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Louis était inquiet pour Kévin. Le jeune homme avait refusé catégoriquement d'aller à l'hôpital, mais son supérieur savait qu'une castagne de ce genre pouvait laisser des séquelles bien plus graves qu'une arcade pétée ou des phalanges explosées. Lorsqu'il sortit du bureau de Mercier, il partit à la recherche du basque qu'il trouva dans le couloir en train de se diriger vers l'ascenseur.
— Attends Kévin ! Je te raccompagne chez toi !
Le jeune homme ne se retourna pas. Louis le vit soudain tituber, tenter de se retenir au mur puis s'effondrer sur le sol. Se précipitant à ses côtés, il constata que Kévin avait perdu connaissance.
— Appelez une ambulance ! Lança-t-il à la ronde.

***

Yann déboula aux urgences et fonça directement sur Franchard qui faisait les cent pas dans la salle d'attente.
— Où est-il ? Qu'est-ce qui s'est passé ?
Son collègue le fit asseoir, puis lui raconta toute l'histoire. Au fur et à mesure que Louis avançait dans son récit, Yann sentait son cœur se serrer d'angoisse.
— Pour l'instant, ils lui font passer des examens, je n'en sais pas plus.
Yann passa une main dans sa nuque, fermant les yeux pour tenter de recouvrer ses esprits. Soudain, une vague de colère le traversa, le faisant bondir de sa chaise :
— Pourquoi vous l'avez laissé faire ? Pourquoi TU l'as laissé faire ?
— Il est têtu, ton mec ! Tu le connais assez pour savoir que quand il a quelque chose en tête, rien ne peut l'en faire démordre !
— Vous auriez dû l'en empêcher ! C'est un « bleu », nom de Dieu ! C'était à vous : à Mercier, à Duval et à toi de l'arrêter !
Yann fut décontenancé par la réponse de Louis :
— Je sais.
Le plus jeune se laissa tomber sur un siège, assommé par l'angoisse.
— Tu as prévenu sa mère ?
— Pas encore. Je préfère attendre de savoir ce qu'il a exactement.
Franchard finissait juste sa phrase lorsque le médecin les rejoignit.
— Commandant Franchard ?
— C'est moi.
— Docteur Salmon. Et vous êtes ?
— Yann Berthier, se présenta le jeune homme en serrant la main du docteur. Comment va Kévin ?
— Un hématome sous-dural s'est formé. Nous devons l'opérer pour faire baiser la pression dans sa boîte crânienne. A-t-il de la famille ici ? Nous avons besoin de leur autorisation et de quelques renseignements complémentaires avant de commencer l'intervention.
Yann n'eut aucune hésitation :
— Je suis son compagnon, je peux m'en occuper.
Le médecin lui adressa un regard surpris et secoua la tête :
— Je suis désolé. Seul un membre de sa famille proche peut donner cette autorisation.
Yann s'énerva :
— Mais il vous faut quoi, putain ? On vit ensemble depuis un an ! Vous voulez quel détail intime pour vous prouver que je suis proche de lui ?
Franchard s'interposa entre son collègue et le médecin.
— Sa mère vit à Biarritz. Je vais essayer de la joindre.
Le docteur hocha la tête. Louis sortit son portable, sous le regard réprobateur du praticien. Quelques secondes plus tard, il soupira :
— Je tombe sur sa messagerie sur le mobile et le fixe ne répond pas.
— Il faut la contacter rapidement. Il nous faut obligatoirement son autorisation.
Yann serrait les poings, énervé par l'entêtement du médecin. Franchard intervint à nouveau :
— Si je vous donne mon accord, en tant que Commandant de Police Judiciaire et supérieur de Kévin Laporte, ça vous suffira ?
Salmon parut réfléchir un moment, puis acquiesça :
— Seulement parce que le temps nous est compté. Venez avec moi.
Pendant que Louis remplissait les documents nécessaires, Yann, qui l'avait suivi, demanda au médecin :
— Je peux le voir ?
— Après l'intervention.
— Elle va être longue ?
— Je ne peux pas vous le dire pour le moment. Tout va dépendre de l'importance de l'hématome et des lésions que nous allons rencontrer. Si vous le souhaitez, vous pouvez laisser votre numéro, on vous appellera lorsqu'il sera sorti du bloc.
— Je préfère attendre ici.
— Comme vous voudrez.
Une fois le médecin reparti auprès de Kévin, Yann retourna dans la salle d'attente. Voyant que celle-ci avait été envahie par les amis de son compagnon, il préféra sortir de l'hôpital pour aller fumer.

Alors qu'il allumait sa cigarette, Yann vit et sentit sa main trembler. Mais il n'était pas sûr que ça soit lié à ses séquelles. Il n'avait jamais aimé un mec comme il aimait Kévin. À cause de son boulot, il n'avait eu que des aventures de passage. Obnubilé par le fait de cacher son homosexualité, il était passé à côté du bonheur durant de longues années. Jusqu'à ce qu'un jeune basque tout juste débarqué de sa province vienne chambouler son cœur et ses convictions. Même si leur relation avait connu des hauts et des bas, ils avaient enfin trouvé un certain équilibre. Bien sûr, ils s'engueulaient parfois... mais c'était normal : ils avaient tous deux un fort caractère, ce qui entraînait immanquablement des clashs. Cependant ils finissaient toujours par se réconcilier, généralement sur l'oreiller, d'ailleurs. Enfin, c'était une façon de parler parce que souvent, ils n'arrivaient même pas jusqu'à la chambre... Yann sourit en se remémorant de la fois où ils avaient failli faire ça sur la terrasse... jusqu'à ce qu'ils entendent la fenêtre de leur vieille voisine s'ouvrir... Ils étaient rentrés en quatrième vitesse, à moitié défroqués, et avaient fini dans le salon, sur le sofa.
Il soupira profondément. Des idées noires tournaient dans sa tête, provoquées par son angoisse. Il ne voulait pas perdre Kévin. Il l'aimait et il s'en voulait de ne pas le lui avoir dit plus souvent. Il en voulait également à son amant de s'être lancé dans cette affaire de fight-club et de lui avoir menti. Mais, en y réfléchissant, il savait pourquoi Kévin ne lui avait rien dit. Il aurait essayé de le faire changer d'avis, entraînant une énième dispute...

