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Cela faisait presque deux semaines que le Dédale était reparti vers la Terre. Conformément à ce que Jack avait souhaité, son corps avait été placé dans un caisson d’hibernation de façon à pouvoir le ramener sur sa planète natale afin qu’il y soit inhumé. Elizabeth Weir aurait souhaité rentrer pour lui rendre un dernier hommage mais elle ne pouvait pas s’absenter aussi longtemps de la Cité des Anciens. Alors, John Sheppard et Rodney McKay s’étaient proposé pour représenter les « Atlantes » et elle avait accepté de les laisser partir en leur faisant promettre de revenir dès le prochain voyage du Dédale.

Daniel était anéanti. Il ne mangeait presque pas, ne dormait plus, il restait juste là, prostré sur son lit, essayant de comprendre pourquoi, en quelques heures, il avait perdu sa raison de vivre. Rodney avait essayé de venir lui parler plusieurs fois depuis leur départ d’Atlantis, mais il avait refusé de lui ouvrir, voulant rester seul avec son chagrin.

Il se sentait maudit : toutes les personnes qu’il avait aimées étaient mortes : ses parents, Sha’re… et maintenant Jack. Perdu dans les pérégrinations de son chagrin, il se demanda soudain s’il aurait la force d’affronter les autres et de leur annoncer la mauvaise nouvelle. Il imaginait déjà les larmes de Sam et l’air affligé de Teal’c. Il soupira longuement, puis se coucha, essayant pour la énième fois de trouver le sommeil mais, cette fois-ci, vaincu par la fatigue, il finit par s’endormir profondément.

Il fut réveillé en sursaut par un grondement sourd. Il se leva d’un bond, se demandant ce qui se passait, d’autant plus que la sirène d’alarme retentissait bruyamment dans tout le vaisseau.

— Qu’y a t’il ? demanda Daniel au Commandant du Dédale lorsqu’il arriva au poste de pilotage.

— Un problème d’hyper propulsion nous a contraints à revenir en vitesse normale. Et un vaisseau-mère Goa’uld vient d’apparaître et nous a envoyé une salve d’une arme inconnue.

— Des dégâts ?

— Pas encore, mais si on ne trouve pas une parade, on risque de se retrouver vulnérables très rapidement.

Daniel contempla un instant le vaisseau ennemi sur l’écran. Il fut rejoint par Rodney et John à qui il expliqua la situation. Soudain, il fut interrompu par un des militaires qui lança :

— Il nous scanne !

A peine avait-il fini sa phrase que Daniel sentit des picotements dans tout son corps et une brume obscurcit sa vue. Il cligna plusieurs fois des yeux et eut la stupeur de se retrouver face à un visage bien connu.

— Baal…

— Daniel Jackson. Bienvenue sur mon vaisseau.

Le Goa’uld se tourna vers l’un des Jaffas et donna un ordre bref, puis refit face au Terrien.

— Si vous avez peur pour vos amis, sachez que je les ai laissés repartir. Il n’y a que vous qui m’intéressez.

— Moi ? Pour quelle raison ? demanda le jeune homme en essayant de cacher son soulagement que le Dédale ait pu s’enfuir.

— Vous le saurez très bientôt.

Deux Jaffas l’attrapèrent par les bras et l’entraînèrent avec eux jusqu’à une cellule où il fut jeté sans ménagement.

***

Daniel avait perdu la notion du temps. De toutes façons, il s’en fichait bien d’être prisonnier de Baal, plus rien n’avait d’importance pour lui et, avec un peu de chance, il se ferait tuer et serait enfin libéré de sa souffrance. Alors qu’il se morfondait au fond de sa cellule, deux Jaffas vinrent le chercher et l’amenèrent devant leur maître qui leur ordonna de les laisser seuls. Daniel soutint le regard du Goa’uld.

— Vous voilà enfin devant moi…

Il fit un geste et le Terrien fut attiré contre un mur où il se retrouva bloqué, incapable de bouger. Un souvenir s’imprima dans son esprit, faisant remonter la douleur du fond de son être. Baal lui adressa un regard surpris :

— Vous me paraissez en mauvaise santé. Cela va faciliter mon interrogatoire.

