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Oliver était furieux contre lui-même : ils avaient passé des heures à tout prévoir, à mettre au point leur plan minutieusement et ils s’étaient fait avoir comme des débutants. Ils avaient étudié toutes les embûches qui pouvaient les empêcher de réussir leur mission… toutes sauf une : un virus particulièrement agressif s’était téléchargé dans la mémoire de Cyborg lorsqu’il s’était connecté à l’ordinateur de la Luthorcorp, le paralysant totalement. Le temps que ses amis s’en aperçoivent, il avait été enfermé par des gardes armés dans les profondeurs du bâtiment. Les trois autres avaient alors été obligés de revoir leurs plans. Aquaman et Flash s’étaient occupés de neutraliser les vigiles tandis que l’Archer Vert partait récupérer leur ami. Et il s’était fait piéger : alors qu’il entrait dans la salle où Cyborg était détenu, une cage électrifiée était tombée sur lui, l’empêchant de s’enfuir. Son communicateur fonctionnant toujours, il avait pu prévenir les autres, leur ordonnant de quitter les lieux le plus rapidement possible. Flash avait râlé, mais l’Archer Vert avait insisté : il ne servait à rien qu’ils se fassent tous capturer par les sbires de Lex Luthor.
Alors qu’il réfléchissait à un moyen d’utiliser ses flèches pour se sortir de là, il vit une forme indistincte passer près de lui. Il soupira et grogna :
— Flash, je croyais que je t’avais dit de partir !
Du coin de l’œil, il vit la forme s’approcher de Cyborg qui était debout contre le mur, enchaîné et inconscient. Une fraction de seconde plus tard, son ami était libre, mais toujours paralysé par le virus. L’Archer Vert réalisa alors qu’il avait fait erreur, ce qui se confirma lorsque la silhouette s’arrêta face à lui :
— Boy Scout ! lança t’il en souriant.
— Besoin d’un petit coup de main ?
— Ca ne serait pas de refus !
Le nouveau venu posa les mains sur les barreaux. Le courant électrique le traversa, mais il ne le sentit pas et réussit à ouvrir un passage suffisamment grand pour permettre à son ami de sortir de là. Lorsque Oliver eu quitté sa cage, Clark retourna auprès de Cyborg. Il le souleva, le chargea sur son épaule, puis demanda :
— Tu as encore quelque chose à faire ici ou on peut partir ?
— On a fini. J’ai juste à déclencher les détonateurs. Emmène-le et mets-le en sécurité, je vous rejoins.
— Il est hors de question que je te laisse seul ici, répondit le brun.
Avant que son ami ait eu le temps de répondre, Clark passa en super-vitesse, l’attrapa par la taille et l’emmena hors du bâtiment. Une fois dehors, il reposa Oliver qui souffla :
— Merci.
Ils s’éloignèrent de l’endroit, puis l’Archer Vert appuya sur son communicateur :
— Aquaman, Flash, vous êtes où ?
— Nous sommes presque arrivés au Refuge, répondit la voix d’AC. Quelle est ta position ?
— Je suis sorti. Je vous rejoins avec Cyborg et un revenant.
— Boy Scout ?
— Gagné.
Il coupa la communication, sortit une télécommande de sa poche et quelques instants plus tard, l’entrepôt ayant abrité la division New Yorkaise du « 33.1 » avait disparu dans les flammes. Il éteignit le synthétiseur vocal qui modifiait sa voix, puis se tourna vers Clark :
— Je suis venu en moto. Tu peux me suivre ?
— J’irai même plus vite que toi, sourit le brun. Où est-ce qu’on va ?
— Au refuge !
Avant que Clark ait eu le temps de lui demander où se trouvait cet endroit, Oliver avait enfourché sa moto et avait démarré. Le jeune homme resserra sa prise sur le corps inanimé de Cyborg et se lança à la suite de son ami.

Dix minutes plus tard, ils se retrouvaient dans un luxueux duplex du West Side. Comme Clark s’étonnait, Oliver expliqua :
— Cet immeuble appartient à Queen Industries. J’ai toujours aimé New York et, il y a quelques années, j’ai décidé d’avoir un endroit où je pourrais me sentir chez moi dans cette ville.
Ils furent rejoints par AC et Bart. Le premier déchargea Clark de son précieux fardeau et alla installer Victor sur le sofa avant de s’agenouiller à ses côtés. L’air inquiet, il se tourna vers Oliver.
— Qu’est-ce qu’on peut faire pour l’aider ?
Le blond se dirigea vers son ordinateur et fit une recherche dans la base de données. Lorsqu’il eut trouvé, il lança une connexion sans fil ultra-sécurisée et ultra-performante entre son unité centrale et le cerveau informatisé de Cyborg. Concentré, il n’entendit pas Clark s’approcher et sursauta presque lorsque son ami demanda :
— Qu’est-ce que tu fais ?
— J’ai un programme qui peut effacer le virus du système central de Cyborg, mais il faut que j’applique la procédure à la lettre…
— Qu’est-ce qui se passe sinon ?
Oliver hésita un court instant avant de répondre :
— Ca peut effacer complètement sa mémoire… et sa personnalité.
Il releva la tête et croisa le regard affolé d’AC. Il se força à sourire, puis s’installa en face de son clavier.
— Je vais en avoir pour plusieurs heures. Si vous avez faim, servez-vous. Bart, le frigo noir est entièrement pour toi.
— Génial ! s’exclama le plus jeune, un grand sourire aux lèvres.
— Tu ferais bien d’aller le surveiller, souffla Oliver à Clark sans quitter son écran des yeux, sinon, il risque de dévorer aussi le contenu de l’autre réfrigérateur.
— J’y vais, sourit le brun.

