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Chapitre 4

Cela faisait deux jours qu’Aragorn était arrivé à Minas Tirith et il n’avait toujours pas eu de nouvelles de Gandalf. Il se languissait de Legolas, tenté d’aller à sa rencontre, mais savait qu’il devait attendre que l’Istari arrive. Plus il y pensait, plus la vision d’Arwen et son mystérieux message le troublaient. Il fit un tour au village, essayant de passer incognito, mais ses anciens sujets le reconnurent et il dut rentrer, fatigué de les voir se prosterner à son passage. Alors qu’il entamait la montée des escaliers menant au château, il entendit une voix qu’il reconnut entre mille.
- Gandalf !
Il monta les marches quatre à quatre et tomba nez-à-nez avec l’Istari qui venait à sa rencontre.
- Mon cher ami !
Aragorn serra le magicien dans ses bras, heureux qu’il soit enfin arrivé.
- Je vous attendais.
- Je le sais. J’ai été retenu par une affaire Ent à Fangorn. Et, comme vous le savez, il ne faut pas être pressé avec eux, sourit Gandalf.
Alors qu’ils rentraient, ils furent rejoints par Dame Célia. Ils se saluèrent, puis se rendirent dans un salon pour discuter tranquillement.
- Gandalf, j’ai eu une vision d’Arwen et j’ai une question à vous poser…
- Je le sais, mon cher ami.
Le Mage soupira avant de continuer :
- Je savais bien que le jour allait venir où je devrais vous parler… Mais, je ne pensais pas que ça arriverait si vite…
Dame Célia intervint en souriant :
- Cela fait tout de même 17 ans que vous gardez ce secret, mon ami.
Gandalf hocha la tête affirmativement. Il prit une grande inspiration avant de se lancer :
- Aragorn, mon cher ami, j’ai une grande nouvelle à vous apprendre… Mais, j’ai peur que vous ne soyez en colère contre moi lorsque vous saurez…
- En colère ? Mais, pour quelle raison ?
- C’est délicat… Je vais raviver de pénibles souvenirs, mais cela est nécessaire pour que vous puissiez comprendre mes motivations.
- Je vous écoute, lança l’ancien Rôdeur d’un air grave.
- Alors, je vous demanderai juste de ne pas m’interrompre jusqu’à ce que j’aie terminé mon histoire.
- Je vous le promets.
- Juste avant d’être tué, Saroumane a lancé une malédiction sur votre lignée. Tout descendant mâle devait être condamné à perdre son âme à compter du moment où il atteindrait l’âge de 15 ans. Il était condamné à devenir un Spectre errant sans but pour l’éternité.
Aragorn frémit, mais n’interrompit pas son ami.
- Lorsque j’ai eu connaissance de cette malédiction, j’ai su que je devrais intervenir à la naissance de votre héritier. Je devais trouver le moyen d’empêcher la terrible prédiction de Saroumane de s’accomplir… Lorsque votre fils est né, je n’ai vu qu’une seule solution s’offrir à moi… Je vous l’ai enlevé, mon ami… Je vous ai fait croire qu’il était mort, mais c’était faux. Je l’avais emmené loin de vous, persuadé que je pourrais le sauver de son destin… Et j’ai réussi. J’ai trouvé le moyen de contrer la malédiction…
Aragorn prit quelques secondes pour assimiler ce que son ami venait de lui apprendre, puis demanda d’une voix blanche :
- Mon fils est vivant ?
- Oui. Il est en route pour nous rejoindre. Il devrait arriver d’ici quelques heures.
L’ancien Roi des Hommes se leva et commença à faire les cent pas dans la pièce. Il savait que les intentions du Magicien étaient honorables, mais il ne pouvait s’empêcher de ressentir de la colère en pensant à la tristesse qu’il avait éprouvée, croyant avoir perdu son unique enfant. Des larmes de rage se mirent à couler sur ses joues et il ne fit rien pour les essuyer.
- Vous m’avez fait croire que mon fils était mort ! Pendant toutes ces années ! Je n’arrive pas à croire que vous ayez pu être aussi cruel !
- Je suis désolé, mon ami…
- Vous vous prétendez être mon ami et m’avez laissé souffrir pour rien !
Aragorn se dirigea vers la porte, l’ouvrit en grand et sortit. Dame Célia voulut le rejoindre, mais Gandalf l’arrêta d’un regard.
- Laissez-le, ma chère. Il a besoin d’être seul.
Le Magicien soupira et sa compagne vint se blottir dans ses bras pour le réconforter.

