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Chapitre 9

Lorsque Merry et Pippin arrivèrent à la lisière de la forêt de Fangorn, ils étaient en train de se chamailler, comme à leur habitude. Ils pénétrèrent dans les bois en se courant après, riant comme des enfants. Soudain, Merry s'arrêta net, surprenant Pippin qui ne put freiner à temps et lui rentra dedans. Poussés par l'élan, ils s'affalèrent sur le sol. Merry se contorsionna pour arriver à se retrouver sur le dos, nez-à-nez avec son compagnon qui le regardait d'un air rempli de désir. Avant que Merry ait pu réagir, les lèvres de Pippin s'étaient posé sur les siennes pour un baiser fougueux. Se laissant submerger par la passion, Meriadoc mit quelques instants avant de trouver la force de rompre le baiser et de repousser doucement son compagnon. Celui-ci lui jeta un regard surpris et désappointé.
- Qu'y a t'il ?
- Ce n'est pas le moment, Pip ! S'exclama l'autre Hobbit en se relevant.
Il fit signe à son compagnon de se taire et tendit l'oreille.
- Les Ents...
- Quoi, les Ents ?
- Ils nous parlent.
- Merry, tu sais bien que je ne les comprends pas ! Qu'est-ce qu'ils disent ?
- Ils parlent d'un Homme, perdu ici. Ils nous demandent de l'aider.
- Un Homme perdu ? Mais, où est-il ?
- Ils disent qu'il faut rejoindre le Magicien Blanc... ou quelque chose comme ça... mon Entish n'est pas encore très bon...
- Le Magicien Blanc ? Gandalf ?
- Tu en connais un autre, peut-être ? Je suppose qu'ils parlent de la clairière où il nous est apparu. Allons-y !
Ils ramassèrent leurs sacs qu'ils avaient laissés tomber au sol et prirent la direction de ladite clairière. Après plusieurs heures de marche dans les bois, ils débouchèrent enfin dans le petit cercle de lumière où ils avaient vu pour la première fois Gandalf le Blanc, de retour dans leurs vies après son combat contre le Balrog de Morgoth. Ils firent le tour de la clairière plusieurs fois, mais en vain.
- Il n'y a rien ici, soupira Pippin.
- Pourtant, j'ai bien compris ce que les Ents disaient, s'énerva Merry. Je suis certain que nous ne sommes pas loin de celui que nous cherchons.
C'est alors que deux branches s'écartèrent devant les Hobbits, les invitant à s'enfoncer entre les arbres. Ils n'eurent que quelques mètres à parcourir avant de voir un Homme allongé sur le sol, inconscient. Malgré le peu de luminosité et les cheveux bruns qui couvraient partiellement son visage, ils le reconnurent immédiatement.
- Aragorn ! s'écria Merry en se précipitant vers leur ami, suivi de près par Pippin.
Ils s'agenouillèrent auprès de lui et s'aperçurent vite qu'il était brûlant de fièvre.
- Il nous faut de l'aide, Pippin. Il faudrait trouver Sylvebarbe, mais on ne peut pas laisser Aragorn tout seul.
- J'irai ! lança Pip d'un air convaincu.
- Tu es sûr ? Demanda son compagnon, inquiet.
- Fais-moi un peu confiance ! Je saurais retrouver le chemin qui mène à la demeure de Sylvebarbe, j'en suis certain.
Merry soupira. Il prit la main de son compagnon dans la sienne et planta son regard dans les yeux verts qui le scrutaient.
- Sois prudent, mon amour ! La forêt est dangereuse...
- Ne t'inquiètes pas pour moi. Je saurais me débrouiller.
Ils s'embrassèrent tendrement, puis Pippin s'éloigna rapidement sans se retourner. Merry ne le quitta pas des yeux jusqu'à ce qu'il ait disparu dans les bois, puis reporta son attention sur Aragorn. L'Homme était toujours inconscient et semblait délirer. Merry ne comprit que quelques mots.
- Legolas... Thurinhìl... trahi... mon amour...
Comme il commençait à trembler, Merry le couvrit avec sa couverture et celle de Pippin. Puis, doucement, il décolla les mèches de cheveux humides du visage d'Aragorn et passa sa main sur le front de l'Homme.
- Mon cher ami... que vous est-il arrivé ? Je vous dois tant... je me souviendrai toujours de ce jour terrible où vous avez sauvé Pippin en lui ôtant le Palantir des mains, risquant ainsi votre propre vie... Ce jour-là, vous avez sauvé la vie de l'être qui compte plus pour moi que ma propre vie... Je vous en serai éternellement reconnaissant... J'aimerais tant pouvoir vous aider...
Le Hobbit prit un linge dans son sac et jeta un regard autour de lui. Il fut soulagé en découvrant un petit ruisseau qui coulait non loin de là. Il alla tremper son linge dans l'eau, puis revint le poser sur le front brûlant de son ami. Ses pensées se tournèrent alors vers Pippin, espérant que son aimé serait vite de retour avec Sylvebarbe.

