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Une belle journée

En sortant de l’ascenseur, Martin se sentait guilleret. La journée avait très bien commencé : il faisait un temps superbe et aucune enquête n’était en cours. Il avait fini ses rapports la veille au soir, passé une bonne nuit de sommeil et pris le métro pour avoir l’opportunité de faire une partie du trajet à pieds. En arrivant au bureau, il salua ses collègues déjà au travail, puis s’étonna en remarquant l’absence de l’un d’eux :

— Danny n’est pas là ?

— Non, il doit être en retard, répondit Vivian sans lever les yeux de son écran.

Martin sourit.

— Surprenant de la part de " Monsieur Ponctualité " !

— Il est peut-être malade ? suggéra Samantha.

— Attendons un peu avant de l’appeler, lança Jack qui venait d’arriver. Nous n’avons pas besoin de lui pour l’instant.

Les autres acquiescèrent. La matinée se déroula lentement. Martin, plongé dans le tri des dossiers sur son ordinateur, ne vit pas passer le temps. Ce n’est que lorsqu’il leva les yeux vers la pendule, vit qu’il était plus de midi et constata que son collègue n’était toujours pas arrivé qu’il commença à s’inquiéter.

— Ca ne vous étonne pas que Danny ne soit pas là ?

Vivian fronça les sourcils.

— Ce n’est pas normal. S’il était malade, il nous aurait prévenu.

— Je l’appelle ! lança Martin en décrochant son téléphone.

Il laissa sonner une dizaine de minutes mais n’obtint aucune réponse sur le fixe. Sur le portable, il tomba immédiatement sur la messagerie. Cette fois-ci très inquiet, il se tourna vers ses collègues :

— Ca ne répond ni chez lui, ni sur le portable.

— Je vais en parler à Jack ! lança Vivian en se levant.

Sam et Martin se concertèrent un regard, puis la suivirent dans le bureau de leur supérieur. Celui-ci abonda immédiatement dans leur sens :

— Ce n’est pas son genre de " sécher ". Martin, Vivian, allez voir chez lui et tenez-nous au courant.

— D’accord.

Ils quittèrent le bureau rapidement.

Quelques minutes plus tard, ils se garaient devant l’immeuble où vivait leur collègue. Ils montèrent au 2e étage en silence, tous deux soucieux. Arrivés devant la porte, Martin frappa. N’obtenant aucune réponse, il lança :

— Danny ! C’est Martin ! Ouvre !

Une porte s’ouvrit sur le palier et une vieille dame en sortit. Elle les considéra un instant avec surprise, puis demanda :

— Vous cherchez Monsieur Taylor ?

— Oui, Madame, répondit Vivian en souriant. Nous travaillons avec lui. L’avez-vous vu ce matin ?

— Non. Hier soir, il m’a amené une lettre que le facteur avait mis par erreur dans sa boîte, précisa t’elle, mais ce matin, je ne l’ai pas vu.

— Quelle heure était-il lorsque vous l’avez vu hier soir ?

La femme réfléchit un moment avant de répondre :

— Presque vingt heures. Je me rappelle que mon feuilleton a commencé juste au moment où j’ai refermé la porte.

— Vous n’avez rien entendu de particulier ? demanda Martin, essayant de faire taire le mauvais pressentiment qui lui serrait la gorge.

— Comme quoi ?

— Des voix, des objets qu’on aurait cassés…

— Non, rien… enfin si, ce matin, vers cinq heures, j’ai entendu une porte claquer, ça m’a réveillée… mais je ne sais pas si ça venait de chez Monsieur Taylor ou de chez un autre locataire.

Vivian reprit :

— Y’a t’il un gardien dans cet immeuble qui aurait les doubles des clés des appartements ?

La vieille dame parut choquée.

— Vous croyez qu’il est arrivé malheur à Monsieur Taylor ? Un monsieur si gentil…

— Nous espérons que non, Madame, mais nous aimerions nous en assurer.

— Le gardien vit au rez-de-chaussée.

— Merci, répondit Martin avant de partir rapidement dans les escaliers.