Minas Tirith dominait la vallée. Aragorn avait toujours apprécié de se trouver au plus haut point de la Cité Blanche, pouvant ainsi contempler son royaume. Aujourd’hui, il se retrouvait dans son refuge, le cœur blessé par la révélation de Gandalf.
Mon fils est vivant… Mon fils… Je n’arrive pas à croire que Gandalf ait pu me mentir pendant toutes ces années… J’ai eu si mal… Mon fils… Mon héritier… Ma chair et mon sang… L’enfant d’Arwen…
Il se laissa tomber à genoux sur le sol, anéanti.
Toutes ces années perdues… Tout ce temps où j’ai cru qu’il ne me restait rien…
Il n’arrivait pas à calmer la colère qui s’était emparée de son cœur.
Si seulement Legolas était là… J’ai besoin de lui… Lui seul peut me donner la force de pardonner à Gandalf…
Il se releva, souhaitant de tout son cœur revoir son aimé et crut que ses yeux le trompaient lorsqu’il reconnut la silhouette qui s’approchait de la Cité en galopant à vive allure. Il descendit les escaliers rapidement, se précipitant à la rencontre de l’Elfe. Celui-ci était à peine descendu de son cheval que son amant se jetait dans ses bras.
- Tu m’as tellement manqué…
- Estel… Tu m’as l’air troublé… Que t’arrive t’il ?
- Gandalf m’a confié son secret… Viens, allons au calme… Je vais tout te dire…
Ils allèrent dans le jardin d’hiver et s’assirent sur un banc. Aragorn dévoila à Legolas tout ce que le Magicien lui avait avoué. Lorsqu’il eut terminé, l’Elfe soupira :
- Je n’avais donc pas rêvé…
- De quoi parles-tu ? l’interrogea son compagnon.
- J’ai vu un Rôdeur lorsque j’étais à Mirkwood… Il te ressemblait beaucoup… J’ai cru que mon imagination me jouait des tours, mais vu ce que tu viens de me dire, je pense que c’était ton fils…
- Il est toujours là-bas ?
- Non, il a quitté les lieux avant que j’aie eu le temps de lui parler. Et je n’ai pas réussi à savoir où il était parti.
- Gandalf m’a dit qu’il devait venir ici… Je viens de me rendre compte d’une chose…
- Laquelle ?
- Je ne connais même pas son nom… J’étais tellement en colère contre Gandalf que je n’ai même pas pensé à le lui demander…
Legolas sourit en prenant la main de son compagnon.
- Je comprends que tu sois en colère, mais tu dois garder à l’esprit que Mithrandir n’a fait ça que pour sauver la vie de ton fils. Tu aurais été encore plus malheureux si tu l’avais élevé et qu’il se soit transformé en Spectre à ses quinze ans.
- Je sais bien, soupira Aragorn, mais je n’arrive pas à oublier le fait qu’il m’ait menti pendant toutes ces années… S’il me l’avait dit, j’aurais pu vivre avec mon fils, tout en laissant Gandalf essayer de le sauver… Mais, il ne m’a pas laissé le choix… Je crois en fait que c’est ça qui me fait le plus mal… Il ne m’a pas laissé le choix…
L’Elfe attira son amant à lui pour le serrer dans ses bras.
- Il faut que tu lui pardonnes… Je sais que ce qu’il t'a fait est terrible, mais crois-tu que nous serions ensemble aujourd’hui si ton fils avait grandi auprès de toi ? Aurais-tu quitté le trône pour vivre à nouveau comme un Rôdeur… avec moi ?
- Je ne sais pas…
L’Homme prit une grande inspiration. Il était toujours en colère, mais, depuis que Legolas l’avait rejoint, il se sentait un peu mieux, plus serein.
- Allons voir Gandalf ! Allons lui demander le nom de ton fils.
- Oui. Allons-y.
Et ils rentrèrent dans le château, main dans la main.



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