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My Last Breath

Legolas soupira. Ses yeux ne pouvaient se détacher de la silhouette imposante de la Cité Blanche. Pourtant, il savait qu’il devait la quitter pour toujours. Celui qu’il aimait de tout son cœur depuis de si longues années avait fait son choix. Il n’avait donc plus aucune raison de rester dans le monde des Hommes. Il sentait son cœur saigner, la vie quitter doucement son corps qui avait vécu tant de batailles. Il avait vu naître et mourir nombre de générations, mais n’avait réellement aimé qu’une seule fois. Seulement cet amour était sans espoir. Celui pour qui son cœur battait était destiné à la plus belle princesse Elfe que la Terre du Milieu ait jamais portée. Il ne pouvait pas lutter contre une histoire qui avait été écrite par des forces omniscientes des milliers d’années avant sa naissance. De toutes manières, il avait vu dans les yeux de son aimé, lors du couronnement, que son amour pour Elle était plus fort que tout. S’il avait été au bout de sa mission, c’était dans l’espoir fou de la sauver, Elle, et de pouvoir la retrouver un jour. Pour Lui, Legolas n’était qu’un ami très proche... mais seulement un ami.

L’Elfe détourna enfin le regard et murmura quelques mots à sa monture qui prit le chemin du retour vers le royaume de Mirkwood. Il chevaucha rapidement, essayant de sortir de son esprit le visage fier, les yeux bleus, perçants, et la bouche si attirante de celui qui ne serait jamais à lui. Hasufel filait comme le vent, faisant fi des obstacles qui se dressaient sur sa route. Il chevaucha longtemps, ignorant le défilé des nuits et des jours qui se succédaient inexorablement depuis son départ. Enfin, il arriva dans le royaume de son père. Les sentinelles le saluèrent, mais il les ignora, totalement plongé dans son chagrin. Une fois au château, il laissa sa monture entre les mains du palefrenier qui l’avait accueilli et alla s’enfermer dans sa chambre. Il alla s’installer dans un fauteuil devant sa fenêtre et plongea son regard dans les profondeurs de la forêt. Son esprit était encore tourné vers Minas Tirith. Il ne pouvait s’empêcher de repenser à toutes les aventures qu’il avait vécues avec son aimé depuis que Gandalf avait retrouvé l’Anneau dans la Comté.
Mon amour... tu me manques tant... jamais je ne trouverai le repos maintenant... et je ne peux pas partir pour les Havres Gris... je ne supporterai pas de vivre éternellement avec le poids de cet amour sur le cœur... Mon cher ange... j’espère que ta vie sera longue et heureuse avec ta Reine... tu mérites tellement ce bonheur...
Les larmes roulaient sur ses joues, mais il ne les essuyait pas. Il savait que s’en était fini pour lui. Plus rien ne pourrait lui rendre le sourire. Son cœur se mourrait de tristesse. Il ne pouvait prévoir à quel moment il s’arrêterait de battre, mais sentait que ça ne serait pas long, quelques jours, tout au plus, peut-être même quelques heures.

Legolas fut dérangé dans ses pensées sombres par des coups frappés discrètement à la porte. Il ne se leva pas en entendant les pas de son père approcher.
— Mon fils...
— Il a choisi, Père.
— Je le sais. Je t’en prie, essaye de te ressaisir. Je sais que tu aimes cet Homme, mais tu dois vivre. Je t’ai choisi pour me succéder à la tête de notre royaume.
— Tu n’aurais pas du... Je ne serai jamais roi.
Thranduil posa une main sur l’épaule de son fils qui se tourna vers lui. Legolas, malgré son chagrin, fut bouleversé en voyant des larmes couler sur les joues de son père. En plus de huit cent ans de vie, il n’avait jamais vu son géniteur montrer ses sentiments de façon aussi flagrante.
— Ne pleurez pas, Père. Je sais que ma disparition va vous attrister, mais je ne peux empêcher mon cœur de saigner... Je l’aime trop...
Le Roi soupira. Au fond de lui, il savait que rien ne sauverait son fils, mais voulait tout essayer pour le garder près de lui.
— Puisque telle est ta destinée, je ne peux rien y changer... Mais ce soir, j’aimerai que tu te joignes à nous pour le dîner, une dernière fois... Ensuite, je te laisserai à ta solitude...
Legolas hésita, puis se dit qu’il devait bien cette faveur à son père et accepta.