Oliver fronçait les sourcils, tendu par la peur de se tromper. De temps en temps, il jetait de brefs coups d’œil à Victor et AC. Le blond était penché sur son ami et lui caressait tendrement le front. Oliver sentit son cœur se serrer. Il n’avait pas l’habitude d’être seul, mais depuis qu’il avait quitté Metropolis et Loïs, il n’avait pas eu le temps de faire des rencontres. La lutte contre Luthorcorp et le « 33.1 » occupait ses journées et ses nuits. Il n’avait pas été surpris de voir ses amis se rapprocher mais il les enviait énormément. Il aurait apprécié d’avoir un corps chaud contre qui se blottir… il retint un soupir de frustration et secoua la tête pour chasser ces idées malvenues à un tel moment. Il devait se concentrer et ne pas se laisser distraire. S’il commettait la moindre erreur, Victor serait condamné à rester dans un état végétatif jusqu’à la fin de ses jours.
Au bout d’un moment, il put se détendre un peu : il avait lancé un sous-programme et devait le laisser travailler quelques minutes avant de continuer. Alors qu’il levait les yeux de son écran, il vit AC penché sur son compagnon, l’embrassant tendrement. Un peu gêné, il détourna le regard pour tomber sur Clark, debout dans l’encadrement de la porte, l’air ahuri. Le jeune homme s’approcha d’Oliver et demanda à voix basse :
— Ils sont… ensemble ?
— Ca te choque ? demanda le blond, appréhendant sans savoir pourquoi la réponse de son ami.
— Non. Je suis juste étonné. Victor avait une fiancée et AC est sorti avec Loïs alors je ne pensais pas que… qu’ils…
— Je comprends… mais, tu sais, l’amour ne se commande pas… et je crois qu’ils ont été encore plus surpris que toi quand ça leur est tombé dessus !
— Ca fait longtemps ?
— Je ne sais pas exactement. Je pense que ça a commencé un peu après notre départ du Kansas. Nous n’en avons pas parlé. C’est leur vie, ça ne me regarde pas, tant que ça ne mets pas en péril la mission de la Ligue.
— La Ligue ?
— Ah oui, c’est vrai, tu n’es pas au courant ! sourit Oliver. Bart nous a trouvé un nom : La Ligue de Justice ! Ca fait un peu gamin, mais je ne me plains pas, ça aurait pu être pire !
Clark sourit à son tour. Un léger bip attira l’attention du blond qui soupira :
— Je dois m’y remettre. Si tu veux te reposer, il y a une chambre libre. Tu prends le couloir et c’est la deuxième porte à droite.
— D’accord. Au fait, Bart te fait dire qu’il adore son « frigo personnel » et qu’il est parti se coucher.
— Merci. Bonne nuit, Clark.
— A toi aussi. Et bon courage.
Une fois le brun sorti, Oliver lança à AC :
— Tu devrais aller te reposer toi aussi.
— Je préfère rester avec Vic.
— Je vais en avoir pour plusieurs heures. Va dormir. Je te préviens dès qu’il y a du nouveau. C’est un ordre !
A contrecœur, Aquaman se leva et quitta la pièce. Seul, Oliver se remit au travail. Il n’avait pas de temps à perdre s’il voulait réussir à sauver Victor.

Il ne savait pas depuis combien de temps il travaillait mais la fatigue se faisait sentir et il devait lutter de toutes ses forces pour ne pas laisser sa concentration se relâcher. Il ne lui restait plus que quelques manipulations à faire et le virus serait totalement éradiqué de la mémoire centrale de Cyborg. Enfin, il appuya pour la dernière fois sur la touche « Enter », priant pour que ça fonctionne. A présent, il n’avait plus qu’à attendre que le programme finisse seul son boulot. Il se redressa sur sa chaise mais les muscles de ses épaules étaient noués et endoloris par la tension et la crispation. Au moment où il tentait de s’étirer un peu, il vit une silhouette familière entrer dans le salon dont la seule source de lumière était l’écran de l’ordinateur.
— Tu as fini ? demanda la voix de Clark.
— A l’instant. Croise les doigts pour que je n’aie pas fait d’erreur…
— Je suis sûr que tu as réussi.
— Je pensais que tu dormais depuis longtemps, souffla Oliver alors que son ami prenait une chaise et venait s’asseoir près de lui.
— Je n’ai pas vraiment besoin de dormir… avoua le jeune fermier. Ca me permet surtout de ne plus penser à rien pendant quelques heures, mais ça n’est pas une nécessité.
— Quelle chance ! lança le blond en retenant un bâillement.
— Toi, en revanche, tu as besoin de sommeil. Tu devrais aller te coucher.
— Je préfère attendre que le programme ait fini de tourner… juste au cas où il y aurait un problème. Je vais me prendre un bon café et je suis reparti pour plusieurs heures !
Il avait à peine fini sa phrase que Clark disparaissait dans un éclair et revenait, deux gobelets « Starbucks » dans les mains.
— Noir, avec juste une goutte de lait et sans sucre, souffla le brun en tendant la boisson à son ami.
— Tu as bonne mémoire. Merci.
Clark sourit en se rasseyant.
— Bon, puisque nous avons du temps devant nous, tu pourrais peut-être m’expliquer comment tu nous as retrouvés ? demanda Oliver.
— C’est simple : c’est grâce à Chloé. Elle m’a dit que ton jet s’était posé la semaine dernière à La Guardia et qu’il n’en était pas encore reparti. Et elle a aussi trouvé qu’il y avait un entrepôt appartenant à la Luthorcorp situé sur les quais qui était un bon candidat pour faire partie du réseau « 33.1 ». Et me voilà !
— Je lui ferai envoyer un cadeau pour la remercier. Sans toi, Vic et moi serions entre les mains de Lex Luthor à l’heure qu’il est.
Malgré le manque de lumière, Oliver vit que la mention de son ex-ami avait assombri l’expression de Clark.
— Qu’est-ce qui se passe ? Il a encore fait des siennes ?
— Pas vraiment… souffla le jeune homme.
Le blond se souvint d’un article qu’il avait lu dans le journal quelques semaines plus tôt et demanda :
— C’est à cause de son mariage avec Lana Lang ?
Clark ne répondit pas, mais son air triste parlait pour lui.
— Je suis désolé… souffla Oliver.
Il était sincère, mais pourtant, une partie de lui était heureux que son ami soit disponible et soit venu le rejoindre. Ne voulant pas remuer le couteau dans la plaie, il changea de sujet :
— Au fait, si tu es là, je suppose que ça veut dire que tu as réglé le problème dont tu m’avais parlé ?
— Oui. Tout est rentré dans l’ordre. Maintenant, je suis totalement disponible pour vous aider à démanteler les subdivisions du « 33.1 ».
— J’en suis ravi, sourit Oliver.
Cette fois-ci, il ne réussit pas à étouffer son bâillement. Jetant un coup d’œil à l’écran sur lequel le compteur du programme défilait normalement, il se leva et fit quelques étirements. Lorsqu’il se rassit, il souffla :
— J’aurais bien besoin d’un massage !
Avant qu’il ait eu le temps de comprendre ce qui se passait, Clark était derrière lui et lui massait doucement les épaules.
— Je ne disais pas ça pour… hum… ça fait du bien… tu as des doigts de fée, Boy Scout !
— C’est ma mère qui a eu l’idée de m’enseigner ça pour que j’apprenne à canaliser ma force lorsque je touche quelqu’un.
— Il faudra que je lui envoie un cadeau à elle aussi, sourit le milliardaire.
Les doigts de son ami dénouaient ses muscles un à un. Il se sentait détendu… un peu trop d’ailleurs car il commençait à somnoler. Il se redressa un peu brusquement et secoua la tête pour chasser sa fatigue.
— Il ne faut pas que je m’endorme ! Il ne reste que quelques minutes pour que le programme ait fini.
Clark revint s’asseoir.
— Désolé… je ne pensais pas être aussi doué…
Même si la phrase de son ami était plus qu’innocente, Oliver eut soudain l’impression que quelque chose de fort se dissimulait dans leur échange nocturne. Il retint à grand peine un frisson lorsque son regard croisa celui si intense de Clark. Le silence pesant qui s’était installé entre eux fut rompu par un bip de l’ordinateur. Oliver détourna les yeux, troublé. Il soupira profondément :
— C’est bon. Il ne devrait plus tarder à se réveiller. Je vais aller chercher AC, reste auprès de Vic.
— Ok.
Il se leva et se dirigea vers la première porte à gauche dans le couloir. Il traversa la chambre plongée dans l’obscurité et ouvrit la porte de la salle de bains. Là, dans la baignoire aux dimensions supérieures à la normale, AC dormait, nu et presque totalement immergé. Oliver posa sa main sur son épaule et le secoua doucement. Aquaman ouvrit les yeux instantanément :
— Victor ?
— J’ai fini. Il va bientôt se réveiller.
Oliver avait à peine fini sa phrase que son ami sortait vivement de l’eau, l’éclaboussant.
— Eh !
— Désolé…
— Essuie-toi un peu… sourit l’Archer Vert en lançant une serviette à l’autre homme. Je n’ai pas envie que tu inondes mon parquet ! Et habille-toi s’il te plait…
Il se sécha et alla enfiler ses vêtements posés sur le lit. Puis, ils retournèrent ensemble dans le salon où Victor venait juste d’ouvrir les yeux. Son compagnon s’agenouilla près de lui, l’air inquiet :
— Vic, ça va ?
— Qu’est-ce qui m’est arrivé ?
— Un méchant virus, répondit Oliver. J’ai eu du mal, mais je t’en ai débarrassé.
Cyborg s’assit, aidé par AC, puis se tourna vers Clark :
— Tiens, tu es là ?
— Sans lui, nous serions tous les deux prisonniers de Lex Luthor à l’heure qu’il est, sourit l’Archer Vert.
— Alors, merci à toi !
Oliver se tourna vers Clark :
— Je crois qu’il est temps pour nous d’aller dormir un peu.
Le brun sourit.
— Tu as raison. Bonne nuit ! lança t’il aux deux autres avant de quitter le salon à la suite de son ami.
Arrivé devant la porte de sa chambre, le blond se retourna vers lui :
— Je suis vraiment heureux que tu sois là…
— Moi aussi, sourit Clark. Moi aussi…

