Ce soir-là, découragé, Peter laissa tomber l'affaire pour un moment et alla dans la cuisine boire un verre d'eau. Lorsqu'il revint, il s'arrêta sur le pas de la porte pour contempler le jeune endormi. Neal était étendu sur le dos, un bras sous la tête, l'autre posé sur le ventre. Il avait ôté sa veste, dénoué sa cravate et ouvert les deux premiers boutons de sa chemise. Une mèche brune avait glissé sur son front, recouvrant en partie ses yeux clos.
Peter soupira profondément, essayant de repousser le trouble qui l'envahissait. Depuis des années, il avait un secret, que seule Elisabeth connaissait : il était autant attiré par les hommes que par les femmes. Durant son adolescence, il avait eu quelques aventures avec des garçons et des filles de son âge mais avait abandonné toute relation homosexuelle lors de son entrée au FBI. Il avait alors rencontré celle qui allait devenir son épouse. Lorsqu'il avait compris qu'elle était celle avec qui il voulait partager sa vie, il lui avait avoué son secret. Si elle avait été surprise, Elisabeth ne le lui avait pas montré. Elle avait été plus que compréhensive puisqu'elle lui avait même promis de s'effacer si un jour il rencontrait un homme qui l'intéressait.
Et ce jour avait fini par arriver. Bien sûr, Peter n'avait rien remarqué. Pour lui, Neal n'était au début qu'un criminel, puis un consultant et ensuite un ami. Ce fut évidemment son épouse qui lui ouvrit les yeux un soir, la veille de partir à San Francisco. Il fut choqué et le fut encore plus lorsqu'elle lui affirma que ses sentiments étaient partagés. Il refusait d'ailleurs toujours d'y croire. Neal aimait Kate et l'avait perdue, mais cela ne changeait pas le fait qu'il était résolument un tombeur de femmes.
Soupirant à nouveau, Peter alla chercher un plaid qu'il posa sur son ami, toujours endormi. Il ne put résister à l'envie de remonter la mèche rebelle, effleurant au passage le front de l'autre homme. Il allait éloigner sa main lorsque celle de Neal se referma sur son poignet. Leurs regards se rencontrèrent, le brun se noyant dans l'azur. Peter ouvrit la bouche, mais son ami posa un doigt sur ses lèvres pour le faire taire. Sa position n'étant pas très confortable, le plus âgé finit par s'asseoir à côté de l'autre homme. La main de Neal glissa jusqu'à ce que ses doigts s'entrelacent avec ceux de Peter. Leurs regards étaient toujours soudés. Le plus jeune posa sa main libre sur la nuque de son ami, puis se redressa lentement. Peter ferma les yeux au moment où leurs lèvres se rencontrèrent pour la première fois. Une décharge électrique parcourut son échine. D'abord timide, le baiser se fit peu à peu plus passionné lorsqu'ils mêlèrent leurs souffles et leurs langues. Le plus âgé sentit le désir enflammer ses reins. Alors que les mains de Neal se glissaient sous sa chemise, la raison de Peter tenta de le faire tout arrêter, tant qu'il en était encore temps. Cependant, ce furent son cœur et son corps qui gagnèrent la bataille, lui faisant oublier tout ce qui n'était pas eux.
Leurs vêtements disparurent peu à peu, dévoilant leurs peaux nues et brûlantes. Leurs corps fusionnèrent dans une étreinte à la fois passionnée et tendre. Aucune parole ne fut prononcée, seuls leurs gémissements de plaisir brisèrent le silence de la nuit. Lorsque leurs corps furent rassasiés l'un de l'autre, ils s'endormirent enlacés sur le sofa étroit.
Au petit matin, Peter s'éveilla seul. Tout à coup terrorisé à l'idée d'avoir commis une erreur qui briserait à la fois son mariage et sa relation avec Neal, il se rhabilla rapidement. Alors qu'il finissait de boutonner sa chemise quelque peu froissée, un morceau de papier posé sur la table attira son attention. Il prit délicatement la rose en origami entre ses doigts et sourit. Il n'avait pas besoin de mots pour comprendre ce qu'elle signifiait : le début d'une nouvelle vie.