Il descendit les deux étages et fonça chez le concierge. Celui-ci semblait perplexe jusqu’à ce que l’agent du FBI lui mette sa plaque sous le nez. L’homme se montra alors plus coopératif et remonta avec lui. La vieille dame était partie et Vivian les attendait devant la porte, les bras croisés. Alors que le gardien cherchait la bonne clé sur son trousseau, elle demanda à son collègue :

— Tu crois que c’est une bonne idée ? Je ne suis pas sûre qu’il apprécie qu’on entre chez lui comme ça…

— Est-ce que, depuis que tu le connais, Danny a déjà manqué une journée de travail sans prévenir ?

Elle pencha la tête, l’air perplexe.

— Non, tu as raison. Il se passe quelque chose d’étrange…

Le gardien leur ouvrit la porte et ils pénétrèrent dans l’appartement de leur ami. Martin se sentait un peu mal à l’aise d’être chez Danny sans lui, mais son mauvais pressentiment ne cessait pas de grandir. Il entendit Vivian dire au concierge.

— Merci. Nous vous ferons signe quand nous aurons fini.

L’homme sortit sans répondre. Les deux enquêteurs se mirent au travail, cherchant un indice qui pourrait leur dire où se trouvait leur ami. Rien ne semblait avoir été dérangé dans le salon. Martin passa dans la chambre pendant que Vivian inspectait la cuisine. Alors qu’il se penchait sur la table de chevet, une photo posée là attira son attention. Il y reconnut Danny, un peu plus jeune, enlacé par un homme inconnu. Ce cliché provoqua une gêne chez Martin, mais il n’aurait su en expliquer la raison. Après tout, il savait depuis longtemps que son ami était gay et cela ne l’avait jamais dérangé jusque là. Mais, tout à coup, devant cette photo, il ne pouvait s’empêcher d’être embarrassé. Il détourna les yeux, se faisant soudain l’effet d’être un voyeur, puis retourna à la recherche d’un quelconque indice. Alors qu’il observait le montant de la fenêtre pour voir s’il trouvait une quelconque trace d’effraction, Vivian l’appela :

— J’ai quelque chose !

Martin fonça à sa rencontre dans la cuisine. Elle lui montra un bloc-note sur lequel elle avait passé un crayon à papier, faisant apparaître une adresse dans le Bronx.

— Tu crois que ça a un lien avec son frère ? demanda le jeune homme à sa collègue alors qu’elle prenait son portable.

— Ca se pourrait…

Elle composa le numéro de Jack.

— Malone !

— C’est moi. On est chez Danny. On a trouvé une adresse dans le Bronx.

Elle la lui donna puis continua :

— On va y aller.

— Ok. Rappelez-moi quand vous aurez du nouveau.

— Bien sûr.

Elle raccrocha puis se tourna vers Martin.

— Allons-y !

Vivian gara la voiture devant l’adresse trouvée dans l’appartement de Danny. Il s’agissait d’un vieil immeuble désaffecté qui semblait désert. Les deux agents sortirent leurs armes et pénétrèrent dans le bâtiment. Ils montèrent le plus silencieusement possible l’escalier en bois qui semblait prêt à s’effondrer sous leurs pas. Alors qu’ils arrivaient au premier, ils entendirent un bruit sourd provenant d’un appartement dont la porte était entrouverte. Ils échangèrent un regard, puis se dirigèrent vers le battant. Martin passa le premier, arme prête à tirer, Vivian derrière lui. Les lieux semblaient déserts. Lorsqu’ils en furent certains, le jeune homme soupira.

— Continuons.

Sa collègue sortit du logement. Il allait la suivre lorsqu’il entendit un gémissement derrière lui. Il se retourna, tendant l’oreille, le cœur battant la chamade. Sans se préoccuper de Vivian, il repartit dans la chambre déserte. Il en fit le tour et se figea lorsqu’un nouveau gémissement s’éleva dans la pièce, en provenance du placard. Martin s’y dirigea et l’ouvrit. Son cœur fit un bond dans sa poitrine lorsqu’il vit la silhouette recroquevillée sur le sol.

— Danny !

Il s’agenouilla près de son ami dont les yeux hagards ne semblaient pas le voir. Martin vit immédiatement le sang qui tachait le tee-shirt de son collègue au milieu du torse. Il repoussa la main posée sur la blessure, puis la remplaça par son mouchoir qu’il appuya sur la plaie béante et qui recommençait à saigner.

— Danny ! Ne t’en fais pas, je suis là. Je vais te sortir de là !

— Martin ?

— Oui. Tiens bon !

Le jeune homme entendit la voix de sa collègue qui l’appelait.