&&&


Oliver ouvrit les yeux et se tourna vers sa table de chevet. Il sursauta en voyant que le réveil marquait presque midi. Il se leva, alla prendre des vêtements propres dans son dressing puis se dirigea vers la salle de bains. Là, il ôta son caleçon avant d’entrer dans la cabine de douche. L’eau presque froide termina de le réveiller. Il se sécha, s’habilla et se rendit dans le salon. Seul Clark était là, plongé dans la lecture d’un magazine.
— Salut !
Le brun leva les yeux et sourit :
— Salut ! Bien dormi ?
— Oui… mais un peu trop longtemps. Pourquoi personne ne m’a réveillé ?
— Tu avais besoin de te reposer, répondit Clark en haussant les épaules.
— Où sont les autres ?
— AC et Victor sont encore plus lève-tard que toi. Et Bart est parti faire des courses… il a vidé complètement les placards de ta cuisine.
Oliver secoua la tête en soupirant.
— Faudrait vraiment que je trouve une solution à son problème de dépense en calories. Il va finir par me ruiner s’il continue comme ça !
Clark éclata de rire. Oliver sentit son cœur faire un bond dans sa poitrine et détourna les yeux. Il partit dans la cuisine pour échapper au trouble qui venait à nouveau de l’envahir. Alors qu’il se servait un café, la voix de Clark demanda derrière lui :
— Ca va ?
— Oui oui… Je… C’est juste que je suis un peu dans le brouillard ce matin…
Comment aurait-il pu lui expliquer ce qui lui arrivait alors que lui-même l’ignorait ? Il fut sauvé par l’arrivée dans la pièce de Victor et AC.
— Salut les gars ! lança ce dernier.
Oliver se tourna vers eux.
— Comment tu te sens, Vic ?
— Très bien. J’ai fait un diagnostic et tout est en ordre. T’es un as, Oli !
— Merci. Il va falloir être plus prudent pour notre prochaine opération.
— Salut tout le monde ! lança Bart en entrant à son tour dans la cuisine, les bras chargés de courses.
Il posa ses sacs sur le comptoir puis lança un objet à Oliver qui l’attrapa au vol juste avant qu’il ne tombe dans sa tasse.
— Me suis permis d’utiliser ta carte de crédit, j’espère que ça te dérange pas !
Le blond sourit :
— Non… je retiendrai tout ça sur ton salaire…
— Euh… mais tu ne me payes pas ? Si ?
Les autres éclatèrent de rire devant la mine ahurie de leur ami. Oliver changea de sujet :
— Venez, je dois vous parler de notre nouvelle cible.
Ils retournèrent dans le salon et prirent place dans les différents sofas et fauteuils tandis qu’un placard s’ouvrait sur un immense écran plasma.
— D’après les fichiers qu’on a piratés à Metropolis, Luthorcorp aurait installé une division du « 33.1 » aux abords de Gotham City, dans l’Asile d’Arkham.
— J’en ai entendu parler, l’interrompit Clark. Ce n’est pas là qu’ils enferment leurs plus dangereux criminels ?
— Si… et certains d’entre eux ont, justement, des capacités hors du commun.
— Donc, on part pour Gotham ? demanda Victor.
— Oui. L’un de mes amis y vit. Quand je l’ai appelé, il m’a proposé de loger chez lui. Je me suis vu obligé d’accepter pour ne pas le froisser, mais je n’aurais pas autant de liberté de mouvement qu’ici. C’est pourquoi je ne lui ai pas parlé de vous et que je vous ai réservé une suite au Regency. Vous y serez plus à l’aise pour mettre au point notre plan. Et je vous y rejoindrai quand vous aurez besoin de moi.
— Et comment s’appelle ton ami ? interrogea Bart entre deux bouchées de son gigantesque sandwich.
— Bruce Wayne.

