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Nathan était plutôt satisfait de cette première semaine en tant qu'assistant du bureau du Procureur de New York. Tout s'était déroulé exactement comme il l'espérait. Alors qu'il roulait tranquillement en direction de Central Park près duquel se trouvait son appartement, il alluma la radio et se mit à fredonner l'air qui y passait. Le feu devant lui devint rouge. Il s'arrêta, pianotant sur son volant au rythme de la musique. Lorsque le feu passa au vert, il démarra normalement. C'est alors qu'une voiture de sport rouge arriva à toute allure dans la rue transversale et grilla son propre feu rouge. Les réflexes de Nathan lui sauvèrent la vie alors que son véhicule faisait une embardée et finissait en travers de la chaussée. Le chauffard ne s'arrêta pas, continuant à foncer dangereusement à travers la ville. Nathan descendit de voiture, le coeur battant à tout rompre, tout son corps tremblant encore de la peur qu'il venait d'avoir. Un couple qui avait assisté à la scène s'approcha de lui.
— Vous allez bien, Monsieur ? demanda l'homme.
— Oui, oui... merci... il y a eu plus de peur que de mal, heureusement.
— Ce type est un danger public! renchérit la femme. J'ai voulu noter son numéro mais il allait trop vite et je n'ai pas eu le temps de voir sa plaque.
— Ce n'est pas grave, sourit Nathan dont le rythme cardiaque revenait enfin à la normale. Merci d'avoir essayé. Bonne soirée.
— A vous aussi.
Le couple s'éloigna tandis que Nathan remontait dans sa voiture. Le reste du trajet se déroula sans autre problème. Une fois chez lui, il alla prendre une douche, enfila un pantalon de pyjama et se coucha, fatigué par sa journée de travail et ses émotions de la soirée.

Nathan fut réveillé par un coup de tonnerre qui ébranla les vitres de son appartement. Surpris, il se leva et alla jeter un coup d'oeil dehors. Il tombait des cordes et les éclairs violents déchiraient le ciel. Il jeta un bref coup d'oeil à son réveil qui indiquait minuit dix, puis retourna se coucher. Il venait à peine de se glisser sous les draps qu'on sonna à la porte. Se demandant qui pouvait bien débarquer chez lui aussi tard et surtout qui était assez fou pour sortir avec ce temps, il alla ouvrir. Quelle ne fut pas sa surprise de se trouver face à son jeune frère de seize ans, trempé comme une soupe, qui le regardait d'un air inquiet.
— Peter ? Mais qu'est-ce que tu fais là ?
— Je... tu vas me trouver idiot...
— Entre, ne reste pas sur le palier !
L'adolescent obéit. Son aîné le poussa jusqu'à la salle de bains.
— Enlève ces vêtements mouillés, tu vas attraper froid. Je suppose que les parents ne sont pas au courant que tu es ici ?
— Non...
— Bon, je les appelle pendant que tu te sèches... soupira Nathan.
Il retourna dans sa chambre et prit son téléphone, composant le numéro de la résidence Petrelli, située à l'autre bout de l'East Side. Le majordome qui lui répondit lui passa immédiatement sa mère.
— Maman, Peter est ici.
— Dieu du Ciel ! Cet enfant est infernal ! Qu'est-ce qu'il fait chez toi ?
— Je ne sais pas encore. Je voulais d'abord te prévenir. Il va rester passer la nuit ici et je le ramènerai demain matin.
— D'accord. N'hésite pas à être ferme avec lui ! Il doit comprendre qu'on ne doit pas, à son âge, disparaître ainsi.
— Ne t'en fais pas, Maman, je m'en occupe. Bonne nuit.
— Bonne nuit. Merci, Nathan.
Il raccrocha et se tourna vers Peter qui venait de le rejoindre, enveloppé dans un peignoir blanc.
— Bon, maintenant, tu vas m'expliquer ce que tu fais ici, en pleine nuit. Et pourquoi tu es sorti sous l'orage comme ça !
Le plus jeune se laissa tomber sur le lit, l'air gêné. Nathan soupira, puis vint s'asseoir près de lui.
— Tu sais que tu peux tout me dire.
— J'ai fait un cauchemar... commença Peter. Tu étais au volant de ta voiture et il y en avait une autre, une rouge, qui te fonçait dessus.
L'aîné fut troublé par la coïncidence mais se força à ne rien montrer à son cadet.
— Ecoute, Peter, ce n'était qu'un rêve...
— J'ai eu si peur pour toi...
— Tu aurais pu me téléphoner, tu sais, au lieu de venir jusqu'ici, sourit Nathan.
Le plus jeune, rougissant, baissa les yeux sur ses mains jointes entre ses genoux.
— Il y a autre chose ?
— Non non...
Nathan n'était pas dupe, mais il savait qu'il ne servirait à rien de brusquer Peter. Son frère lui parlerait lorsqu'il en aurait envie. Il se releva, puis alla chercher un pyjama dans sa commode. Il le lança à son cadet en souriant :
— Tiens, ça sera sûrement trop grand, mais ça sera mieux que rien.
— Merci.
Peter passa dans la salle de bains et revint quelques minutes plus tard en pyjama. Nathan se recoucha, puis lui fit signe de le rejoindre.
— Viens, on va dormir.
Le plus jeune se glissa sous les draps et s'installa sur le côté, face à son aîné. Nathan sourit, puis éteignit la lumière.
— Bonne nuit, Peter.
— Bonne nuit, Nathan.

Il sentit des lèvres se poser timidement sur les siennes. Un frisson de désir le traversa alors que le baiser s’approfondissait et que sa langue rencontrait sa jumelle. Une main douce caressa lentement son torse, descendant sur son ventre plat jusqu'à la lisière de son pantalon de pyjama.

