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La voix de la raison


Trois ans étaient passés, mais il avait l’impression que rien n’avait changé. Il était toujours seul. Et il se retrouvait dans une chambre d’hôpital, assis sur une chaise inconfortable, à espérer voir sortir du coma l’un des êtres qu’il aimait le plus sur terre. La seule chose qui avait changé, c’était l’identité de cette personne : ce n’était plus Kyle, mais Shawn. Cela faisait maintenant plus d’un mois qu’Isabelle l’avait « interrogé » et qu’il était dans le coma. Chaque jour, Tom perdait un peu plus espoir. Pas seulement pour Shawn, mais aussi pour tout le reste : Diana était partie en Espagne avec Ben et Maïa, Alana avait mystérieusement disparu, Kyle était quelque part en train de prêcher la bonne parole pour Jordan Collier… et celui-ci continuait à distribuer gratuitement son stock de promicine aux défavorisés et à tous ceux qui étaient assez fous pour tenter leur chance. 50/50… le taux de mortalité du à la protéine des 4400 n’avait pas changé. Chaque jour, de nouveaux cadavres étaient retrouvés… et chaque jour, des « non-4400 » développaient des capacités extraordinaires.
Il se sentait fatigué. Il n’en pouvait plus de courir après des chimères. Il savait très bien que rien ne pourrait plus arrêter Collier… et il commençait à ne plus en avoir envie… A présent que la seule menace sérieuse, à savoir Isabelle, était neutralisée, il n’aspirait plus qu’à une seule chose : se reposer enfin. Jarvis avait d’ailleurs failli faire une attaque lorsque, quelques jours plus tôt, il lui avait demandé un congé sans solde à durée indéterminée. Il lui avait posé un ultimatum : soit il avait ce congé, soit il démissionnait. Mais, à présent, il se demandait si ça ne reviendrait pas au même.
Il se passa une main sur le visage, puis reporta son attention sur Shawn. Il n’y avait eu aucune amélioration, rien qui pourrait laisser penser que son neveu allait s’en sortir… pourtant Tom était là… tous les jours… Il n’avait plus que Shawn… et il se raccrochait désespérément à lui, à l’infime espoir de le voir se réveiller un jour.
Son estomac se mit à grogner. Il soupira.
— Je vais aller manger un morceau, je reviens.
Il ne savait pas si Shawn l’entendait, mais il n’avait personne d’autre à qui parler. En se dirigeant vers la cafétéria de l’hôpital, il passa devant un téléphone et hésita. Il prit le combiné, commença à composer un numéro, puis raccrocha en soupirant. Il savait très bien qu’il tomberait encore sur la messagerie de Kyle. Et qu’il n’arriverait pas à le faire changer d’avis. De temps en temps, il laissait un message, histoire de donner des nouvelles. Mais il n’en recevait aucune en retour. Il reprit son chemin.

Le ventre plein, Tom retourna vers la chambre de son neveu. Alors qu’il arrivait dans le couloir, il y vit une agitation inhabituelle. Pris d’un mauvais pressentiment, il se précipita, mais une infirmière l’empêcha d’entrer.
— Qu’est-ce qui se passe ?
— On s’occupe de lui !
— C’est mon neveu ! Qu’est-ce qui se passe ?
— Agent Baldwin, calmez-vous !
A ces mots, Tom s’énerva un peu plus. Il réussit à repousser l’infirmière et à entrer dans la chambre. Il se figea en voyant que le médecin avait découvert le torse de Shawn et s’apprêtait à utiliser le défibrillateur.
— On dégage !
Le premier choc fut sans effet. Le second également. Tom ne put retenir un gémissement :
— Shawn, je t’en prie…
L’infirmière voulut le faire sortir, mais il tint bon. Il voulait être là. Il voulait savoir. Le troisième choc fut le bon. Le bip du moniteur cardiaque retentit à nouveau régulièrement. Tom soupira profondément. Ses yeux le piquaient ; il les essuya d’un revers de la manche. Le médecin s’approcha de lui.
— Venez, j’ai à vous parler.
Tom était réticent à quitter la pièce, mais suivit tout de même le docteur dans le couloir.
— Comme vous l’avez vu, Shawn a fait un arrêt cardiaque, mais nous avons réussi à le ramener. Son état est à nouveau stable. Mais, je ne vous cacherai pas que je suis inquiet.
— Pourquoi ?
— Jusqu’à présent, son état n’avait évolué ni en bien, ni en mal. A présent, j’ai peur qu’il ne s’enfonce doucement.
— Qu’est-ce que vous voulez dire exactement ? Qu’il est en train de mourir, c’est ça ?
Le médecin hocha lentement la tête.
— Je suis désolé…
Tom était à la fois furieux et abattu. Il s’appuya au mur, le regard fixé sur le sol. Il avait besoin de quelques instants pour digérer l’information.
— Combien de temps ? demanda t’il sans lever les yeux.
— Quelques jours… peut-être des semaines… Vous devez vous préparer au pire.
Une infirmière les rejoignit.
— Docteur, on a besoin de vous en réa.
— J’arrive. Agent Baldwin, si vous avez besoin de parler, nous avons une cellule de soutien psy…
— Ca ira, merci ! lança t’il froidement.
Sans un regard pour le médecin et l’infirmière, il rentra dans la chambre. Il rapprocha sa chaise qui avait été écartée pour permettre au personnel soignant de s’occuper de Shawn, puis se réinstalla. Il prit la main de son neveu dans les siennes, la serrant très fort. Les larmes se mirent à couler sur ses joues. Il posa sa tête sur le torse du jeune homme alors que des sanglots le secouaient brutalement. Il se calma peu à peu, finissant par s’endormir dans cette position, bercé par les battements de cœur réguliers et lents de Shawn.