— Qu’est-ce que vous voulez de moi ? demanda Daniel, curieux malgré tout de savoir pourquoi le Goa’uld ne s’intéressait qu’à lui.

— Vous avez été un Evolué, comme Anubis… Je veux que vous me disiez comment faire pour accéder à l’Ascension.

Le jeune homme, éberlué, ne put s’empêcher d’éclater de rire, ce qui ne fut pas du goût de son geôlier. Baal lâcha le poignard qu’il tenait à la main. L’arme alla se planter dans le bras de Daniel, qui serra les dents pour ne pas crier. Avec un sourire, le Goa’uld s’approcha de son prisonnier, reprit sa lame puis se pencha vers lui.

— Je suis certain que vous finirez par parler.

— Oh, mais je vais le faire ! lança le Terrien. Je ne sais pas pour qui vous vous prenez, mais l’Ascension n’est pas quelque chose qui s’obtient aussi facilement. C’est un certain état d’esprit qui vous permet d’accéder à ce niveau de conscience supérieur. Et vu ce qui s’est passé avec Anubis, ça m’étonnerait que les Anciens refassent l’erreur d’offrir ce privilège à un Goa’uld.

Daniel vit le visage de son ravisseur se décomposer alors qu’il lui parlait. Baal était furieux et agrippa le bras de son prisonnier, appuyant sur sa blessure sanglante jusqu’à ce qu’il laisse échapper un gémissement sourd.

— Je ne vous crois pas. Vous finirez bien par m’avouer la vérité.

Il s’éloigna puis appela ses Jaffas qui vinrent chercher Daniel pour le ramener dans sa cellule.

***

Son bras avait cessé de saigner mais le faisait souffrir. Daniel déchira le bas de son tee-shirt pour se faire un bandage, puis se roula en boule dans un coin de la pièce. Il n’avait qu’une envie : s’endormir pour ne jamais se réveiller. Alors qu’il somnolait, il crut entendre une voix familière qui lui serra le cœur. Il ouvrit lentement les yeux, puis les referma en soupirant :

— Les hallucinations commencent…

Cette fois-ci, il sursauta lorsque la voix retentit clairement dans la petite cellule :

— Merci pour l’hallucination !

Il se redressa, fixant son regard clair sur la silhouette qui se tenait debout en face de lui.

— Jack ?

— Daniel.

— C’est bien vous ? Je… je ne suis pas en train de délirer ?

— Non. Enfin, je ne crois pas. Pas plus que lorsque la situation était inversée.

Daniel se leva d’un bond, tout à coup réveillé.

— Je ne comprends pas ! Vous êtes mort ! Vous avez refusé l’Ascension !

— C’est vrai. Et, je dois vous dire que je ne comprends pas plus que vous ce qui se passe. Après que je vous aie parlé, il y a eu une sorte de « trou noir » et puis, je me suis retrouvé ici, sur ce vaisseau. J’ai vu Baal vous torturer… Je suis désolé… Je voulais intervenir, mais Oma est apparue et m’en a empêché.

— Je comprends, souffla le jeune homme en souriant légèrement. Je suis heureux de vous revoir, Jack.

— Moi aussi. Mais, j’aurais préféré que ça se passe autrement. Ca me tue de ne rien pouvoir faire pour vous aider. Je comprends mieux ce que vous avez du ressentir lorsque vous étiez à ma place…

Il se mit à faire les cent pas dans la petite pièce. Daniel soupira et se laissa retomber sur le sol, ses jambes refusant de le soutenir plus longtemps. Jack se tourna subitement vers lui, l’air inquiet.

— Daniel ? Ca va ?

— Non… murmura le jeune homme. Je… Je ne tiendrai pas longtemps face à Baal…

Jack s’accroupit face à son ami et tendit une main vers lui. Puis, semblant se souvenir qu’il ne pouvait le toucher, il laissa son bras retomber mollement.

— Que vous arrive t’il ? Qu’est-ce qu’il vous a fait ?

— Pas grand chose… Jack, ne restez pas ici.

— Pourquoi ? Je ne peux pas vous abandonner entre les mains de cette ordure de Goa’uld !

— Vous ne pouvez rien faire. Laissez-moi.

