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Naissance


« Maman, c’est Claude ! Ca y est, ils sont nés !… Oui, tout le monde va bien. Marie est un peu fatiguée, mais ça va, elle se repose maintenant… Camille est arrivée la première, à 22h15 et Alexis à 22h22… Bien sûr que j’y ai assisté !… Faut que je te laisse, je vais les voir à la nursery… Je te rappelle demain. Bonne nuit, Maman ! »

A la maternelle


« Vous devez comprendre, Madame Weber, que si j’ai pris cette décision, c’est pour le bien de vos jumeaux. »
« Pourquoi ? Même s’ils jouent plus ensemble qu’avec les autres enfants, ils se sont tout de même fait des amis dans leur classe. Et le pédiatre a dit que ça ne gêne pas leur développement qu’ils soient tout le temps ensemble. »
« Madame Weber… Ma décision est déjà prise : Camille et Alexis ne seront plus dans la même classe à partir de la semaine prochaine. »
Marie se leva, déterminée.
« Alors moi aussi, je prends une décision : je vais les mettre dans une autre école ! »

Le nouveau


« Les enfants, aujourd’hui, nous accueillons un nouveau petit camarade, Gabriel Leblanc. J’espère que vous l’aiderez à s’intégrer rapidement à notre classe. »
Le garçonnet de huit ans avait de grands yeux verts, la peau pâle, constellée de tâches de son et des cheveux d’un roux flamboyant. Il avait l’air effrayé qu’arboraient souvent ceux qui arrivaient dans une nouvelle école en cours d’année. L’instituteur désigna un pupitre vide vers le fond de la salle.
« Va t’installer là-bas ».
Le garçonnet ramassa son cartable et alla s’asseoir à l’endroit désigné. La fillette à sa droite, une jolie brune aux yeux très bleus, se pencha vers lui en souriant.
« Je m’appelle Camille. Et lui, fit-elle en montrant le garçon assis devant elle, c’est mon jumeau, Alexis. »
L’intéressé se retourna et adressa un sourire au nouveau venu. Il avait les cheveux aussi sombres que ceux de sa sœur mais ses yeux étaient d’un noir profond. Il demanda :
« Tu veux bien être notre ami, Gabriel ? »
Le nouveau venu les regarda tour à tour, puis finit par hocher la tête.
« Oui, je veux bien. »

Entrée au collège


Camille se tenait entre Alexis et Gabriel, sa main blottie dans celle de son jumeau. Ensemble, les trois amis s’approchèrent du tableau où se trouvait les listes des classes pour y chercher leurs noms. La fille laissa échapper un soupir de soulagement.
« On est dans la même classe ! »
Son frère sourit.
« J’en étais sûr ! C’est trop génial ! »
Gabriel renchérit.
« Oui, génial ! On y va ? »

Action ou vérité


La bouteille tourna et s’arrêta devant Gabriel.
« Action ou vérité ? » s’entendit-il demander par l’une des filles présentes.
« Action. »
La fille réfléchit un long moment, puis lança en ricanant :
« Tu vas embrasser Alexis et Camille sur la bouche ! »
Gabriel lutta pour ne pas rougir. Il se leva, puis alla s’agenouiller face à son amie. L’adolescente leva un visage empourpré vers lui. Elle ferma les yeux au moment où il posait ses lèvres sur les siennes. Le baiser était timide et doux mais Camille sentit un frisson électrique la parcourir. Gabriel se releva, puis refit la même chose avec Alexis qui sembla aussi gêné que sa jumelle. Lorsqu’il eut terminé son gage, le roux retourna s’asseoir, le regard rivé sur le sol.
Deux heures plus tard, alors qu’ils se retrouvaient tous les trois, Gabriel se planta devant ses amis :
« Je voudrais m’excuser pour tout à l’heure. Je ne voulais pas vous mettre mal à l’aise, mais j’ai toujours peur des questions idiotes que les autres pourraient me poser »
« Ne t’en fais pas, le rassura Alexis, tout va bien. »
Camille acquiesça d’un mouvement de tête.
« Je suis vraiment heureux que vous soyez mes amis » sourit Gabriel.