Le lendemain matin, Tom s’éveilla tout courbaturé de sa nuit sur la chaise. Il se redressa, frotta ses yeux endormis, puis s’étira longuement. Son regard se posa sur le visage paisible de Shawn. Il soupira profondément en passant une main sur le front du jeune homme.
— Tu dois te battre… il y a des gens qui t’aiment et qui veulent que tu te réveilles…
Il resta un moment à caresser la joue de son neveu, pris d’un trouble nouveau, puis se secoua. Il devait chasser ces pensées dérangeantes qui commençaient à apparaître dans son esprit. Il n’avait pas le droit de les laisser exister. Il se passa une main sur le visage avant de disparaître dans la salle de bains. Il avait besoin de se rafraîchir un peu.
Lorsqu’il revint dans la chambre, une jeune femme brune était assise au bord du lit, les yeux fermés, les mains posées à plat sur le torse de Shawn.
— Qui êtes-vous ? Qu’est-ce que vous faites là ?
Elle ne répondit pas. Tom allait à nouveau l’interroger lorsqu’il remarqua qu’elle fronçait les sourcils. Elle semblait se concentrer… comme le faisait son neveu lorsqu’il avait du mal à soigner une personne. Sachant que la situation ne pouvait pas être pire, il attendit. Au bout d’un long moment, il vit avec stupeur les paupières de Shawn s’ouvrir doucement. La jeune femme s’écarta. Elle souriait mais avait l’air épuisée. Tom appuya presque frénétiquement sur le bouton d’appel tandis que le regard interrogatif de son neveu se posait tour à tour sur lui et sur l’inconnue.
— Tout va bien, Shawn, le rassura t’il en posant une main sur son épaule.
Une infirmière entra, vit ce qui se passait et ressortit. Elle revint quelques secondes plus tard avec le médecin. Celui-ci dévisagea son patient, Tom et la jeune femme, éberlué. Puis, son professionnalisme reprit le dessus :
— Agent Baldwin, Mademoiselle, veuillez attendre dehors le temps que j’examine Monsieur Farrell.
Tom avait besoin de réponses. Il prit le bras de l’inconnue et la conduisit dans le couloir, jusqu’à un groupe de chaises placées contre le mur. Elle s’assit et murmura :
— Merci…
— Je pense que c’est à moi de vous remercier… mais d’abord, qui êtes-vous ? demanda t’il en prenant place à côté d’elle.
— Je m’appelle Lune Williams. Il y a dix-huit mois, j’ai eu un très grave accident de voiture. J’étais dans le coma et les médecins n’avaient aucun espoir. Mes parents ne l’ont pas supporté. Ils ont fait appel au Centre des 4400, leur promettant un don substantiel si Shawn me soignait… Ils avaient entendu parler de lui par l’un de leurs amis dont il avait guéri le fils d’une leucémie. Shawn est venu à la clinique où j’étais et, en quelques minutes, il m’a sauvée… Lorsque j’ai appris que de la promicine était distribuée gratuitement, j’ai voulu tenter ma chance. Je voulais pouvoir aider les gens comme Shawn l’avait fait pour moi. Je connaissais les risques, mais j’avais confiance… et, peu de temps après la première injection, j’ai commencé à développer le même pouvoir que lui : je peux guérir les gens.
— C’est formidable… souffla Tom. Mais, comment êtes-vous arrivée jusqu’ici ? L’accès à ce bâtiment est réglementé.
— Ce matin, très tôt, j’ai reçu un coup de téléphone d’un certain Marco Pacella.
— Marco ?
— J’en déduis que vous le connaissez, sourit Lune. Il m’a dit qu’il travaillait ici, au NTAC, et que Shawn Farrell était dans le coma. Ca m’a fait un choc. Après ce qu’il avait fait pour moi, j’ai bien sûr voulu l’aider… Monsieur Pacella m’a dit qu’il s’occupait de tout, que je n’aurais qu’à me présenter au contrôle en donnant mon nom et que je pourrai entrer. Et, c’est ce que j’ai fait. Vous connaissez la suite…
Tom se releva, abasourdi. Il avait du mal à croire à toute cette histoire et, pourtant, il l’avait vu : cette jeune femme avait sauvé la vie de Shawn. Soudain, un signal d’alarme s’alluma dans sa tête :
— Vous ne devez pas rester ici ! Je vous suis très reconnaissant pour ce que vous avez fait, mais c’est dangereux. Certaines personnes ici pourraient vouloir vous enfermer.
— Je sais. Monsieur Pacella m’avait prévenu des risques. Il m’a dit de ne me fier à personne… à part vous…
— Venez, je vais vous faire sortir.
— Merci.
Tom sourit. Il conduisit la jeune femme à travers les dédales des couloirs. Lorsqu’ils débouchèrent à l’extérieur, elle se tourna vers lui :
— Dites à Shawn que je suis ravie d’avoir pu l’aider, même s’il ne se souvient probablement pas de moi.
— Bien sûr.
— Prenez bien soin de lui… Il a besoin de vous, plus que de personne d’autre au monde.
— Je vous le promets. Mais maintenant, filez !
Lune l’embrassa brièvement sur la joue, puis partit en courant vers le parking. Tom soupira. Alors que la jeune femme disparaissait de sa vue, sa dernière phrase lui revint en mémoire : Il a besoin de vous, plus que de personne d’autre au monde. Il se demanda ce qu’elle avait voulu dire. Il rentra dans le bâtiment et se hâta de rejoindre la chambre de son neveu, essayant de ne pas trop laisser son esprit s’égarer.