— Vivian ! Je suis dans la chambre ! J’ai retrouvé Danny !

La femme apparut derrière lui et jura. Puis il l’entendit appeler les secours. Il ne quittait pas son ami des yeux, l’obligeant à rester conscient en l’interrogeant.

— Que s’est-il passé ? Danny, reste avec moi. Dis-moi ce qui s’est passé.

— Raphie… il m’a appelé… il avait des ennuis… je…

— Continue !

— Il… je ne voulais pas venir… il m’a supplié… il m’a donné cette adresse mais il n’était… pas là… un homme… j’ai pas vu son… visage… couteau…

Il ferma les yeux. Martin le secoua doucement, mais sans succès. Vivian s’accroupit près d’eux.

— Les secours arrivent.

Elle posa une main réconfortante sur l’épaule de Martin.

— Il va s’en sortir.

A peine avait-elle fini sa phrase qu’ils entendirent les sirènes d’une ambulance.

— Je vais les chercher.

Vivian sortit. Martin ne bougeait pas, sa main droite comprimant toujours la blessure. De la main gauche, il remonta doucement les mèches collées par la sueur sur le front de son ami.

— Tiens bon… je t’interdis de mourir… murmura t’il, luttant contre les larmes qui envahissaient ses yeux clairs.

Quelques minutes plus tard, deux brancardiers et une doctoresse firent irruption dans la pièce. Ils durent bousculer un peu rudement Martin pour qu’il s’éloigne de Danny et qu’ils puissent travailler. Vivian le prit par le bras, l’attirant à l’écart. Choqué, il ne pouvait détacher les yeux de ses mains couvertes du sang de son ami. Il mit un certain moment à réaliser que Jack et Sam venaient d’arriver. Ce ne fut que lorsque la jeune femme se planta devant lui et lui souleva le menton pour l’obliger à la regarder qu’il sortit de sa torpeur.

— Ca va ?

— Non…

Elle hocha doucement la tête alors que Jack demandait :

— Que s’est-il passé ?

Martin rapporta ce que Danny lui avait dit avant de perdre connaissance, puis se tourna vers son ami que les secours venaient d’installer sur le brancard.

— Je viens avec lui !

Les autres ne l’en empêchèrent pas. Il monta dans l’ambulance. Alors que le médecin surveillait les constantes vitales de son ami, il prit la main de celui-ci dans la sienne et la serra. La doctoresse lui adressa un sourire d’encouragement.

— Vous êtes ensemble depuis longtemps ? demanda t’elle doucement.

— Ensemble ? s’étonna Martin.

La femme sembla confuse.

— Oh… excusez-moi… j’ai cru qu’il s’agissait de votre compagnon…

— Mon…

Le jeune homme sentit ses joues s’empourprer.

— Non non… nous sommes juste collègues… et amis…

Avec un sourire entendu, la doctoresse souffla :

— Je comprends…

Avant que Martin ait pu lui demander ce qu’elle voulait dire, l’ambulance s’arrêta. Les portes s’ouvrirent et le brancard fut emmené aux urgences. L’agent du FBI fut prié de rester en salle d’attente pendant qu’on s’occupait de son collègue. Il s’assit sur un siège en plastique inconfortable, les mains toujours couvertes du sang de Danny. Comme anesthésié, il ne pensait à rien ; seule une phrase que la doctoresse avait prononcée tournait en boucle dans son esprit : " j’ai cru qu’il s’agissait de votre compagnon… ".

Quelques minutes plus tard, Vivian, Jack et Sam arrivèrent à leur tour.

— Des nouvelles ? demanda leur supérieur.

— Rien, soupira Martin. Ils l’ont emmené et m’ont demandé d’attendre ici.

Sam s’assit à côté de lui, posa une main sur son épaule et lui souffla :

— Tu devrais aller te laver les mains. Viens… ajouta t’elle en se relevant.

Il la suivit sans protester. Elle le conduisit aux toilettes mixtes et ouvrit le robinet. Martin se laissa faire, incapable de réfléchir. Il se secoua toutefois lorsqu’il croisa le regard de son amie dans le reflet du miroir.

— Je suis sûre qu’il va s’en sortir… sourit-elle.

— J’espère…

— Martin… dis-moi… je ne t’ai jamais posé la question avant mais aujourd’hui, j’aimerais savoir…

— Savoir quoi ?

— Est-ce que tu l’aimes ?

