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Les funérailles d'Uther se déroulèrent une semaine plus tard, alors que la sécheresse menaçait dangereusement la cité. Déjà, deux femmes âgées étaient décédées et personne, à part Merlin, n'avait trouvé de solution. Le jeune sorcier avait proposé à son tuteur d'utiliser ses pouvoirs pour faire pleuvoir, mais Gaius avait refusé. Cet acte de magie ancienne demandait un déploiement de puissance qui ne pourrait passer inaperçu. Il ne voulait pas prendre le risque que Merlin se dévoile trop tôt.
Quelques seigneurs qui ne vivaient pas trop loin de Camelot avaient fait le déplacement pour rendre un dernier hommage à leur souverain. La cérémonie dura une journée entière. Lorsqu'elle se termina, Arthur se retira dans sa chambre, refusant de voir quiconque. Depuis la mort de son père, Merlin n'avait pas passé plus d'une heure avec lui. Le prince semblait vouloir l'éloigner de lui en lui donnant des multitudes de tâches à accomplir hors du château. Le jeune sorcier était frustré par la situation mais il ne pouvait rien faire pour y remédier.

Ce matin-là, alors qu'il grignotait un bout de pain en silence, Gaius lui demanda :
- Que t'arrive-t-il ? Tu es bien maussade depuis quelques jours.
- Arthur m'évite. J'ai peur qu'il ait des doutes à mon sujet...
- Il n'y a aucune raison qu'il en ait... À moins que tu aies commis une imprudence dont tu ne m'aurais pas parlé.
- Non. Je n'ai même pas utilisé la magie depuis des jours !
- Alors ce n'est rien. Il a juste besoin de se retrouver un peu seul pour faire le point. Il ne pensait sûrement pas que l'heure de son règne arriverait si vite. Tu peux comprendre que ça le perturbe.
- Bien sûr ! Mais j'aimerais pouvoir l'aider !
- Ne t'en fais pas, tout finira par s'arranger.
Alors que Gaius s'éloignait, Merlin lança soudain :
- Vous avez connu mon père ?
Son tuteur se tourna vers lui, surpris :
- Pourquoi cette question ?
- Arthur m'a interrogé sur lui et il avait l'air étonné que je ne veuille pas savoir qui il est.
Après un court instant de réflexion, le jeune homme souffla :
- Vous n'êtes pas...
- Ton père ? Non. Je n'ai rencontré ta mère qu'après ta naissance. Et nous n'avons jamais eu ce genre de relation. Nous sommes juste de grands amis. De plus, tu peux être assuré que si tu avais été mon fils, je te l'aurais dit dès notre première rencontre. J'aurais été très fier que tu le sois.
- Moi aussi, sourit Merlin. Bon, je vais aller voir si Arthur a besoin de moi ce matin.
- Si ce n'est pas le cas, reviens ici, j'ai toujours du travail pour toi.
- Ça, je le sais ! Lança le jeune sorcier en quittant la pièce.

***


Gaius rangeait des pots dans son atelier lorsqu'il entendit la porte s'ouvrir derrière lui. Il se retourna, persuadé qu'il s'agissait de Merlin, mais l'homme qui venait d'entrer lui était totalement inconnu. Il était entièrement vêtu de noir, une capuche dissimulant partiellement son visage. Il repoussa l’étoffe, dévoilant des cheveux noirs comme le jais et des yeux d’un vert foncé inhabituel.
- Bonjour, Messire. Que puis-je pour vous ?
- Je cherche un jeune homme. On m'a dit qu'il vivait chez vous. Il s'appelle Merlin.
Gaius détailla le nouveau venu, soupçonneux.
- Que lui voulez-vous ?
- Juste lui parler. Est-il ici ?
- Il est sorti. Dites-moi votre nom, je lui dirai que vous êtes passé.
- Mon nom ne lui dira rien. Je reviendrai plus tard.
Avant que Gaius ait eu le temps de répondre, l'homme était parti. Le médecin resta un moment à réfléchir, troublé par les traits légèrement familiers de l'inconnu.