L'Ent avançait tranquillement dans la forêt, comme à son habitude, lorsque son feuillage frémit à l'écho d'une voix familière. C'est alors que Pippin apparut à quelques mètres de lui, en nage et essoufflé.
- Houm... Jeune Maître Pippin... Vous m'avez l'air bien hâtif...
- Sylvebarbe ! Haleta le Hobbit. J'ai besoin de votre aide !
- Où est Maître Merry ? Cela est bien la première fois que je ne vous vois pas ensemble...
- Il est resté auprès d'Aragorn. Nous l'avons trouvé souffrant dans la forêt. Nous avons besoin de votre aide !
Sylvebarbe tendit son long bras feuillu, attrapa Pippin pour le hisser sur sa plus haute branche, puis se mit en route dans la direction indiquée par le Hobbit. Grâce aux grandes jambes de l'Ent, ils ne mirent que quelques minutes à franchir la distance que Pippin avait mit plusieurs heures à parcourir à pieds. Enfin, ils débouchèrent auprès de Merry qui prenait soin d'Aragorn, toujours inconscient.
- Vous voilà enfin ! soupira le Hobbit, soulagé de voir que son compagnon avait réussi sa mission et revenait, sain et sauf.
Sylvebarbe déposa Pippin auprès des autres et plongea son regard vers la forme qui gisait, immobile, sur le sol.
- Je crains de ne rien pouvoir faire pour soulager les souffrances de celui qui fut le Roi des Hommes. Ma science n'est pas aussi puissante que cette de Maître Gandalf. Cependant, je connais un moyen de le prévenir.
L'Ent poussa alors un cri qui semblait provenir du plus profond de son écorce. C'est alors qu'un aigle immense se posa au faîte de Sylvebarbe.
-Gwaihir.... Le Seigneur des Vents... souffla Merry, subjugué par la vue du Roi des Aigles.
L'oiseau parut engager une conversation silencieuse avec l'Ent, puis s'envola et disparut rapidement de leur vue. Les Hobbits reportèrent alors leur attention sur Aragorn qui semblait toujours aussi souffrant.
- Que va t’on faire ? Demanda Pippin. On ne peut pas le laisser ici, au milieu de la forêt.
Sylvebarbe se pencha alors et, avec une délicatesse contrastant avec sa grande taille, souleva l’Homme du sol et l’installa confortablement dans l’une de ses grandes mains feuillues. Puis, il souleva les Hobbits l’un après l’autre pour les hisser sur ses branches.
- Je vous emmène chez moi. Vous y serez tous en sécurité. Maître Gandalf saura où vous trouver.

Quelques minutes plus tard, Sylvebarbe déposa l’Homme et les deux Hobbits dans sa demeure, sur un lit de feuilles. Il dit quelques mots en Entish que Merry traduisit par : « Ils sont mes amis » avant de repartir dans la forêt. Au moment où il allait disparaître, il lança aux Semi-Hommes :
- Je vais à la rencontre de Gandalf. Vous ne risquez rien ici.
Et il partit. Une fois seuls avec leur ami, Merry et Pippin s’occupèrent de lui, lui épongeant le front et lui faisant boire un peu d’eau.
- A ton avis, interrogea Pip, que lui est-il arrivé ?
- Je n’en ai aucune idée... Ce n’est pas normal qu’il soit malade. Il n’est pas blessé et Aragorn est un Dunedaìn. Sa longévité devrait empêcher ce genre de choses. A moins que...
- A moins que quoi ?
Merry hésita avant de continuer. Il planta son regard dans celui de son compagnon avant de répondre :
- A moins qu’il n’ait été empoisonné...
- Mais, par qui ? S’étonna Peregrin.
- Bonne question... soupira Merry, pensif.



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