&&&


Deux jours plus tard, une limousine se garait devant le Manoir Wayne, à quelques kilomètres de Gotham City. Oliver en descendit et resta quelques instants à contempler l’immense bâtisse. Il avait toujours été impressionné par la taille et la sensation d’écrasement qui s’échappait de cet endroit, autrement plus imposant que le manoir de Lex Luthor à Smallville. Il fut tiré de ses pensées par une voix familière qui lança à son attention :
— Tu comptes rester dehors toute la journée, Oli ?
Il sourit et monta les marches menant au perron où l’attendait son vieil ami.
— Bonjour, Bruce.
Ils s’enlacèrent brièvement, puis le maître des lieux souffla :
— Je suis ravi de te voir !
— Moi aussi.
Oliver crut remarquer dans le regard de son ami une lueur familière, mais elle disparut aussi rapidement qu’elle était apparue.
— Tu arrives juste à temps pour le déjeuner !
Alors qu’ils entraient, ils furent rejoints par un vieil homme qu’Oliver reconnut immédiatement.
— Bonjour, Alfred.
— Bonjour, Monsieur Queen. Avez-vous fait bon voyage ?
— Excellent.
— Je suis content de vous revoir, Monsieur. Laissez-moi vous débarrasser de votre veste.
— Merci, Alfred.
Lorsque le majordome fut parti, Oliver demanda :
— Alors, Bruce, comment vont les affaires ?
— Bien… je n’ai pas à me plaindre. Toi non plus, d’après ce que j’ai pu lire dans les journaux boursiers.
Le blond sourit. Ils entrèrent dans une immense salle à manger et se mirent à table. Ils parlèrent affaires tandis qu’on les servaient. Mais, dès qu’Alfred eut quitté la pièce, Bruce se pencha vers son ami et lui demanda d’un air de conspirateur :
— Et comment vont les amours ?
Oliver soupira. Il n’avait pas vraiment envie de parler de Loïs ni des autres personnes qui étaient passées dans sa vie depuis la dernière fois qu’il avait vu son ami.
— Et toi ?
— Oh… tu réponds à ma question par une autre, ce n’est pas bon signe.
— Disons que je n’ai pas encore trouvé l’âme sœur. Et toi ? redemanda t’il.
— Pour moi, c’est un peu plus compliqué que ça… j’ai eu du mal à oublier une certaine personne…
Alors qu’il allait demander de qui il s’agissait, Oliver lut la réponse dans les yeux noisettes de son ami. Surpris, il souffla :
— Bruce… je croyais que…
— T’en fais pas, tu as été très clair la dernière fois ! Je n’ai pas l’intention de t’ennuyer avec ça mais… je ne peux pas effacer mes sentiments d’un claquement de doigts. Même s’il s’est passé plus de trois ans depuis…
— Je… écoute, si ça te gêne que je sois là, je peux prendre une chambre au…
— Il est hors de question que tu ailles à l’hôtel ! S’il te plait…
— Bruce…
— Je te promets que je resterai sage.
Oliver soupira.
— Ok, je te fais confiance. Mais si jamais tu es mal à l’aise ou si ma présence te gêne, n’hésite pas à me le dire, je ne me vexerai pas.
— Ne t’en fais pas, tout se passera bien. Je suis vraiment ravi que tu sois là.
— Moi aussi, sourit le blond.

&&&


Le soir même, Bruce était invité à la réception d’inauguration d’une nouvelle aile de l’hôpital de Gotham qu’il avait financée. Il fit en sorte qu’Oliver puisse l’accompagner et le présenta à toutes les personnes influentes de la ville. Le blond était dans son élément. Il en profitait pour recueillir des informations intéressantes au sujet d’Arkham, mais il ne supportait plus toutes les femmes qui lui tournaient autour en espérant se faire remarquer de ce nouveau venu milliardaire. Alors qu’il se faisait alpaguer par une blonde très collante au décolleté beaucoup trop plongeant, Bruce vint à son secours en lançant :
— Ma chère Mira, vous perdez votre temps, Oliver est déjà pris.
— Oh… quel dommage… minauda t’elle en battant des cils. Et vous, mon cher Bruce…
— Vous savez pertinemment que vous êtes trop bien pour moi, sourit-il. Oh, mais regardez qui vient d’arriver : Walter Monroe !
La blonde fit volte-face et s’éloigna en piaillant :
— Mon cher Walter !
Oliver se pencha vers son ami :
— Merci, tu m’as sauvé la vie. Qui est ce Walter ?
— Le patron de Spencer Enterprise, la compagnie d’aviation.
— Il est arrivé à point nommé. J’ai cru que j’allais devoir feindre un malaise pour m’en débarrasser.
— Je sais, sourit Bruce.
Les deux hommes se servirent une nouvelle flûte de champagne. Alors qu’il portait le verre à ses lèvres, Oliver sentit un frisson courir dans sa nuque, pressentiment d’un danger imminent. Il jeta un rapide coup d’œil autour de lui, mais tout semblait normal.
— Oli, ça va ?
— Oui oui… Je croyais juste…
Il fut interrompu par une explosion qui fit voler en éclat la porte d’entrée de la salle. Une dizaine hommes armés firent irruption, précédés par une femme rousse vêtue d’une combinaison verte moulante, un masque de la même couleur dissimulant partiellement ses traits.
— Bonsoir, riches de Gotham ! lança t’elle d’une voix forte. Je suis heureuse de vous voir tous réunis ainsi. Vous allez gentiment donner à mes amis vos bijoux : colliers, bagues, montres, etc… Si vous coopérez, personne ne sera blessé.
Oliver se tourna vers Bruce pour l’interroger sur cette apparition surprenante… et s’aperçut que son ami avait disparu. Le temps qu’il se demande où il était, un homme entièrement vêtu de noir, une cape flottant derrière lui, entra par l’autre bout de la salle. Il désarma en un clin d’œil les complices de la femme et se planta devant elle :
— Bonsoir, Ivy !
— Cher Batman… Mon Batounet… Je me disais aussi qu’il manquait quelqu’un…
Elle se pencha vers lui pour tenter de l’embrasser, mais il se dégagea :
— Tu sais très bien que tes phéromones ne peuvent plus rien contre moi.
Elle haussa les épaules.
— Ca ne coûte rien d’essayer !
L’un des hommes de main de la voleuse se releva tout près d’Oliver, sortit un revolver de sa botte et le braqua sur le dos du justicier. Le blond ne réfléchit pas : il se jeta sur l’homme, le plaquant au sol et le désarmant rapidement. Le criminel, d’abord surpris, se ressaisit très vite et donna un violent coup de poing sur la tempe d’Oliver qui se retrouva étourdi. L’homme en profita pour prendre le dessus, le frappant au plexus et lui coupant le souffle. Alors qu’il redoutait le coup suivant, le jeune homme vit son agresseur faire un vol plané et atterrir lourdement sur le sol. Le temps qu’il se redresse, la rousse avait disparu et ses complices étaient tous ligotés. L’homme en noir s’approcha d’Oliver et lui tendit la main pour l’aider à se relever. Le blond scruta le visage dissimulé par un masque. Lorsque son regard croisa celui de l’inconnu, son cœur fit un bond dans sa poitrine. Il ouvrit la bouche pour parler, mais l’homme en noir s’éloigna sans un mot. Il quitta rapidement la pièce, laissant les invités de la réception encore sous le choc. A peine quelques minutes plus tard, la police investissait les lieux. Oliver fut interrogé par un inspecteur. Tout en parlant, il regardait Bruce qui tentait de réconforter une dame âgée, choquée par les évènements.
Lorsqu’il eut terminé sa déposition, Oliver se dirigea vers son ami.
— Tu vas bien ? demanda le brun, l’air inquiet.
— Oui. Mais je serais d’avis de rentrer.
— Allons-y.
Oliver mourrait d’envie de parler de ce Batman à Bruce mais il préférait attendre qu’ils soient seuls chez lui.