— Non ! Je vais trouver un moyen de vous sortir de là ! Je vais…

— Jack ! l’interrompit Daniel. Vous ne pouvez rien faire. Oma ne vous laissera jamais intervenir…

— Quel est l’intérêt qu’elle me sauve alors, si c’est pour vous voir mourir ? Je ne supporterai pas… pas encore…

L’archéologue leva la tête, surpris par le désarroi qu’il sentait dans la voix de son ami. Avant qu’il ait eu le temps de lui dire quoi que ce soit, la porte de la cellule s’ouvrit sur les deux Jaffas. Daniel n’eut pas besoin de regarder pour vérifier que Jack était parti. Il soupira, puis se laissa entraîner par les gardes.

***

Au mess du Dédale quasi-désert, Rodney était plongé dans la contemplation de son repas lorsqu’il fut rejoint par John.

— Je peux ?

— Bien sur.

Le militaire posa son plateau et s’assit.

— Ce n’est pas bon ?

— Quoi ? Euh… je n’ai pas faim… je suis inquiet pour le Docteur Jackson, répondit le scientifique.

— Moi aussi, soupira son ami. Si seulement on savait où est parti le vaisseau-mère !

Une voix retentit près d’eux, les faisant sursauter :

— Je sais où il est !

— Général O’Neill ? lança John Sheppard en se levant d’un bond. Mais… que…

— Pas le temps de vous expliquer, Major ! Daniel est en danger. J’ai besoin de votre aide.

Il expliqua son plan aux deux hommes, leur donna tout ce qu’il avait pu récolter comme informations sur la destination du vaisseau-mère puis termina en soupirant :

— Je vais devoir partir. Je ne veux pas le laisser seul trop longtemps.

Avant qu’il ne disparaisse, Rodney lui demanda :

— Comment va t’il ?

— Très mal. Il faut vous dépêcher, répondit Jack d’un air soucieux.

Soudain, il sembla s’évaporer dans les airs. Rodney et John échangèrent un regard surpris, puis se précipitèrent au poste de commande du Dédale.

***

Daniel avait l’impression que la douleur lui transperçait les os, que chacun de ses nerfs était à vif. Les gardes le jetèrent dans sa cellule et il ne put retenir ses larmes lorsque son corps meurtri heurta violemment le mur. Il se laissa glisser sur le sol, incapable de bouger. Il arrivait à peine à rester conscient, mais entendit tout de même la voix si familière de Jack près de son oreille.

— Tenez bon. La cavalerie va bientôt arriver.

— Partez… murmura t’il difficilement. Laissez-moi…

— Il n’en est pas question, souffla son ami. Je ne vous abandonnerai pas. Je refuse de vous perdre.

Reprenant un peu ses esprits, Daniel sut qu’il était temps pour lui de parler, qu’après, il serait trop tard.

— Jack… je dois vous dire quelque chose de très important avant de…

— Ca peut attendre, vous devez vous reposer et reprendre des forces.

— Non… je dois… Jack… je n’ai rien dit avant à cause de Sam, mais je n’ai plus le temps… je vous aime…

A peine avait-il prononcé ces mots qu’il sombra dans l’inconscience.

***

Jack restait immobile, sous le choc de ce qu’il venait d’entendre. Il sentit ses yeux lui piquer et se redressa en serrant les poings. Levant les yeux au ciel, il hurla :

— Pourquoi ? pourquoi vous nous faites ça ? Laissez-moi l’aider, je vous en supplie ! Vous n’avez pas le droit de jouer avec nos vies, de nous faire souffrir ainsi !

N’obtenant aucune réponse, il posa à nouveau son regard sur le corps meurtri de son ami, de l’être auquel il tenait le plus au monde, pour lequel il donnerait sa propre vie. Il s’agenouilla près de lui, rageant de ne rien pouvoir faire pour soulager sa douleur.

— Ne me laissez pas, Daniel. Ne m’abandonnez pas, je vous en prie.

Alors qu’il effleurait le visage de son ami d’une main, un grondement sourd retentit. Jack esquissa un sourire, puis se redressa. Il eut alors la surprise de voir Oma Desala qui se tenait de l’autre côté des barreaux de la cellule. Il lui adressa un regard meurtrier.

— A quoi vous jouez ? Pourquoi vous m’avez fait revenir si c’est pour le voir mourir ?