***


Lorsque Merlin arriva dans la salle du trône, Arthur et Morgana étaient plongés dans une discussion houleuse. Avisant Gwen, le jeune homme l’interrogea sur la raison de leur dispute :
- Ils n’ont pas la même idée concernant la date du couronnement. Lady Morgana pense qu’il devrait avoir lieu le plus tôt possible et notre futur roi pense au contraire qu’il devrait d’abord se préoccuper de trouver des solutions à la sécheresse avant de penser à monter sur le trône. Ça fait bien une vingtaine de minutes qu’ils argumentent mais aucun ne semble vouloir bouger de sa position.
À peine avait-elle fini sa phrase que Morgana fit volte-face, l’air furieux. Elle se dirigea vers la sortie à grands pas et Gwen se précipita à sa suite. Merlin se tourna vers Arthur qui se laissa tomber sur une chaise en soupirant. Le sorcier remarqua encore une fois que le prince refusait de s’asseoir sur le trône de son père.
- Merlin, va chercher Gaius. J’ai besoin de lui parler.
- J’y vais, Sire.
Le jeune homme partit presque en courant vers l’atelier de son tuteur. Lorsqu’il y entra, Gaius se tourna vers lui et Merlin vit immédiatement que quelque chose le tracassait. Il voulut l’interroger mais l’autre homme ne lui en laissa pas le temps :
- Arthur n’a pas trouvé à t’occuper ?
- Si. Il m’a demandé de venir vous chercher. Je pense qu’il veut vous parler de la sécheresse.
- Je viens.
Les deux hommes retournèrent dans la salle du trône. Arthur n’avait pas bougé de son siège et semblait perdu dans ses pensées. Il leva les yeux en entendant les nouveaux venus, mais mit quelques instants à réagir.
- Gaius, avez-vous déjà vu une telle sécheresse frapper notre royaume ?
- Non. Depuis ma naissance, je n’ai jamais connu une période sans pluie aussi longue.
- Pensez-vous que cette situation puisse être due à la magie ?
Tout à coup inquiet, Merlin se tourna vers son tuteur qui mit quelques secondes à répondre :
- C’est possible. Mais seuls de très puissants sorciers seraient capables de commander aux éléments. Surtout pendant une durée aussi longue.
- En connaissez-vous ?
- Non, mentit Gaius.
Arthur soupira profondément.
- J’ai réfléchi à toutes les solutions possibles, mais je n’en trouve aucune. Mes sujets meurent et je ne peux rien faire !
Merlin connaissait assez le prince pour savoir que la situation le frustrait terriblement. Arthur était un homme d’action. Le fait d’être impuissant à aider son peuple devait le dévorer de l’intérieur. D’autant plus qu’à présent, tout le monde attendait de lui qu’il trouve une solution.
- Sire, vous devriez vous reposer. Vous avez l’air fatigué.
- J’aimerais bien, mais le peuple compte sur moi. Je n’ai pas le droit de le laisser tomber.
Au moment où il finissait sa phrase, la porte s’ouvrit sur un garde.
- Sire, les chevaliers sont rassemblés comme vous l’aviez ordonné.
- Je viens.
Il se tourna vers Gaius qu’il remercia, puis quitta la salle du trône. Lorsqu’il fut seul avec le médecin, Merlin demanda :
- Vous pensez vraiment que la magie peut être à l’origine de la sécheresse ?
- Oui. J’y avais déjà pensé, mais avec la mort de Nimueh, je ne vois pas quel sorcier pourrait être assez puissant pour commander aux éléments… à part toi, bien sûr… termina-t-il à voix basse.
- Je vais aller rejoindre Arthur. Il pourrait avoir besoin de moi, souffla le jeune homme.
- D’accord. Je vais tout de même faire quelques recherches sur les sorts qui peuvent provoquer une telle canicule.