Lorsqu’il arriva devant la chambre, le médecin en sortait.
— Comment va t’il ?
— Très bien ! répondit le médecin, l’air étonné. Il n’a aucune séquelle… il n’y a même rien qui laisse indiquer que Shawn ait été dans le coma !
Tom sentit une grande vague de soulagement l’envahir. Sans attendre la suite, il entra dans la chambre. Son neveu était tourné vers la fenêtre, l’air pensif. En l’entendant, il se tourna vers lui et sourit largement.
— Oncle Tommy !
Tom avait la gorge nouée. Sans un mot, il vint s’asseoir au bord du lit et serra Shawn contre lui.
— J’ai eu si peur… murmura t’il. J’ai bien cru que j’allais te perdre toi aussi…
Le jeune homme le repoussa doucement et l’interrogea du regard. Tom se détourna, troublé. Il alla se rasseoir sur sa chaise alors que Shawn lançait :
— Le docteur a dit que je suis resté un mois dans le coma. Qu’est-ce qui s’est passé pendant ce temps ?
L’agent du NTAC entreprit de tout raconter, n’omettant aucun détail. Lorsqu’il eut terminé, son neveu soupira profondément :
— Ainsi, Jordan a réussi son coup…
— Oui. A présent, la promicine est trop dispersée pour qu’on puisse empêcher les gens d’en prendre. Et Collier est introuvable.
— Je vais retourner en prison ?
— Probablement. Sauf si tu nous aides à le chercher…
Shawn baissa les yeux sur ses mains jointes.
— Je ne peux pas faire ça…
— Pourquoi ? s’énerva Tom. Pourquoi tu continues à le protéger alors qu’il n’a rien fait pour toi durant tout ce temps ? Je comprends qu’on puisse être loyal à une personne ou à des idéaux… mais je pensais que tu n’étais pas d’accord avec ses idées. Alors, expliques-moi pourquoi tu t’entêtes à…
— Je l’aimais… l’interrompit le jeune homme d’une voix faible.
— Tu… quoi ? s’exclama son oncle, pas sûr d’avoir bien compris ce qu’il avait entendu.
Shawn répéta un peu plus fort :
— Je l’aimais…
Tom resta un instant abasourdi.
— Attends… tu veux dire que Collier et toi…
— On a été ensemble… avant sa « mort »… Mais depuis qu’il est revenu, il a changé… et moi aussi. Mes sentiments pour lui… je ne sais même pas si je peux encore dire que je l’aime… je ne sais plus trop où j’en suis… mais je ne peux pas le trahir…
— Pourtant, tu l’as fait une fois ! Tu es venu nous avertir pour l’attaque…
— J’avais peur que des gens soient tués… je ne voulais pas que des innocents meurent… mais c’était juste un test. Il voulait savoir si je lui serai loyal jusqu’au bout. C’est là que j’ai compris que quelque chose avait changé. Avant, il m’aurait fait confiance sans hésiter. Tout ça est encore confus dans ma tête, mais une chose est sûre : je ne le trahirai pas à nouveau.
En disant cette dernière phrase, Shawn avait levé les yeux vers son oncle. Leurs regards étaient soudés. Et ce que Tom put lire dans les iris sombres de son neveu démentait ses paroles. Il ne comprenait pas ce qui se passait dans la tête de Shawn, mais sentait que c’était en rapport avec le fait qu’ils étaient dans les locaux du NTAC.
— Oncle Tommy, tu as prévenu Maman et Danny ?
— Non, j’avais complètement oublié ! Je vais les appeler. Tu as besoin de quelque chose ?
Le jeune homme sourit :
— J’ai faim ! Mais j’ai déjà goûté à la bouffe ici… et c’est pas top…
— Je vais voir ce que je peux faire, sourit Tom.
Il quitta la chambre, un peu étourdi par les derniers évènements.

