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De l’eau coulent les rêves.

Aragorn se sentait enfin revivre. Cela ne faisait que quelques heures qu’il avait quitté la Cité Blanche vêtu de sa vieille tenue de Rôdeur qu’il avait déjà l’impression d’être parti depuis des jours. Brego le menait vers l’Ithilien sans qu’il ait à lui donner d’ordres. Il savourait la liberté retrouvée, liberté qu’il avait perdue quelques années plus tôt lorsqu’il était monté sur le trône du Gondor. Il était heureux d’avoir pu aider son peuple à reconstruire leur pays, mais, aujourd’hui, il s’ennuyait à Minas Tirith. Et ceci, malgré la présence de son épouse, Arwen Undomiel. Il l’avait aimée, certes. A une époque, lorsqu’il était loin d’elle, elle lui manquait si fort qu’il ne pouvait s’empêcher de la voir en songes toutes les nuits. Et, chaque retrouvaille était remplie d’un bonheur intense. Le jour où il l’avait épousée, enfin, après tant d’années de séparation, avait été le plus heureux de sa vie… mais, quelques temps après, il avait déchanté. Arwen se conduisait comme la pire des mégères depuis leur union. Elle ne supportait pas de le voir parler à d’autres femmes, surtout à la belle Eowyn, pourtant mariée au noble Faramir, nouveau Prince d’Ithilien. Sa jalousie maladive aurait encore pu trouver grâce aux yeux de son époux car c’était la preuve indiscutable qu’elle l’aimait. Mais il ne pouvait supporter certaines de ses autres exigences dont la pire de toutes à ses yeux : à chaque fois qu’il devait prendre une décision pour le royaume, elle exigeait d’être consultée et, s’il refusait, elle lui faisait une scène devant leurs sujets. Il n’avait alors pas d’autre choix que de céder.

Ce soir-là, après une énième dispute avec son épouse pour un sujet dont il ne parvenait même pas à se remémorer, il était parti en claquant la porte de leur chambre. Il avait retrouvé dans un coffre sa tenue de Rôdeur, pris son épée Andùril qu’il portait toujours au côté et préparé Brego qui l’attendait bien sagement aux écuries, ayant toujours refusé qu’Aragorn lui rende sa liberté. Arwen l’avait rejoint au moment où il montait sur son cheval et lui avait posé un ultimatum, le même qu’à chaque fois qu’ils se disputaient : soit il était raisonnable et revenait avec elle à la Citadelle, soit elle le quitterait pour rejoindre son père aux Terres Immortelles. Le souverain du Gondor n’avait pas eu une hésitation ; il avait quitté les lieux au galop sous les hurlements indignés de l’Elfe.

Alors qu’il chevauchait tranquillement dans le crépuscule, il se demanda un instant comment il avait pu autant se tromper sur celle qu’il avait cru faite pour être son épouse et surtout, la mère de ses enfants. Il soupira en songeant qu’heureusement, ils n’avaient pas encore eu d’héritier. Et il se prit soudain à espérer qu’Arwen mette sa menace à exécution, pour une fois…

Arrivant dans une petite clairière, il s’arrêta et descendit de sa monture. Il ramassa un peu de bois sec pour allumer un feu, puis installa sa couverture sur le sol, au pied d’un arbre noueux. Il sortit sa vieille pipe et l’herbe hobbite que ses amis Merry et Pippin lui fournissaient régulièrement en provenance de la Comté, puis fuma, les yeux fermés, savourant sa tranquillité.

Il commençait à somnoler lorsqu’un bruit de brindille brisée le réveilla totalement. Il se redressa, la main sur le pommeau de son épée, scrutant la direction d’où était venu le bruit. Lorsqu’il vit émerger une silhouette de l’ombre, il se leva en souriant.

— Prince Faramir ?

L’autre homme parut étonné de le voir.

— Votre Majesté ? Quelle surprise de vous trouver en Ithilien !

— J’avais envie de retrouver un peu mes vieilles habitudes… et un peu de paix…

— Dans ce cas, sourit Faramir, je vais vous laisser.

— Non, restez, je vous en prie. Un peu de bonne compagnie me fera le plus grand bien.

Le Prince d’Ithilien hésita un court instant, puis accepta :

— Merci, Majesté.

— Ne m’appelez plus ainsi. Nous sommes amis alors, appelez-moi Aragorn, s’il vous plait.

— Comme vous le souhaiterez.

Faramir attacha son cheval près de Brego, puis vint s’asseoir contre un arbre voisin de celui de son hôte. Pendant tout ce temps, Aragorn ne put détacher son regard de l’autre homme. Il était fasciné par les reflets que les flammes faisaient danser dans la chevelure claire de son invité. Soudain, il sursauta lorsque Faramir lui demanda :

— Comment se porte votre épouse ?

Aragorn ne rembrunit.

— Je n’ai pas vraiment envie de parler d’elle… Et Dame Eowyn ?

— Elle va bien… enfin, je pense…

Surpris par la réponse et le ton amer de son interlocuteur, l’ancien Rôdeur du Nord demanda :

— Comment se fait-il que vous n’en soyez pas certain ?