Nathan fut réveillé en sursaut lorsqu’il prit conscience que ce qu’il croyait rêver se déroulait réellement. Surpris, il repoussa un peu violemment Peter qui glissa du lit et tomba douloureusement sur le sol.
— Qu’est-ce que tu fous ? s’emporta l’aîné, essayant de repousser les pensées malsaines qui l’envahissaient.
Le plus jeune baissa les yeux, contrit. Il était au bord des larmes et tremblait violemment.
— Je suis désolé…
Nathan ne put résister à l’air triste de son cadet. Il lui tendit la main pour l’aider à remonter sur le lit. Sans croiser le regard de son frère, Peter se releva, frotta son arrière-train qui avait dû souffrir de son atterrissage un peu brusque sur le parquet, puis vint s’asseoir à l’autre bout du matelas, au pied du lit, recroquevillé sur lui-même. Nathan ne savait pas quelle attitude adopter. Il soupira profondément et demanda d’une voix radoucie :
— Dis-moi ce qui se passe… pourquoi tu as fait ça ?
Peter ne répondit pas immédiatement. Il semblait réfléchir à ce qu’il allait dire. Au bout de quelques minutes qui parurent interminables à son aîné, il souffla d’une voix tremblante :
— Je… je crois que je suis tombé amoureux de toi…
Nathan se figea. Peter continua :
— Je ne l’ai pas fait exprès… c’est arrivé comme ça, j’ai rien pu faire… Pardonne-moi… je t’en prie…
L’aîné ne parvenait pas à en vouloir à son cadet alors que les mêmes sentiments coupables troublaient son cœur depuis quelques mois. Il savait qu’il devait tout faire pour que Peter oublie cet amour impossible… comme il devait le faire lui-même…
Un silence pesant s’était installé dans la chambre. Alors que Nathan cherchait quoi dire, il entendit son cadet éclater en sanglots. Le cœur serré, il s’approcha et attira Peter dans ses bras.
— Je ne t’en veux pas… calme-toi…
Le plus jeune enfouit son visage humide dans son cou, s’accrochant à lui comme si sa vie en dépendait. Nathan lui caressa tendrement le dos, bouleversé. Tout au fond de lui, sa raison menait une lutte acharnée contre ses sentiments. Et un désir troublant montait peu à peu dans tout son être alors qu’il tenait le corps tremblant de son frère contre lui.
— Peter…
Nathan le repoussa doucement afin de pouvoir le regarder en face. Bouleversé par les larmes qui inondaient les joues de son cadet, il les lui essuya tendrement. Sans même qu’il se rende compte de ce qu’il faisait, ses doigts glissèrent jusqu’aux lèvres si tentantes de Peter et les caressèrent avec lenteur. Sa raison lui hurlait d’arrêter, qu’il s’aventurait sur une pente savonneuse qui les perdrait tous les deux, mais il ne pouvait plus lutter… Il se pencha lentement, ferma les yeux et posa timidement sa bouche sur celle de son cadet. Il sentit Peter se crisper contre lui puis se détendre peu à peu. Le baiser s’approfondit rapidement.
Un désir brûlant avait envahi les veines de l’aîné. Il attrapa son cadet par les épaules, l’entraînant avec lui en position horizontale. Etendu sur le corps souple de Peter, il ne pouvait ignorer l’envie de l’adolescent. Il rompit le baiser et se redressa sur ses avant-bras, plongeant son regard dans celui de son cadet.
— Je ne peux plus me mentir… souffla t’il. Je t’aime, Peter… et j’ai envie de toi… mais je ne veux pas te forcer… on peut encore revenir en arrière… et tout arrêter dès maintenant, si tu veux…
— Je n’ai pas du tout envie d’arrêter… Nathan, je t’aime. Je veux… je veux que tu sois le premier…
L’aîné fondit à nouveau sur les lèvres de son frère. Il savait qu’il aurait des remords plus tard, mais pour l’instant, il ne voulait qu’une chose : faire découvrir l’amour charnel à celui qu’il aimait plus que son être.