A présent que Shawn était réveillé, Tom savait que le NTAC allait remettre la pression sur lui pour qu’il les aide à trouver Jordan Collier. Mais il n’avait aucune envie de les laisser faire. Il avait vu ce que ça avait donné la dernière fois, il ne voulait pas à nouveau prendre le risque de le perdre. Il fallait qu’il trouve un moyen de convaincre Nina Jarvis de laisser sortir Shawn et de le placer sous sa surveillance. Alors qu’il se dirigeait vers le bureau de sa supérieure et cherchait ce qu’il allait lui dire, il tomba sur Marco au détour d’un couloir.
— Salut Tom ! J’ai appris que Shawn s’est réveillé.
— Oui… merci pour tout.
L’analyste sourit. Tous deux savaient qu’il ne pouvait pas parler de Lune au beau milieu du NTAC, mais ils n’avaient pas besoin de mots pour se comprendre.
— Je vais voir Jarvis. A plus tard.
— Ok.
Tom continua son chemin. Il trouva sa supérieure dans son bureau. En le voyant entrer, elle demanda :
— Comment va Shawn ?
— Bien. Le médecin dit qu’il n’a aucune séquelle.
— Tant mieux.
— Nina, j’aimerais vous demander une faveur… est-ce que…
Elle l’interrompit :
— Vous aimeriez que je vous laisse ramener votre neveu chez vous ?
Il lui adressa un regard surpris :
— Oui… c’est exactement ça…
— C’est d’accord.
Cette fois-ci, Tom était abasourdi. Lui qui s’attendait à devoir lutter âprement pour obtenir gain de cause se retrouvait pris au dépourvu par sa réponse.
— Je ne comprends pas… je veux dire, je suis ravi de votre décision, mais pourquoi vous le laissez sortir aussi facilement ?
— Je suis réaliste, Tom. Shawn ne peut plus rien faire pour nous aider à coincer Collier. Aujourd’hui, son ancien mentor ne se soucie plus du tout de lui, sinon, ça fait bien longtemps qu’il aurait fait quelque chose pour le faire sortir d’ici, même dans le coma. Et puis, je me dis qu’au moins, si Shawn est chez vous, il sera sous surveillance constante de l’un de nos agents.
— Agent en congé, je vous le rappelle.
— Plus à partir d’aujourd’hui. Je vous réintègre avec effet immédiat et vous avez pour mission d’assurer la protection de Shawn Farrell.
— Protection ? s’étonna Tom. Vous pensez qu’il est en danger ?
— Tout est possible avec Collier et le groupe Nova. Rentrez chez vous, Tom, et prenez soin de lui. Je vous demanderai juste d’être disponible si j’ai besoin de vous.
— D’accord. Merci, Nina.
Elle sourit faiblement.
— Vous avez des amis, Tom, ne l’oubliez pas…

***


Cela faisait maintenant trois jours que Tom avait ramené son neveu chez lui. Shawn avait eu la visite de sa mère et de son frère. Aujourd’hui, c’était au tour de Nicky, son ex-petite amie. Celle-ci semblait vouloir reprendre leur histoire où ils avaient du l’interrompre à cause d’Isabelle, mais le jeune homme n’avait pas l’air du même avis. Alors qu’ils étaient tous dans le salon, Tom vit que Shawn faisait tout pour repousser la jeune femme, essayant de mettre le plus de distance possible entre eux. L’agent du NTAC vint alors à la rescousse de son neveu.
— Je crois que Shawn a besoin de se reposer, Nicky.
La blonde adressa un regard surpris à son ami, puis à Tom. Elle soupira :
— Bon, d’accord. Je ne veux pas que tu te fatigues à cause de moi !
Lorsqu’elle fut partie, Shawn souffla :
— Merci, Oncle Tommy ! Je ne savais pas comment me débarrasser d’elle sans être blessant. Je l’aime bien, mais elle attend autre chose de ma part… quelque chose que je ne suis plus en mesure de lui donner…
Tom se leva, repoussant les questions qui se bousculaient dans sa tête. Il avait plein d’interrogations au sujet de la relation que Shawn avait eue avec Jordan Collier, mais il ne voulait pas raviver de mauvais souvenirs chez son neveu. Le pire dans toute cette histoire, c’était le sentiment de trahison qui lui étreignait immanquablement le cœur lorsqu’il les imaginait ensemble. Il savait exactement ce que c’était, pourquoi il ressentait cela, mais il ne voulait pas, il devait lutter et combattre tout ce qui pourrait le pousser dans cette voie qu’il refusait d’emprunter. Il sursauta presque lorsque la voix de Shawn s’éleva dans la pièce :
— Oncle Tommy, ça va ?
Il se secoua et répondit rapidement :
— Oui oui, ce n’est rien. Qu’est-ce que tu veux pour le dîner ? demanda t’il afin de repousser les questions que son neveu pourrait lui poser.
— Je ne sais pas, je te laisse choisir.
— J’ai pas trop envie de cuisiner ce soir… une pizza, ça te tente ?
— Ca serait parfait ! sourit le jeune homme.
Tom disparut rapidement dans la cuisine. Lorsqu’il eut mis le plat dans le four, il s’arrêta, les mains posées sur le plan de travail, les yeux fermés. Et, encore une fois, la phrase qu’avait prononcée Lune avant de quitter le NTAC lui revint en mémoire : Il a besoin de vous, plus que de personne d’autre au monde.
— Non… gémit-il. Il ne faut pas… je ne dois pas… Pourquoi il a fallu que ça arrive ?
Il se morigéna. Il devait être fort, ne pas se laisser emporter par ses émotions. Il n’avait pas le droit de gâcher plus la vie de Shawn qu’elle ne l’était déjà.