***


Merlin traversait la cour du château pour rejoindre le prince lorsqu’un homme, tout de noir vêtu, le visage dissimulé sous une capuche, se planta devant lui, l’obligeant à s’arrêter.
- Veuillez m’excuser, Messire, souffla l’inconnu d’une voix basse, je cherche un jeune homme qui s’appelle Merlin.
- Vous l’avez trouvé. Nous nous connaissons ?
L’homme releva la tête et plongea son regard émeraude dans celui de son vis-à-vis.
- Je m’appelle Maelor… Je suis un sorcier…
Il fit apparaître puis disparaître aussitôt une boule de lumière au creux de sa main. Il continua très vite :
- Il y a vingt ans, j’ai vécu quelques mois dans un village nommé Ealdor où j’ai rencontré une femme nommée Hunith.
Merlin sentit son cœur manquer un battement. Il ouvrit la bouche mais Maelor reprit :
- Je n’ai appris que très récemment que lorsque je l’ai quittée, elle attendait un fils.
- Vous… vous êtes mon père ? s’exclama le jeune sorcier, abasourdi.
Maelor hocha la tête. Merlin recula d’un pas, sous le choc.
- Je sais que tu dois avoir beaucoup de questions, mon fils. Et je suis prêt à y répondre.
- Je… je dois y aller… il faut que… bredouilla le jeune homme, totalement perdu.
Avant que Maelor ait eu le temps de l’en empêcher, il s’enfuit en courant. Il se dirigea vers chez Gaius, traversa en trombes l'atelier et alla s'enfermer dans sa chambre.

Là, il se mit à faire les cent pas, le cerveau en ébullition. Il n'arrivait pas à croire que cet inconnu puisse être son père. Cela faisait si longtemps qu'il espérait secrètement le rencontrer qu'il avait fini par perdre tout espoir. Et voilà qu'aujourd'hui, un homme sortait de nulle part et prétendait être son géniteur. Et cet homme était un sorcier, qui plus est, ce qui expliquerait ses propres pouvoirs. Mais comment pouvait-il être sûr que c'était la vérité ? Il savait qu'il pourrait aller interroger sa mère, mais ne voulait pas la faire souffrir en remuant un passé douloureux.
Alors qu'il était plongé dans ses pensées tourmentées, il n'entendit pas la porte de sa chambre s'ouvrir et sursauta lorsqu'une main se posa sur son épaule.
- Arthur ?
- Qu'est-ce qui t'arrive ? J'étais dans la cour quand je t'ai vu partir en courant. Je t'ai appelé mais tu n'as pas semblé m'entendre. C'est à cause de cet homme en noir ? Qui est-ce ?
Merlin soupira profondément, puis se laissa tomber sur le lit.
- Il dit être mon père...
Arthur s'assit à côté de son serviteur.
- C'est possible ?
Le jeune sorcier acquiesça d'un hochement de tête. Il se sentait mal, nauséeux. Ses mains se mirent à trembler et il avait le plus grand mal à ne pas fondre en larmes. Il savait qu'il aurait dû être heureux, mais il avait peur. Peur de ce que cette apparition subite allait changer dans sa vie... Peur que la présence de son père, lui aussi un sorcier, mette en péril son secret et sa place auprès d'Arthur...