Une fois installé dans un fauteuil, un verre de jus de pomme à la main, Oliver interrogea son ami :
— Depuis quand tu fais ça ?
Bruce se tourna vers lui, l’air surpris.
— De quoi tu parles ?
— Ne joue pas l’innocent avec moi, ça ne marche pas. Je sais que tu es ce Batman.
Le brun soupira profondément. Il s’adossa au manteau de la cheminée éteinte et se lança :
— Ok, tu as gagné… Ca fait un peu plus d’un an que j’ai commencé. Gotham est un vrai repaire de dingues, la police est corrompue et la ville avait besoin de quelqu’un pour la nettoyer.
— Et tu t’es dit que ça pourrait être toi ?
— Oui. J’en avais assez de ne rien pouvoir faire pour endiguer la criminalité.
— Je comprends… sourit Oliver.
Il hésita un instant à dévoiler son secret à son ami, mais il n’était pas sûr qu’il devait le faire immédiatement. Quelque chose le retenait encore. Tout au fond de lui, il n’était pas sûr de pouvoir lui faire confiance.
— Je compte sur toi pour garder tout ça pour toi, souffla Bruce en venant s’asseoir près de lui.
— Bien sûr.
Oliver jeta un coup d’œil à la pendule et soupira :
— Je suis fatigué, je vais aller me coucher.
— D’accord. Bonne nuit !
Il monta lentement les marches, réfléchissant. Il ne voulait pas prendre le risque que Bruce s’immisce dans les plans de la Ligue. Une fois seul dans sa chambre, il prit son portable et envoya un message à ses amis : « C’est pour ce soir ». Il installa un dispositif pour faire croire qu’il était dans son lit, puis quitta le Manoir discrètement. Sa moto était dissimulée dans un fourré à une centaine de mètres de là avec sa tenue. Il se changea, enfourcha sa machine et se dirigea vers l’Asile d’Arkham.

La moto s’arrêta à bonne distance de la grille. L’Archer Vert en descendit et se tourna vers le groupe qui s’approchait de lui.
— Vous êtes prêts ?
— Tout y est, répondit Cyborg en lui tendant un PDA où s’affichait le plan des lieux.
Oliver étudia les données rapidement, puis releva la tête vers ses amis.
— Aquaman ?
— Il attend notre feu vert pour s’infiltrer dans les canalisations.
Le blond connecta son communicateur.
— Aquaman, tu m’entends ?
— Haut et clair.
— On y va !
Les quatre hommes se dirigèrent vers la grille. Clark l’ouvrit pour permettre aux autres d’entrer, puis ils se séparèrent. Oliver et Victor partirent vers l’entrée de service, les deux autres vers la porte principale.

Ils n’eurent aucun mal à entrer et à neutraliser les gardes. Leur plan se déroulait sans accro. Ils avaient bien trouvé là l’une des annexes du « 33.1 » qui contenait plus de trente prisonniers. Alors qu’ils s’apprêtaient à ouvrir l’une des cellules pour en libérer son occupant, une voix les arrêta :
— Ne faites pas ça !
Oliver fit volte-face et se retrouva nez-à-nez avec Batman. Victor voulut se ruer sur lui mais son ami l’en empêcha d’un geste.
— Vous êtes de leur côté ? Du côté de Lex Luthor ? lança l’Archer Vert.
— De quoi parlez vous ?
— Vous ne savez pas ? Cet endroit est un laboratoire secret où des expériences sont menées sur des personnes aux capacités extraordinaires pour faire d’eux une armée à la solde du milliardaire Lex Luthor.
— Arkham est un asile d’aliénés. Si ces gens ont effectivement des capacités hors du commun, ils s’en servent pour faire le mal. Ce sont des criminels… très dangereux ! Croyez-moi, je les connais, j’ai fait enfermer la majorité d’entre eux. Vous ne pouvez pas les libérer !
Oliver était confronté à un dilemme : d’un côté, il voulait détruire cette division de « 33.1 » et de l’autre, il ne voulait pas risquer de laisser de dangereux malades mentaux se promener dans la nature.
— On fait quoi ? demanda Cyborg près de lui.
Pour la première fois depuis qu’ils avaient commencé leur croisade, il hésitait. Il plongea son regard dans celui de Batman et sut qu’il devait lui faire confiance. Il appuya sur son communicateur :
— Aquaman, Flash, Boy Scout, opération annulée. Je répète : opération annulée. Rentrez à la base.
La voix de Clark s’éleva dans son oreille :
— Qu’est-ce qui se passe ? Tu vas bien ?
— Je suis ok. On se voit à la base.
Il coupa la communication avant que son ami ne lui pose une autre question. Il se tourna vers Cyborg :
— Pars devant, je te rejoins.
— Tu es sûr ? demanda Victor, l’air intrigué.
— Vas-y. C’est un ordre !
Lorsqu’il fut certain que Cyborg ait été hors de portée de voix, Oliver coupa son synthétiseur vocal et ôta ses lunettes. Malgré le masque et la pénombre, il put voir une expression de surprise sur le visage de Batman.
— Toi ! Mais…
— C’est une longue histoire… On ferait mieux de partir d’ici avant que le système de sécurité ne se remette en route.
L’autre hocha la tête. Ils reprirent le couloir en direction de la sortie. Ils y étaient presque lorsqu’une sirène se mit à hurler. Ils accélérèrent mais furent arrêtés par un groupe de gardes armés. Le combat fut rude. Alors qu’ils avaient presque défaits leurs assaillants, d’autres arrivèrent et tirèrent, sans se soucier du risque de blesser leurs collègues. L’Archer Vert sentit une vive douleur traverser son côté gauche. Il tomba à genoux, les dents serrées et le souffle court. Batman l’attrapa par la taille et utilisa son grappin pour les sortir de là. Alors qu’ils quittaient le sol, Oliver sentit la nausée l’envahir et il perdit connaissance.