L’intruse


Les trois adolescents étaient assis dans un coin de la cour. Il faisait froid et ils étaient blottis les uns contre les autres, Gabriel entre les jumeaux. Camille avait posé sa tête sur l’épaule de son ami et avait fermé les yeux.
« Eh ma puce, t’endors pas ! On a interro de maths après la récré ! »
« Je sais… » soupira la jeune fille.
Elle se redressa soudain en voyant une silhouette familière s’approcher de leur groupe.
« Bonjour ! »
« Salut Annie ! » répondirent les trois presque en chœur.
« Alexis, je peux te parler ? En privé… »
Le jeune homme jeta un bref coup d’œil à sa jumelle et à leur ami, puis se leva pour suivre Annie qui s’éloignait déjà.
Lorsqu’il revint, il avait l’air ennuyé.
« Qu’est-ce qu’elle te voulait ? » demanda Camille.
« Elle veut sortir avec moi… »
« Et tu as accepté ? » interrogea Gabriel, l’air soucieux.
« Non… »
Les deux autres échangèrent un regard soulagé.
« Elle est gentille… mais je n’ai pas envie de passer du temps avec elle… je préfère rester avec vous. »

Aveu


« Je t’écoute ! Pourquoi tu ne voulais pas que Gabriel soit avec nous ? »
« Parce que ce que j’ai à te dire… c’est très personnel… et j’ai peur qu’il ne comprenne pas… »
Camille était inquiète. Jamais elle n’avait vu son jumeau aussi angoissé. Il se triturait les doigts et fixait le sol. Elle posa sa main sur les siennes avant de souffler :
« Dis-moi ce qui t’arrive… »
Il prit une grande inspiration et se lança :
« Je crois que j’aime les garçons… »
Camille sourit.
« Je m’en doutais déjà. »
Son jumeau lui adressa un regard affolé.
« Comment… »
« Je te connais aussi bien que tu me connais. Et j’ai deviné. Mais… »
Elle s’interrompit. La réponse à sa question suivante risquait de les faire souffrir tous les deux, mais il fallait qu’elle sache.
« Tu es amoureux de Gabriel ? »
Alexis soupira, puis répondit :
« Oui… et toi aussi, je le sais… »
Camille sentait les larmes lui piquer les yeux. Elle se blottit dans les bras de son frère, murmurant d’une voix angoissée :
« Qu’est-ce qu’on va faire ? Qu’est-ce qu’on va lui dire ? »
« Rien. Il n’a pas besoin de savoir. On doit laisser le temps faire les choses. Je n’ai pas envie qu’il nous abandonne tous les deux par peur de faire souffrir l’un de nous. »

Baisers


Alexis et Gabriel avaient été surpris par l’averse en rentrant de leur entraînement de foot. Lorsqu’ils arrivèrent devant la maison de la famille Weber, ils étaient trempés jusqu’aux os et grelottaient. Ils montèrent rapidement dans la chambre d’Alexis pour se changer avant d’attraper froid. Le brun prit une tenue de rechange pour son ami et la lui lança. Pas le moins du monde gêné, Gabriel commença à se déshabiller devant l’autre jeune homme qui détourna le regard. Il pria pour que le roux ne s’aperçoive pas de son trouble alors qu’il enfilait un pantalon sec. Il venait de mettre son sweat lorsque la main de Gabriel se posa sur son épaule, le faisant sursauter. Alexis se retourna et se força à sourire. Son ami s’approcha un peu plus, sans un mot, une lueur étrange éclairant son regard émeraude.
« Gab… qu’est-ce que… »
Il n’eut pas le temps de finir sa phrase. Les lèvres de Gabriel s’étaient posées sur les siennes et, contrairement au jour où ils avaient joué à « Action ou vérité », le baiser était loin d’être timide. Le roux enlaça son ami, l’attirant contre lui au moment où leurs langues se mêlaient.
« Oh ! »
Cette exclamation les fit sursauter et se séparer en hâte. Ils tournèrent la tête en même temps vers Camille qui les fixait. Elle avait l’air perdu et triste. Des larmes commençaient à inonder ses yeux alors qu’elle se détournait pour quitter la chambre. Gabriel la rattrapa avant qu’elle ait eu le temps de s’éloigner puis l’attira à lui. Il mit autant de tendresse dans le baiser qu’il lui donna que dans celui qu’il avait donné à son jumeau quelques secondes plus tôt. Lorsqu’il relâcha ses lèvres, la jeune femme se blottit contre lui, en pleurs. Alexis les regardait, perdu lui aussi. Gabriel souffla :
« Je ne veux pas vous faire souffrir… mais je vous aime… tous les deux… Si vous trouvez ça ignoble et que vous ne voulez plus qu’on soit amis, je… »
« Ne dis rien… » murmura Alexis en s’approchant.
Il enlaça son meilleur ami et sa jumelle, enfouissant son visage dans le cou de Gabriel. Ils restèrent un long moment ainsi, jusqu’à ce qu’ils entendent la porte d’entrée s’ouvrir, signifiant l’arrivée de Marie Weber qui venait de sortir du travail.