La salle à manger était presque déserte lorsque Legolas y entra. Son père, debout à côté de la longue table, discutait avec un étranger qui tournait le dos à la porte. La voix de l’Homme était profonde, ses longs cheveux noirs lui tombaient sur les épaules, sa carrure était mince, mais plus trapue que celle d’un Elfe. Lorsqu’il se retourna, son regard sombre se plongea dans les prunelles céruléennes de Legolas qui ne put retenir un frisson.
— Ah, mon fils, te voilà enfin !
Thranduil s’avança et présenta l’étranger :
— Legolas, je te présente le Seigneur Methos qui nous vient d’une lointaine province du sud. Monseigneur, voici mon fils cadet, Legolas, que j’ai choisi pour me succéder.
Troublé par le regard de l’Homme, l’Elfe ne releva pas l’erreur commise sciemment par son père. Il resta quelques secondes immobile, ne pouvant rompre le contact visuel avec l’étranger dont l’expression était indéfinissable.
— Le Seigneur Methos aimerait que tu lui fasses une démonstration de notre art du combat.
Legolas hésita. Il n’avait aucunement envie de passer ses derniers jours avec un inconnu, mais ne voulait pas déplaire à son père.
— Comme il vous plaira, père.
Thranduil proposa à son invité de prendre place à table, puis s'installa à son tour. Legolas s'assit de l'autre côté de son père, évitant soigneusement de croiser le regard de l'étranger qui le mettait mal à l'aise. Tandis que l'Homme parlait avec le souverain de Mirkwood, Legolas l'observa discrètement. Quelque chose, dans son allure générale et dans les traits de son visage, lui faisait penser à celui pour qui son cœur se déchirait. Il sentit sa tristesse revenir par vagues de plus en plus fortes provenant du plus profond son être. Ne voulant pas pleurer devant sa famille et surtout devant l'étranger, il se leva de table, murmura une excuse quelconque et quitta la pièce. Une fois seul, il se précipita dans sa chambre et s'allongea sur son lit, le visage enfoui dans ses oreillers. Son chagrin put alors enfin se déverser et il pleura durant de longues heures cet amour à jamais perdu.

Le lendemain matin, une servante vint frapper à la porte de Legolas à l'aube. L'Elfe se leva et, rajustant ses vêtements, alla ouvrir.
— Prince Legolas, votre père m'a chargée de vous dire que le Seigneur Methos vous attend dans la cour pour votre démonstration.
— Merci, Cybelia. Dis-lui que j'arrive.
La jeune Elfe sortit. Si elle avait remarqué l'air tourmenté de son Prince, elle avait eu la bienséance de ne pas le montrer. Legolas se passa un peu d'eau sur le visage, puis soupira. Lorsqu'il sentit qu'il ne pouvait pas faire attendre plus longtemps l'invité de son père, il descendit.

