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Quelle vanité était la mienne ! Comment ai-je pu me croire un seul instant intelligent alors que je ne suis qu'un pauvre idiot, juste bon à faire souffrir le seul être qui ait jamais réellement compté à mes yeux.

***

15 mars 1894

Toute cette histoire commença il y a trois semaines, lors d'une tranquille après-midi de début du printemps. Holmes venait de résoudre une affaire particulièrement épineuse de vol de diamants chez un riche négociant irlandais. Nous étions tous deux installés confortablement dans notre salon : lui debout près de la fenêtre, jouant un air doux sur son violon, moi dans mon fauteuil favori, à quelques pas de lui, plongé dans la lecture du journal. Je fus soudain surpris de ne plus entendre de musique et levai les yeux vers mon ami. Il était figé, le regard dans le vague, un air triste sur le visage. Inquiet, je posai mon journal et me levai pour le rejoindre.
— Mon ami, que vous arrive-t-il ?
Comme il ne me répondait pas, je posai une main sur sa joue, une angoisse sourde montant en moi. Holmes finit par réagir. Il me sourit faiblement.
— Pardonnez-moi, John. Je ne voulais pas vous affoler.
— Que se passe-t-il ? Je vous ai rarement vu aussi calme et silencieux.
Il tira une enveloppe de sa poche de veste et me la tendit. Je la pris, étonné.
— Cette missive est arrivée ce matin.
— Que contient-elle qui vous trouble à ce point ?
— Ce n'est pas tant ce qu'elle contient, mais de qui elle provient...
Je baissai les yeux sur l'enveloppe et vis pour la première fois mon nom calligraphié dans une écriture familière. Mon cœur se serra et je compris pourquoi mon cher ami me l'avait dissimulée.
— Vous l'avez lue ? demandai-je, espérant une réponse négative.
Il s'éloigna sans un mot, aveu que sa curiosité maladive avait été plus forte que sa loyauté envers moi. Une bouffée de colère monta en moi mais disparut tout aussi vite. Je ne pouvais lui en vouloir bien longtemps alors que je comprenais tout à fait les raisons de son geste.

Je retournai m'asseoir dans mon fauteuil et fixai l'enveloppe sans l'ouvrir.
— Ne voulez-vous pas savoir ce qui vous est dit ?
— Puisque vous l'avez déjà lue, dites-le moi donc !
Ma colère n'était pas tout à fait évaporée, finalement. Je regrettai immédiatement mes paroles et mon ton un peu dur, mais je n'eus pas le temps de m'excuser car Holmes répondit :
— Je ne veux pas risquer de déformer ses propos...
Il s'éloigna vers la porte. Je l'interpelai :
— Où allez-vous ?
— Informer Mrs Hudson que nous allons nous absenter quelques jours.
Avant que je puisse lui demander de quoi il parlait, il avait quitté le salon. Je baissai les yeux sur l'enveloppe qui était toujours entre mes doigts. Je me décidai enfin à l'ouvrir. Elle contenait une feuille dont les armoiries de l'en-tête m'était inconnues.

Mon cher John,

J'espère vous trouver en bonne santé. Je vous avais promis de ne plus venir vous importuner, mais aujourd'hui, j'ai besoin de votre aide. Une personne de mon entourage proche est victime de ce que certains appelleraient une “ malédiction ”. Votre ami Sherlock Holmes et vous-mêmes êtes les deux seules personnes à qui je puis faire appel en toute confiance et en toute discrétion.
Je suis consciente que la situation sera difficile, autant pour vous que pour moi, mais j'ai réellement besoin de votre aide.

Si vous deviez refuser, sachez que je ne vous en voudrai pas.

Bien à vous,

Votre amie, Mary Morstan épouse Rutherford.