***


Le lendemain matin, Nathan reconduisit Peter à la Résidence Petrelli. Entre leur réveil et l’arrivée dans le bâtiment, ils n’échangèrent presque aucun mot. L’aîné tentait d’oublier son moment de faiblesse. Il s’en voulait terriblement d’avoir laissé parler ses sentiments et son désir. Et, à présent qu’il avait fait cette erreur, il ne savait plus comment se comporter avec son cadet. Peter n’avait pas non plus tenté de lui parler, ce dont il avait été grandement soulagé.
Lorsqu’ils arrivèrent chez leurs parents, Peter disparut rapidement dans l’escalier. Nathan soupira profondément. Il se dirigea vers le salon où il savait qu’il trouverait leur mère. Angela Petrelli était assise sur le sofa, plongée dans la lecture d’un magazine boursier.
— Bonjour, Maman, souffla t’il en se penchant pour l’embrasser.
— Bonjour, fiston.
— Peter est monté dans sa chambre.
— Je crois que je ne le comprendrai jamais… soupira la femme. Tu sais que ses notes sont catastrophiques depuis quelques semaines ?
Nathan n’en fut pas surpris. Il se doutait que l’attirance que son frère éprouvait pour lui avait dû le perturber outre mesure. Des images troublantes de leur nuit lui revinrent en mémoire et il détourna les yeux, honteux. Les remords lui nouait l’estomac. L’arrivée de leur père dans le salon lui permit de se ressaisir.
— Bonjour, Nathan.
— Bonjour, Papa.
— Ta mère et moi avons à te parler. De Peter.
Le cœur de l’aîné se mit à battre la chamade. Est-ce qu’ils avaient découvert les sentiments incestueux qui les unissaient ?
— Assieds-toi.
Il prit place près d’Angela sur le sofa, puis leva les yeux vers son père, inquiet. Celui-ci reprit :
— Comme ta mère a dû te le dire, les notes de Peter ont dramatiquement chuté depuis plusieurs semaines. Nous avons donc décidé de l’envoyer en pension. Nous avons trouvé un lycée qui sera parfait pour lui.
— Où se trouve t’il ?
— Près de Genève.
— En Suisse ? s’étonna Nathan. Pourquoi voulez-vous le faire partir aussi loin ?
— Il a besoin qu’on lui rappelle ce qu’est la discipline, intervint Angela. Et ce lycée privé est le meilleur établissement de toute l’Europe. Alan DeMarco en est sorti major de sa promotion et maintenant, il dirige la société de son père d’une main de maître.
Le jeune homme soupira profondément. Cela le déchirait d’imaginer Peter aussi loin de lui, mais, finalement, cet éloignement serait sûrement la meilleure solution pour leur permettre d’oublier leurs sentiments contre-nature.
— Vous avez raison, finit-il par dire. Ca ne pourra que lui faire du bien. Vous le lui avez dit ?
— Non, nous comptions le faire ce matin.
— Ne vous donnez pas cette peine !
Peter se tenait dans l’encadrement de la porte du salon. Son visage était rouge de colère. Il jeta un regard assassin à son aîné, puis tourna les talons et disparut dans l’entrée. Nathan se leva d’un bond, se précipitant pour le rejoindre. Il le rattrapa par le bras alors qu’il ouvrait la porte de la demeure et s’apprêtait à sortir.
— Lâche-moi ! lança l’adolescent d’une voix forte.
— Pete, écoute…
— Laisse-moi tranquille ! Je ne veux pas t’entendre !
Craignant que son cadet laisser échapper une phrase malheureuse au sujet de ce qui s’était passé entre eux la nuit précédente, il l’entraîna dans la salle à manger déserte et referma la porte derrière eux.
— Ils veulent m’éloigner de toi et tu les laisses faire ! gronda Peter, les bras croisés.
— Ca me fait aussi mal qu’à toi mais…
— Bien sûr… tu n’es qu’une ordure, Nathan ! Tu as osé me faire croire que tu m’aimais comme je t’aimais ! Tu t’es servi de moi ! Tu…
Nathan plongea son regard dans celui de son frère.
— Je ne t’ai jamais menti… Tout ce que j’ai dit, ce qui s’est passé cette nuit… j’étais sincère, Pete… mais c’est mieux pour tout le monde que tu partes. Ca nous permettra d’oublier ces sentiments que nous ne devrions pas ressentir.
— Je ne veux pas les oublier ! s’indigna le plus jeune.
— Il le faut. Réfléchis un peu : tu crois vraiment qu’une relation amoureuse entre deux frères serait bien vue ? Et puis… tu es si jeune… tu rencontreras un jour une fille qui fera ton bonheur.
Peter renifla dédaigneusement.
— Une fille comme Heïdi ? Si je suis loin, tu vas pouvoir l’épouser pour faire plaisir aux parents… et ne pas risquer que je raconte ce qui s’est passé…
— Heïdi est une amie. Je n’ai pas l’intention de l’épouser. Je t’aime, Peter, mais tu dois comprendre que nous n’avons aucun avenir ensemble.
Les larmes se mirent à rouler sur les joues de l’adolescent. Il repoussa brutalement la main de Nathan qui tenait toujours son bras et se dirigea vers la porte. Alors qu’il posait les doigts sur la poignée, il se retourna et souffla :
— Je te déteste !
L’aîné ne bougea pas lorsque le cadet sortit de la salle à manger. Il resta là un long moment, jusqu’à ce qu’il entende la porte de la maison claquer. Soudain envahi d’un mauvais pressentiment, il emboîta le pas de son frère. Peter marchait rapidement sur le trottoir, s’éloignant de la demeure familiale en direction du parc.
— Pete ! Reviens !
L’adolescent ne se retourna pas. Nathan commençait à descendre les marches pour le rattraper lorsqu’un van noir se gara le long du trottoir à la hauteur de Peter. La suite se déroula tellement vite que l’aîné des Petrelli n’eut pas le temps de réagir : la portière s’ouvrit, un homme vêtu de noir, cagoulé, ceintura Peter, lui plaquant une main gantée sur la bouche, et l’entraîna dans le véhicule qui redémarra en trombes. Nathan se mit à courir à la poursuite du van en hurlant le prénom de son jeune frère. Il ne s’arrêta que lorsque le véhicule eut tourné le coin de la rue et fut hors de vue.

***


Cela faisait maintenant une heure que Peter avait été enlevé. Nathan tournait en rond dans le salon alors qu’un enquêteur du FBI, l’Agent Williamson, interrogeaient ses parents.
— Monsieur Petrelli, connaissez-vous une ou plusieurs personnes qui pourraient vous en vouloir au point d’enlever votre fils ?
— Oui, malheureusement. Je vais vous faire une liste.
Nathan regardait ses parents à tour de rôle. Ils étaient si calmes et stoïques qu’il sentit la colère l’envahir :
— Peter est en danger et vous ne semblez pas vous inquiéter pour lui ! Qui vous dit que son enlèvement est l’œuvre d’un de tes ennemis ? lança t’il à son père qui le fixait d’un air désapprobateur.
Avant que l’un de ses parents ait eu le temps de répondre, il se tourna vers l’agent du FBI :
— Et vous, vous comptez faire quoi pour le retrouver ? Si vous attendez une demande de rançon et qu’elle n’arrive jamais ? Vous allez le laisser mourir ?
Angela se leva, s’approcha de son aîné et le gifla violemment.
— Calme-toi ! Ta conduite est indigne d’un Petrelli ! Nous aimons Peter nous aussi et nous sommes inquiets, tout comme toi. Mais ce n’est pas une raison pour laisser l’hystérie nous envahir. Il faut agir avec calme et méthode.
— Votre mère a raison, intervint Williamson. Nous ferons tout pour ramener votre frère sain et sauf.
Nathan serra les poings. Sa colère n’était pas retombée, au contraire. Il tourna les talons et se dirigea vers la porte.
— Où vas-tu ? demanda son père.
Sans se retourner, il répondit :
— J’ai besoin de prendre l’air…
Il quitta la maison, marchant rapidement vers le parc. Il avait les nerfs à fleur de peau et sentait qu’il ne faudrait pas grand chose pour qu’il craque. Avisant un banc, il s’y assit, le regard dans le vide. Sa dispute avec Peter lui revint en mémoire. « Je te désteste ! » avaient été les derniers mots que son cadet lui avaient dit… peut-être les derniers qu’il lui dirait jamais… Un lourd sentiment de culpabilité lui tordit l’estomac. Il se pencha en avant, enfouissant son visage dans ses mains, et éclata en sanglots.