Le soir même, au cours du dîner, le jeune homme demanda :
— Alana te manque ?
Pris au dépourvu, Tom bredouilla entre deux bouchées :
— Oui… oui, bien sûr…
— Tu as une idée de la raison pour laquelle « ils » l’ont à nouveau enlevée ?
— Aucune… mais ça fait sûrement partie de leur plan…
— Que veux-tu dire ?
Tom soupira profondément. Il n’avait pas encore eu l’occasion de raconter à Shawn ce qui s’était passé lorsqu’il avait reçu la seringue et l’ordre de tuer Isabelle.
— Tu as tenté de te suicider ? s’exclama Shawn, ébahi.
— Je savais qu’ils ne me laisseraient pas mourir… enfin, je l’espérais très fort, sourit Tom.
— Je suis heureux que tu aies eu raison…
— Moi aussi.
Ils finirent de dîner. Alors que l’agent du NTAC débarrassait, son neveu souffla :
— Je vais me coucher, je suis fatigué.
— D’accord. Bonne nuit !
— A toi aussi.
Tom rangea tout, puis monta à son tour. Il alla prendre une douche, enfila son pantalon de pyjama et s’allongea sur son lit. Il ferma les yeux mais ne parvint pas à trouver le sommeil, trop de choses se bousculaient dans sa tête.

Il était près de deux heures du matin lorsque Tom, qui avait enfin réussi à s’endormir, fut réveillé par des gémissements provenant de la pièce voisine. Il se leva d’un bond, inquiet. Lorsqu’il poussa la porte de la chambre, celle-ci était plongée dans l’obscurité. Il tâtonna à la recherche de l’interrupteur. La lumière l’éblouit un court instant mais ne réveilla pas Shawn qui semblait aux prises avec un cauchemar. Tom s’approcha, s’assit au bord du lit et le secoua, d’abord doucement, puis un peu plus fort en voyant que ça n’avait aucun effet. Soudain, le jeune homme ouvrit les yeux. Il avait l’air terrorisé. Il ne sembla pas reconnaître son oncle au premier abord. Tom posa doucement une main sur sa joue en soufflant :
— Shawn, c’est moi… tout va bien, tu ne risques rien…
Sans un mot, le jeune homme se jeta dans les bras de son oncle, enfouissant son visage dans son cou, tremblant comme une feuille.
— Là… calme-toi, je suis là…
Tom lui caressait doucement le dos à travers son tee-shirt. Il n’avait jamais vu quelqu’un sortir aussi effrayé d’un cauchemar… mais il savait que Shawn avait vécu des choses plus horribles que la plupart des gens. Il le garda contre lui un long moment, luttant pour faire taire ses sentiments malsains. Le jeune homme finit par se calmer. Tom l’aida à se rallonger et demanda :
— Tu veux en parler ?
Shawn secoua la tête :
— Non… mais…
Une légère rougeur avait envahi ses joues alors qu’il soufflait :
— Tu veux bien rester avec moi ?
L’instinct de Tom le poussait à refuser. Il n’était pas sûr de parvenir à se contrôler… mais Shawn avait besoin de lui et il ne pouvait pas le laisser tomber. Alors il sourit :
— Fais-moi un peu de place.
Il éteignit la lumière, fit le tour du lit et vint s’allonger près de son neveu, s’arrangeant pour que leurs corps ne se touchent en aucune manière. Shawn s’installa sur le côté, face à lui, et ferma à nouveau les yeux. Quelques minutes plus tard, Tom entendit sa respiration devenir plus lente et sut qu’il s’était endormi. Il ferma à son tour les paupières, ne tardant pas à le suivre au pays des songes.