Je finissais juste de lire lorsque Holmes revint dans le salon.
— Ainsi, elle s'est mariée... soufflai-je, un peu perturbé et surpris.
Sherlock s'adossa contre la porte fermée, puis demanda d'un ton sec :
— Regrettez-vous de ne pas l'avoir épousée, finalement ?
Je me levai et le rejoignis rapidement. Je ne voulais pas qu'il puisse penser un seul instant que ma vie actuelle ne me satisfaisait pas. Je l'enlaçai et capturai ses lèvres pour un baiser des plus doux, qui devint rapidement passionné. Je sentis le désir monter en moi et embraser mes sens, mais me forçai au calme. Je m'écartai en murmurant :
— Je ne regrette rien, mon amour...
Il me sourit.
— J'en suis heureux... Vous devriez aller préparer votre sac afin que nous puissions partir dès demain matin.
— Êtes-vous certain de vouloir vous occuper de cette affaire ?
— Vous me connaissez, John, je ne peux jamais résister à une affaire mystérieuse qui m'appelle.
— Je ne veux pas que vous soyez mal à l'aise en présence de Mary.
— Je le serai de toutes façons, répondit-il. Mais du moment que vous m'assurez que vous m'aimez, j'oublierai mon malaise pour me concentrer sur mon travail.
Je souris :
— Je vous aime.
— Alors, tout ira pour le mieux.

***

Le lendemain matin, nous partîmes de bonne heure pour le village de Tilford, dans le Surrey, près duquel se trouvait la nouvelle demeure de Mary. Alors que nous traversions la campagne anglaise, je regardai sans le voir le paysage, perdu dans mes pensées. Cela faisait maintenant trois ans que Mary avait fait son choix et que j'avais fait le mien. Trois ans que je vivais un amour interdit mais si intense. Je me demandais quel genre d'homme elle avait épousé. Sûrement quelqu'un de cultivé... et apparemment un Lord, vu les armoiries sur son papier.
Un mouvement contre moi me ramena à l'instant présent. Holmes était endormi, sa tête sur mon épaule. Nos mains aux doigts entrelacés, posées sur ma cuisse depuis notre départ de Londres, étaient dissimulées aux regards indiscrets par un pan du manteau de mon compagnon. Il s'agita soudain dans son sommeil alors que son visage reflétait une intense crispation. Je posais ma main libre sur sa joue pour l'éveiller. Il se redressa brusquement, l'air hagard. Pendant quelques secondes, il ne parut pas me voir, puis finit par se calmer et me sourire.
— Je crois avoir fait un cauchemar, souffla-t-il en passant une main dans ses cheveux ébouriffés.
— Voulez-vous m’en parler ?
— Je ne m’en souviens pas, répondit mon ami.
Une lueur fugitive dans son regard me convainquit qu’il me mentait, mais j’étais conscient que l’interroger serait vain. Je me contentai de serrer un peu plus sa main dans la mienne. Il se tourna vers la fenêtre :
— Nous devrions arriver dans quelques minutes.
— En effet. J’espère que nous résoudrons rapidement cette affaire, ne pus-je m’empêcher d’ajouter.
Il me jeta un regard en coin sans tourner la tête, puis reporta son attention sur le paysage. Je pressentis que ce voyage pourtant professionnel allait mettre notre relation à l’épreuve.