— Il vivra, répondit l’Evoluée. Grâce à vous. Et avec vous.

— Je ne comprends pas. Pourquoi vous faites ça ?

Oma ne répondit pas, se contentant de sourire, puis disparut dans un éclair blanc. Jack soupira et se tourna à nouveau vers Daniel qui n’avait pas repris connaissance. Alors qu’il allait parler, il se sentit comme aspiré vers le haut, sans rien pouvoir y faire.

— Non !

***

John sentait l’adrénaline couler dans ses veines devant l’imminence de l’action. Rodney, assis à côté de lui au poste de commande du Dédale semblait soucieux.

— Qu’est-ce qu’il y a ? demanda le militaire.

— Rien rien…

— Ne me mens pas, souffla Sheppard à voix basse.

Son ami lui répondit dans un murmure :

— Promets-moi d’être prudent.

— Ne t’en fais pas pour moi, tu me connais !

— Justement. Je n’ai pas envie de te perdre.

John sourit :

— C’est promis. Je serai prudent. Je n’ai aucunement l’intention de t’abandonner. Qui sauvera tes fesses si je ne suis plus là pour le faire ?

Rodney lui donna un petit coup de poing dans le bras en soupirant. Leur aparté fut interrompu par le commandant du Dédale :

— Le vaisseau-mère est en vue.

John se leva en lançant :

— On y va !

Il quitta le poste de pilotage après un dernier regard à son ami, essayant de faire abstraction de l’air désespéré de celui-ci, puis se dirigea vers le hangar où était stationné un jumper. Six militaires du Dédale embarquèrent avec lui et le petit vaisseau partit en mode furtif en direction du navire Goa’uld.

Grâce à son dispositif d’invisibilité, John amena le jumper au plus près du vaisseau-mère. Il laissa un jeune lieutenant aux commandes et actionna le dispositif de téléportation Asgard qui avait été offert aux humains lors du lancement du Dédale. Normalement, ils auraient pu l’utiliser à distance depuis le vaisseau Terrien, mais le bouclier Goa’uld empêchait toute intrusion de ce type.

Quelques secondes plus tard, John se retrouva avec les cinq autres hommes à l’intérieur du vaisseau-mère. Il leur fallait agir au plus vite car le dispositif de détection du bâtiment ne tarderait pas à les repérer. Le groupe partit à la recherche de Daniel suivant les indications laissées par Jack. Ils rencontrèrent une patrouille de Jaffas qu’ils supprimèrent facilement, puis arrivèrent aux cellules. John s’avança vers celle où une forme indistincte gisait sur le sol.

— Docteur Jackson ?

Il n’obtint pas de réponse et son inquiétude augmenta. Espérant ne pas arriver trop tard, il fit sauter la serrure de la cellule, puis se précipita à l’intérieur. Il s’agenouilla près du blessé, puis donna des ordres brefs aux autres militaires. Deux d’entre eux déplièrent un brancard où ils installèrent précautionneusement Daniel. Lorsque ce fut fait, ils actionnèrent le dispositif de téléportation. Trois des militaires et le brancard disparurent. Au même moment, l’alarme du vaisseau retentit. John et les deux dernières personnes, des jeune femmes lieutenants du nom de Teli Weber et Cybelia Bright, se regroupèrent ensuite pour suivre leurs collègues. Alors qu’ils allaient activer le téléporteur, une explosion ébranla le vaisseau, les projetant à terre, assomés.

***

Sur le Dédale, Rodney n’arrêtait pas de faire les cent pas depuis que John était parti avec le jumper. Il ne pouvait s’empêcher d’être inquiet pour son ami, celui-ci ayant la fâcheuse manie de se mettre dans des situations impossibles. Alors qu’il amorçait son énième virage, il fut interrompu par la voix de l’un des militaires :

— Commandant, il y a eu une explosion sur le vaisseau-mère.

— Une explosion ! s’exclama Rodney en se laissant tomber sur son siège.

— Le jumper ?

— Aucune nouvelle. Ils ne répondent pas à nos appels.

Un silence de mort s’installa dans le poste de pilotage. Rodney se sentait très mal. Il avait peur pour son compagnon mais savait très bien que le commandant du Dédale ne prendrait pas le risque de sacrifier son vaisseau et son équipage pour quelques hommes. Tous sursautèrent lorsqu’une voix s’éleva soudain :

— Dédale, ici Jumper.