Il bloqua ses mains entre ses genoux et tenta de se reprendre, la tête baissée, les yeux clos. Il sentit soudain la paume du prince se poser sur son dos.
- Je comprends que ça te perturbe, Merlin, mais tu devrais déjà t'assurer qu'il est bien celui qu'il prétend être. Tu devrais aller interroger ta mère sur cet homme.
Tout en parlant, Arthur avait fait remonter sa main jusqu'à la nuque de son valet qui sentit un frisson le traverser.
- J'aimerais pouvoir t'accompagner à Ealdor, mais mon peuple a besoin de moi, surtout en ce moment.
Les doigts du prince jouaient avec les cheveux qui couvraient sa nuque. Merlin se reprit, tentant d'ignorer les sensations déstabilisantes qui naissaient en lui sous cette caresse. Il souffla :
- Ça peut attendre. Je ne veux pas vous laisser.
Il releva la tête et son regard rencontra celui d'Arthur où brillait une lueur inconnue.
- Tu es sûr que tu ne veux pas savoir ?
- Je vais l'interroger. Peut-être que ça suffira pour me convaincre qu'il est bien mon père.
Le blond sourit.
- D'accord. Si tu as besoin de moi, n'hésites pas. Je serai toujours là pour toi, Merlin.
Avant que le jeune sorcier ait eu le temps de répondre, son prince se leva et quitta la pièce. Quelques secondes plus tard, Gaius qui entra :
- Tu peux me dire ce qui se passe ? Qu'est-ce qu'Arthur faisait ici ?
Merlin sentit ses joues s'empourprer. Il avait toujours l'impression que les doigts de l'autre homme étaient sur sa nuque. Il soupira profondément pour chasser son trouble, puis répondit :
- Je crois que je viens de rencontrer mon père.
Devant l'air interrogatif de son mentor, il expliqua son face-à-face avec Maelor. Lorsqu'il eut fini, il demanda :
- Vous le connaissez ?
- J'ai entendu parler de lui. Il était très puissant, mais je le croyais mort depuis des années.
- Vous pensez qu'il peut réellement être mon père ?
Gaius sembla réfléchir avant de répondre :
- Je crois qu'il l'est. Il est passé me voir tout à l'heure et j'ai eu l'impression de le connaître alors que je ne l'avais jamais vu. Tu lui ressembles, Merlin. Et s'il est un sorcier, comme tu me le dis, ça ne peut pas être une coïncidence. Les dons se transmettent la plupart du temps par le sang.
- Je dois lui parler. Je dois être sûr qu'il est bien celui qu'il prétend être.
- S'il est venu à Camelot pour te rencontrer, il ne doit pas être bien loin. Mais sois prudent, on ne sait jamais. Même s'il est ton père, il n'est peut-être pas du côté du bien.
- Je sais, souffla le jeune homme.
Ils n'avaient pas besoin d'exprimer leurs doutes. Juste au moment où ils se demandaient tous deux si la canicule n'était pas le fait d'un sorcier, voilà qu'un de leurs plus puissants représentants arrivait à Camelot. La coïncidence était trop grande.