***

Je fus surpris que personne ne vienne nous accueillir lorsque notre voiture s'arrêta devant la maison. Une fois dehors, je détaillai rapidement la bâtisse, puis me tournai vers mon ami qui venait de me rejoindre. J'ouvrais la bouche pour lui faire remarquer l'absence de comité d'accueil lorsque la porte s'ouvrit sur Mary. Je ne l'avais jamais vue ainsi : elle avait un air effrayé qui me bouleversa.
— Oh Dieu ! John, vous êtes enfin là !
Elle se jeta presque dans mes bras, tremblante. Je ne pus ignorer le regard jaloux que mon compagnon lui adressa. Mary s'écarta et prit ma main dans les siennes :
— Venez vite !
Je la suivis à l'intérieur, Holmes sur mes talons. Elle nous conduisit jusqu'à une chambre du premier étage. À l'intérieur, étendu sur le lit, se trouvait un adolescent d'une quinzaine d'années, apparemment en proie à un délire profond. Un homme à la carrure de docker, qui devait avoir environ quarante ans, le maintenait sur le lit et tentait de le calmer.
— Andrew ! Tout va bien ! Personne ne veut te faire du mal !
L'adolescent hurla soudain comme un dément et perdit connaissance. Je m'assis près de lui afin de l'examiner.
— Etes-vous le Docteur Watson ? Demanda l'homme qui était de l'autre côté du lit.
— En personne, répondis-je.
Mary s'approcha de lui :
— Je vous présente mon époux, Sir William Rutherford. Et voici son fils, Andrew, ajouta-t-elle en désignant mon patient.
Holmes était resté en retrait dans l'encadrement de la porte. Il s'avança dans la pièce en demandant :
— Votre enfant se drogue-t-il, Milord ?
Rutherford répondit dans un grognement :
— Non, Monsieur... Holmes, je présume ?
— La déduction était aisée. Je suppose que nous sommes ici pour votre fils ?
— Oui. Ses crises ont commencé il y a maintenant trois mois. Je l'ai emmené à Londres consulter les meilleurs médecins, mais aucun n'a pu le soigner. Et son mal empire un peu plus chaque jour. Je suis un homme rationnel, je ne crois pas au surnaturel, mais je commence à me demander si mon fils n'a pas été victime d'une malédiction.
— Aurait-il commis un méfait qui expliquerait qu'une personne lui ai jeté un mauvais sort ?
— Non ! Andrew est un jeune homme bien éduqué qui serait bien incapable de faire du mal à autrui.
Je me levai en soupirant :
— Je ne vois rien, au premier abord, qui pourrait expliquer ses crises.
Alors que je finissais ma phrase, une femme d'une soixantaine d'années entra dans la chambre.
— Mrs Blythe, la gouvernante d'Andrew, expliqua Rutherford.
Nous la saluâmes, puis laissâmes le jeune homme à ses bons soins. Notre hôte nous conduisit jusqu'à un salon alors que Mary partait voir si le déjeuner était prêt. Une fois installés dans de confortables fauteuils, Rutherford se mit à nous expliquer la situation :
— Andrew a seize ans. Il est issu de mon premier mariage. Il y a un peu plus de vingt ans, j’ai épousé Elisabeth, mon amie d'enfance. Notre fils avait encore au berceau lorsqu'elle a été emportée par une pneumonie foudroyante. J'ai alors engagé Mrs Blythe pour s'occuper de lui. Son fils, Peter, a un an de plus que mon Andrew et vient de partir s'engager dans la Marine. Les deux garçons ont été élevés ensemble...
— Les crises ont-elles commencé avant ou après le départ de Peter ? Demanda Holmes.
— Environ une semaine après qu'il ait quitté la maison.
— Est-ce qu'ils s'entendaient bien ? Andrew et lui ?
— Comme des frères... encore plus si c'est possible... Mon fils a très mal accepté le départ de Peter.
Une intuition pour l’instant sans fondement apparut dans mon esprit. Je me levai :
— Je vais aller voir comment se porte Andrew.
Sans attendre de réponse de la part de notre hôte, je quittai le salon et remontai dans la chambre du jeune homme. J’y trouvai sa gouvernante en train de lui faire boire un liquide ambré.