Yann sursauta lorsqu'il sentit une main s'abattre sur son épaule.
— J'ai renvoyé les autres chez eux et tu devrais aller te reposer aussi, lança la voix de Franchard.
— Je vais bien. Je préfère être là quand il sortira du bloc. Mais toi, t'es pas obligé de rester.
Louis s'assit à côté de lui et alluma à son tour une cigarette.
— Tu sais très bien que je le considère presque comme un fils.
— Il t'estime beaucoup, souffla Yann.
— Vraiment ? Pourtant, j'ai parfois l'impression qu'il me prend pour un con...
Le plus jeune sourit :
— Attitude normale d'un gamin rebelle envers la figure paternelle.
— Mouais... ça doit être ça...
Yann écrasa sa cigarette et se leva.
— Je vais me chercher un café. T'en veux un ?
— Je viens d'en avaler trois d'affilée, je crois que je vais m'arrêter là. Mais je t'accompagne, je commence à me les geler.
Les deux hommes retournèrent dans la salle d'attente. Yann prit un café au distributeur, puis s'assit sur une chaise près de son collègue. Il ne leur restait plus qu'à attendre...

***

Yann fut réveillé par la voix de Franchard :
— Le médecin est là.
Le plus jeune se leva d'un bond, totalement alerte. Le Docteur Salmon les rejoignit, un sourire aux lèvres.
— L'intervention s'est très bien déroulé. Votre ami devrait s'en remettre totalement.
Une vague de soulagement traversa Yann.
— Je peux le voir ?
— Il est encore en salle de réveil. On viendra vous chercher lorsqu'il aura été installé dans une chambre.
— Merci, Docteur.
L'homme sortit. Louis souffla :
— Je vais aller prévenir sa mère et ses potes. Connaissant Brigitte, on va la voir débarquer par le premier train !
Yann sourit :
— C'est bon, ça me laisse quelques heures avant qu'elle ne me tombe dessus.
Louis hocha la tête et sortit de la salle d'attente. Quelques minutes plus tard, une infirmière vint chercher Yann pour l'amener auprès de Kévin.

La chambre était plongée dans une semi-obscurité. Le jeune basque avait les yeux clos et semblait endormi. Son compagnon prit une chaise pour s'asseoir près du lit. Il caressa tendrement la joue de Kévin en soufflant :
— T'es vraiment qu'un petit con parfois... J'ai failli te perdre, tu te rends compte de ça ? Toutes nos disputes, nos engueulades, c'est rien, c'est du vent... mais là, c'est sérieux... faut plus que tu me fasses des coups pareils !
— Désolé...
Les paupières du plus jeune se soulevèrent légèrement Son regard était voilé par la fatigue et les restes de l'anesthésie. Yann sourit, puis se leva pour aller déposer un léger baiser sur les lèvres de son amant. Il ne s'écarta que de quelques centimètres et souffla contre sa bouche :
— Je t'aime, Kévin. Et je t'interdis de me laisser, tu m'entends ?
— C'est noté...
Yann se rassit.
— Allez, repose-toi, tu as besoin de dormir.
— Tu restes ?
— Bien sûr.
— Je t'aime...
Les yeux du basque se refermèrent et il replongea immédiatement dans un profond sommeil. Yann prit sa main dans les siennes, entrelaçant leurs doigts. Il savait qu'il aurait du mal à changer, qu'il lui faudrait du temps et des efforts pour surmonter ses anciennes peurs. Mais il venait de prendre conscience qu'il ne voulait pas perdre son compagnon. De le voir couché dans ce lit d'hôpital lui avait enfin ouvert les yeux : il aimait Kévin et tout le reste importait peu. Même s'il savait que leur vie ne serait pas idyllique, ils allaient devoir apprendre tous deux à se parler et surtout à se faire confiance. Les mensonges avaient failli les séparer tant de fois... et s'ils continuaient ainsi, ils finiraient par les éloigner une fois de trop... pour de bon... et ça, Yann le refusait. Il prit une grande résolution : à partir de cet instant, plus de mensonges entre eux, plus de cachotteries. Il était conscient que ça serait difficile pour tous les deux, mais sa décision le soulagea d'un poids qu'il avait sur le cœur.
Inconsciemment, Kévin s'était couché sur le côté, tout contre le bord du lit. Yann alla fermer la porte de la chambre, puis ôta ses chaussures pour aller s'allonger derrière son amant. Il l'enlaça, déposa un baiser sur son épaule et ferma les yeux. Son compagnon se blottit un peu plus contre lui, en sécurité dans son étreinte rassurante.

Fin


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