Methos attendait patiemment, faisant tournoyer doucement son épée dans sa main, les yeux dans le vague. Legolas arriva le plus doucement possible derrière lui, sortit sa dague de son fourreau et s'avança pour surprendre l'Homme. Quel ne fut pas son étonnement lorsqu'il se retrouva avec l'épée de l'étranger pointée sur sa gorge ! Une seule personne jusqu'à présent avait réussi à déjouer sa légendaire furtivité. Cet Homme le déconcertait totalement. L'Elfe resta quelques instants figé, ne sachant pas à quoi s'en tenir. Methos baissa le bras et sourit :
— Vous devez être fatigué, Prince Legolas. Je vous ai entendu dès que vous avez mis les pieds hors du château. Votre père m'a pourtant dit que vous êtes l'un des meilleurs chasseurs du royaume.
Legolas ne répondit pas. Il se sentait vexé d'avoir été pris en faute par cet inconnu. Mais, il comptait bien prendre sa revanche lors de sa petite démonstration. Il sortit ses deux couteaux blancs. Le sourire de l'Homme s'agrandit tandis qu'il se préparait à l'affrontement. L'Elfe sentit la colère monter en lui, un sentiment de rage comme il n'en avait jamais connu. Il se jeta sur Methos qui para facilement ses coups. Durant plus d'une heure, ils combattirent. Aucun des deux ne semblait se fatiguer, au grand étonnement de Legolas qui pensait que son adversaire aurait rendu les armes bien plus tôt. Enfin, lors d'une attaque frontale de l'Elfe, la pointe de l'un de ses couteaux s'enfonça dans le bras droit de Methos qui lâcha son épée sous le coup de la douleur.
— Bravo, Prince Legolas ! Vous avez gagné.
— Merci, Monseigneur. Vous devriez soigner cette coupure.
Methos secoua la tête en signe de dénégation. Il leva sa manche ensanglantée afin de découvrir sa blessure. Legolas eut du mal en croire ses yeux. L'entaille se refermait d'elle-même et, bientôt, il n'en resta aucune trace.
— Comment est-ce possible ? S'étonna l'Elfe, encore sous le choc.
— Vous avez percé à jour mon secret... Je serais bien en peine de vous expliquer ce que vous venez de voir. Je suis né avec ce don de guérir immédiatement de toute blessure... Je peux également ressusciter...
— Cela veut-il dire que vous êtes déjà mort ?
— A plusieurs reprises.
— Etes-vous réellement jeune ou est-ce que, comme mon peuple, vous vieillissez à une vitesse infiniment lente ? Demanda Legolas, réellement intrigué.
— Lorsque je suis mort pour la première fois, j'avais presque trente ans... Et je n'ai plus vieilli depuis...
Legolas assimila l'information. Il allait poser une autre question lorsque son père arriva.
— Mon fils, que penses-tu de notre invité ?
— Il est vraiment très habile dans le maniement de l'épée. Peu de personnes avant lui ne m'avaient résisté aussi longtemps.
Methos remercia l'Elfe du compliment d'un signe de tête, puis se tourna vers Thranduil.
— Votre fils est un redoutable adversaire, Majesté.
— Je suis très fier de lui...
Un sourire étirait ses lèvres, mais Methos avait remarqué la tristesse qui ne quittait pas le regard du Roi quand il posait les yeux sur son fils. Et il avait aussi senti le chagrin incommensurable de Legolas.
— Monseigneur, si vous le voulez, j'aimerai vous faire visiter une partie de mon domaine, proposa Thranduil.
— Avec joie, Majesté.
Après avoir jeté un dernier regard à Legolas, Methos suivit le souverain de Mirkwood en direction du château.