— J’ai quitté notre demeure depuis deux semaines.

— Oh. Vous êtes-vous disputés ?

— Non, pas vraiment… disons seulement que nous n’avons pas du tout le même avis sur quelque chose d’important… moi aussi, j’ai eu besoin d’un peu de liberté alors je suis revenu ici, essayer de faire le point sur ma vie.

Aragorn, intrigué, aurait bien aimé en savoir plus, mais il se rendait compte qu’il avait déjà été un peu trop indiscret en voyant l’air désabusé de son ami. Il s’en excusa :

— Je ne veux pas m’immiscer dans votre vie privée…

— Ne vous en faites pas pour cela. Tout le monde, ou presque, connaît la raison de notre désaccord. Eowyn n’a pu s’empêcher d’aller s’en plaindre à son frère devant toute la cour du Rohan.

Il soupira, puis continua :

— J’aimerais avoir un héritier… mais mon épouse refuse de m’en donner un. Elle ne veut pas avoir d’enfant pour ne pas perdre sa liberté. Elle a peur de se retrouver « enfermée dans une cage », ce sont ses propres mots, si elle enfantait. J’ai beau lui dire qu’elle pourra toujours chevaucher à son aise et aller rendre visite au Roi Eomer comme elle le voudrait, elle refuse de me croire et s’enferme dans son entêtement… et vous connaissez son obstination lorsqu’elle est persuadée d’être dans son bon droit.

Aragorn ne put s’empêcher de sourire.

— Il est vrai qu’elle doit être l’une des personnes les plus têtues que je connaisse.

Faramir sourit à son tour, mais son visage se referma presque aussitôt.

— Toujours est-il qu’elle m’a un soir interdit l’accès à notre chambre… sur le coup, j’étais trop ahuri pour protester… mais, lorsqu’elle a décidé qu’à partir de ce jour, nous ne partagerions plus jamais notre couche, je ne l’ai pas supporté et je suis parti.

— Je suis vraiment désolé de ce qui vous arrive, mon ami.

En entendant Faramir lui raconter ses déboires matrimoniaux, Aragorn eut l’impression que les siens n’étaient que fariboles à côté de ceux du fils de Denethor. Il souffla :

— En toute honnêteté, je ne pensais pas qu’un homme puisse vivre pire situation que la mienne, mais il me semble que c’est votre cas.

Son invité lui jeta un regard surpris.

— Voulez-vous m’en parler ?

— Lorsque j’ai épousé Arwen, je l’aimais sincèrement de tout mon cœur… mais, aujourd’hui, j’arrive à peine à supporter sa présence…

Il raconta en détail les scènes qu’elle lui faisait subir devant ses sujets, ses exigences et tout ce qui avait conduit à son départ de Minas Tirith.

— Aujourd’hui, je souhaite de tout mon cœur qu’elle parte rejoindre le Seigneur Elrond… que je puisse enfin gouverner mon royaume comme je l’entends…

Faramir eut un léger sourire.

— Je ne suis pas certain que je sois réellement le plus à plaindre, en fin de compte.

Aragorn soupira profondément.

— Pourquoi faut-il que les femmes soient si compliquées ? J’ai l’impression que quelque soit leur peuple, elles ne sont là que pour nous agacer et nous empêcher de vivre !

— Ou peut-être cela vient-il seulement de nos femmes… proposa Faramir en souriant largement.

Son ami se mit à rire.

— Nous n’avons vraiment pas de chance !

Faramir rit à son tour. Lorsqu’ils eurent calmé leur hilarité, Aragorn proposa :

— Voulez-vous partager mon souper ? J’ai amené quelques victuailles de Minas Tirith.

— Volontiers ! Cela fait plusieurs jours que je ne mange que du lapin et je dois avouer que je m’en lasse un peu.

Le Roi du Gondor sortit une grosse miche de pain, de la viande séchée et une gourde d’alcool de son sac. Ils mangèrent en silence, savourant la paix du lieu. Lorsqu’ils eurent terminé, Faramir sourit :

— Merci. Je crois que je vais me coucher à présent.

— Dormez bien alors. Je vais veiller encore un peu.

— Bonne nuit ! lança Faramir avant de s’enrouler dans sa couverture.

Aragorn termina sa pipe, puis il éteignit le feu et s’endormit à son tour sous le ciel étoilé de la Terre du Milieu.

Le lendemain matin, les deux hommes se levèrent à l’aube et prirent la route ensemble, heureux de se retrouver libres, sans les contraintes de leurs rangs et, surtout, sans les poids que faisaient peser leurs épouses sur leurs épaules. La matinée était bien avancée lorsqu’ils arrivèrent auprès d’une petite cascade formée par un minuscule affluent du grand fleuve Anduìn. Ils descendirent de leurs montures, bien décidés à se rafraîchir de la chaleur étouffante qui s’était subitement abattue sur la Terre du Milieu. Aragorn déposa Andùril sur le sol près du bord, à portée de main, et ôta ses vêtements, ne gardant que son caleçon long. Puis, il plongea dans l’onde claire. Son compagnon de route l’imita quelques secondes plus tard. Ils nagèrent un long moment chacun de leur côté.