Nathan mit un très long moment avant de parvenir à se calmer. Lorsqu’il réussit enfin à arrêter de pleurer, il s’essuya le visage avec son mouchoir, puis repartit en direction de la demeure familiale, espérant que les nouvelles seraient bonnes. Alors qu’il entrait dans le salon, sa mère lui lança :
— Nous venons d’avoir une demande de rançon. Elle devra être remise ce soir à vingt heures au pied de la statue de Christophe Colomb dans Central Park.
Une légère pointe d’espoir s’immisça dans son cœur.
— Combien ?
— Un million, répondit son père. J’ai déjà appelé la banque, ils s’en occupent.
Angela s’approcha de son fils, le fixa un moment, puis souffla :
— Ils ont demandé que ça soit toi qui aille déposer l’argent.
— Moi ? s’étonna Nathan. Mais pourquoi ?
— Nous ne le savons pas, intervint Williamson. Mais vous n’aurez rien à craindre, nous vous veillerons sur vous. Nous…
— Pas question ! Je ne veux pas prendre le moindre risque donc il est hors de question que vous soyez dans le coin. J’irai mais seul !
— Nathan ! Il est impensable que tu te mettes en danger pour…
Il interrompit sa mère d’un ton sec :
— S’ils s’aperçoivent que le FBI est là, ils risquent de tuer Peter ! C’est ce que tu veux ? C’est décidé, j’irai seul déposer la rançon.
Il n’attendit pas d’avoir une réponse et quitta la pièce. Il monta au premier, allant s’enfermer dans la chambre de son frère. Il avait besoin d’être seul ; il ne supportait plus les regards hypocrites de ses parents. Il s’assit sur le lit, se demandant où était Peter et s’il allait bien. Son regard tomba sur un comic-book de Superman qui traînait sur le bureau. Il soupira profondément :
— Si seulement je savais voler comme lui… j’aurais pu les empêcher de t’enlever…
Il s’allongea sur le dos, les mains derrière la tête et ferma les yeux.

Peter était étendu sur un lit, pieds et poings liés, un bâillon sur la bouche et un bandeau sur les yeux. Il tremblait de peur et des larmes coulaient sur ses joues. Deux hommes parlaient dans la pièce voisine, mais il ne pouvait pas comprendre ce qu’ils se disaient. Au bout d’un moment, les voix se turent et des bruits de pas approchèrent rapidement. Il entendit la porte s’ouvrir puis se refermer. Il sursauta lorsque l’un des hommes murmura contre son oreille :
— Tu vas bientôt rentrer chez toi, petit…
Peter n’osait pas y croire. Alors qu’il commençait à espérer enfin sortir de cet enfer, il sentit l’homme poser la main sur son épaule et l’obliger à s’allonger sur le dos.
— Mais avant ça…
Une terreur sans nom l’envahit lorsque son ravisseur glissa ses doigts sous son tee-shirt…


— Peter !
Nathan se redressa vivement, affolé. Il s’était endormi sans s’en rendre compte et venait de faire le pire des cauchemars. Il se passa une main sur le visage, n’arrivant pas à calmer la peur qui l’avait envahi et les battements désordonnés de son cœur. Il essayait de se convaincre que ça n’était pas réel, que Peter allait lui être rendu sain et sauf, mais l’angoisse qui étreignait son cœur était plus forte que tout. Il soupira profondément, puis alla dans la salle de bains se passer un peu d’eau sur le visage. En sortant de la pièce, il consulta sa montre : il lui restait plus de cinq heures avant d’aller déposer la rançon.
Il redescendit au salon. Son père et l’agent du FBI n’étaient plus là. Seule sa mère se tenait debout près de la fenêtre, regardant dehors. En l’entendant entrer, elle se tourna vers lui :
— L’argent sera prêt dans deux heures.
Il hocha la tête en silence et se laissa tomber sur le sofa.
— Maman, je suis désolé de mon attitude. Je n’aurais pas du m’emporter comme ça…
Angela ne répondit pas immédiatement. Elle vint s’asseoir à côté de son fils et posa une main sur son bras.
— Je sais que tu aimes ton frère… ton père et moi aussi, nous l’aimons. Et si nous sommes sévères avec lui, c’est pour son bien. Nous voulons qu’il réussisse aussi bien que toi. Tu es si brillant, Nathan… Je suis si fière de toi…
— Merci, Maman… mais, tu sais, en ce moment, je donnerai tout, ma carrière et mon avenir, pour que Peter revienne sain et sauf. Je…
Il fut interrompu par l’entrée dans la pièce de l’agent du FBI.
— Monsieur Petrelli, je voulais justement vous voir au sujet de la remise de la rançon. Vous voulez bien me suivre ?
— Je viens.
Il embrassa sa mère sur la joue et suivit Williamson dans le bureau de son père.

***


Il était dix-neuf heures cinquante-cinq lorsque Nathan arriva au pied de la statue, portant l’attaché-case contenant le million de dollars demandé par les ravisseurs. Il espérait que le FBI tiendrait sa promesse et qu’ils n’étaient pas dans le coin à le surveiller. Sa montre bippa, indiquant vingt heures. Il regarda tout autour de lui, mais il n’y avait personne. Alors qu’il se demandait quoi faire, le téléphone public qui se trouvait à une dizaine de mètres de lui sonna. Il hésita un instant, puis alla répondre.
— Allô !
— Vous êtes Nathan Petrelli ?
— Oui. Où est mon frère ?
— Vous allez bientôt le retrouver. Déposez l’argent dans la poubelle la plus proche de vous et traversez le petit pont. Il y a un autre téléphone public. Attendez là-bas qu’on vous appelle. Dès qu’on aura vérifié que l’argent est bien là, nous vous dirons où est votre frère.
Avant qu’il ait eu le temps de demander comment allait Peter, l’autre avait raccroché. Cette fois-ci, il n’hésita pas. Il mit l’argent dans la poubelle et prit la direction qu’on lui avait indiquée. Arrivé à côté de l’autre téléphone, il dut attendre plus de dix minutes avant que celui-ci ne sonne.
— Petrelli.
— Vous remercierez votre père pour le million.
— Où est Peter ?
— Vous le trouverez dans les toilettes publiques, à une centaine de mètres de la bouche de métro de Park Avenue Sud.
Nathan raccrocha et se précipita vers l’endroit que l’autre venait de mentionner. Il avait le souffle court lorsqu’il arriva devant les toilettes publiques. Le cœur battant à tout rompre, il ouvrit la porte et trouva Peter, recroquevillé sur le sol, inconscient, ligoté et bâillonné. Nathan le détacha rapidement, puis le souleva dans ses bras pour le sortir à l’air frais. A peine quelques secondes plus tard, ils furent rejoints par l’Agent Williamson et un médecin qui examina l’adolescent.
— Comment va t’il ? s’inquiéta Nathan, agenouillé près de son frère.
— Son pouls est lent et régulier. Ils ont du le droguer pour pouvoir le transporter plus facilement.
Des ambulanciers arrivèrent et installèrent Peter sur une civière. Williamson les suivit.
— Il va falloir que j’interroge votre frère dès qu’il aura repris conscience.
— Je sais… soupira Nathan.