— Que s’est-il passé, Lieutenant Rodriguez ?

— Une explosion à détruit une partie du vaisseau-mère. Le Major Sheppard et les Lieutenants Weber et Bright y sont encore.

Ignorant le gémissement de douleur de Rodney, le commandant demanda :

— Vous avez pu les joindre ?

— Ils ne répondent pas à nos appels.

— Le Docteur Jackson ?

— En vie, mais inconscient et ses blessures ont l’air sérieuses.

Après un court silence, le commandant ordonna :

— Rentrez immédiatement.

Le scientifique se leva d’un bond, furieux :

— Vous n’allez pas les laisser là-bas !

— Cette mission était de ramener le Docteur Jackson. J’ai bien l’intention de la mener à son terme. D’après ce que je sais du Major Sheppard, s’il est encore en vie, il trouvera le moyen de nous rejoindre.

Rodney, abattu, se laissa retomber sur son siège en soupirant.

— Je l’espère…

***

Lorsqu’il ouvrit les yeux, Daniel mit un certain temps à comprendre qu’il ne se trouvait plus sur le vaisseau de Baal. Il voulut se redresser mais son corps l’en empêcha, éveillant des douleurs un peu partout en lui.

— Vous devez vous reposer, Docteur Jackson, lança une voix féminine.

— Où suis-je ?

— A l’infirmerie du Dédale, répondit le médecin qui se tenait près de lui. Je suis le Docteur Lune Williams. Vous avez eu de la chance. Compte tenu de vos blessures, je suis même surprise que vous soyez déjà éveillé.

Une voix derrière le médecin demanda :

— Je peux lui parler ?

— Oui, mais pas longtemps.

Elle s’effaça, laissant passer Rodney qui s’assit près du lit. Malgré sa migraine et ses autres douleurs, Daniel remarqua immédiatement son air affligé.

— Je suis heureux de vous voir réveillé, souffla le scientifique en tentant un sourire peu convaincant.

— Que s’est-il passé ?

Rodney lui raconta son sauvetage.

— Vous n’avez aucune nouvelle ?

— Non. Le Commandant refuse d’approcher le Dédale. Je le comprends, il ne veut risquer si son vaisseau, ni ses hommes… mais ça me tue de ne pas savoir… je ne supporterai pas de le perdre…

Daniel ne répondit pas. Il ferma les yeux, assailli par l’image de Jack lorsqu’il lui avait avoué ses sentiments, juste avant de sombrer dans l’inconscience.

— Vous l’avez vu ? Jack…

— Oui. Il est venu nous dire où trouver le vaisseau-mère et nous a dit où vous étiez enfermé.

Rodney laissa échapper un lourd soupir. Daniel posa une main sur la sienne, essayant de le réconforter un peu.

— Je ne peux pas vous promettre que le Major Sheppard va bien mais je sais que rien n’est définitif… pas même la mort…

— Je sais…

Le silence pesant qui envahit alors l’infirmerie fut brutalement rompu par une alarme.

— J’y vais ! lança Rodney en se levant brusquement.

— Tenez-moi au courant ! lui répondit Daniel alors qu’il disparaissait.

Une fois seul, le jeune homme se mit à murmurer :

— Jack… je ne sais pas si vous m’entendez… revenez, je vous en prie… Oma, rendez-le moi, j’ai besoin de lui… je vous en supplie…

Il s’interrompit lorsque la doctoresse revint. Elle lui administra un sédatif et Daniel ne tarda pas à s’endormir profondément.

***

Rodney se précipita dans le poste de pilotage. Alors qu’il y entrait à peine, le Commandant lui expliqua :

— Deux planeurs viennent vers nous.

— Ils ont repéré notre position ?

— Apparemment, répondit un militaire. Ils nous appellent.

— Allez-y !

Rodney eut l’impression que son cœur allait exploser lorsqu’il reconnut la voix qui s’éleva dans les haut-parleurs :

— Dédale, ici le Major Sheppard. Weber, Bright et moi avons emprunté ces planeurs à Baal.

— Heureux de vous entendre Major. Nous vous attendons avec impatience.