— Du thé, souffla-t-elle avant même que je lui pose la question. Le précédent médecin a dit qu’il lui fallait boire pour ne pas se déshydrater et que du thé pourrait lui faire du bien.
— Effectivement, acquiesçai-je. Pourriez-vous me laisser seul avec Andrew, j’aimerais l’examiner à nouveau.
— J’allais de toutes façons descendre lui préparer de la soupe.
Elle sortit de la chambre, emportant le plateau avec la théière et la tasse. J’attendis qu’elle ait refermé la porte pour me pencher sur mon patient. Comme je m’y attendais, je détectai une odeur inhabituelle, mais pas inconnue, dans son haleine. Mon intuition se confirmait et j’allais devoir m’en ouvrir à Holmes le plus rapidement possible si je voulais pouvoir sauver ce pauvre enfant.
Alors que je m'interrogeais sur la marche à suivre, la porte de la chambre s'ouvrit sur Mary. Elle me sourit faiblement. Je n'avais pas eu jusque là le temps de l'observer, mais elle me sembla plus pâle que dans mon souvenir et surtout, ses traits étaient tirés par la fatigue et l'angoisse.
— Le déjeuner est prêt, John.
— Serait-il possible de me faire monter un plateau ? Je souhaiterais rester auprès de lui afin d'être présent s'il a une nouvelle crise.
— Je vais demander à Mrs Blythe de vous l'apporter avec le potage d'Andrew.
— Merci.
Elle resta quelques instants à me fixer, l'air indécis. Puis, elle finit par souffler :
— Je vous suis très reconnaissante d'être venu jusqu'ici...
— Je ne pouvais pas ignorer votre appel à l'aide, répondis-je avec un sourire.
Elle hocha la tête, puis sortit de la chambre. À peine la porte se fut-elle refermée qu'elle se rouvrit sur Holmes.
— “ Je ne pouvais pas ignorer votre appel à l'aide ”, répéta-t-il sur un ton narquois en s'approchant de moi.
— Vous m'imitez très mal, mon cher ami. Concernant ce jeune homme, je pense que...
Il posa un doigt sur mes lèvres pour m'empêcher de continuer. Je compris que nous étions sûrement écoutés.
— Rutherford vous a-t-il donné des informations qui pourraient nous aider à trouver ce qu'a son fils ?
— Aucune, malheureusement. Cependant, il nous a accordé le droit de rester à son chevet, cet après-midi et cette nuit, de façon à pouvoir être là lors de sa prochaine crise.
Alors qu'il prenait une chaise pour s'installer, je soufflai :
— Ne devriez-vous pas descendre déjeuner avec nos hôtes ?
Il m'adressa son regard de chien battu.
— Le dois-je vraiment ?
— Holmes, voyons ! Vous oubliez toutes les règles de la bienséance.
Il soupira profondément, puis rendit les armes.
— Puisque vous y tenez tant, je descends. Je vous laisse avec votre patient.
Il sortit à son tour. Je profitai de ce moment de solitude avec Andrew pour l'ausculter. Pour le moment, il dormait paisiblement et ne souffrait que d'une légère fièvre. Je posai un linge humide sur son front lorsque la porte se rouvrit sur Mrs Blythe.
— Voici votre déjeuner, Docteur.
Elle posa le plateau sur la table et s'approcha du lit avec une assiette de potage et une cuillère.
— Vous devriez le laisser dormir pour le moment. Vous n'avez qu'à laisser sa soupe sur la table, je la lui donnerai quand il se réveillera.
— Elle aura refroidi.
— Je la ferai réchauffer, ne vous en faites pas.
Elle parut hésiter un long moment, mais finit par obéir à ma demande.
— Si vous avez besoin de moi, ma chambre se situe de l'autre côté du couloir.
— Merci, Mrs Blythe.
Avant qu'elle ne quitte la pièce, je vis clairement une lueur de colère dans son regard sombre. J'attendis quelques minutes, puis me levai pour aller humer le potage destiné à Andrew. Comme je m'y attendais, il s'en dégageait la même odeur que celle que j'avais sentie dans l'haleine du jeune homme. Je pris une fiole dans ma trousse et la remplis en prévision des analyses que je ferai dès que je serai sûr de ne pas risquer d'être dérangé.