Il faisait les cent pas dans le couloir de l’hôpital, inquiet. Les médecins ne l’avaient pas autorisé à entrer dans la salle où ils examinaient Peter. Leurs parents étaient assis, toujours très calmes. Williamson était au téléphone à l’autre bout du couloir, sûrement pour savoir si son équipe avait pu localiser les ravisseurs. Nathan ne parvenait pas à calmer son inquiétude, les images de son cauchemar lui revenant sans arrêt en mémoire. Enfin, au bout d’une demi-heure qui lui parut interminable, un médecin les rejoignit.
— Monsieur et Madame Petrelli ?
Ses parents se levèrent et s’approchèrent.
— Je suis le Docteur Brown. Je viens d’examiner votre fils.
— Comment va t’il ? demanda Angela.
— Physiquement, bien. Il a quelques bleus et contusions, ce qui est normal vu ce qui lui est arrivé. Il a repris connaissance pendant l’examen et tout semble normal…
— Semble ? reprit Nathan, sentant l’affolement le gagner.
— Peter n’a pas prononcé un mot depuis qu’il s’est réveillé. J’ai tenté de l’interroger pour savoir ce que ses ravisseurs lui avaient fait, mais il refuse de répondre. J’ai appelé un psychologue pour qu’il vienne le voir.
Williamson, qui s’était approché, demanda :
— Je peux aller l’interroger ?
— Vous pouvez toujours essayer, mais comme je le disais à sa famille, Peter ne parle pas. Je ne suis pas inquiet, cela arrive parfois dans les cas de traumatismes. Un bon suivi psychologique devrait pouvoir l'aider à surmonter son blocage.
Le médecin les autorisa ensuite à voir Peter. Nathan laissa ses parents et Williamson y aller en premier. Il voulait être seul avec son frère afin de pouvoir lui parler librement. Il dut attendre une heure de plus avant d'avoir enfin l'opportunité d'être seul dans la chambre avec son cadet. Peter était couché sur le côté, recroquevillé, tournant le dos à la porte. Nathan prit une chaise, puis s'installa près du lit, face à son frère. L'adolescent ne leva pas les yeux vers lui. Il était éveillé, mais il ne semblait même pas s'apercevoir de la présence de son aîné. Celui-ci se pencha doucement vers lui et posa sa main sur son épaule.
— Peter ?
Le regard de son cadet se posa enfin sur lui et ce qu'il y vit lui serra le coeur.
— Tu es en sécurité maintenant... Je suis désolé...
Nathan posa ses doigts sur la joue de son frère qui eut un bref mouvement de recul.
— Pete... parle-moi... dis-moi ce qui s'est passé... je t'en prie...
L'adolescent ferma les yeux et resserra un peu plus ses bras contre son torse. Alors que Nathan allait encore essayer de l'interroger, le médecin entra dans la chambre.
— Monsieur Petrelli, je suis désolé, mais votre frère doit se reposer. Vous pourrez revenir le voir demain, dès le début des visites.
Soupirant, il se leva et se pencha pour déposer un léger baiser sur la tempe de son cadet.
— Je t'aime, Peter...
L'angoisse de son cauchemar était revenue. Il fallait qu'il interroge le médecin. Lorsqu'ils furent dans le couloir, il bredouilla :
— Est-ce que... est-ce que mon frère a été...
Il prit une grande inspiration, puis parvint enfin à finir sa question :
— Est-ce qu'il a été violé ?
Le Docteur Brown eut l'air réellement surpris.
— Non, il n'a aucune marque de quelconque violence sexuelle. Pourquoi pensez-vous qu'il en ait subi ?
Nathan savait qu'il ne pouvait pas parler de son rêve sans risquer de passer pour un fou. Alors, il omit une partie de la vérité.
— Je... Quand je l'ai touché, il a eu un mouvement de recul, comme s'il avait peur du contact physique.
— Ca arrive parfois lors d'un traumatisme. Je suis certain que le psychologue l'aidera à surmonter sa peur.
— Je l'espère... murmura Nathan, peu convaincu.

