« P = NP »
C’était son refuge depuis des années lors des coups durs et, aujourd’hui, ça ne dérogeait pas à la règle. Il avait fait une erreur terrible. Par sa faute, des dizaines de personnes étaient mortes ou blessées parce qu’il n’avait pas su donner la bonne localisation de la bombe que Don l’avait chargé de trouver.
Sachant qu’il n’aurait pas pu supporter de lire des reproches dans le regard de son frère, il était parti du bureau du FBI avant le retour de celui-ci. Dès qu’il était rentré chez lui, il s’était enfermé dans le garage et s’était replongé dans son refuge, cette équation insoluble.
Il ne se retourna pas lorsqu’il entendit la porte s’ouvrir, essayant de se concentrer sur ce morceau de formule qui le narguait depuis plusieurs minutes. Il sursauta lorsque la main de Don se posa sur son épaule.
— Charlie ?
Il ne répondit pas car il savait que la boule dans sa gorge éclaterait s’il ouvrait la bouche.
— Ce n’est pas de ta faute… souffla son frère, juste derrière lui. Tu as fait de ton mieux.
Il secoua la tête négativement et se dégagea de cette main qui lui brûlait la peau à travers son t-shirt. Il se sentait si coupable ! Rien de ce que Don dirait ne pourrait le consoler, il en était conscient.
— Charlie… parle-moi…
Le mathématicien serra les dents et s’éloigna en suivant son tableau vers le fond de la pièce. Don revint se coller derrière lui :
— Je t’interdis de faire ça ! insista l’aîné en l’obligeant à se retourner.
Charlie détourna le regard mais son frère lui prit le menton et l’obligea à relever la tête.
— Tu n’es pas coupable de ce qui est arrivé. Tu ne pouvais pas prévoir que ce type allait changer son mode opératoire.
— J’aurais du… tous ces morts…
— Tu n’y es pour rien. Tu ne dois pas te torturer pour quelque chose que tu ne pouvais pas empêcher, souffla Don en l’enlaçant tendrement.
Le plus jeune sentait les larmes inonder ses yeux. Il ne voulait pas que son aîné le voie pleurer et ferma les paupières pour empêcher ses pleurs de couler. Il se figea en sentant des lèvres se poser doucement sur les siennes. Puis elles vinrent se placer à côté de son oreille et murmurer :
— Laisse-moi être ton refuge.
Et, pour la première fois depuis des années, Charlie se sentit rassuré, ainsi blotti entre les bras de Don et sut qu’il n’aurait plus besoin d’un autre refuge que l’étreinte si tendre de celui qu’il aimait.