***

Je n'eus pas l'occasion d'effectuer mes analyses avant le soir, ni de parler en privé à Holmes de mes théories. En effet, Mary et son époux semblaient avoir décidé que l'un d'eux devait toujours rester avec nous, au grand dam de mon ami qui supportait bien mal la présence de mon ancienne promise. Enfin, le soir venu, après le dîner, nous réussîmes à convaincre le couple de nous laisser seuls avec Andrew. Le jeune homme n'avait pas repris connaissance de l'après-midi, ce qui m'inquiétait grandement.
Alors que j'étais en train de sortir de ma sacoche ce dont j'aurais besoin pour analyser le potage, Holmes alla vérifier que la porte de la chambre était bien verrouillée, puis vint s'asseoir sur le bord de la table. Je soufflai :
— Si je ne me trompe, quelqu'un empoisonne cet enfant depuis des mois.
— Bien entendu ! Répondit mon ami. Et vos collègues qui ont examiné cet enfant avant vous ne sont que des ânes de ne pas s'en être aperçu !
— Je suppose que vous avez déjà des soupçons quant au coupable.
— Je vous donnerai son identité si ce que vous trouvez là-dedans confirme mes déductions.
Je fus surpris. Ce n'était pas le genre de mon ami de garder ses conclusions pour lui et surtout, ce n'était pas son genre d'attendre mon avis pour m'éblouir de son talent. Alors que je lui adressai un regard interrogatif, il haussa les épaules et sortit sa pipe dont il mâchouilla le bec sans l'allumer.
L'analyse du potage me prit un peu de temps durant lequel mon ami resta silencieux à côté de moi, le regard fixé sur Andrew. Finalement, je soupirai en voyant les résultats. Avant que j'aie eu le temps de lui donner mes conclusions, Holmes souffla :
— Amanite phalloïde et mandragore.
— Pourquoi m'avoir laissé faire tout ceci si vous connaissiez déjà la réponse ?
— Pour être sûr de ne pas avoir fait erreur.
Cette phrase lui ressemblait si peu qu'elle m'inquiéta. Il reprit :
— Mon jugement aurait pu être faussé par la nature de notre relation.
— Je ne vois pas le rapport entre ce que nous vivons et l'empoisonnement d'Andrew.
Holmes se tourna vers moi et me sourit :
— N'avez-vous aucune idée du coupable ?
— Je soupçonne Mrs Blythe depuis que je l'ai vue lui faire boire du thé cet après-midi et avoir senti cette odeur étrange, mais je ne parviens pas à trouver la raison qui la pousse à vouloir tuer cet enfant qu'elle a élevé comme son propre fils.
— Voilà justement le détail qui vous a échappé, mon ami.
Je fronçai les sourcils, essayant de comprendre ce qu'il voulait dire.
— Vous allez devoir vous expliquer, je ne vous suis absolument pas.
Holmes me désigna une commode sur laquelle se trouvait un cadre. Le cliché représentait Andrew en compagnie d'un jeune homme brun aux yeux sombres que je devinais être Peter Blythe. Tout à coup, la lumière se fit dans mon esprit. Je me tournai vers mon compagnon, abasourdi :
— Insinuez-vous que ces deux jeunes gens ont le même type de relation que celle que nous entretenons, vous et moi ?
Il hocha la tête avant de souffler :
— Imaginez la réaction de Mrs Blythe en découvrant cette intimité entre les deux garçons. Ne pouvant accepter que son fils en soit l'instigateur, elle a reporté son dégoût et sa haine sur Andrew. Elle a sûrement poussé Peter à s'engager, puis s'est mise en tête de tuer le fils de son maître à petit feu.
— J'admets que votre hypothèse se tient. Mais il faut de solides connaissances pour préparer un poison tel que celui-ci, à la fois efficace et indétectable.
— C'est là qu'intervient une information que j'ai obtenue de Rutherford après que vous nous ayez quitté ce matin. Le défunt époux de Mrs Blythe était apothicaire et herboriste.
Tout en écoutant les conclusions de mon ami, je me dirigeai vers ma sacoche. J'emmenai toujours avec moi certains remèdes, dont un anti-poison très efficace à base de feuilles et de bourgeons de cassis. Après en avoir administré une dose à Andrew, je me tournai vers mon compagnon.
— Je ne sais si cela sera suffisant pour le sauver.
— Nous devons empêcher Mrs Blythe de l'approcher.
— Et comment comptez-vous procéder ?
Il ne répondit pas, se contentant de me fixer en silence.
— Vous ne comptez tout de même pas la démasquer devant Rutherford ?
— S'il faut en arriver là, je le ferai.
— Avez-vous pensé à lui ? Demandai-je en désignant le jeune homme inconscient. Si elle parle, sa vie sera détruite !
— Elle le sera de toutes façons si nous n'arrêtons pas les agissements de la gouvernante !
Je me mis à faire les cent pas dans la chambre, énervé. Je me tournai tout à coup vers Holmes et lançai d'un ton plus sec que je n'aurais voulu :
— Vous seriez prêt à dévoiler notre secret ?
— Si cela devait sauver votre vie, sans hésitation.
— Vous me sauveriez la vie mais m'enverriez directement en prison pour au moins une décennie ! Est-ce cela que vous souhaitez pour ce jeune homme ? Qu'il perde les plus belles années de sa vie dans une cellule ?
— Watson, calmez-vous, je vous prie. Le seul qui a le droit d'être hystérique ici, c'est moi. Vous, vous êtes la moitié sensée de notre couple. N'inversez pas les rôles, de grâce !
Ma colère s'évapora malgré moi. Mon compagnon avait raison. Cependant, je n'étais toujours pas disposé à sacrifier Andrew ainsi. Holmes le sentit. Il s'approcha de moi, jeta un bref regard au jeune homme, puis m'enlaça avant de m'embrasser tendrement.
— Il existe peut-être une autre solution... souffla-t-il en souriant.


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