Il se réveilla dans un endroit inconnu, une grotte apparemment. Il tenta de se redresser, mais la douleur le fit retomber sur le dos. Il était étendu sur une sorte de table en métal, torse-nu. Son regard balaya les lieux : il y avait là des ordinateurs dernier cri… et, un peu plus loin, au fond de la grotte, un véhicule monstrueux qui tenait plus du tank que de la voiture de course. Il tourna la tête de l’autre côté et son regard rencontra celui de Bruce.
— Comment tu te sens ?
— Mal.
Il se redressa à nouveau et réussit à s’asseoir. Il posa une main sur le bandage qui recouvrait sa blessure.
— La balle a traversé, ça va aller, expliqua son ami.
— Tu m’as soigné ?
— Non, pas moi.
Oliver suivit le regard de Bruce et sourit :
— Merci, Alfred.
— De rien, Monsieur, répondit le majordome en hochant la tête. J’espère que vous allez vite vous remettre.
Bruce s’approcha du blond et se planta près de lui, les bras croisés.
— Bon… maintenant qu’on est en sécurité, tu vas m’expliquer ce que tu faisais à Arkham ? Dans cette tenue étrange qui plus est ?
— Non, mais c’est toi qui dit ça ? Tu t’es bien regardé ?
— Oli… je crois que j’ai le droit à quelques explications sérieuses, non ?
Oliver soupira avant de se lancer dans des explications détaillées au sujet de l’Archer Vert, de Luthorcorp et du « 33.1 ». Il lui raconta tout, même ce qui concernait la Ligue. Lorsqu’il eut fini, il lança :
— D’ailleurs, tu pourrais être un bon atout pour notre groupe.
Bruce pencha la tête.
— Peut-être… mais j’ai beaucoup à faire ici… Plus tard… Si tu as toujours besoin de moi…
Oliver sourit.
— Je suis désolé, j’aurais dû t’en parler tout à l’heure, mais je ne savais pas si je pouvais te faire confiance.
Bruce s’approcha un peu plus. Son regard intense donna des frissons à son ami.
— Tu pourras toujours me faire confiance…
Oliver détourna les yeux.
— Je crois qu’il vaudrait mieux que j’aille me coucher. J’ai besoin de repos.
Il descendit de la table, attrapa son tee-shirt et son blouson, puis se dirigea vers la porte par laquelle il avait vu disparaître Alfred. Il savait que Bruce le suivait des yeux mais ne se retourna pas. Il ne voulait pas laisser le moindre espoir à son ami. Il prit la résolution de quitter le Manoir dès le lendemain, la situation devenait vraiment trop compliquée.

Alors qu’il entrait dans sa chambre, Oliver sentit une présence. Il alluma la lumière et sursauta à la vue de Clark qui l’attendait, assis sur le lit.
— Qu’est-ce que tu fais là ?
— J’étais inquiet pour toi après que tu nous aies demandé d’abandonner la mission. Alors je suis revenu dans le bâtiment et j’ai vu ce type t’emmener.
— Tu nous as suivis ?
— Oui. Je voulais m’assurer que tu allais bien.
— Comme tu le vois, ça va. Tu peux partir maintenant !
Oliver était furieux contre Clark. Il savait qu’il aurait dû être reconnaissant que son ami se fasse du soucis pour lui mais il n’arrivait pas à calmer la colère qui l’avait envahi. Alors qu’il tentait de reprendre ses esprits, le jeune fermier posa une main sur son épaule nue. Ce fut pour Oliver comme s’il recevait une décharge électrique. Il sentit une vague de désir monter dans ses reins et paniqua face à cette réaction que Clark provoquait en lui. Il recula d’un pas, détournant les yeux, essayant de comprendre ce qui lui arrivait.
— Tu ferais mieux de partir.
— Qu’est-ce qui t’arrive ? Tu n’as pas l’air bien.
— J’ai juste besoin de repos. Va t’en, s’il te plait ! Et dis aux autres que je vais bien.
Clark soupira. Oliver ne put résister à l’envie de plonger une dernière fois son regard dans celui de son ami, provoquant en lui une nouvelle montée du désir. Le brun se rapprocha encore. Leurs visages n’étaient plus qu’à quelques centimètres l’un de l’autre et la distance diminuait lentement.
— Oliver, qu’est-ce qui se passe ?
La voix de Bruce provenant de l’encadrement de la porte les fit tous les deux sursauter et s’écarter brusquement.
— Qui êtes-vous ? demanda le maître des lieux au jeune fermier.
— Bruce, je te présente Clark Kent… un membre de mon équipe. Clark, voici Bruce Wayne.
Les deux hommes se jaugèrent et Oliver eut l’impression qu’il pouvait presque palper la tension qui s’était installée immédiatement entre eux.
— Clark s’inquiétait pour moi. Il allait justement repartir. Je t’appelle demain, Clark.
— D’accord. Bonne nuit, Oliver.
Le blond attendit que son ami ait quitté la pièce et se tourna vers Bruce :
— Je suis désolé de son intrusion.
— Ne t’en fais pas pour ça… Dis…
Bruce se rapprocha dangereusement de lui. Oliver connaissait ce regard et cette expression qu’arboraient son ami à cet instant précis. Il recula mais se retrouva bientôt bloqué par le lit sur lequel il tomba assis. Avant qu’il ait eu le temps de protester, son ami se pencha vers lui, capturant ses lèvres pour un baiser fougueux.

Oliver se retrouva propulsé plusieurs années en arrière et fut tenté de se laisser aller, de savourer à nouveau l’étreinte puissante de son ancien amant. Alors que Bruce le faisait basculer sur le lit, le visage de Clark apparut sur l’écran de ses paupières closes. Il réalisa alors que s’il avait envie d’être aimé, ça n’était pas par Bruce. Il repoussa doucement son ami, plongeant dans son regard noisette :
— Je ne peux pas… je suis désolé…
Le brun eut l’air déçu, puis soupira en se relevant :
— C’est à moi de m’excuser. Je n’aurais jamais du faire ça. J’espère que tu ne m’en veux pas, Oli.
— Non, pas le moins du monde.
— Tant mieux, sourit Bruce. Je crois que je ferais mieux de te laisser.
Il s’éloigna vers la porte. Au moment où il posait la main sur la poignée, Oliver le rappela :
— Attends ! Je vais partir dès demain.
— Tu n’es pas obligé…
— Il vaut mieux pour nous deux que je ne reste pas trop longtemps ici.
— Je comprends… bonne nuit, Oli.
— Bonne nuit, Bruce.
Une fois seul, Oliver se laissa tomber sur le lit, les mains sous la tête. Il avait du mal à réaliser qu’il ressentait plus que de l’amitié pour Clark. Et pourtant, lorsqu’il fermait les yeux, il imaginait les mains de son ami sur lui, sa bouche sur la sienne, leurs corps enlacés. Il ne put retenir un profond soupir de frustration. Il savait très bien que Clark ne ressentirait jamais la même chose que lui. Et pourtant, ce soir, qui sait ce qui se serait passé si Bruce ne les avait pas interrompus… Il s’interrogea sur l’avenir de leur amitié… et de la Ligue. Un nouveau soupir s’échappa de ses lèvres alors qu’il se résignait à dissimuler une fois de plus ses sentiments.