***


Merlin n'eut pas à chercher Maelor bien loin. Celui-ci était adossé contre un mur du château, tout près de chez Gaius. Le sorcier semblait perdu dans ses pensées et le jeune homme en profita pour le détailler. Ses vêtements noirs semblaient de bonne facture, presque neufs. Ils n'étaient pas du tout poussiéreux, ce qui prouvait que Maelor n'était pas juste arrivé à Camelot, mais devait déjà être là depuis quelques jours. Il avait rabattu sa capuche sur sa tête, dissimulant à nouveau son visage. Merlin se demanda un instant s'il avait peur que quelqu'un le reconnaisse. Si c'était le cas, ça voulait dire qu'il était déjà venu dans la cité.
Merlin sursauta presque lorsque Maelor leva la tête. Leurs regards se croisèrent. Le jeune homme eut du mal à retenir un frisson de peur. Une lueur étrange brillait dans ses yeux vert sombre. Merlin rassembla son courage et s'approcha de celui qui prétendait être son père.
- J'aimerais vous parler.
- J'en serai ravi, sourit Maelor. Viens, j'ai pris une chambre à l'auberge.
Merlin le suivit. Ils s'assirent dans un coin de la grande salle déserte. À cause de la sécheresse, il n'y avait aucun autre client dans l'établissement.
- Qu'est-ce qui me prouve que vous êtes bien mon père ? Lança le jeune homme sans attendre.
- Rien. À part ma parole et le fait que toi et moi avons en commun un don que personne d'autre ne possède ici.
- Comment vous savez que je...
- Je le sens... Je suis capable de sentir à distance si les gens ont des... capacités.
Il jeta un bref coup d'œil à l'aubergiste et demanda :
- Ça ne serait pas mieux si nous allions parler là-haut ?
- Je préfère rester ici, répondit Merlin. Quand avez-vous eu connaissance de mon existence ?
- Il y a un peu plus d'un mois.
- Comment ?
- J'ai eu une vision, souffla Maelor à voix basse. Je t'ai vu dans un de mes rêves et j'ai su que tu étais le fils d'Hunith... mon fils. J'étais en route pour Ealdor quand j'ai eu une autre vision qui te montrait ici, aux côtés du Prince Arthur.
Merlin se tendit à la mention de son ami.
- Quelle belle réussite, mon fils ! Tu es devenu le serviteur particulier du futur roi ! Je suppose que tu es proche de concrétiser ton plan.
- Quel plan ? S'étonna le jeune homme.
- Faire revenir la sorcellerie à Camelot, bien sûr !
La méfiance de Merlin envers Maelor augmenta d'un cran.
- Je n'ai aucun plan. Je suis juste un valet, c'est tout.
- Allez, ne me fais pas croire que tu n'as pas envie que tout le monde sache qui tu es vraiment !
- Non... enfin si, mais le temps n'est pas encore venu.
Maelor eut l'air réellement surpris.
- Mais Uther est mort ! L'ère d'Arthur va débuter et il faut que la magie revienne comme l'a prévu la prophétie !
- La prophétie ? Qui vous en as parlé ?
- Le dragon bien sûr !
Merlin eut un geste de recul. Maelor sourit :
- Que croyais-tu ? J'ai vécu des années ici avant de m'enfuir pour ne pas être exécuté par Uther.
- Gaius vous aurait reconnu !
- Personne ne peut savoir qui j'étais à l'époque... Pourquoi crois-tu que tu peux entendre la voix du dragon ? Son sang coule dans tes veines.
- Quoi ? S'exclama le jeune homme en se levant d'un bond.
Devant le regard curieux de l'aubergiste, il se rassit.
- Qu'est-ce encore que cette affabulation ?
- Lorsque je suis né, il y a des siècles de cela, j'étais un dragon moi aussi.
- C'est impossible !
- Il ne peut jamais y avoir deux bébés dragons pour une seule mère. Et pourtant, mon frère et moi sommes nés jumeaux. Cette particularité nous a donné des pouvoirs si grands que certains sorciers ont pris peur. Mais nous étions trop forts pour qu'ils puissent nous tuer. Alors, ils ont compris que le seul moyen de nous affaiblir était de nous séparer. Ils se sont regroupés afin de rassembler assez de pouvoir pour me transformer en humain. Ce qu'ils n'avaient pas prévu, c'est que même sous cette forme, je suis resté plus puissant qu'eux. J'ai décimé tous les traîtres qui m'avaient séparé de mon frère, mais je n'ai jamais pu trouver le moyen de redevenir dragon.
Merlin prit quelques instants pour assimiler ce que Maelor venait de lui apprendre.
- Vous voulez dire que vous êtes le frère jumeau du dragon qui est enfermé sous le château ?
- Oui. Par conséquent, il est ton oncle. Le sang du dragon coule dans tes veines, Merlin.
- Comment puis-je vous croire ? Tout ceci est totalement invraisemblable !
- Si tu me fais confiance, je peux te montrer.
- Me montrer ?
Maelor tendit la main vers le jeune homme qui recula instinctivement.
- Je ne te veux aucun mal, mon fils. Je veux juste te prouver que je te dis la vérité.
Merlin hésita un instant, puis se rapprocha. Les doigts de Maelor se posèrent sur sa tempe et des flashs d'images commencèrent à défiler à toute vitesse dans son esprit. Lorsque ce fut terminé, il sut que tout ce que Maelor lui avait dit était vrai. Une douleur intense se propagea dans son crâne.
- Désolé pour ça, mais je devais te convaincre.
- J'ai besoin de prendre l'air.
Merlin se leva, titubant presque sous la souffrance. La luminosité du soleil n'arrangea pas son état, mais il se força à avancer. Il voulait s'éloigner de Maelor, de tout ce qu'il venait d'apprendre. Alors qu'il entrait dans la cour du château, il vit qu'Arthur était en train de discuter avec deux chevaliers près de l'escalier. Merlin s'avança vers eux mais la douleur eut raison de lui et il s'effondra sur le sol, inconscient.