***


Cela faisait maintenant une semaine que l'enlèvement avait eu lieu. Peter était toujours à l'hôpital et n'avait pas dit un mot, malgré les efforts incessants des médecins, des psychologues et de sa famille pour l'aider. Ce soir-là, alors qu'il quittait son travail, Nathan reçut un appel de sa mère qui souhaitait le voir le plus tôt possible. Il se rendit donc directement à la Résidence Petrelli. Ses parents l'attendaient dans le salon, l'air grave. Un mauvais pressentiment l'envahit. Il demanda :
— C'est Peter ? Il va bien ?
— Il n'y a toujours aucune évolution, répondit Angela. Ton père et moi avons pris une décision très importante.
— Laquelle ?
— Nous allons envoyer ton frère dans une maison de repos, le Foyer Belton, à Philadelphie.
Nathan leur adressa un regard horrifié.
— Mais, c'est une clinique psychiatrique, pas une maison de repos !
— Nous ne pouvons pas faire revenir ton frère ici tant qu'il n'aura pas retrouvé toute sa raison. Là-bas, il sera encadré et soigné.
— Vous croyez qu'en l'envoyant là-bas, loin de nous, vous allez l'aider ? Peter a besoin de nous ! Il a besoin de sa famille ! Pas d'être enfermé parmi des déficients mentaux et pris en charge par des médecins qui vont le bourrer de drogues !
— Notre décision est prise ! Gronda son père. Si nous t'en avons parlé, c'est uniquement pour que tu en sois informé. Nous n'avons pas besoin de ton approbation concernant l'éducation et la santé de ton frère !
Nathan serra les poings. Il n'arrivait pas à croire que ses parents allaient faire ça, envoyer Peter dans un établissement dont il n'avait presque aucune chance de sortir. Il quitta la maison, furieux. Il n'avait pas toujours été d'accord avec les choix de ses parents, mais depuis quelques temps, il avait de plus en plus de mal à les comprendre. Il remonta dans sa voiture et reprit la direction de son bureau : il fallait absolument qu'il trouve un moyen légal pour les empêcher de faire interner Peter.

***


Nathan ferma la portière de sa voiture en soupirant. Cela faisait deux mois que Peter était enfermé à Belton et il n'avait rien pu faire pour l'en sortir. De plus, l'état de son cadet ne s'était pas amélioré. Peter passait ses journées assis sur une chaise à regarder dans le vide. A cause de son travail, Nathan n'avait pas pu aller le voir aussi souvent qu'il l'aurait souhaité. Ce sentiment d'impuissance qui l'avait envahi lors de l'enlèvement de son cadet le poursuivait encore. Pour la énième fois, il allait tenter ce soir-là de convaincre ses parents de laisser sortir Peter de Belton, même s'il savait que ça ne servirait à rien.
Il entra dans la résidence et tomba sur le majordome qui le salua :
— Bonsoir, Monsieur.
— Bonsoir, Alan. Mes parents sont là ?
— Votre mère est à son club de bridge pour son tournoi mensuel. Et votre père est dans son bureau avec l'un de ses clients, un certain Monsieur Linderman. Voulez-vous que je vous fasse servir à souper ?
— Non, merci. J'ai mangé au bureau avant de partir. Je vais attendre que mon père ait fini, j'ai à lui parler.
Le majordome se retira. Alors que Nathan passait devant le bureau de son père pour se rendre dans le salon, il remarqua que la porte était entrouverte. Il n'y aurait pas plus prêté attention s'il n'avait entendu une phrase prononcée par une voix inconnue qui lui glaça le sang :
— Enlever votre fils était ma seule solution pour vous contraindre à travailler pour moi. Vous ne m'avez pas laissé le choix, Monsieur Petrelli.
Nathan se colla contre le mur, tendant l'oreille.
— Je savais, continua l'inconnu, que vous n'auriez pas la possibilité de réunir une telle somme en si peu de temps... et que vous vous tourneriez vers la seule personne à même de vous la prêter, à savoir moi.
— Et, maintenant, je vous suis redevable, Monsieur Linderman...
— Tout à fait !
— Je pourrais très bien aller voir la Police ou le FBI et leur dire ce que vous avez fait.
— Mais vous ne le ferez pas, je me trompe ? Vous aussi avez de lourds secrets à cacher, Monsieur Petrelli. Je suis certain que vous ne souhaitez pas voir la justice mettre son nez dans vos affaires... et puis, vous pouvez toujours aller dire à qui vous voulez que j'ai fait enlever votre fils pour vous obliger à travailler pour moi... ça sera votre parole contre la mienne ! Vu mes relations, je n'aurais aucun mal à vous faire passer pour un fou, à vous discréditer et à vous faire radier du Barreau de New York. Est-ce cela que vous souhaitez ?
L'avocat ne répondit pas. Nathan serrait les poings, la colère montant en lui comme un raz-de-marée dévastateur. Alors qu'il allait débouler dans le bureau pour s'expliquer avec son père et ce Linderman, la porte s'ouvrit, le faisant sursauter. Il fit un bond en arrière, surpris. Petrelli Senior sortit, suivi par son client.
— Tiens, tu es là ? Bonsoir, fiston.
— Bonsoir, se força à répondre le jeune homme.
— Je te présente l'un de mes nouveaux clients, Monsieur Linderman.
L'intéressé tendit la main vers Nathan. Celui-ci hésita un court instant, puis décida qu'il valait mieux jouer le jeu alors qu'une idée émergeait dans son esprit. Il serra la main de Linderman, soufflant :
— Enchanté de vous rencontrer, Monsieur.
— Tout le plaisir est pour moi, jeune homme. Votre père ne tarit pas d'éloges sur vous. Monsieur Petrelli, il se fait tard, je vais vous laisser. Je vous vois lundi à votre bureau pour que nous discutions des détails de notre affaire.
— Oui, à lundi.
Le majordome apparut et raccompagna Linderman à la porte d'entrée. Au moment où il sortait, Angela entra. Elle parut surprise de voir son fils et le fut encore plus lorsqu'il demanda :
— On peut aller dans le bureau ? J'ai quelque chose d'important à vous dire.
Ses parents le précédèrent. Il entra dans la pièce, refermant soigneusement la porte derrière lui. Il s'y adossa, prit une grande inspiration, puis demanda :
— Maman, tu sais qui est l'homme qui vient de partir ?
— Bien sûr, c'est Monsieur Linderman, le nouveau client de ton père.
— Et tu sais aussi que c'est lui qui a fait enlever Peter pour que Papa soit obligé de travailler pour lui ?
Nathan n'eut pas besoin d'autre réponse que le visage impassible de sa mère. Un sentiment d'abandon et d'amertume l'envahit.
— Je veux que vous fassiez sortir Peter de Belton.
— Tu sais bien que si ton frère reste là-bas, c'est pour son bien, commença Angela. Nous le ferons sortir quand...
— Soit vous le faites sortir immédiatement, soit j'appelle l'un de mes amis qui travaille au New York Times et je lui raconte toute l'histoire avec Linderman.
Le couple échangea un regard inquiet.
— Personne ne te croira, Nathan, lança son père d'un ton sec.
— Peut-être, mais en attendant, la réputation de notre famille sera ternie...
— Tu ne ferais pas ça ! S'énerva sa mère.
Il bondit vers eux, les poings serrés :
— Vous ne vous rendez pas compte que Peter aurait pu être tué ! Et que s'il est dans cet état, c'est par votre faute !
— Nath...
Il s'approcha du bureau, attrapa un stylo et le tendit à son père :
— Ecris une lettre pour le Directeur de Belton disant que tu veux que ton fils en sorte dès ce soir et qu'ils doivent le laisser partir avec moi.
— Ce n'est pas une bonne idée, Nathan, tenta de le convaincre Angela.
— Ecris !
Son père soupira, puis il obéit. Lorsqu'il eut terminé, il donna la lettre à son aîné qui la lut rapidement. Satisfait, il quitta le bureau sans un mot de plus. Il monta à l'étage, prit des affaires de son frère qu'il entassa dans un sac. Alors qu'il redescendait, il aperçut ses parents en grande discussion dans le bureau, mais n'y prêta pas la moindre attention. Il sortit de la résidence, remonta dans sa voiture et alla chez lui. Il se prépara un sac de voyage, prit quelques provisions dans une glacière, les clés du chalet du Vermont que ses parents lui avaient offert pour son vingt-cinquième anniversaire et repartit.