Une bonne et une mauvaise nouvelle


Gabriel triturait la lettre entre ses doigts, cherchant comment il allait annoncer la nouvelle à ses amis. Finalement, il poussa un profond soupir et se lança :
« J’ai une bonne et une mauvaise nouvelle »
Camille sourit :
« Commence par la bonne ! »
Il hocha la tête.
« J’ai reçu une réponse de l’école d’architecture… ils m’acceptent et j’ai même droit à une bourse ! »
Les jumeaux se levèrent et enlacèrent leur ami pour le féliciter. Ce fut Alexis qui comprit ce qu’était la mauvaise nouvelle.
« Tu vas partir ? »
Gabriel soupira à nouveau.
« Oui… l’école est à Paris… Je n’ai aucune envie de vous quitter, mais je ne peux pas laisser passer cette chance… »
Camille retint à grand peine ses larmes. Le roux l’embrassa tendrement alors qu’Alexis soufflait avec un demi-sourire :
« Ca ne change rien. Même si tu es loin, on restera toujours ensemble… Et puis, tu reviendras pour les vacances ! »
« Et vous, vous pourrez venir me voir aussi ! Je vous ferai visiter la capitale ! Et on s’appellera tous les jours, je vous le promets ! »
La jeune femme renifla, puis soupira.
« Je suis heureuse pour toi… mais tu vas nous manquer. »
« Vous aussi… mes amours… »

La séparation


Le jour était venu. La voiture était chargée à bloc, prête à exploser si on tentait d’y rajouter autre chose que son chauffeur. Camille luttait pour ne pas pleurer et Alexis la serrait contre lui, aussi triste qu’elle. Gabriel leur adressa un sourire qui se voulait rassurant mais il était aussi abattu qu’eux. Depuis leur première rencontre en primaire, ils ne s’étaient jamais quittés plus de quelques jours. C’était la première fois que les jumeaux seraient séparés de Gabriel plusieurs semaines, plusieurs mois même !
Il s’avança vers ses amis, les regarda l’un après l’autre, puis enlaça Camille. Il l’embrassa avec douceur, mettant tout son amour dans ce baiser. Lorsqu’il la relâcha, il évita de la regarder, sachant qu’il ne supporterait pas de la voir pleurer. Il se tourna vers Alexis pour capturer ses lèvres à son tour. Ils étaient en pleine rue, mais ils s’en fichaient qu’on les voie.
Cela faisait presque un an, maintenant, qu’ils avaient entamé cette étrange relation à trois, relation platonique mais non moins intense. Gabriel avait le cœur déchiré, il ne savait pas s’il serait capable de vivre loin des deux personnes qui étaient sa raison d’être. Il enviait un peu les jumeaux car eux, ils étaient tous les deux, ils allaient se soutenir mutuellement, alors qu’il se retrouverait tout seul.
Il adressa un dernier sourire à ses amours, puis monta dans sa voiture et démarra. Il ne se retourna pas, ne voulant pas changer d’avis et faire demi-tour pour se jeter dans leurs bras. Il ne fit que quelques kilomètres avant d’être obligé de s’arrêter, les yeux inondés de larmes. Il prit un long moment pour évacuer ce qui pouvait l’être de son chagrin, puis reprit son chemin.
Camille et Alexis restèrent longtemps sans bouger, les pleurs ruisselant sur leurs joues. La jeune femme se blottit dans les bras de son frère qui la serra très fort contre lui. Ils avaient l’impression de perdre une part d’eux-mêmes, conscients qu’à partir de ce jour, rien ne serait plus jamais comme avant.