&&&


Le lendemain matin, Oliver quitta le Manoir Wayne sans revoir Bruce. Alfred lui expliqua que son maître avait dû partir très tôt à son bureau pour une affaire urgente. Le blond en était un peu déçu mais comprenait tout à fait ce que pouvait ressentir son ami. Il se rendit à l’hôtel Regency, rejoignant les autres membres de la Ligue le temps que son jet soit prêt à décoller pour retourner à New York. Alors qu’il arrivait dans la suite qu’il avait réservée pour ses amis, il tomba sur Bart qui l’alpagua :
— Où est Clark ?
Oliver lui jeta un regard surpris :
— Je n’en sais rien. Il devrait être avec vous, normalement.
— Eh bien, il n’est pas là ! Il est parti pour prendre de tes nouvelles cette nuit et il n’est pas rentré. Il a juste envoyé un message pour dire que tu allais bien.
Victor et AC les rejoignirent.
— On pensait qu’il était avec toi, lança Aquaman.
— Non. Il n’est resté que quelques…
Une idée dérangeante s’insinua dans l’esprit d’Oliver. Il espéra de tout cœur faire erreur. Il prit son portable et chercha le numéro de son ami dans le répertoire. Il tomba immédiatement sur le répondeur.
— Clark, où es-tu ? Les autres viennent de me dire que tu n’es pas rentré après notre discussion de cette nuit. Rappelle-moi dès que tu as ce message, s’il te plait. Le jet décolle à midi. J’espère que tu seras là.
Il raccrocha, le cœur serré.
— Qu’est-ce qu’on fait s’il n’est pas là à l’heure ? demanda Cyborg.
— Je ne sais pas… souffla Oli en se passant une main dans les cheveux. Nous…
Son portable sonna, l’interrompant. Reconnaissant le numéro de son ami, il décrocha rapidement :
— Clark ! Où es-tu passé ?
— Je suis rentré à Smallville.
— Il y a un problème ? demanda Oliver d’une voix légèrement tremblante.
Le ton sec de son ami ne fit qu’augmenter son angoisse :
— Aucun. J’ai juste quelque chose à faire ici. J’en aurais pour un moment. Continuez sans moi.
Avant que le blond ait eu le temps de l’interroger, Clark avait raccroché. Les autres le regardaient intensément, attendant des explications. Oliver répéta ce que son ami lui avait dit, puis partit s’enfermer dans l’une des salles de bains. Là, il se laissa glisser le long du mur, s’asseyant sur le sol, anéanti. Il n’y avait qu’une seule explication au comportement de Clark : il les avait vus, Bruce et lui… Un fol espoir s’insinua dans le cœur d’Oliver : si son ami avait aussi mal réagi, cela voulait peut-être dire qu’il ressentait lui aussi quelque chose de plus fort que l’amitié. Il fallait absolument qu’il parle à Clark, qu’il lui explique la situation.

&&&


La voiture de sport se gara devant la maison des Kent. Oliver en descendit, espérant que Clark serait là. Il s’était passé presque une semaine depuis qu’il avait parlé à son ami au téléphone. Il aurait pu venir plus tôt, mais il avait jugé qu’il valait mieux laisser un peu de temps au jeune homme pour se calmer. Il ne l’avait jamais vu en colère, mais vu ses capacités, il ne voulait pas risquer de se prendre une gifle qui lui ferait traverser le Kansas en vol plané. Alors qu’il approchait de la maison, la porte s’ouvrit sur la seule personne qu’il n’avait aucune envie de voir : Loïs.
— Oliver ? Qu’est-ce que tu fais ici ?
— Je suis venu voir Clark. Il est là ?
La jeune femme eut l’air surpris :
— Il est dans la grange. Pourquoi tu veux le voir ?
Il ne pouvait décemment pas lui dire la vérité, pas après ce qu’ils avaient vécu ensemble. Il changea de sujet :
— Tu vas bien ?
— Oui. Toi aussi apparemment.
— Ca peut aller.
— Je dois partir, je vais être en retard. A bientôt, peut-être.
— Oui.
Alors qu’elle montait dans sa voiture, Oliver réalisa qu’il ne ressentait absolument plus rien pour elle. Il soupira puis se dirigea vers la grange. Comme il s’y attendait, il trouva Clark en haut, assis sur le sofa, plongé dans un livre.
— Salut !
Le brun lui adressa un regard ennuyé, puis répondit.
— Salut ! Si tu viens voir Loïs, elle…
— Je l’ai croisée mais ce n’est pas elle que je viens voir, c’est toi. Il y a eu un malentendu et j’aimerais t’expliquer…
— Tu ne me dois rien, Oliver. Tu fais ce que tu veux de ta vie, tu n’as aucun compte à me rendre.
— Tu le penses vraiment ? demanda le blond, vexé, déçu et amer. Vu ton attitude, je comprends mieux pourquoi Lana a préféré Lex !
A peine avait-il fini sa phrase que Clark se levait d’un bond et se plantait devant lui, l’air furieux.
— Qu’est-ce que tu vas faire ? Me frapper ?
— Ne me parle pas d’eux ! Tu ne sais rien !
— Alors explique-moi ! répondit Oliver, adouci, nullement intimidé par la colère de son ami.
Clark resta un instant silencieux, puis se détourna, brusquement calmé. Il alla se poster près de la fenêtre, les yeux dans le vague. Oliver attendit, sentant que son ami allait enfin se confier à lui.
— J’aimais Lana… souffla le brun. Je l’ai aimée pendant des années… on est sortis ensemble, on s’est séparés et elle est partie à Paris. Là, elle a rencontré un homme, Jason. Lorsqu’elle est revenue, il l’a suivie. C’est à ce moment là, quand je les ai vus ensemble, que j’ai réalisé que mon amour pour elle s’était évanoui et que j’aimais une autre personne…
La lumière se fit dans l’esprit du blond :
— Lex ?
Clark hocha la tête silencieusement.
— Je ne voulais pas l’admettre… jusqu’au jour où tout a dérapé et que je l’ai embrassé.
Il se tut, laissant un silence pesant s’installer dans la pièce.
— Que s’est-il passé ? demanda Oliver, curieux de connaître la réaction de l’autre milliardaire.
— Il ne m’a pas repoussé, au contraire… Il m’a dit qu’il attendait ça depuis notre rencontre, mais qu’il pensait que je ne serais jamais intéressé par lui. On a eu une relation pendant quelques mois… jusqu’au jour où j’ai découvert qu’il m’avait trahi. Je ne l’ai pas supporté… Moi qui lui mentait en permanence sur mes origines, je n’ai pas supporté qu’il me dissimule ce qu’il faisait… Nous avons eu une violente dispute… Tout était fini… Quelques temps après, Lana et lui ont commencé à sortir ensemble. Rien n’aurait pu me faire plus mal.
Oliver comprenait mieux l’amertume de son ami. Un élan de tendresse le poussa à s’approcher mais, au même moment, Clark se tourna vers lui et le fixa d’un air triste :
— Je n’aurais jamais cru être à nouveau attiré un jour par un homme…
— Clark…
— Tu n’aurais pas du venir. C’est encore plus difficile…
— Il fallait que je te voie… que je t’explique… Je ne sais pas exactement ce que tu as vu, mais il n’y a rien entre Bruce et moi. Nous avons eu une histoire il y a trois ans ; aujourd’hui tout est fini.
— Pourtant, tu n’avais pas l’air de détester ça lorsqu’il t’a embrassé.
— Si tu étais resté un peu plus longtemps, tu aurais vu que je l’ai repoussé. Bruce m’aime toujours mais moi non. Clark…
Il s’approcha lentement et se planta devant son ami, plongeant dans son regard azur. Sans un mot de plus, il se pencha, posant ses lèvres sur celles du brun pour un doux baiser. Sentant que Clark restait de marbre, il se recula, le cœur serré. Il fit volte-face, ne voulant pas que son ami puisse voir ses yeux emplis de larmes.
— Je rentre à New York. Si tu veux nous donner une chance d’être heureux, tu sais où me trouver !
Et il partit sans se retourner. Une fois dans sa voiture, il démarra sans attendre. Au bout d’une dizaine de kilomètres, il se gara sur le bas côté et fondit en larmes. Il se sentait idiot de pleurer ainsi, mais il n’arrivait pas à s’en empêcher. Il venait de se rendre compte qu’il n’avait jamais été aimé personne comme il aimait Clark et son cœur se déchirait à l’idée que leur histoire allait se terminer avant même de commencer.

