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Chapitre 3

Frodon s'était à nouveau endormi. Sam veillait toujours sur lui, mais il sentait que son ami n'en avait plus pour très longtemps et une peur indicible s'empara de son être. Et, s'il ne se réveillait pas… Non, c'est impossible ! Il ne peut pas mourir ! Pas maintenant ! Pas après m'avoir avoué qu'il… qu'il m'aime… Quand je pense à tout ce temps qu'on a perdu… Sam prit la main de Frodon dans la sienne. Elle était glacée.

- Je t'en prie, ne me laisse pas !

Il s'allongea à nouveau contre son ami, essayant tant bien que mal de lui communiquer un peu de sa chaleur et de sa vigueur. C'est dans cette position que les trouva Aragorn. Il sourit en voyant les deux Hobbits enlacés. Depuis longtemps, il se doutait des sentiments qu'ils éprouvaient l'un pour l'autre, mais il commençait à se dire que ni l'un ni l'autre n'oserait jamais l'avouer. Il entra sans faire de bruit et s'approcha doucement de Sam qui semblait s'être assoupi. Il posa une main sur le bras du Hobbit qui ouvrit les yeux aussitôt.

- Legolas prépare la potion, murmura Aragorn.

- Il va le sauver, n'est-ce pas ?

- Je ne peux rien te promettre, Sam. Seul l'avenir nous le dira.

- Si seulement Gandalf était là…

- Malheureusement, nous devons nous débrouiller sans lui. Qui sait quand mon messager parviendra à le trouver !

A cet instant, Legolas entra, suivi de près par Merry et Pippin.

- La potion est prête.

- Il y a t'il quelque chose que nous puissions faire pour vous aider ? Demanda Merry.

- Non. Je dois agir seul.

Il s'avança vers le lit et posa le bol contenant la potion sur la table de chevet. Puis, il se tourna vers Sam.

- Peux-tu lui tenir la main ?

Le Hobbit hocha la tête et reprit la main de son ami dans la sienne. Merry et Pippin s'installèrent dans un coin de la pièce tandis qu'Aragorn restait non loin de Legolas, prêt à intervenir si le besoin s'en faisait sentir. L'Elfe ouvrit la chemise de Frodon et enleva le bandage qui couvrait la blessure faite par l'épée du Nazgul, quelques années auparavant. Puis, il mit un peu de potion sur ses mains et les posa sur la plaie. Frodon sursauta de douleur et serra la main de Sam à lui faire mal. Le Hobbit grimaça, mais ne dit rien. Legolas murmura des phrases en elfiques, puis dans un langage que même Aragorn ne connaissait pas. Une lumière blanche enveloppa l'Elfe et le Hobbit. Sam frissonna en sentant l'air se rafraîchir et il lui sembla sentir un courant d'air provenant de Legolas. Les cheveux blonds de l'Elfe se mirent à flotter autour de son visage, formant comme une auréole autour de son visage pâle. Puis, après quelques minutes, tout cessa brusquement. Aragorn eut juste le temps de rattraper Legolas avant qu'il ne s'effondre sur le sol, à bout de forces. Frodon était toujours inconscient et Sam le dévisageait avec inquiétude.

- Ca a marché ? Demandèrent en chœur Merry et Pippin.

Aragorn aida son ami à s'asseoir dans un fauteuil et l'interrogea du regard.

- Je… je ne sais pas… J'ai fait tout ce que j'ai pu…

L'émotion le submergea et l'empêcha de continuer. Aragorn posa une main sur son épaule et se tourna vers le lit. Il lui sembla que Frodon avait repris un peu de couleurs, mais il se demanda si ce n'était pas un tour que lui jouait son imagination. Mais, quand Frodon s'éveilla, le Roi comprit qu'il n'avait pas eu d'hallucination. Les yeux du Hobbit avaient perdu le voile qui les recouvrait et ses iris étaient redevenus bleus comme un ciel d'été. Il se redressa un peu, aidé par Sam dont le sourire semblait lui manger la face.

- Que s'est-il passé ?

La voix du Hobbit avait elle aussi retrouvé son timbre original. Merry et Pippin sautèrent sur le lit pour embrasser leur ami. Aragorn se tourna vers Legolas, le sourire aux lèvres et l'Elfe sentit une partie de ses forces lui revenir d'un seul coup. Il tendit une main vers son ami qui l'aida à se relever et à s'approcher du lit.

- Comment te sens-tu ? Demanda Sam, encore inquiet.

- Beaucoup mieux. Je n'ai plus mal.

Le Hobbit se tourna vers Legolas et mit toute sa reconnaissance dans le sourire qu'il lui adressa.

- Merci, Legolas. Vous m'avez sauvé. Je vous en serais éternellement reconnaissant.

L'Elfe lui sourit à son tour. Alors qu'il allait répondre, ses jambes se dérobèrent sous lui et il s'agrippa un peu plus à Aragorn qui n'hésita pas à passer un bras autour des épaules de son ami pour le soutenir.

- Tu devrais aller te reposer, murmura le Roi en elfique.

- Je vais bien.

- Tu mens.

Il se tourna vers les Hobbits.

- J'emmène Legolas se reposer. Avez-vous besoin de quelque chose, Frodon ?

- Euh… J'ai une faim de loup !

Aragorn sourit en repensant à l'appétit légendaire des Hobbits et à leurs six repas quotidiens.

- Je vais donner des instructions pour qu'on vous amène à manger ici pour tous les quatre.

- Merci ! Répondirent en chœur les quatre Semi-Hommes.