***


Une main rafraîchissait son front avec un linge humide tandis qu'une autre caressait tendrement sa joue. La douleur était encore là mais avait bien diminué. Il tenta d'ouvrir les yeux et réalisa qu'il était dans la pénombre.
- Merlin ? Souffla la voix d'Arthur, où perçait une pointe d'inquiétude.
- Sire... Où suis-je ?
- Dans ta chambre. Tu as fait un malaise dans la cour. Je t'ai porté jusque là et Gaius t'a fait boire une potion pour que tu puisses dormir. Tu as de la fièvre. Il pense que tu as attrapé une insolation.
- J'ai mal à la tête...
- Ne bouge pas, je vais aller le dire à Gaius pour qu'il te trouve un remède.
Merlin referma les yeux au moment où Arthur quittait la chambre. Il entendit les voix de son tuteur et du prince :
- Il s'est réveillé mais il a la migraine.
- Tenez, donnez-lui ceci à boire, ça devrait le soulager.
- Merci. Gaius ?
- Oui.
- Il vous a parlé de son père ?
- Oui.
- Vous pensez que cet homme est vraiment qui il prétend.
- Je le crois.
- Je l'espère pour Merlin. Il a le droit de savoir enfin d'où il vient.
Gaius ne répondit pas. Arthur revint dans la chambre et s'assit à nouveau au bord du lit. Le jeune sorcier rouvrit les yeux.
- Bois ça.
Merlin obéit, puis se laissa retomber sur l'oreiller. Arthur recommença à lui baigner le front.
- Vous n'êtes pas obligé de...
- Il faut faire tomber ta fièvre.
- Quelqu'un d'autre peut s'en charger. Vous êtes le futur roi de Camelot. Vous avez sûrement mieux à faire que de soigner votre valet.
- Laisse-moi veiller sur toi, Merlin, sourit Arthur. Allez, rendors-toi, tu as besoin de repos.
Le jeune sorcier referma les yeux et ne tarda pas à sentir le sommeil le gagner. Alors qu'il s'enfonçait dans une douce torpeur, il entendit la voix du prince souffler près de son oreille :
- Tu comptes pour moi beaucoup plus que tu ne sembles le croire...

***


Merlin et Arthur se faisaient face, debout au beau milieu de la cour. Le prince glissa une main sur la joue de son valet, puis se pencha pour capturer ses lèvres pour un doux baiser. Le jeune sorcier sentit un violent frisson traverser son échine. Sa paume se posa sur le torse du blond, à la hauteur de son cœur. Lorsqu'ils se séparèrent, Merlin baissa les yeux sur sa main et se figea : elle était en train de changer de couleur, devenant peu à peu vert foncé. Il voulut l'ôter, mais il était incapable de bouger. Des écailles commencèrent à se former sur sa peau, ses ongles se transformaient en griffes qui s'enfoncèrent dans la poitrine d'Arthur. Merlin sentait tout son corps changer. Il voulait s'éloigner du prince. Il ne voulait pas que celui qu'il aimait le voie ainsi. Il ne voulait pas lui faire du mal, mais il était incapable de bouger. Son regard se posa sur le visage d'Arthur qui le fixait avec un mélange de terreur, de dégoût et de désespoir...

Merlin s'éveilla en sursaut. Son cœur cognait si fort dans sa poitrine qu'il avait l'impression que tout Camelot pouvait l'entendre. Il avait du mal à respirer et sentait la sueur, à présent glacée, couler dans son dos. Il tenta de prendre une grande inspiration mais le poids qui oppressait sa poitrine l'en empêchait. Les larmes se mirent à ruisseler sur ses joues alors que les images de son cauchemar revenaient dans son esprit. Il ramena ses genoux contre son torse et éclata en sanglots, le visage enfoui entre ses bras croisés.
- Merlin ? Qu'est-ce qu'il y a ?
Il pouvait entendre l'inquiétude dans la voix d'Arthur mais était incapable de lui répondre. Il sentit son ami s'asseoir près de lui, sur le lit. La main du prince caressa tendrement ses cheveux.
- Tu as fait un cauchemar ?
Le jeune sorcier hocha la tête en silence. Il se sentit alors attiré contre le torse chaud d'Arthur qui lui caressa le dos pour l'apaiser.
- Ce n'est rien. C'est à cause de la fièvre. Calme-toi...
Au bout d'un long moment, le prince repoussa doucement son valet et l'aida à se rallonger. Merlin fixait le plafond, incapable de croiser le regard de l'autre homme.
- Tiens, j'étais parti te chercher de l'eau fraîche et Gaius m'a donné une autre potion que tu dois boire.
Merlin but le remède et un peu d'eau, puis referma les yeux.
- Tu veux en parler ?
- Non...
- D'accord. La fièvre t'a fait délirer tout à l'heure.
Le cœur du jeune sorcier manqua un battement. Alarmé, il demanda :
- Qu'est-ce que j'ai dit ?
- Des phrases sans queue ni tête. Tu parlais de dragon, de ton père... de moi... Tu as aussi prononcé des mots qui ne voulaient rien dire. Ne t'en fais pas, ça arrive souvent de délirer quand on a de la fièvre. Essaye de te rendormir.
Sans rouvrir les yeux, Merlin attrapa la main d'Arthur qui souffla :
- Je ne vais nulle part, ne t'en fais pas. Je reste près de toi.
- Merci...