Le scientifique eut un large sourire en se disant qu’il devait être le plus impatient de tous. Il se rua d’ailleurs vers le hangar où les deux planeurs allaient s’engouffrer quelques minutes plus tard. Enfin, alors qu’il pestait intérieurement en trouvant que ça n’allait pas assez vite, il vit les portes du hangar s’ouvrir sur John et les deux jeunes femmes. Il réussit à grand peine à se retenir de lui sauter au cou.

— John !

— Salut Rodney ! sourit le militaire.

— Mais comment…

— Allons voir le Commandant, nous vous raconterons toute l’histoire.

Une poignée de minutes plus tard, Rodney, John, les deux Lieutenants et le Commandant du Dédale étaient installés dans le bureau de ce dernier.

— L’explosion nous a tous les trois assommés, commença Sheppard. Lorsque nous avons repris nos esprits, la téléportation ne fonctionnait plus. Nous nous sommes douté que le jumper devait vous avoir rejoint alors nous sommes partis vers le hangar des planeurs. En route, nous sommes tombés sur une patrouille de Jaffas… qui nous ont accueillis à bras ouvert !

— Des rebelles ? demanda le Commandant.

— Oui. Ils étaient infiltrés parmi les soldats de Baal depuis des mois et attendaient justement une occasion de lui causer des dommages. L’alarme que nous avons déclenchée la leur a fournie. Ils ont donc fait sauter le dépôts d’armes, d’où l’explosion. Pour nous remercier de notre aide involontaire, les rebelles nous ont conduits aux planeurs. Mais ça a pris un peu de temps parce qu’il a fallu s’occuper de pas mal de monde en route.

— Et Baal ? interrogea Rodney.

— Il s’est enfui, malheureusement.

— Enfin, le principal, c’est que vous soyez saufs ! sourit le Commandant.

— Et le Docteur Jackson ? demanda John en se tournant vers son ami.

— Il s’en sortira d’après le médecin. D’ailleurs, il m’a demandé de le tenir au courant. Tu devrais m’accompagner.

Sheppard interrogea le Commandant qui lui donna congé. Les deux hommes sortirent du bureau et se dirigèrent vers l’infirmerie. Au détour d’un couloir, Rodney agrippa le bras de son compagnon pour l’attirer dans un coin tranquille, incapable d’attendre plus longtemps. Avant que John ait eu le temps de râler, il captura ses lèvres avec fougue. Lorsqu’il le libéra, le militaire eut un sourire rêveur.

— Wouah…

— Ne me fais plus jamais une peur pareille ! lança Rodney, un peu énervé. J’ai cru mourir lorsque j’ai su que tu n’étais pas sur le jumper !

— Franchement, si je dois avoir un tel accueil à chaque fois, je veux bien disparaître plus souvent…

— John ! Ca ne me fait pas rire !

— Excuse-moi… mais tu devrais voir ta tête !

Le scientifique était agacé par l’attitude insouciante de son compagnon. Il le repoussa un peu brusquement et repartit dans le couloir. John se précipita à sa suite.

— Allez, Rodney. Je suis vraiment désolé de t’avoir fait peur !

Têtu, l’intéressé ne répondit pas. Il se contenta de soupirer bruyamment puis entra dans l’infirmerie. Daniel dormait toujours. Rodney ne voulut pas l’éveiller. Il prit un bout de papier où il nota que tout le monde était sain et sauf, puis se tourna vers son ami :

— Tu as faim ? demanda t’il à voix basse.

— Oui. Allons-y.

Et ils sortirent.

***

Lorsque Jack ouvrit les yeux, il se sentit immédiatement à l’étroit. Il se demanda un instant où il se trouvait, puis reconnut l’intérieur d’un caisson d’hibernation. Alors qu’il commençait à paniquer, un déclic retentit et le couvercle du caisson s’ouvrit grâce à la sécurité qui prévenait tout enfermement d’une personne consciente. Jack se redressa alors et frissonna car il faisait froid et il était entièrement nu. Il se leva, cherchant autour de lui quelque chose pour se couvrir. Il trouva une bâche qu’il enroula autour de sa taille, puis quitta l’entrepôt où il s’était réveillé. Une fois dans le couloir, il reconnut les couleurs et l’agencement du Dédale. Il se dirigea alors vers l’infirmerie qui était plus proche que les quartiers des invités. Lorsqu’il y entra, son cœur fit un bond dans sa poitrine. Il se précipita vers le lit où Daniel dormait profondément. Les jambes coupées, il se laissa tomber sur une chaise, contemplant le visage paisible mais tuméfié de son ami. L’angoisse l’envahit. Il se pencha et ne put résister à la tentation de caresser tendrement la joue pâle du jeune homme.