Il se figea, ébahi.

— De… de qui parles-tu ?

— De Danny. J’avais déjà remarqué que tu t’étais beaucoup rapproché de lui depuis que toi et moi… depuis que je suis retournée avec Jack.

— Normal ! se défendit-il. Nous sommes amis. J’avais besoin de parler à quelqu’un et il était là !

— Et c’est tout ? Je veux dire… Nous sommes tous bouleversés par ce qui vient de lui arriver, mais toi… c’est comme si plus rien d’autre n’avait d’importance…

Martin ferma les yeux et s’appuya au rebord du lavabo. Alors que son amie lui parlait, il se rendait compte peu à peu qu’elle avait raison. Il comprenait à présent quel était le sentiment qu’il avait ressenti en voyant la photo sur la table de chevet de Danny : de la jalousie. Mais il avait peur : il n’avait jamais aimé que des femmes et, pour la première fois, il savait qu’il serait prêt à donner sa vie pour celle d’un homme, de celui qu’il considérait depuis plusieurs mois comme son meilleur ami qui plus est. Il sentit soudain les larmes qu’il retenait inonder ses yeux et il les laissa couler sur ses joues. Samantha l’attira contre elle, le berçant doucement tandis qu’il brisait le barrage de son chagrin. Enfin, lorsque ses pleurs se tarirent d’eux-mêmes, il la repoussa doucement, embarrassé.

— Je suis désolé… souffla t’il en s’essuyant les joues.

— Ne t’en fais pas. Les amis sont faits pour ça.

Martin sourit légèrement, puis demanda, inquiet :

— Tu crois que Jack et Vivian ont remarqué ?

— Je ne sais pas. Mais, ne t’en fais pas pour eux, je suis sûre qu’ils comprendront. Allez, viens. Ils auront peut-être des nouvelles.

Alors qu’ils allaient sortir, Martin retint son amie un instant :

— Merci.

Elle lui sourit tendrement puis quitta les lieux.

Dans la salle d’attente, Jack était au téléphone. Vivian expliqua aux autres :

— Il a la criminelle du Bronx en ligne.

— Ils ont retrouvé celui qui a fait ça ?

Ce fut Jack qui répondit en refermant son portable.

— Oui. Il s’appelle Antonio Rodriguez et c’est un dealer. Le frère de Danny lui doit deux mille dollars qu’il ne peut bien sûr pas rembourser. Rodriguez lui a donné rendez-vous dans cet immeuble et Raphael a appelé Danny à la rescousse. Quand le dealer est arrivé, Danny a essayé de parlementer avec lui et l’autre l’a poignardé.

— Et Raphael ? demanda Vivian.

— Parti. Il s’est enfui dès que l’homme a sorti son couteau.

Martin serra les poings. Il n’avait déjà aucune sympathie pour le frère de son ami avant, mais là, il n’aurait pas hésité à l’étrangler pour ce qui s’était passé. Il fut distrait de sa colère par l’entrée dans la salle d’un médecin. L’homme les dévisagea tour à tour puis demanda :

— Je suis le Docteur Alan Bills. Vous êtes tous ici pour Monsieur Taylor ?

Jack s’avança.

— Jack Malone, FBI. Danny Taylor est l’un de mes agents.

— Comment va t’il ? demanda Martin, impatient.

— Nous avons réussi à stopper l’hémorragie. Il a perdu beaucoup de sang mais ses jours ne sont pas en danger.

Envahi par le soulagement, Martin se laissa tomber sur une chaise en soupirant.

— Pouvons-nous le voir ? demanda Jack.

— Il est encore en soins intensifs, la transfusion n’est pas terminée. J’enverrai quelqu’un vous prévenir lorsqu’il sera visible.

— Avez-vous besoin de donneurs ? proposa Vivian.

— Pour votre ami non, mais nous sommes toujours preneurs, sourit le médecin. Je dois y aller, j’ai d’autres patients à voir.

— Merci, Docteur.

Lorsqu’il fut sorti, Jack consulta sa montre et se tourna vers ses agents :

— Je dois retourner au bureau.

— Je t’accompagne, lança Sam. Je pense qu’ils n’autoriseront pas trop de visites. Je reviendrais ce soir. Vivian ?

La femme jeta un coup d’œil à Martin qui fixait le sol, puis sourit.

— Je vais rester ici un moment.