L’agression


Gabriel se dépêchait de rentrer. Il n’aimait pas trop traîner le soir dans ce quartier, mais il n’avait pas le choix, l’un de ses cours se terminant très tard. Alors qu’il passait à côté de deux jeunes aux crânes rasés, le plus grand l’interpella :
« Eh toi ! Files-nous du blé ! »
Gabriel accéléra le pas, faisant comme s’il n’avait rien entendu mais les deux autres le suivirent. Celui qui lui avait parlé le dépassa, l’obligeant à s’arrêter.
« Tu pourrais répondre quand on te parle ! »
« Je suis désolé. Je n’ai pas d’argent sur moi. »
« Bien sûr… »
Avant qu’il ait eu le temps de réagir, celui qui était derrière lui le poussa dans une ruelle adjacente, hors de la vue des passants.
« Ecoutez, je n’ai rien sur moi qui… »
« Ferme-la, espèce de tapette ! Tu penses qu’on va te croire ? File-nous ton blé ! »
Comme il n’obéissait pas, le grand lui décocha un coup de poing au visage. Gabriel tituba. L’autre homme en profita pour lui asséner un coup de pied dans les côtes, lui coupant le souffle. Il tomba à genoux, les traits crispés par la douleur. Le premier des agresseurs l’attrapa par les cheveux, l’obligeant à relever la tête, puis le gifla violemment à plusieurs reprises. Lorsqu’il le lâcha, Gabriel se recroquevilla sur le sol. Les coups pleuvaient. Au bout d’un moment, il ne sentit plus la douleur et perdit connaissance.

Angoisse


Le portable sonna, tirant Alexis du sommeil. Il ronchonna contre l’importun, puis répondit :
« Allô ? »
« Vous êtes Alexis Weber ? »
« Oui. »
« Je m’appelle Victor Martin. Je travaille à l’hôpital de Saint Denis. J’ai trouvé votre numéro dans le portefeuille de Gabriel Leblanc, à contacter en cas d’urgence. »
Une angoisse sourde étreignit le cœur d’Alexis à la mention de son ami. Il demanda d’une voix blanche :
« Il lui est arrivé quelque chose ? »
« Il a été agressé… il est en salle d’opération pour l’instant, ses blessures sont plutôt sérieuses. »
Alexis passa une main tremblante sur son visage. Il prit une grande inspiration, puis souffla :
« Sa mère est archéologue et elle est partie faire des fouilles en Argentine. Vous avez réussi à la prévenir ? »
« Non. Je n’ai pas trouvé son numéro dans les affaires de votre ami. Pourriez-vous venir ? »
« Je ne suis pas sur Paris… mais je vais me débrouiller pour être là le plus tôt possible. »
Après avoir remercié l’homme de l’avoir prévenu, il prit quelques secondes pour tenter en vain de calmer les battements désordonnés de son cœur, puis quitta son lit. Il frappa doucement à la porte de la chambre de Camille. Sa sœur, sentant que quelque chose n’allait pas, était déjà réveillée et s’apprêtait à le rejoindre.
« Assieds-toi. »
Elle obéit, fixant sur lui son regard azur.
« Gabriel est à l’hôpital. Il s’est fait agresser. On… »
« On doit y aller ! Il a besoin de nous ! » le coupa t’elle.
Il hocha la tête silencieusement et repartit dans sa chambre pour s’habiller.