Lorsqu'il se retrouva seul, Legolas se dirigea vers la forêt. Il choisit un arbre et monta s'installer dans ses plus hautes branches. Malgré la douleur qui lui déchirait toujours le cœur, il se sentait rempli de curiosité pour cet étranger décidément plein de surprises.
Je n'ai jamais connu une personne telle que lui... Par certains aspects, il ressemble à Mithrandir... et par d'autres à... oui, il te ressemble, mon amour... Je pense que si je l'avais connu dans d'autres circonstances, nous aurions pu devenir amis... mais il est trop tard... plus rien ne peut arrêter le tourbillon de douleur dans lequel mon cœur se noie... mon amour... pourquoi a t'il fallu que le destin décide de me faire souffrir ainsi ? Pourquoi moi ? Mithrandir saurait peut-être m'éclairer à ce sujet... Mais je ne le reverrai pas... il doit être parti avec les Hobbits pour la Comté à l'heure qu'il est... Je sens que l'heure est proche... mes forces me quittent...
Legolas descendit de l'arbre et se dirigea vers un ruisseau qui coulait tout près. Il se déshabilla entièrement, puis entra dans l'onde claire. Il s'assit alors dans l'eau afin qu'elle entoure son torse gracieux. Fermant les yeux, il tenta de chasser la vision du corps musclé, buriné par le temps et les épreuves, de celui qu'il aimait, mais n'y parvint pas. Ses longs cheveux flottaient à la surface de l'eau comme des milliers de filament d'or. Son oreille fine perçut un mouvement derrière lui, mais il ne bougea pas. Il resta là, immobile, à revoir dans son esprit celui qui le faisait tant souffrir.
— Vous êtes mourant... murmura la voix de Methos.
L'Homme était assis au bord de l'eau, le regard fixé sur le dos de l'Elfe.
— Vous avez deviné.
— Je suppose que la personne que vous aimez doit être quelqu'un d'exceptionnel pour qu'un être tel que vous se laisse dépérir pour elle...
— Il l'est, répondit Legolas dans un souffle.
— Il a de la chance...
A ces mots, l'Elfe se retourna, surpris. Il planta son regard dont la bleuté rivalisait avec celle d'un ciel d'été dans les pupilles noires comme la nuit de son interlocuteur.
— De la chance ?
— Oui. Il a la chance d'être aimé de la plus belle créature que la Terre du Milieu ait jamais portée... Ne soyez pas surpris de mes propos, Prince Legolas... Vous ne le savez pas, mais je vous connais depuis de très longues années...
— Vraiment ? Demanda l'Elfe en se relevant et en revenant vers la rive, exposant ainsi son corps nu au regard de l'Homme qui ne sembla pas y prêter attention.
— Oui... Il y a bien longtemps, j'ai eu l'honneur d'être l'hôte du Seigneur Elrond à Fondcombe. Vous y étiez venu rendre visite à l'un de vos amis, un jeune Homme que le Seigneur avait pris sous sa protection...
— Ne prononcez pas son nom ! L'interrompit Legolas, sur un ton où perçait la souffrance.
— Je n'en avais pas l'intention, sourit Methos. Je ne me suis donc pas trompé... Il a ravi votre cœur... et aujourd'hui, vous mourrez pour lui...
L'Elfe sortit de l'eau et enfila sa longue tunique blanche. Il s'assit auprès de l'étranger, les yeux fixés sur la rivière.
— Oui, je meurs... mais non pour lui... je meurs pour moi... pour ne plus souffrir...
— Je comprends. Et je vous envie...
— Vous m'enviez ? S'étonna Legolas, décidément de plus en plus intrigué par l'Homme qui se tenait à côté de lui.
— Oui... moi aussi, j'aime sans retour... moi aussi, je souffre... mais moi, je ne peux mourir pour oublier... je suis condamné à vivre éternellement avec cette douleur en moi...
L'Elfe ouvrit la bouche pour demander qui était la personne qui lui faisait autant de mal, mais lorsque son regard croisa celui de l'Homme, il comprit. Et, sans même comprendre pour quelle raison, il se pencha pour déposer un léger baiser sur les lèvres de Methos. Lorsqu'il s'éloigna, des larmes coulaient sur les joues de l'Homme.
— Merci, souffla t'il. Vous venez de me faire le plus beau des cadeaux...
— Si seulement je vous avais rencontré avant... tout aurait pu être différent... Mais aujourd'hui, mon cœur n'appartient qu'à lui... et il se meurt...
Methos ne répondit pas. Il se leva et, le cœur serré, disparut dans la forêt en direction du château. Legolas resta assis là, les yeux dans le vague, ses pensées filant à vive allure en direction de la Cité Blanche, espérant qu'Il comprendrait et qu'Il ne l'oublierait pas trop vite.

Le soir tombait sur Mirkwood lorsque Cybelia, la femme de chambre de Legolas, le trouva, allongé sur la rive, les yeux clos, un sourire étirant ses lèvres fines. Il semblait paisible comme jamais il ne l'avait été depuis de longues années. Elle le regarda quelques instants en silence, des pleurs coulant sur ses joues, puis rentra au château prévenir le Roi.

Fin



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Skin réalisé par Cybelia.

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