***


Des lèvres douces se posèrent sur les siennes, le tirant lentement du sommeil. Il savoura la sensation très agréable jusqu’au moment où son esprit réalisa ce qui se passait. Il ouvrit brusquement les yeux et repoussa Shawn qui lui adressa un regard contrit. Avant que Tom ait eu le temps de dire quoi que ce soit, son neveu s’était levé d’un bond et avait quitté la chambre. L’agent du NTAC passa une main sur son visage pour chasser les dernières brumes du sommeil. Il s’assit, essayant sans succès d’ignorer le trouble qui s’était emparé de lui. Il devait se l’avouer, il avait beaucoup apprécié ce baiser impromptu. Et il s’en voulait… Cela faisait des semaines qu’il se battait contre lui-même, contre ces sentiments contre-nature qu’il ressentait pour son neveu… et il se rendait à présent compte qu’il était en train de perdre la bataille. Chaque jour, son attachement pour Shawn grandissait… tout comme son désir… Il prit sa tête entre ses mains. Il ne fallait pas qu’il laisse le jeune homme se faire des illusions, il devait tout arrêter tant que c’était encore possible, tant qu’ils n’avaient pas franchi le point de non-retour.
Tom finit par se lever. Il passa dans sa chambre, prit une douche rapide et s’habilla. Lorsqu’il descendit, Shawn était assis à la table de la cuisine, les yeux fixés sur un verre vide qu’il faisait rouler entre ses mains.
— Shawn, il faut qu’on parle… souffla l’agent du NTAC en se servant une tasse de café.
Le jeune homme ne répondit pas. Tom prit place en face de lui, but une gorgée et ouvrit la bouche pour parler mais son neveu fut plus rapide :
— Je suis désolé, Oncle Tommy… je ne sais pas ce qui m’a pris… je n’aurais jamais du faire ça… Je ne sais plus vraiment où j’en suis… Je comprendrais si tu ne voulais plus que je reste ici…
Tom sentit son cœur se serrer. Il répondit :
— Tu n’as pas à partir.
Shawn leva les yeux vers lui, l’air ennuyé.
— Je ne veux pas être un fardeau pour toi. Franchement, ça ne me dérange pas plus que ça de retourner au NTAC.
— Tu ne comprends pas, soupira son oncle. Je ne veux pas que tu t’en ailles.
Tom n’avait pas pu empêcher sa voix de trembler. Il savait qu’il s’aventurait sur un chemin glissant, mais il n’en pouvait plus. Il était fatigué de devoir toujours mentir et dissimuler ses sentiments. Tout au fond de lui, la voix de la raison lui disait de résister, de ne pas se laisser aller, que toute cette histoire ne pourrait que mal se terminer et les ferait souffrir tous les deux. Pourtant, depuis un court instant, cette voix se faisait de plus en plus faible… elle s’effaçait devant la force de ses sentiments et son besoin d’être aimé. Il baissa les yeux sur sa tasse, contemplant les volutes de fumée qui s’en échappaient. Il cherchait ce qu’il allait bien pouvoir dire pour faire comprendre à Shawn ce qu’il ressentait sans le choquer. Il hésitait… surtout à cause de ce baiser que le jeune homme lui avait donné quelques minutes plus tôt. Il se demandait si ça voulait dire qu’il y avait une infime possibilité que ses sentiments soient réciproques.
Perdu dans ses pensées, il sursauta lorsque Shawn posa un peu brusquement son verre sur la table. Leurs regards se croisèrent et restèrent soudés. Sans trop se rendre compte de ce qu’il faisait, Tom se leva, contourna la table et vint se planter devant son neveu. Il avait fait taire la voix de sa raison, il ne voulait plus se mentir, plus fuir… et s’en foutait des conséquences… il aurait tout le temps de s’en occuper lorsqu’elles surviendraient. Leurs regards ne s’étaient pas quittés. Tom prit le visage de Shawn entre ses mains et se pencha lentement. Le contact visuel se rompit alors qu’ils fermaient tous deux les yeux au moment où leurs lèvres se retrouvaient. Le jeune homme n’hésita pas à ouvrir la bouche pour accueillir sa langue curieuse et câline. Tom l’attira plus près, l’obligeant à se lever pour l’enlacer. Il sentit son corps s’embraser de désir et se laissa submerger, savourant la douceur et la langueur de ce baiser.
Soudain, un bruit les fit sursauter. Ils se séparèrent un peu brusquement et se tournèrent vers ce qui les avait dérangés. Tom sentit son sang se figer dans ses veines alors que son regard se posait sur Alana qui les observait avec une expression de dégoût sur le visage.
— Thomas ! Comment peux-tu faire ça ?
Il s’avança lentement vers elle :
— Alana, laisse-moi t’expl…
Il s’interrompit lorsqu’il se retrouva face au canon d’un revolver que son ancienne compagne braquait sur lui. Il n’était bien entendu pas armé. Il leva les mains, inquiet. Une lueur de haine était apparue dans les yeux de la jeune femme.
— Recule !
Tom obéit, réfléchissant rapidement à toutes les options qui s’offraient à lui. Il s’arrêta à côté de Shawn qui avait aussi levé les mains.
— Thomas, tu me déçois énormément. Je pensais te connaître, je pensais que tu étais un homme bien… et là, je découvre que tu…
Elle s’arrêta un court instant, puis reprit :
— « Ils » m’ont dit qu’ils me renvoyaient avec une mission sans me dire ce que c’était… à présent, j’ai compris ! Ils veulent que je me débarrasse de lui !
Tout en parlant, elle avait braqué son arme sur Shawn. Tom vit son doigt se crisper sur la détente. Il ne réfléchit par, réagissant par réflexe et s’interposa entre le revolver et son neveu. Il entendit le coup de feu juste avant qu’une douleur terrible ne lui déchire les entrailles, la balle l’ayant traversé de part en part. Il s’effondra sur le sol, terrassé par la douleur. Il était à peine conscient mais vit avec horreur Shawn se jeter sur Alana. Ils roulèrent à terre, se battirent un moment et un nouveau coup de feu retentit. Le jeune homme se releva lentement alors que l’ancienne compagne de son oncle gisait sur le sol, sans vie. Sans perdre un instant, Shawn se précipita vers Tom et s’agenouilla près de lui. Il posa ses mains sur la blessure qui saignait abondamment, ferma les yeux, concentra son pouvoir. La douleur était trop forte et Tom perdit connaissance.