***


Il était plus de vingt-deux heures lorsque Nathan gara sa voiture devant le Foyer Belton. La lettre de son père soigneusement rangée dans la poche de sa veste, il entra. Le gardien de nuit lui adressa un regard surpris :
— Je peux vous aider, Monsieur ?
— Je dois voir le Directeur. C'est extrêmement urgent.
— Monsieur Mitchell est déjà rentré chez lui. Revenez demain matin, il...
Nathan n'écoutait déjà plus le gardien. Il prit son portable et composa le numéro personnel du Directeur de l'établissement.
— Mitchell.
— Ici Nathan Petrelli. Je suis à l'accueil du Foyer et je suis venu faire sortir mon frère.
— Il me faut l'autorisation de votre père pour...
— Je l'ai, l'interrompit le jeune homme.
— Il est tard, Monsieur Petrelli. Je vous conseille de revenir demain mat...
— Mon frère va sortir de cette clinique dès ce soir, Monsieur Mitchell, même si je dois faire intervenir les forces de l'ordre pour cela.
Il y eut un blanc à l'autre bout du fil, puis Mitchell reprit :
— Je serai là dans dix minutes.
Nathan raccrocha, puis alla s'asseoir sur l'un des sièges inconfortables de la salle d'attente. A peine huit minutes plus tard, Stephen Mitchell entrait dans son établissement. Après avoir consulté la lettre écrite par Petrelli Senior, il appela l'infirmière qui alla chercher Peter et l'amena dans le hall avec ses affaires. Nathan prit le sac de son frère, puis l'entraîna rapidement à l'extérieur. L'adolescent le suivit et monta dans la voiture sans résister ni protester.

Ils arrivèrent au chalet à l'aube. Peter s'était endormi sur le siège passager, le visage collé à la vitre froide. Nathan sortit de la voiture, en fit le tour et ouvrit doucement la portière. Il soutint son cadet pendant qu'il défaisait sa ceinture, puis le souleva dans ses bras pour l'emmener à l'intérieur. Il alla l'installer confortablement dans l'une des chambres et alla allumer le chauffage. Il ne voulait pas risquer que son frère tombe malade. Il alla chercher les bagages dans la voiture, puis se décida à se coucher, rattrapé rapidement par la fatigue. Avant d'aller dans sa chambre, il jeta un coup d'oeil à Peter qui dormait toujours profondément. Il sourit tendrement en voyant le visage paisible de son cadet. A peine posa t'il sa tête sur l'oreiller qu'il s'endormit à son tour.

Nathan s'éveilla en entendant des gémissements en provenance de l'autre chambre. Alarmé, il se précipita auprès de son frère. Peter s'agitait dans le lit, en proie à un cauchemar. Il gémissait et se débattait furieusement. Nathan se pencha sur lui, l'attrapant par les poignets pour tenter de le calmer.
— Peter, c'est moi ! Tout va bien, calme-toi !
Le plus jeune ne l'entendait pas et tentait vainement de le repousser. Nathan haussa le ton :
— Peter ! PETER !
L'adolescent finit par se réveiller en sursaut. Il jeta autour de lui des regards angoissés, puis ses yeux se posèrent sur son aîné qui le relâcha en souriant.
— Tout va bien, je suis là.
Peter se mit à trembler violemment alors que les larmes envahissaient ses yeux. Nathan s'assit sur le lit près de lui, hésitant un instant sur la conduite à tenir. Il voulait le consoler, mais il se souvint que son cadet semblait refuser tout contact physique depuis son enlèvement. Alors qu'il se demandait que faire, ce fut Peter qui décida pour lui et se jeta presque brutalement dans ses bras. Nathan lui caressa tendrement le dos en murmurant à son oreille des mots d'apaisement.
— Ca va aller. Je suis là. Personne ne te fera de mal. Je te protègerai toujours, je te le promets. Calme-toi...
Les tremblements de son corps finirent par s'apaiser et ses larmes par se tarir. Pourtant, il resta blotti contre son aîné qui le serrait aussi fort qu'il le pouvait.
— Je t'aime tellement, Peter... Je donnerai ma vie pour toi...
— Je... t'aime...
Les mots avaient été dits si bas que Nathan crut avoir rêvé. Il repoussa légèrement son cadet afin de le regarder dans les yeux. Le jeune homme s'humecta les lèvres avant de répéter d'une voix rendue rauque par sa non-utilisation pendant plusieurs mois :
— Je t'aime...
L'aîné sentit l'émotion le submerger et dut lutter contre les larmes qui menaçaient d'inonder ses yeux. Il sourit, caressant doucement la joue de son frère.
— Je suis heureux de t'entendre à nouveau. Tu peux pas savoir comme ça m'a manqué de ne pas entendre ta voix.
Peter sourit à son tour avant d'enfouir à nouveau son visage dans le cou de son aîné. Nathan s'allongea, l'entraînant avec lui.
— Il faut dormir. Repose-toi. Je veille sur toi.