Détresse


Alexis et Camille courraient presque dans les couloirs de l’hôpital. Ils se présentèrent à l’accueil, fous d’angoisse. Le trajet de quatre heures leur avait paru durer une éternité et, à présent qu’ils étaient arrivés, ils n’avaient qu’une hâte, avoir des nouvelles de leur amour. Une jeune femme, entendant le nom de Gabriel, se tourna vers eux.
« Je suis le Docteur Fournier. Votre ami est mon patient. Venez avec moi. »
Ils lui emboîtèrent le pas.
« Comment va t’il ? » demanda Alexis, impatient.
Ils s’arrêtèrent devant la porte d’une chambre. Le médecin les regarda tour à tour, puis lança :
« Nous avons dû lui enlever la rate, il a plusieurs côtes cassées… et il a eu une grosse commotion cérébrale. Il n’a pas repris connaissance depuis qu’il a été amené ici. »
« Vous voulez dire qu’il est dans le coma ? » murmura Camille, blanche comme un linge.
« Oui. Je suis désolée… »
« On peut le voir ? » interrogea Alexis.
« Bien sûr. Entrez. »
Elle poussa la porte et les laissa passer.
« Si vous avez besoin de moi, sonnez l’infirmière, elle viendra me chercher. »
Le jeune homme bredouilla un vague remerciement, les yeux fixés sur Gabriel. Camille ne parvenait pas à avancer et Alexis dut la pousser gentiment pour qu’elle s’approche du lit. Elle tremblait de tous ses membres, au bord de l’évanouissement. Son frère, sentant son malaise, lui approcha une chaise pour qu’elle s’y installe. Il fit le tour du lit et s’assit de l’autre côté.
Depuis qu’ils se connaissaient, depuis toujours, lorsqu’ils étaient tous les trois réunis, Gabriel se tenait au milieu, entre eux. C’était comme si cet endroit avait toujours été sa place, bien avant qu’ils découvrent les sentiments profonds qui les unissaient.
Camille fondit en larmes, serrant convulsivement le bras droit de Gabriel contre elle. Alexis prit sa main gauche, où se trouvait plantée la perfusion, dans les siennes, entrelaçant leurs doigts.
« Gab… Gabriel… on est là… tu vois, on a fait toute la route dès qu’on a su… on est venus pour toi… »
Il caressa tendrement le visage tuméfié de leur amour.
« Si j’avais été là, ça ne serait jamais arrivé… » soupira soudain le jeune homme.
Sa jumelle se redressa, essuyant ses yeux rouges.
« Ne dis pas ça… Si tu avais été là, tu aurais peut-être été gravement blessé toi aussi… »
Alexis soupira.
« Je l’aime tellement… »
« Moi aussi… Gabriel, on t’aime… alors reviens-nous, je t’en supplie… ne nous abandonnes pas… »

L’aube


Il se sentait bien, un peu comme s’il flottait dans du coton. Il n’avait pas mal, mais pourtant, quelque chose n’allait pas. Il entendait au loin des voix qu’il connaissait et qu’il aimait plus que tout. Et il voulait aller vers elles, même si cela signifiait le retour de la souffrance physique.
Gabriel ouvrit les yeux alors que les premiers rayons du soleil filtraient à travers les stores. Son regard se posa d’abord sur les cheveux longs de Camille, puis sur la tignasse courte et en bataille d’Alexis. Les deux s’étaient endormis, leurs têtes posées sur son torse. Malgré la douleur, il sentit son cœur se gonfler d’allégresse. Il ouvrit la bouche pour parler, mais aucun son n’en sortit. Contrarié, il prit un moment pour s’humecter les lèvres, puis réussit à dire :
« Mes amours… »
Les jumeaux relevèrent la tête en même temps. Une lueur de soulagement éclaira leurs regards si différents.
« Gabriel ! »
Il sourit, si heureux d’entendre à nouveau leurs voix. A cet instant précis, il se fit une promesse : plus jamais il ne s’éloignerait de ceux qu’il aimait si fort.

La surprise


Gabriel finissait de ranger ses affaires lorsque Camille et Alexis entrèrent dans la chambre, souriants.
« Tu es prêt ? »
« Oui. »
La jeune femme prit le bras de son ami, puis demanda :
« Ca te dérange si on passe quelque part avant de rentrer à ton appartement ? »
« Non, pas de problème. »
Ils quittèrent l’hôpital et prirent la voiture des jumeaux. Quelques minutes plus tard, ils étaient sortis de la capitale. Au bout d’une demi-heure, Alexis se gara devant une petite maison avec un étage. Ils descendirent, Gabriel interrogeant :
« On vient voir quelqu’un ? »
« Pas vraiment… » répondit Camille en souriant d’un air énigmatique.
Ils suivirent Alexis qui était entré dans la maison et les attendait à l’intérieur.
« Voici notre chez-nous ! » lança t’il soudain à Gabriel.
« Je ne comprends pas… »
« Nous avons loué cette maison… pour nous trois. » expliqua la jeune femme.
« Mais… et vos études ? »
« Pendant que tu étais à l’hôpital, nous avons demandé le transfert de nos dossiers à Paris. On attend la réponse, mais, de toutes façons, quoi qu’il arrive, on a décidé ensemble qu’on ne te laisserait plus seul. Enfin… si tu veux bien de nous… »
Gabriel était heureux. Il s’empressa d’attirer ses amis à lui pour les embrasser chacun leur tour.
« Je suis ravi. »
« Viens, on va visiter ! » lança Camille en lui prenant la main.
Au rez-de-chaussée se trouvait la cuisine, un grand living et l’accès au garage. Au premier, il y avait trois chambres et trois salles de bains.
« Le propriétaire loue uniquement à des étudiants colocataires donc il a fait installer tout ça pour que chacun ait son coin à lui. » expliqua Alexis alors que Gabriel s’étonnait de la disposition des lieux.
« Qu’est-ce que tu en dis ? » demanda Camille.
« C’est superbe ! Merci pour cette surprise, mes amours… »