***


Cette fois-ci, ce fut un rayon de soleil posé sur son visage qui réveilla Merlin. Il se sentait mieux. Il était sûr que la fièvre était totalement partie. Il ouvrit les yeux et sourit en voyant qu'Arthur s'était endormi sur une chaise à côté du lit. Sa main tenait toujours celle du jeune sorcier qui sentit son cœur se réchauffer. Mais les souvenirs de ce qui s'était passé la veille avec Maelor et de son cauchemar ne tardèrent pas à revenir le tourmenter. Il se passa une main sur le visage en soupirant. Arthur ouvrit les yeux à son tour, le dévisagea un instant, puis sourit :
- Tu as meilleure mine qu'hier.
- Je me sens mieux. Merci d'être resté...
- Je vais aller prévenir Gaius.
Merlin eut un moment de panique au moment où Arthur lâcha sa main. Il n'aurait su expliquer pourquoi un très mauvais pressentiment venait d'apparaître dans son esprit. Il secoua la tête pour le chasser en vain. Il avait comme l'impression qu'un danger guettait non loin, tapi dans l'ombre. Il se morigéna, puis tenta de se lever mais il sentit un vertige le prendre et il se rallongea bien vite. Quelques secondes plus tard, Gaius entra dans la chambre, un grand sourire aux lèvres.
- Comment te sens-tu ?
- Beaucoup mieux. Tiens, je pense que tu dois avoir faim, sourit le médecin en lui tendant un plateau.
Merlin le remercia, réussit à s'asseoir et commença à manger la miche de pain un peu dure et le fromage.
- Je n'ai pas pu faire mieux. Les réserves d'eau potable sont presque vides. Les gens meurent... je ne sais pas quoi faire pour les aider.
- Ce n'est pas de votre faute...
- Je sais, mais c'est frustrant !
Merlin soupira. Il comprenait très bien ce que ressentait son tuteur. Il venait d'avoir une idée, mais hésita, conscient que ça comportait énormément de risques. Il souffla :
- Arthur est encore là ?
- Non, il est rentré dans ses appartements.
- J'ai parlé à Maelor hier soir.
- Et ?
Le jeune homme savait qu'il pouvait faire confiance à son mentor. Alors il lui raconta toute l'histoire de son père. Lorsqu'il eut fini, Gaius s'exclama :
- C'est lui qui t'a donné cette fièvre ?
- Oui, mais il ne l'a sûrement pas fait exprès. Je ne devais pas être assez fort pour supporter le sort qu'il a utilisé pour me transmettre ces images. Ou bien, ce sont les images elles-mêmes qui ont engendré la fièvre.
- Cet homme est dangereux, Merlin.
Le mauvais pressentiment du jeune homme refit surface :
- Vous croyez qu'il pourrait s'en prendre à Arthur ?
- Tout est possible. Je ne peux pas t'empêcher de le voir. Il est ton père et il est normal que tu veuilles passer du temps avec lui. Mais, je t'en supplie, fais bien attention à toi. Sois prudent.
- Je le serai.
- Et au moindre problème, n'hésite pas à venir me voir ! Je serai toujours là pour t'aider, quoi qu'il arrive.
- Merci.
- Allez, repose-toi. Arthur te donne deux jours pour te remettre et après, il veut te revoir au travail.
- D'accord.
Le jeune sorcier se recoucha et ferma à nouveau les yeux, priant pour ne pas faire de nouveaux cauchemars.


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