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Kévin n’avait pas vu venir le coup. La pelle le toucha à la tempe, puis au bras droit et il s’effondra, luttant pour ne pas perdre connaissance. Il entendit la voix de Laura hurler contre leur suspect, lui ordonnant de lâcher l’outil et de se rendre. Kévin tenta de se relever mais la douleur fut plus forte que sa volonté. Il s’enfonça brusquement dans une obscurité profonde.

Il ouvrit les yeux mais une lumière aveuglante l’obligea à les refermer vivement. Deux voix familières lui parvinrent. Il ne comprenait pas ce qui était dit, se doutant juste qu’on devait parler de lui.
— Il est réveillé, souffla la voix de Laura.
Kévin se força à rouvrir les paupières, plus lentement cette fois. Il avait mal à la tête. Il réussit cependant à focaliser sa vision sur ses amis qui le fixaient d’un air inquiet.
— Comment tu te sens, mon pote ? demanda Alex.
— Vaseux. Suis resté inconscient longtemps ?
— Trois heures. T’as pris un sacré coup sur la tête, répondit Laura.
— Le suspect ?
— En garde à vue. Duval l’interroge.
Kévin hocha la tête, puis souffla :
— Je peux avoir un peu d’eau ?
Son amie lui donna un verre qu’il vida d’un trait. Lorsqu’il le lui rendit, elle lui adressa un regard embarrassé.
— Quoi ?
— On ne savait pas si c’était grave, alors on a essayé de prévenir Yann…
— Essayé ?
Laura et Alex échangèrent un regard, apparemment ennuyés. Agacé par leur silence, Kévin insista :
— Dites-moi ce qui se passe !
Ce fut Alex qui se lança :
— Comme on n’a pas réussi à l’avoir sur son portable ni chez vous, je suis allé voir les mecs de la BAC… et d’après eux, le Capitaine Berthier a démissionné il y a deux semaines.
Kévin sentit son cœur manquer un battement.
— Tu te fous de moi ?
— J’te jure que c’est vrai ! se défendit son ami. J’ai pas réussi à savoir pourquoi, mais Mercier m’a confirmé que c’était vrai.
Le jeune basque, affolé, essaya de se lever mais ses amis l’en empêchèrent.
— Ne bouge pas ! Tu as eu un traumatisme crânien et tu dois te reposer.
— Il faut que je sache où est Yann !
Au moment où il tentait à nouveau de sortir de son lit, la porte de la chambre s'ouvrit sur un homme aux cheveux blancs que Kévin devina être son médecin, suivi par une infirmière. Le docteur fit sortir Laura et Alex avant d'examiner son patient. Le jeune policier n'eut pas d'autre choix que de se laisser faire. Pendant qu'on l'auscultait, il repensa à toutes les fois où Yann lui avait dit qu'il ne rentrerait pas de la nuit parce qu'il était en planque. Immédiatement, Kévin eut l'intime conviction que son compagnon le trompait. Il ne voyait pas d'autre explication à ses absences et à ses mensonges. Abattu, il avala les médicaments qu'on lui donnait sans chercher à comprendre de quoi il s'agissait. Il se retrouva bien vite envahi par une douce torpeur alors que les calmants le plongeaient peu à peu dans le sommeil.

Kévin ne resta qu'une journée à l'hôpital. Le médecin voulait le garder 48 heures de plus en observation, mais il signa une décharge, incapable de tenir plus longtemps dans cette chambre. Le docteur le laissa partir à contrecœur avec un document indiquant que s'il avait des vomissements ou s'il perdait connaissance, il devait revenir d'office à l'hôpital. Kévin avait menti en affirmant qu'il ne resterait pas seul, mais il n'avait aucune envie que l'un de ses amis lui tienne compagnie. Depuis qu'il avait été blessé, il n'avait eu aucune nouvelle de Yann, qui était la seule personne qu'il aurait aimé avoir pour veiller sur lui. Il avait essayé de le joindre plusieurs fois, sur son portable ou chez eux, sans succès.
C'est donc un Kévin totalement déprimé qui franchit la porte de la maison en ce vendredi soir. Il laissa son sac traîner dans l'entrée et alla prendre une douche brûlante. Il enfila ensuite un vieux survêtement, prit un paquet de chips et une bière, puis s'affala sur le canapé devant la télévision. Il essaya de s'abrutir en regardant des émissions toutes plus débiles les unes que les autres, mais ne parvenait pas à effacer de son esprit l'image de Yann dans les bras d'un autre homme. Finalement, la fatigue et son chagrin eurent raison de lui.