Alors qu’il revenait vers la rive, Aragorn jeta un coup d’œil pour voir où se trouvait son ami mais ne le vit pas. Une inquiétude sourde alourdit son cœur. Il nagea jusqu’au dernier endroit où il l’avait vu. Il s’apprêtait à plonger lorsque deux bras puissants enserrèrent son torse. La tête de Faramir apparut soudain juste devant lui, ses longs cheveux blonds dégoulinants sur ses épaules. Leurs regards, aussi bleus l’un que l’autre, se soudèrent. Aragorn ne savait pas exactement ce qui était en train d’arriver ; il n’arrivait plus à réfléchir. Lorsque les lèvres de Faramir se posèrent timidement sur les siennes, il ferma instinctivement les yeux pour mieux savourer le contact.

Une légère sensation de fraîcheur le traversa lorsque son ami s’éloigna subitement de lui. Aragorn rouvrit les yeux et posa un regard interrogatif sur l’autre homme qui, lui, avait baissé la tête, les joues rouges. Le souverain du Gondor s’approcha et lui prit le menton dans une main pour l’obliger à le regarder.

— Je suis désolé… s’excusa Faramir. Je ne sais pas ce qui m’a pris… Je n’aurais jamais du faire ça… J’espère que vous me pardonnerez et que vous oublierez…

— Non… souffla Aragorn.

Il savait qu’il aurait du être en colère… mais il ne le pouvait pas. Il avait éprouvé trop de sensations agréables lors de ce baiser pour vouloir l’oublier. Mais Faramir se méprit.

— Je regrette si j’ai perdu votre amitié…

— Vous ne comprenez pas…

Aragorn n’en dit pas plus, laissant ses actes parler pour lui. Il ceintura Faramir et l’attira contre lui pour l’embrasser fougueusement. Il se sentait soudainement envahi par un désir si fort qu’il avait l’impression qu’il allait l’engloutir. L’ancien Capitaine du Gondor répondit avec ferveur au baiser, plaquant son corps souple contre celui de son souverain, lui prouvant ainsi ses propres envies. Alors que leurs jambes se mêlaient, ils manquèrent couler et ce fut Aragorn qui rompit le baiser afin de réussir à les maintenir en surface. Leurs regards se mêlèrent à nouveau. Ils savaient qu’ils n’avaient pas besoin de mots. Leurs cœurs et leurs corps étaient parfaitement à l’unisson alors qu’ils découvraient des sensations nouvelles dans la fraîcheur de cette petite rivière.

En fin d’après-midi, alors que les deux nouveaux amants se reposaient à l’ombre d’un mallorne, Aragorn comprit qu’il ne pourrait plus jamais vivre comme il l’avait fait depuis son couronnement. Seulement, il ne pouvait pas non plus abandonner son peuple qui comptait sur lui. Il était pris entre ses responsabilités et les sentiments si forts qui l’envahissaient à chaque fois qu’il posait ses yeux sur l’homme qui se tenait à ses côtés. Alors qu’il allait s’en ouvrir à son compagnon, celui-ci s’assit brusquement en disant :

— Je vais rentrer chez moi.

Aragorn s’assit à son tour en soupirant :

— Je devrais aussi rentrer… mon peuple a besoin de moi…

— Peut-être pourrions-nous…

Faramir s’interrompit, hésitant. Son amant le poussa à continuer :

— Qu’allais-tu dire ?

— Que nous pourrions nous retrouver ici… de temps en temps… lorsque la pression de notre devoir… ou de nos épouses… se ferait trop dure…

— Voilà une idée excellente ! sourit Aragorn. J’en serais ravi.

— Alors, je te propose de nous fixer un rendez-vous précis… il serait dommage que l’un de nous vienne ici et que l’autre en soit déjà reparti.

— Ce serait vraiment dommage… Pourquoi ne pas revenir dans un mois ?

Faramir eut une moue boudeuse.

— N’est-ce pas un peu long ? Ne pourrions-nous pas dire deux semaines ?

Aragorn eut un très large sourire.

— Cela serait parfait !

Pour sceller leur accord, leurs lèvres se retrouvèrent pour un doux baiser, suivies rapidement par leurs corps entiers.

Le lendemain matin, ils prirent le chemin du retour. Arrivés au pied des collines de l’Emyn Arnen, ils se séparèrent en se promettant de se revoir deux semaines plus tard au bord de la rivière qui avait été le discret témoin de leurs premiers émois et ébats. Aragorn regarda un long moment Faramir tandis qu’il montait le chemin qui le mènerait chez lui, auprès de Dame Eowyn. Lorsque son compagnon fut hors de vue, il reprit sa propre route. A présent, il savait que quoi qu’il arrive, même si Arwen était restée malgré sa menace de le quitter, même si les pires soucis l’assaillaient alors qu’il se trouvait à Minas Tirith, il n’aurait qu’à fermer les yeux et il reviendrait au bord de cette rivière, dans les bras de son nouvel amour… jusqu’à ce que ses souvenirs redeviennent réalité…

Fin.

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