin, même s’il savait que ça ne serait que pour quelques heures et que ça n’arriverait plus jamais. Il en avait trop envie. Tout son corps réclamait celui de Don contre lui, en lui… Alors, pour quelques instants, il oublia qui il était, il oublia qui était cet homme qui lui procurait autant de plaisir, il oublia que ce qu’ils faisaient était contre la morale… il étaient juste deux hommes qui partageaient un moment vibrant d’amour et de tendresse.

Fin.


Fic écrite le 07/08/2006


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Skin réalisé par Cybelia.

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