Kévin se réveilla en sursaut en entendant la porte d'entrée se refermer. Il se leva d'un bond et fonça vers son compagnon qui lui jeta un regard surpris :
— Il est trois heures du matin ! Qu'est-ce que tu fais encore debout ?
— Et toi ? Tu étais où ? Répondit le jeune basque d'un ton agressif.
— En planque, comme d'hab.
— Arrête de me prendre pour un con, Yann ! Tu croyais vraiment que j'allais jamais apprendre que t'as démissionné ?
Envahi par la colère, il ne vit pas le voile de tristesse qui obscurcit soudain le regard de son amant.
— Kévin, je...
— Il s'appelle comment ?
Yann ne parut pas comprendre sa question.
— De qui tu parles ?
— De ton nouveau mec !
Devant l'air abasourdi de son compagnon, le plus jeune continua :
— Depuis deux semaines, tu rentres au beau milieu de la nuit ou pas du tout. Vu que tu pouvais pas être en train de faire ta putain de planque, c'est que t'as un autre mec ! Je pensais vraiment que t'avais un peu plus de respect pour moi ! Si tu veux plus de moi, dis-le franchement que je me tire !
— Kévin, il n'y a personne d'autre.
Le jeune homme s'approcha de son amant, les poings serrés. Il était tellement furieux qu'il avait du mal à réfléchir.
— Te fous pas de moi ! Arrête de me mentir ! C'est si dur que ça de me dire que tu baises un autre mec ?
La colère avait réveillé la migraine de Kévin qui se sentit défaillir. Il s'appuya au mur, pris de vertiges. Yann s'approcha de lui, l'air inquiet :
— Qu'est-ce qui t'arrive ?
— Qu'est-ce que ça peut te foutre ? Répondit le plus jeune, les larmes aux bords des yeux.
— Je t'aime, Kévin. Je te jure qu'il n'y a pas d'autre mec. Et je veux que tu me dises ce que tu as !
— Fous-moi la paix ! Grogna le basque en s'éloignant de quelques pas.
Il se laissa tomber sur le sofa, nauséeux. Yann vint s'asseoir à côté de lui et Kévin, malgré son malaise, remarqua que son ami se tenait étrangement, comme s'il avait du mal à se servir de ses bras. Soudain, le plus jeune fut assailli par des souvenirs, des détails qu'il avait crus sans importance mais qui prenaient tout à coup un sens.
— Kév...
— Je vais bien... souffla-t-il, calmé. Mais toi... dis-moi ce qui se passe, Yann...
Son compagnon baissa les yeux et resta silencieux un long moment. Il finit par lancer :
— J'ai commencé à avoir des pertes de mobilité dans le bras gauche... et ensuite dans le droit... Il y a eu une intervention où un de mes collègues a failli se faire buter par ma faute, parce que je n'ai pas réussi à sortir mon flingue. Alors j'ai démissionné...
Kévin était si abasourdi par la révélation de son amant qu'il en oublia sa propre douleur.
— Pourquoi tu ne m'as rien dit ?
— Je ne voulais pas de ta pitié...
— Putain, Yann ! Je t'aime, ça ne compte pas pour toi ?
— Bien sûr que si... mais je... Je pensais que j'arriverai à surmonter ça avant que tu t'en rendes compte...
— Et tu étais où alors tous ces soirs ?
— Chez une amie kiné. Elle me fait faire des exercices pour essayer de me rendre ma motricité, mais elle ne me fait pas payer donc j'y vais le soir, après ses consultations.
— Et les nuits où tu n'es pas du tout rentré ?
— Les séances m'épuisent alors elle m'a proposé de dormir chez elle, dans sa chambre d'amis, quand je suis trop crevé pour rentrer.
— Et cette amie...
— A soixante-deux ans, sourit Yann. Tu n'as absolument aucune raison d'être jaloux.
Kévin soupira profondément.
— Si tu m'avais dit tout ça depuis le début...
— Je suis désolé. Maintenant, dis-moi ce qui t'arrive. Je vois bien que tu n'es pas en forme.
Le plus jeune raconta comment il avait été blessé et comment il avait appris sa démission. Tout en parlant, il se laissa glisser contre son compagnon qui l'enlaça tant bien que mal. Kévin avait le cœur serré en voyant les difficultés de son amant et il s'en voulut d'avoir douté de lui.
— Yann ?
— Hum ?
— Promets-moi que tu ne me cacheras plus jamais quelque chose d'aussi important.
— Promis... on devrait aller se coucher, tu as besoin de te reposer.
Kévin se redressa et captura les lèvres de son compagnon avec tendresse.
— Je t'aime... et je t'aiderai du mieux que je pourrai. Si tu veux bien de moi, je t'accompagnerai chez ton amie. Elle pourra me montrer les exercices que vous faites et on pourra les faire ensemble ici.
— Tu n'es pas obligé...
— Mais j'en ai envie. Je veux t'aider. Tu es la personne qui compte le plus au monde pour moi...
— Plus que ta mère ? Sourit Yann.
Kévin grimaça.
— C'est pas pareil... mais oui, je crois que oui...
Le plus âgé se pencha pour embrasser à nouveau son amant, puis lui souffla à l'oreille :
— Je t'aime. Et merci...
Ils se sourirent, puis allèrent se coucher. Ils avaient envie de se retrouver, mais l'état de santé du plus jeune leur interdisait de faire des folies de leurs corps, alors ils se contentèrent de se blottir l'un contre l'autre et de se laisser glisser dans un profond sommeil réparateur.

Fin.


Fic écrite le 12 mai 2010.


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