Première fois


Cela se fit tout naturellement. C'était leur première soirée dans leur nouvelle maison. Pour l'occasion, les jumeaux avaient préparé un véritable festin à leur compagnon. Lorsque leurs estomacs furent rassasiés, ils allèrent s'installer sur le sofa pour regarder un film que Camille avait loué. La jeune femme s'endormit avant la fin, blottie contre le torse de Gabriel. Celui-ci serrait la main d'Alexis dans la sienne, comme s'il avait peur que tout cela ne soit qu'un rêve et qu'il se réveille à nouveau seul dans son petit appartement.
Le film terminé, Gabriel souleva Camille pour la porter jusqu'à sa chambre, suivi de près par Alexis. Alors qu'il déposait la jeune femme sur son lit, elle le retint contre elle, refusant de le laisser partir. Le roux ne chercha pas à se dégager de son étreinte, et, quelques minutes plus tard, il se retrouva étendu sur le lit entre les jumeaux.
Camille, tout à fait réveillée à présent, captura ses lèvres tandis qu'Alexis dévorait le creux de son cou. Un désir presque violent s'empara de tout son être. Il avait tellement rêvé de cet instant...
Lentement, leurs mains firent disparaître leurs vêtements sur le sol. La chambre s'emplit de soupirs et de gémissements alors que les caresses se faisaient plus précises. C'était la première fois pour chacun d'eux... et l'émotion que tous trois ressentait était presque aussi intense que leurs désirs brûlants.
Gabriel ne savait plus à qui appartenaient les mains qui parcouraient son corps enfiévré. Sa langue jouait avec celle de Camille lorsqu'il se glissa lentement en elle, puis lorsque Alexis le fit sien avec douceur. Leurs corps entremêlés semblaient avoir été dessinés pour ce moment magique, leurs monts et leurs vaux se complétaient si parfaitement... la symbiose parfaite...
Camille et Alexis rejoignirent leurs mains sur le flanc de leur amant, entrelaçant leurs doigts pour caresser sa peau alors qu'ils montaient lentement et inexorablement vers les sommets les plus hauts du plaisir. La jouissance les emporta presque violemment, presque simultanément, les laissant essoufflés mais plus heureux qu'ils ne l'avaient jamais été.
Et ils s'endormirent, toujours enlacés dans leur amour comme dans le plus douillet des nids.

***


Cinq ans plus tard


Grande nouvelle


« Les garçons, asseyez-vous, j’ai une grande nouvelle à vous annoncer ! »
Alexis et Gabriel échangèrent un regard surpris, puis prirent place côte à côte sur le sofa.
« On t’écoute ! » lança le brun.
Camille souriait largement lorsqu’elle souffla :
« Je suis enceinte ! »
Les deux hommes la fixèrent, ébahis.
« Tu es sûre ? » demanda Gabriel, sous le choc.
« Certaine ! Je suis allée chez le médecin ce matin pour en avoir confirmation. Et il m’a dit que je suis enceinte d’un peu plus de deux mois ! »
« Je vais être papa… »
« Et moi tonton ! » sourit Alexis, radieux. « C’est formidable ! »
Ils s’embrassèrent tendrement tour à tour, ravis par cette nouvelle.