***


Cela faisait une semaine que Nathan et Peter s'étaient installés dans le chalet du Vermont. Le jeune assistant du procureur avait obtenu de son bureau de travailler à distance grâce à l'équipement informatique dernier cri dont il disposait, même dans cet endroit si reculé. Peter avait définitivement laissé son mutisme derrière lui, mais n'avait toujours pas parlé de son enlèvement à Nathan et celui-ci savait que quelque chose terrorisait toujours son cadet. Toutes les nuits, l'adolescent faisait des cauchemars violents et seule la présence de son aîné près de lui, le serrant dans ses bras, parvenait à l'apaiser.

Cette nuit-là, comme toutes les autres, les deux frères dormirent ensemble, blottis l'un contre l'autre. Vers une heure du matin, Nathan se réveilla, troublé. Il venait de faire un rêve des plus érotique mettant en scène Peter et avait du mal à calmer son excitation. Il tenta de se lever, mais son cadet était presque couché sur lui, ce qui ne l'aidait pas à apaiser son désir. Soupirant, il repoussa un peu plus fermement l'adolescent qui roula sur le côté et s'éveilla soudain :
— Nathan ? Qu'est-ce qui se passe ? Demanda t'il en s'asseyant.
— Rien, rien... rendors-toi...
La lueur de la pleine lune éclairait la chambre presque comme en plein jour. Peter fixait son aîné d'un air surpris, puis son visage refléta la compréhension. Nathan paniqua :
— Je suis désolé... Excuse-moi, Pete...
— Ne t'excuse pas, Nathan. Je comprends que tu... moi aussi, je... j'aimerais bien... mais...
Il ramena ses jambes contre son torse et baissa les yeux. Nathan soupira.
— Je sais que tu ne veux pas en parler... mais ça pourrait te faire du bien de te confier... tu sais que quoi qu'il se soit passé, ça ne changera rien entre nous.
— Je sais...
— Alors, dis-moi...
Peter soupira :
— Tu as peut-être raison.
Nathan s'assit en face de lui et attendit qu'il se décide. L'adolescent leva brièvement les yeux vers lui, puis fixa à nouveau le couvre-lit.
— Il y avait deux hommes. Je n'ai pas vu leurs visages... J'étais attaché et bâillonné... et j'avais un bandeau sur les yeux. Ils m'ont enfermé dans une pièce, couché sur une sorte de matelas. Je les entendait parler mais je ne pouvais pas distinguer ce qu'ils disaient. Et puis... l'un des deux est venu me rejoindre...
Nathan sentait son coeur cogner comme un fou dans sa poitrine. Les images de son cauchemar lui revenaient à chaque mot prononcé par son frère.
— Il m'a dit que j'allais bientôt pouvoir rentrer à la maison... Et puis... il a commencé à me toucher...
Les larmes coulaient sur les joues de Peter pendant qu'il parlait, mais il ne les essuya pas.
— Il a mis sa main dans mon pantalon... Il a commencé à me l'enlever mais l'autre est arrivé et lui a dit qu'il ne fallait pas m'abîmer... que leur patron ne voulait pas qu'on me fasse de mal... le type a rigolé... il a continué à me toucher... j'entendais sa respiration près de mon oreille... il haletait... je ne le voyais pas mais au bruit, j'ai compris qu'il... qu'il se masturbait... J'avais envie de vomir... j'ai essayé de penser à autre chose... mais je sentais ses doigts sur moi... à chaque fois qu'il me touchait, c'était comme s'il déposait de la saleté sur ma peau... j'avais l'impression que ça ne finirai jamais... mais ça a fini... il m'a rhabillé et il a posé sa bouche sur la mienne par-dessus le bâillon... et il m'a remercié...
Nathan était horrifié. Une haine terrible s'empara de lui : s'il l'avait pu, il aurait retrouvé cet homme et l'aurait tué de ses propres mains. A présent, il comprenait mieux les raisons du mutisme de son cadet. Il tendit la main, essuyant la joue humide de Peter.
— Je suis désolé... souffla l'adolescent.
— Ne dis pas ça ! Tout ça n'est pas de ta faute. C'est la faute de cette ordure ! Je te jure que je vais tout faire pour qu'on le retrouve et qu'il aille en prison. Les types dans son genre ne sont pas bien vus là-bas...
— Nathan... je...
— Parle, n'aie pas peur...
— Je sais que tu as envie de... si tu veux... tu peux faire ce que tu veux de moi...
L'aîné sentit son coeur se serrer. Il s'approcha de son cadet et l'obligea à le regarder dans les yeux.
— Peter, écoute-moi. Je t'aime. Oui, j'ai envie de te faire l'amour, mais je ne t'obligerai jamais à faire quelque chose contre ta volonté. Même si ça doit prendre des mois, voire des années, nous ne ferons rien tant que tu ne seras pas prêt.
L'adolescent soupira :
— Tu n'es pas obligé...
— Que veux-tu dire ?
— Si tu sors avec une autre personne... je ne t'en voudrai pas...
— Ne dis pas de bêtises ! La seule personne avec qui je veux être, c'est toi... et toi seul.
Il lui caressa tendrement les cheveux.
— Je sais que c'est mal... qu'entre deux frères, il ne devrait pas y avoir de tels sentiments... ni de telles caresses... mais je ne peux pas me résoudre à t'éloigner de moi... je t'aime trop, Peter... Je sais très bien que ça ne pourra pas durer éternellement, qu'un jour, on finira par se séparer... mais pour l'instant, nous sommes là, ensemble, juste toi et moi...
Peter sourit légèrement. Il se pencha en avant et posa ses lèvres sur celles de son aîné pour le plus tendre des baisers. Ils se rallongèrent, enlacés. Le plus jeune se pelotonna contre son frère et murmura :
— Juste toi et moi...

Fin.


Fic terminée le 13/10/2007


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