— Ok. On vous appelle si besoin.

Jack ne prit pas la peine de demander à Martin s’il préférait rester et quitta les lieux suivi de sa compagne. Une fois seule avec le jeune homme, Vivian posa une main sur son bras. Il la regarda, un peu surpris.

— Ca va aller ?

— Oui, sourit-il. Tu… toi aussi, tu… tu es au courant ?

— Si tu veux parler de tes sentiments pour Danny, oui, je le suis.

Martin se leva, nerveux.

— C’est dingue ! Je ne m’en étais pas rendu compte jusqu’à aujourd’hui et tout le monde semble déjà le savoir !

— Je pense que tu le savais déjà… mais que tu n’osais pas te l’avouer, répondit son amie.

— Tu crois vraiment ?

Elle hocha la tête silencieusement.

— Mais qu’est-ce que je vais faire maintenant ?

— Je ne vois qu’une seule chose à faire : le lui dire.

Martin baissa les yeux, ennuyé.

— Je ne peux pas… comment veux-tu… et puis… qu’est-ce qui dit qu’il ne va pas m’envoyer paître ?

— Tu n’as pas vu comment il te regarde ! sourit Vivian.

Devant l’air ahuri du jeune homme, elle expliqua :

— Quand tu sortais avec Sam, je l’ai surpris souvent à te regarder avec un air de chien battu. Bien sûr, il pensais que personne ne le voyais et s’arrangeais pour avoir toujours l’air heureux devant vous. Et, lorsque Sam et toi vous êtes séparés, il a semblé revivre. Crois-moi, tu n’as pas à hésiter à lui faire part de ce que tu ressens.

Martin se passa une main dans les cheveux.

— J’ai peur, Vi… je n’ai jamais ressenti quelque chose d’aussi fort pour un autre homme… je ne sais pas si… si je saurais quoi faire…

— Ne t’en fais pas, je suis sûre que ça n’est pas plus compliqué qu’entre un homme et une femme. Le tout, c’est de laisser parler ton cœur.

Devant le sourire engageant de son ami, le jeune homme se sentit rassuré.

— Tu as raison, je…

Il fut interrompu par l’entrée d’une infirmière.

— Monsieur Taylor a été emmené dans une chambre, si vous voulez le voir.

— Vas-y ! sourit Vivian. Je vais rejoindre Jack et Sam au bureau et les prévenir que Danny est sorti des soins intensifs.

— D’accord. Merci.

Martin suivit l’infirmière jusqu’à la chambre de son ami. Il poussa le battant avec appréhension, s’attendant au pire. Il fut surpris de trouver Danny éveillé, fixant le plafond.

— Salut ! lança Martin, à la fois soulagé de voir son ami vivant et angoissé à l’idée de lui révéler ses sentiments.

— Salut ! sourit Danny en tournant la tête vers lui.

Il prit une chaise et s’installa près du lit.

— Comment tu te sens ?

— Bien… mais ça doit être l’effet des médicaments… enfin, pour l’instant, je n’ai pas mal…

— Tant mieux !

— Au fait, merci de m’avoir sauvé…

Martin se sentit bêtement rougir et baissa les yeux sur ses mains jointes.

— De rien. J’ai eu très peur…

Danny soupira.

— Je suis un idiot… j’aurais du me méfier… je pensais que Raphie était vraiment rentré dans le droit chemin, mais non… cet idiot n’a toujours rien compris…

Martin dut se retenir pour ne pas laisser sa colère envers le frère de son ami exploser.

— Enfin… maintenant, il peut toujours m’appeler, je ne bougerai pas, gronda Danny en fronçant les sourcils. Martin ? Ca va ?

L’intéressé releva la tête, un peu surpris par l’intonation inquiète de son ami.

— Tu pleures ? souffla Danny, l’air bouleversé.

Martin se passa une main sur la joue, réalisant que des larmes y coulaient sans même qu’il s’en soit aperçu. Il frissonna lorsque les doigts de son ami vinrent tendrement essuyer cette eau dans une caresse. Danny sembla soudain se rendre compte de son geste et ôta vivement sa main, gêné.

— Excuse-moi… je ne sais pas ce qui m’a pris…

— Non… ne t’excuse pas… je… je dois te dire quelque chose…

— Je t’écoute.