Echographie


« Vous voulez savoir ce que c’est ? »
Camille et Gabriel échangèrent un regard, puis répondirent d’une même voix :
« Oui ! »
« J’ai le plaisir de vous annoncer que vous aurez bientôt une petite fille. »
Dès qu’ils furent sortis du cabinet du gynécologue, Gabriel prit son portable et envoya un SMS à Alexis qui était en plein dans une réunion importante à son travail :
« C’est une fille ! »

Naissance


« Mademoiselle Weber, soyez raisonnable. Seul le père peut venir en salle d’accouchement. »
« Je veux qu’Alexis soit présent ! C’est mon jumeau, il doit être là pour la naissance de sa nièce ! »
La sage-femme, comprenant qu’elle n’obtiendrait jamais gain de cause, céda, ne voulant pas que sa patiente accouche dans le couloir.
« D’accord… mais qu’il ne nous gène pas ! »
« Promis ! » lança l’intéressé.

« Poussez ! Je vois la tête ! »
Camille écrasait dans chacune de ses mains celles de Gabriel et d’Alexis. Le roux épongeait périodiquement son front baigné de sueur alors que le brun filmait la naissance de sa nièce.
« Continuez ! Elle arrive ! »
Quelques minutes plus tard, des pleurs envahirent la salle.
« C’est une magnifique petite fille ! » sourit la sage-femme. « Comment allez-vous l’appeler ? »
« Sarah. » répondit Camille.
Gabriel et Alexis l’embrassèrent, fous de joie.

Problème


« Allô ? »
« Monsieur Leblanc ? »
« Non, je suis Alexis Weber, son beau-frère. »
« Ah… Je suis la maman de Valérie. Il faudrait que vous veniez chercher Sarah. »
« Il y a un problème ? »
« Je ne sais pas ce qui s’est passé mais votre nièce insiste pour rentrer chez elle. Je pense qu’elle s’est disputée avec ses petits camarades. »
« J’arrive ! »
Quelques minutes plus tard, Alexis sonnait à la porte de la famille Bertrand. Une jeune femme blonde lui ouvrit, l’air contrit.
« Merci d’être venu aussi vite. »
Elle le conduisit dans le salon où Sarah était assise sur le canapé, le regard fixé sur le sol. La fillette leva les yeux et se jeta dans les bras de son oncle en pleurant. Il la serra contre lui, bouleversé, puis remercia la femme avant de quitter les lieux. En chemin, il tenta d’interroger sa nièce, mais elle ne voulut rien dire.

Lorsqu’ils furent arrivés chez eux, Alexis s’assit sur le sofa, Sarah sur ses genoux et lui demanda :
« Que s’est-il passé ? »
La gamine passa un bras sur son visage trempé de larmes avant de répondre :
« On regardait la télé et on a vu deux hommes qui s’embrassaient. Les autres ont fait ‘beurk’. J’ai dit qu’il faut pas faire ‘beurk’, que c’est normal et que Papa et toi vous vous faites souvent des bisous sur la bouche. Les autres ont dit que vous êtes pas normaux et que vous êtes des pervers. »
Elle s’interrompit un court instant, puis demanda :
« C’est quoi des pervers ? »
Alexis était ennuyé. Gabriel, Camille et lui n’avaient jamais parlé de leur situation particulière à leur fille, ne sachant pas comment expliquer cela à une enfant de quatre ans de façon à ce qu’elle comprenne. Il soupira, puis souffla :
« Des pervers, c’est des gens qui font de vilaines choses. »
« Mais vous, vous faites pas de vilaines choses ? »
« Non, ma chérie. Ecoute, on va attendre que Maman et Papa rentrent du travail et on en parlera tous ensemble. D’accord ? »
« D’accord ! Tonton ? »
« Oui ? »
« Je t’aime. »
« Moi aussi, ma puce. »