Une voix douce et familière lui parlait, l’appelait.
— Reviens… tu n’as pas le droit de m’abandonner… reviens… j’ai besoin de toi… tu es la seule personne qui compte pour moi… Tom, je t’en prie… reviens…
Il sentit la douleur refluer. Peu à peu, il parvenait à reprendre ses esprits. Il prit plusieurs grandes inspirations. Il sentait les mains de Shawn posées sur son ventre, à l’endroit où la balle était entrée. Il ouvrit les paupières, se regard se posant immédiatement sur son neveu. Tom fut bouleversé par les larmes qui baignaient les joues du jeune homme. Un léger sourire apparut sur les lèvres de Shawn alors qu’il soufflait :
— Tu m’as fait une de ces peur…
Il aida son oncle à s’asseoir. Tom tourna la tête vers le corps sans vie d’Alana. Il n’arrivait pas à être attristé par sa mort. Quelques mois plus tôt, il n’aurait pas pu envisager de vivre sans elle… et là… il était presque indifférent… Il reporta son attention sur Shawn, soudainement inquiet.
— Tu vas bien ? Tu n’es pas blessé ?
— Non non… quand on s’est battus, le coup est parti tout seul… je ne voulais pas la tuer…
— Je sais.
Tom se releva, aidé par son neveu. Il se sentait mal… pas physiquement, mais mentalement. Juste au moment où il avait décidé de laisser ses sentiments parler pour lui, il avait fallu qu’Alana réapparaisse et remette tout en question. Shawn alla se laver les mains dans l’évier, faisant disparaître le sang qui les maculaient. Tom resta debout, appuyé contre le comptoir, complètement perdu. Il fixait le dos de son neveu, essayant de trouver une solution à son problème.
— Tout est de ma faute… lança soudain le jeune homme en fermant le robinet.
— Ne dis pas ça ! C’est moi le plus fautif dans cette histoire. Je n’aurais jamais du… j’ai cru que je pourrai faire fi des conséquences de mes actes, mais tout fini par se compliquer… toujours…
Shawn lui tournait le dos, mais il pouvait voir que ses épaules s’étaient soudain crispées. Un élan de tendresse poussa Tom à le rejoindre et à l’enlacer, mais la voix de la raison était revenue, plus forte que jamais, et il ne bougea pas. Avant que ses sentiments ne le poussent à faire une bêtise, il souffla :
— Je vais appeler le NTAC pour qu’ils viennent la chercher.
Shawn ne répondit pas et ne bougea pas tant que son oncle était au téléphone avec Jarvis. Lorsque Tom revint dans la cuisine, le jeune homme était toujours devant l’évier, lui tournant le dos.
— Je vais partir…
— Quoi ?
— Je vais retourner en prison au NTAC, ça vaut mieux…
— Non, il en est hors de question ! s’exclama Tom, sous le choc.
— Il le faut, Oncle Tommy ! Je ne pourrai pas rester ici, pas après ce qui s’est passé !
— Je sais que c’est dur de tuer quelqu’un mais on finit toujours par…
Shawn se retourna vers lui, l’air furieux.
— Je ne parle pas de ça ! s’énerva t’il. Tu ne comprends rien ! Je ne supporterai pas de rester dans cette maison avec toi en sachant que tu ressens quelque chose pour moi et qu’il ne se passera rien ! C’est trop difficile… ça fait trop mal…
Il avait fermé les paupières mais Tom avait eu le temps de voir les larmes qui embuaient ses yeux. Il était bouleversé. Il ne savait plus quoi dire ou quoi faire.
— Shawn…
— Dis-moi que ça ne comptait pas ! Dis-moi que ce baiser ne voulait rien dire pour toi ! Dis-moi que tu ne m’aimes pas… et je partirai…
Tom ne voulait pas qu’il s’en aille. Il savait qu’il ne pourrait pas vivre sans lui, pas après tout ce qui venait de se passer. Mais il avait peur… cette fois-ci, ils avaient eu de la chance que ça soit lui qui soit touché et que Shawn ait pu le sauver. Mais si c’était l’inverse qui arrivait ? Il ne serait pas capable de l’aider et il ne supporterait pas de le voir mourir.
Il fut interrompu dans ses réflexions par le carillon de la porte. Il soupira, puis alla ouvrir. En le voyant, Garrity s’exclama :
— Tu vas bien ?
Tom baissa les yeux sur son ventre qui était encore maculé de son propre sang. Il sourit à son collègue.
— Oui oui, Shawn m’a soigné mais j’ai pas encore eu le temps de prendre une douche pour enlever tout ça.
L’autre agent sourit à son tour, puis entra, suivi par une équipe de « nettoyeurs » du NTAC. Ils emportèrent le corps d’Alana, Garrity prit les dépositions des deux hommes et ils quittèrent rapidement les lieux. Lorsqu’il se retrouva seul avec Shawn, Tom ne lui laissa pas le temps de parler. Il lança :
— Je vais me doucher.
Et il monta rapidement au premier. Il savait qu’il agissait comme un lâche, mais il avait vraiment besoin de remettre de l’ordre dans ses idées.