Martin se força à déglutir malgré la sécheresse de sa gorge, puis ferma les yeux, tentant de se donner du courage. Il espérait plus que tout au monde que Vivian avait raison, que ses sentiments étaient partagés. Rassemblant ses idées, il rouvrit les yeux et se lança :

— Danny… lorsque je t’ai trouvé tout à l’heure, blessé, j’ai réalisé que… que je tenais plus à toi que je n’osais me l’avouer… je ne comprenais pas ce que ça voulait dire… et puis Sam m’a parlé… et Vivian… elles savaient mieux que moi quels étaient mes sentiments… Danny, je… je crois que… que je suis tombé amoureux de toi…

Il se tut, serrant ses mains l’une contre l’autre, les yeux fixés sur elles, attendant la réponse de son ami. Celui-ci resta silencieux un long moment, puis lança d’une voix sèche :

— C’est pas gentil de te foutre de moi, Fitzgerald !

Ebahi, Martin releva la tête et fixa Danny qui le fusillait du regard.

— Quoi ?

— Ca t’amuse de me torturer ? Vraiment, je ne pensais pas que tu serais capable de faire un truc aussi ignoble, surtout maintenant, alors que je viens frôler la mort !

— Mais…

— Arrête ! Je pensais que ça ne te gênais pas que je sois gay, que tu étais tolérant, mais en fait, t’es qu’un gros hypocrite !

— Danny…

— Ferme-la ! Et va t’en !

Martin se savait que faire. Il s’attendait à tout, sauf à ça. C’est alors qu’il vit les larmes qui brillaient dans les yeux marrons de son ami. Et il comprit. Il se leva, repoussa la chaise comme s’il allait partir, mais, au contraire, il s’approcha vivement du lit et se pencha pour poser ses lèvres sur celles de Danny. Celui-ci ne réagit pas immédiatement, puis le repoussa violemment.

— T’es malade !

Cette fois-ci, les pleurs coulaient librement sur les joues du blessé. Martin s’approcha à nouveau et lui prit les mains. Danny tenta de se dégager, mais les médicaments l’affaiblissaient.

— Calme-toi !

— Lâche-moi ! Laisse-moi tranquille…

Danny détourna la tête, mais son ami l’obligea à le regarder. Il plongea son regard azur dans celui de l’autre homme, puis souffla :

— Je ne mens pas. Je t’aime, Danny.

— C’est impossible… gémit son collègue. Tu es hétéro…

— Oui…je l’étais… mais aujourd’hui, je t’aime. Je ne sais pas comment ni pourquoi j’en suis arrivé là, mais je suis amoureux de toi, que tu le veuilles ou non… Je ne te demande rien… si tu me dis que tu ne m’aimes pas, je rangerai mes sentiments au plus profond de moi et j’essayerai de n’être que ton ami… ce qui sera très difficile… mais si jamais il y a une toute petite chance que mes sentiments soient partagés…

— Ils le sont… souffla Danny.

Martin ne put retenir un sourire. Il se pencha à nouveau, capturant les lèvres de son ami pour un doux baiser.

Les deux hommes sursautèrent en entendant la porte s’ouvrir. Martin fut surpris de voir entrer la doctoresse de l’ambulance. Elle leur jeta un regard entendu, puis s’avança pour consulter le dossier de Danny. Lorsqu’elle eut fini, elle lança d’un air amusé :

— Je croyais que vous n’étiez pas ensemble ? Au fait, il a besoin de repos, donc ne le fatiguez pas trop.

Puis sortit. Martin éclata de rire. Devant l’air ébahi de son ami, il souffla :

— Je te raconterai. Mais, elle a raison, tu dois te reposer.

— Tu restes avec moi ?

— Je vais juste aller prévenir les autres que tu vas bien et demander à Jack si je peux prendre quelques jours de congés pour te tenir compagnie tant que tu seras ici. Si tu veux bien de moi…

— Quelle question !

Martin sourit, puis sortit. Lorsqu’il revint après avoir obtenu de Jack trois jours de repos et lui avoir fait la promesse de bien veiller sur Danny, celui-ci dormait profondément. Martin reprit sa chaise pour s’installer près du lit, une main de son ami dans les siennes, souriant. Finalement, même si la journée s’était avérée plutôt mouvementée, elle se terminait encore mieux qu’elle n’avait débuté. Et surtout, elle promettait d’autres journées tout aussi belles… et peut-être plus encore…

Fin.

Fic écrite le 18/04/2006.



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