Le soir, lorsque Camille et Gabriel arrivèrent, Alexis leur expliqua la situation. Ils en discutèrent longuement, puis firent venir Sarah dans le salon. La jeune femme prit sa fille sur ses genoux et commença à lui expliquer :
« Normalement, une famille, c’est un papa et une maman. Les autres enfants n’ont pas de tonton comme Alexis, qui vit avec eux. Tous les trois, nous nous aimons très fort mais la plupart des gens ne peuvent pas comprendre que Papa aime autant Tonton que moi. Ils vont trouver que ce n’est pas normal. Tout comme le fait que nous dormons parfois tous les trois dans le même lit. »
La petite fille les dévisagea tour à tour, l’air perplexe. Gabriel prit sa petite main dans la sienne et demanda :
« Tu as compris ce que Maman vient de t’expliquer ? »
« Oui. »
« A partir de maintenant, il vaut mieux que tu évites de parler de ça à tes amis. »
La petite eut une moue ennuyée.
« C’est plus mes amis ! Je veux plus jamais les voir ! Et je veux plus jamais aller à l’école ! »
Camille caressa tendrement la joue de sa fille.
« On a parlé de ça avec Papa et Tonton. On va te changer d’école dès la semaine prochaine. Tu iras à Saint Francis. Je sais que tu ne connaîtras personne là-bas, mais ça sera mieux pour toi. »
« D’accord ! » lança Sarah en souriant largement.
« Et rappelle-toi que tout ça est un secret. »
« C’est notre secret ! » acquiesça la gamine.

***


Quinze ans plus tard


Mariage


« Papa, Maman, Tonton… Stéphane et moi avons une nouvelle à vous annoncer. »
Les jumeaux et Gabriel sourirent devant l’air radieux de Sarah. La jeune femme reprit :
« On va se marier. »
Camille se mit à pleurer en contemplant la bague de fiançailles que son futur gendre avait offerte à sa fille. Chacun leur tour, ils prirent Sarah dans leurs bras et félicitèrent le nouveau venu de leur famille si atypique. Alors que tous se rasseyaient, la jeune femme reprit :
« Je lui ai tout raconté… notre secret… »
Inquiets, les trois aînés se tournèrent vers Stéphane qui sourit :
« Ne vous en faites pas, je comprends tout à fait la force de votre amour. Je respecte beaucoup votre courage… et le fait que vous n’ayez jamais cédé aux pressions sociales qui ont parfois dû être difficiles à supporter… et… »
« Oui ? » l’encouragea Alexis.
« Je n’ai plus de famille… alors je suis très heureux de devenir un membre de la votre qui est si formidable… »
Emus, les trois compagnons comprirent que leur fille avait trouvé la perle rare qui saurait la rendre heureuse.

***


Vingt-cinq ans plus tard


Premier départ


Les jumeaux se tenaient l’un contre l’autre, blottis sous un grand parapluie noir. Alexis serrait dans sa main libre celles de sa sœur. Des larmes coulaient sur leurs joues alors qu’ils fixaient le cercueil de leur amour. Sarah, en pleurs, se tenait près d’eux. Son mari entoura ses épaules de son bras et caressa la tête de leur fils, Gabriel Junior.
Lorsque les funérailles furent terminées, la famille rentra dans la grande maison qu’ils occupaient depuis si longtemps et avaient rachetée à leur propriétaire à la naissance de Sarah. Camille et Alexis s’installèrent sur le sofa. L’homme, dont la chevelure sombre était à présent parsemé de fils blancs, souffla :
« Il avait à peine soixante-trois ans… c’est trop injuste… ».
« Je sais… Il va me manquer… »
« A moi aussi. Tu te rends compte que dans quelques jours, ça fera cinquante-cinq ans que nous l’avons rencontré. »
« Je sais… »
Camille fondit à nouveau en larmes. Son frère la serra dans ses bras en soupirant.
« Il faut continuer… »
« Tu sais quels sont les derniers mots qu’il m’a dit ? » murmura la femme, le visage enfoui dans le cou de son jumeau.
« Non. »
« Je vous attendrai… »

La fin


Lorsque Sarah entra dans la maison, le jour du soixante-dixième anniversaire de sa mère et de son oncle, elle sentit immédiatement que quelque chose avait changé. Le cœur lourd, elle monta au premier. La porte de la chambre de sa mère était entrouverte. Elle la poussa avec appréhension et se figea : Camille et Alexis Weber s’étaient endormis de leur dernier sommeil, blottis dans les bras l’un de l’autre, ensemble pour l’éternité comme ils l’avaient été toute leur vie.
Un léger sourire étira ses lèvres alors qu’elle pensait :
« Vous êtes à nouveau réunis tous les trois… et plus rien ni personne ne pourra jamais vous séparer. »

Fin.


Terminé le 23/10/2007.


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