Aragorn sortit, soutenant toujours Legolas qui semblait aller un peu mieux, mais dont les jambes refusaient toujours de le porter. Il le conduisit dans le jardin d'hiver et l'aida à s'installer sur un banc. Puis, il le laissa quelques minutes pour aller aux cuisines. Quand il revint, il s'arrêta quelques secondes dans l'embrasure de la porte et contempla son ami qui prenait le soleil. Les cheveux blonds de l'Elfe reflétaient la lumière de l'astre du jour, l'entourant d'un halo clair. Il avait fermé les yeux et semblait si paisible qu'Aragorn sentit son cœur battre plus fort tout à coup. Une image s'imposa à son esprit, mais il la chassa vite, surpris. Mais, que m'arrive t'il ? Legolas est mon ami… Mon meilleur ami… Je n'ai pas le droit de penser à lui autrement… Pourtant… Il est tellement beau… Reprend-toi, Aragorn, tu es en train de délirer ! Il soupira doucement, mais ne réussit pas à détacher son regard du corps splendide de l'Elfe, si habilement mis en valeur par sa tenue forestière. Soudain, Legolas ouvrit les yeux et planta son regard dans celui de son ami. Ils restèrent ainsi plusieurs minutes sans parler. Le charme fut rompu par un éclat de voix provenant de l'intérieur du château qui les fit sursauter. Ils avaient tous deux reconnu le propriétaire de cette voix et se dirigèrent vers la chambre de Frodon d'où leur parvenaient des rires. Avant d'entrer dans la chambre, Aragorn se tourna vers Legolas et l'interrogea du regard.

- Je vais bien.

Ils entrèrent et trouvèrent les quatre Hobbits en grande discussion avec un grand personnage, vêtu d'une longue robe blanche et dont les longs cheveux blancs lui tombaient sur les reins. Il se retourna en entendant entrer l'Homme et l'Elfe et leur adressa un sourire radieux.

- Mes amis !

- Gandalf !

Aragorn s'approcha et lui donna une accolade, tandis que Legolas le saluait d'une façon plus lointaine, conforme à sa nature elfique.

- Vous avez vu mon messager ?

- Oui, il m'a trouvé à quelques lieues d'ici alors que je m'apprêtais à vous rendre visite.

Il se tourna vers Legolas, l'air grave.

- Vous avez été admirable, mon ami. Nos jeunes compagnons m'ont expliqué ce qui s'est passé et je dois dire que ce que vous avez accompli m'a étonné. Je ne pensais pas votre pouvoir si grand.

- Je vous remercie, répondit l'Elfe, un peu mal à l'aise.

Aragorn s'en aperçut et s'immisça dans la conversation.

- Gandalf, vous allez bien rester quelques jours avec nous ?

- Une affaire urgente m'appelle. Mais, si vous le permettez, je ne partirai que demain matin.

- Je vais vous faire préparer une chambre.

- Merci. Mais, tout d'abord, j'aurais besoin de vous parler. A tous les deux.

Legolas et Aragorn se regardèrent, surpris et accompagnèrent le magicien hors de la chambre, laissant les Hobbits finir leur repas. L'Homme conduisit ses amis dans la salle du trône et se tourna vers Gandalf, un air interrogateur sur le visage.

- Que vouliez-vous nous dire ?

- C'est au sujet de Frodon. Comme vous devez vous en douter, sa blessure n'est pas totalement guérie et, tôt ou tard, elle se rouvrira.

Aragorn soupira car ce que Gandalf venait de leur dire ne faisait que confirmer ce qu'il savait déjà.

- Mais, il y a peut-être un espoir. En parcourant un ancien parchemin, j'ai découvert l'existence d'une pierre magique qui aurait la propriété de guérir tous les maux et toutes les maladies.

- Où peut-on la trouver ? Demanda Legolas, le cœur plein d'espoir.

- Cette pierre a très souvent changé de propriétaire et j'ai eu beaucoup de mal à en retrouver la trace. Mais, aujourd'hui, je sais où elle se trouve.

- Où ? L'interrogea Aragorn, impatient.

- A quelques pas de l'endroit où l'armée du Rohan a tenu en échec les créatures de Saroumane.

- Vous voulez parler du Gouffre de Helm ?

- Exactement. Le dernier propriétaire connu de la pierre était un Nain du nom de Drouain. Il était le chef des bâtisseurs qui ont construit la forteresse. Je sais de source sûre qu'il l'avait sur lui au moment de sa mort et il est mort dans les cavernes où le peuple du Rohan s'était réfugié pendant la bataille. Si vous trouvez sa sépulture, vous trouverez la pierre.

- Alors, je vais aller la chercher et la ramener ici, s'exclama le Roi.

- Je t'accompagne ! Rétorqua Legolas.

Gandalf leur sourit tristement.

- J'aurais aimé venir avec vous, mais, comme je vous l'ai dit, une affaire m'appelle et je ne peux y déroger.

- Nous irons donc seuls.

Legolas interrogea son ami :

- Ne crains-tu pas que les Hobbits souhaitent nous accompagner ?

- Tu as raison. Je suggère donc de ne pas leur parler de notre projet. Nous partirons à l'aube, avant qu'ils ne s'éveillent.

- Je leur expliquerai la raison de votre absence avant de partir à mon tour, proposa le magicien.

- Bien. Allons nous préparer et nous reposer. Nous en aurons bien besoin.

L'Homme et l'Elfe se dirigèrent vers l'armurerie. Gandalf soupira :

- Que le ciel vous protège, mes amis, et qu'il vous vienne en aide.



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