Lorsque Tom redescendit, il fut surpris de trouver Shawn debout dans l’entrée, son sac de voyage à la main. Il avait mis son blouson et semblait prêt à quitter les lieux.
— Qu’est-ce que tu fais ?
— Tu n’as pas répondu à ma question… soupira le jeune homme en le fixant droit dans les yeux.
— Shawn…
— Tu n’as qu’une seule chose à dire… et tu sais laquelle… alors je t’écoute !
Tom était figé face à son neveu. Une rude bataille se livrait en lui. Lorsqu’il ouvrit la bouche pour parler, les mots restèrent bloqués dans sa gorge. Voyant cela, Shawn se dirigea vers la porte. Ce fut le geste qui fit comprendre à Tom que c’était sa dernière chance… et il la saisit. Il rattrapa le jeune homme, lui prit le bras et l’attira contre lui pour l’embrasser fougueusement. Shawn, d’abord tendu, se laissa couler entre ses bras tendres alors que des frissons de désir les parcouraient tous deux. Puis, brusquement, le jeune homme repoussa son oncle. Tom lui adressa un regard surpris.
— Je veux que tu me dises ce que tu ressens réellement… je t’en prie…
L’agent du NTAC soupira :
— On peut aller en parler dans le salon ?
Shawn le suivit. Ils s’installèrent face à face, l’un dans un fauteuil, l’autre sur le sofa. Tom croisa ses doigts, ferma les yeux et prit une grande inspiration. Il fallait qu’il trouve les mots justes pour faire comprendre à son neveu le dilemme qui le torturait.
— Si je n’ai pas répondu à ta question, tout à l’heure, c’est parce que j’ai peur… peur de ces sentiments qui grandissent en moi… et peur de ce que ça implique pour nous… Imagine ce que c’est pour moi ! Je t’ai vu naître, grandir… et puis, tu as disparu… et quand tu es revenu, tu avais changé… et je ne parle pas seulement de tes pouvoirs ! Tu es devenu plus adulte, plus responsable… J’ai essayé de toutes mes forces de lutter contre ces sentiments, je ne voulais pas… il ne fallait pas… c’était mal ! C’est mal… Et puis… je me suis retrouvé seul… Kyle est parti, Alana est partie… Je l’ai aimée… mais je me demande si ce que je ressentais pour elle n’était pas un effet de son pouvoir en fait… Je me suis retrouvé seul… il n’y avait plus que toi, dans le coma. Mes sentiments étaient de plus en plus intenses…
Il passa une main sur son visage fatigué.
— Tu disais que tu étais perdu, que tu ne savais plus où tu en étais… je suis comme toi… Je peux te dire que ça m’a fait un sacré choc le jour où j’ai réalisé que… que j’étais amoureux… de toi… Voilà, je l’ai dit ! Tu sais tout maintenant ! Oui, je t’aime, Shawn… mais cet amour est contre-nature, il ne devrait pas exister et c’est pour ça que j’ai tout fait pour te repousser. Mais, je suis fatigué de tout ça, fatigué de devoir constamment lutter… Alors, si tu veux bien de moi, j’enverrai balader au loin tous mes scrupules… parce que j’ai envie d’être enfin heureux !
Le jeune homme était resté silencieux pendant l’aveu de son oncle et attendit un peu avant de parler à son tour. Enfin, il se lança :
— C’est vrai que nous avons ce lien du sang qui devrait nous empêcher de nous aimer comme des adultes mais… j’ai failli mourir… lorsque Isabelle m’a « interrogé », j’ai cru que j’allais y rester… et la seule personne que j’ai vu avant de sombrer dans le coma, c’est toi, Oncle Tommy…
Il s’interrompit en souriant.
— Il va peut-être falloir que j’arrête de t’appeler comme ça… Ca sera sûrement plus facile si je ne passe pas mon temps à te rappeler notre lien de parenté…
Il reprit plus sérieusement :
— Tout à l’heure, quand Alana t’a blessé, je suis devenu fou de rage. Je sais que j’aurais été capable de la tuer avec mon pouvoir si le coup n’était pas parti tout seul. Et je sais aussi que je ne m’en serais pas remis si je n’avais pas pu te sauver. J’ai déjà perdu une fois un homme que j’aimais… je ne supporterai pas de perdre celui pour qui je serai prêt à donner ma vie…
Shawn se leva, s’approcha de son oncle et vint s’asseoir sur ses genoux. Leurs lèvres se retrouvèrent très rapidement, gourmandes. Lorsqu’ils se séparèrent, Tom souffla :
— Nous devrons garder ça pour nous… les gens ne comprendraient pas…
— Personne n’a besoin de le savoir. Cela ne regarde que toi et moi.
Tom fit glisser ses doigts sur la joue de son compagnon, puis sur ses lèvres. Il murmura, l’air embarrassé :
— Je n’ai jamais…
— Jamais quoi ?
— Eh bien… toi, tu as eu Jordan mais moi…
Shawn comprit :
— Oh ! Alors, je t’apprendrai… souffla t’il avant de l’embrasser à nouveau.
Cette fois-ci, Tom ne lutta pas contre le désir qu’il sentit soudain l’envahir. Ses mains glissèrent sous le blouson du jeune homme et le firent tomber sur le sol. Shawn s’écarta un court instant, le temps de chuchoter à son oreille :
— On devrait peut-être monter ?
Tom acquiesça d’un signe de tête. Il était nerveux, mais n’avait plus aucun doute. Il savait qu’il avait fait le bon choix. Il n’avait plus qu’à se laisser porter… et être enfin heureux…

Fin.


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