&&&


Oliver était debout près de la baie vitrée de son bureau situé au 65e étage du Chrysler Building. De là, il surplombait New York, mégapole fourmillant sans interruption, jour et nuit. Le soleil commençait à tomber, enveloppant « la ville qui ne dort jamais » d’un halo orangé. Oliver soupira : tout ses employés étaient partis depuis longtemps et il aurait du les imiter, mais il n’avait aucune envie de rentrer chez lui. Il n’en voulait pas à Victor et AC de vivre leur amour sans se cacher, mais cela lui faisait penser à tout ce qu’il n’aurait jamais et le rendait amer. Depuis qu’il était revenu de Smallville, il n’avait passé que quelques heures chez lui. Il passait ses journées et ses nuits dans son bureau, utilisant le studio mitoyen qu’il avait aménagé là quelques années plus tôt, au cas où. Alors qu’il se demandait combien de temps il lui faudrait pour arriver à tourner la page, une voix familière le fit sursauter :
— Bonsoir, Oliver.
Il se retourna d’un bond, le cœur battant à tout rompre.
— Clark !
— Ton système de sécurité n’est pas très efficace ! lança le brun en souriant.
— Il n’a pas été prévu pour des gens comme toi… répondit son ami, essayant de maîtriser le tremblement de sa voix. Que… qu’est-ce que tu fais ici ?
— J’ai réfléchi à ce que tu m’as dit… J’ai envie d’essayer, Oliver… Je… J’ai envie d’être avec quelqu’un à qui je n’aurais pas besoin de mentir sur qui je suis vraiment, quelqu’un qui me comprendra… quelqu’un comme toi…
Tout en parlant, Clark s’était approché. Il ne s’arrêta que lorsque son visage fut à quelques centimètres de celui de son ami.
— Et… encore plus important… j’ai envie de toi…
Un long frisson de désir descendit le long de la colonne vertébrale d’Oliver. Clark franchit l’espace qui les séparait encore, enlaça son ami et l’attira contre lui pour l’embrasser langoureusement.

&&&


Oliver ne parvenait pas à trouver le sommeil malgré la fatigue physique qui s’était emparée de son corps. Blotti contre Clark, il se sentait bien. Pour la première fois depuis longtemps, il n’avait aucune appréhension de l’avenir. Il se remémora leur folle nuit : leur première étreinte, sauvage et un peu trop rapide, qui leur avait permis d’assouvir leur désir impérieux. La longue discussion qui avait suivi durant laquelle ils s’étaient tout raconté de leurs vies… discussion entrecoupée de longs baisers langoureux, de caresses et de découvertes du corps de l’autre… Oliver devait bien l’admettre : il n’avait jamais eu de nuit aussi intense avant celle-ci ! A chaque fois qu’il pensait que son corps était rassasié, un frôlement de Clark suffisait à réveiller son désir. Si on lui avait dit, quelques mois plus tôt, que le jeune fermier était un aussi bon amant, il ne l’aurait jamais cru ! Ou il lui aurait fait des avances bien plus tôt ! Un court instant, une pointe de jalousie le traversa à l’idée que Lex ait pu être celui qui lui avait si bien appris à aimer un homme… Il soupira profondément, réveillant sans le vouloir son compagnon :
— Qu’est-ce qui se passe ?
— Rien, excuse-moi.
— Tu devrais dormir.
— J’aimerais être comme toi, ne pas en avoir besoin… ça doit être génial ! Tu peux faire tout ce que tu veux sans te soucier de la fatigue physique…
Clark ne répondit pas immédiatement. Intrigué par son mutisme, Oliver se redressa et plongea son regard dans les yeux azurs de son amant :
— J’ai dit une bêtise ? demanda t’il, un peu inquiet.
— Non… c’est juste que… parfois, j’aimerais être un humain comme toi… Pouvoir vivre normalement, ne pas avoir à faire attention à ne pas blesser les gens que j’aime à cause de ma force…
— Tu t’es plutôt bien débrouillé cette nuit, sourit Oliver.
Afin d’empêcher son compagnon de répondre, il captura ses lèvres, envahissant sa bouche de sa langue câline. Leurs corps jusque là apaisés réagirent aussitôt. Oliver sentait que la nuit n’était pas encore finie et il avait bien l’intention d’en profiter au maximum… au moins jusqu’à ce que la Ligue reparte en croisade…

Fin.


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