Jack sursauta lorsqu’une voix inconnue retentit derrière lui :

— Qui êtes-vous ?

Il se retourna et tomba nez-à-nez avec une femme médecin qui le considérait d’un air suspicieux… et légèrement intéressé.

— Je suis le Général Jack O’Neill.

Puis, considérant sa tenue incongrue, il sourit :

— Je sais que je n’ai pas un uniforme réglementaire mais je viens juste de me réveiller sans vêtements dans un pseudo-cercueil en plastique…

La doctoresse, si elle était surprise, ne le montra pas. Elle alla chercher un pyjama et des chaussons dans l’armoire et les tendit à Jack.

— Vous pouvez vous habiller à côté. Je dois examiner mon patient.

— Merci, Docteur… Williams, ajouta t’il après avoir lu le nom sur le badge du médecin.

Il se dirigea vers la petite pièce encombrée de matériel médical où il enfila le pyjama et les chaussons bleus, puis il revint.

— Comment va t’il ?

— Bien. Compte tenu du traitement qu’il a subi, je m’attendais à ce qu’il soit en plus mauvaise condition. Il va tout de même lui falloir plusieurs semaines de repos avant de reprendre les missions d’exploration.

— Ne vous en faites pas pour ça, je ferais en sorte qu’il reste au calme.

— Je compte sur vous. S’il ne se repose pas, je vous en tiendrai pour personnellement responsable.

— C’est entendu… Est-ce que… je peux rester avec lui ?

La jeune femme eut un sourire complice puis répondit :

— Bien sûr. Si vous avez besoin de moi, mon bureau est derrière cette porte.

— Merci, Docteur.

Une fois seul avec son ami, Jack retourna s’asseoir près de lui et prit tendrement sa main dans les siennes. Il n’avait rien d’autre à faire qu’attendre que Daniel se réveille pour pouvoir enfin soulager son cœur.

***

Daniel émergea lentement des limbes du sommeil, gardant les yeux fermés, essayant de retenir le doux rêve qui s’échappait déjà. Ravalant un sanglot, il sentit soudain la chaleur de deux mains enserrer l’une de siennes. Le cœur battant la chamade, il se décida enfin à ouvrir les yeux qui se posèrent sur le visage inquiet de Jack. Celui-ci avait le regard fixé sur un point sur le sol et ne sembla pas s’être aperçu de son réveil. Daniel en profita pour l’observer un moment, heureux de revoir ce visage si familier.

— Jack…

L’intéressé sursauta et leva les yeux vers lui.

— Daniel !

— Vous êtes revenu…

— Apparemment oui. Je n’ai pas très bien compris comment, mais tout ce que je sais, c’est que je suis là et que je me souviens… de tout.

Daniel se sentit rougir. Il détourna les yeux, gêné. Il avait peur de perdre l’amitié de Jack maintenant que celui-ci connaissait ses sentiments. Alors, il bredouilla :

— Vous savez… au sujet de… ce que je vous ai dit… je croyais que j’allais mourir et…

— Chut… l’interrompit Jack en posant un doigt sur ses lèvres. Laissez-moi parler. Je ne veux pas refaire la même erreur qu’avec Sam alors je crois qu’il est temps de vous dire la vérité. Si j’ai donné ma démission, c’est à cause de vous…

— De moi ? souffla Daniel, plus que surpris.

— Oui, sourit son ami. Je me suis rendu compte depuis quelques temps que quelque chose a changé. Je ne voulais pas me l’avouer au début et je faisais tout pour enfouir ça au plus profond de moi. Il faut dire que tout ça est totalement à l’encontre de l’éducation militaire que j’ai reçue. Je n’ai jamais eu de préjugés… mais c’est difficile d’admettre qu’on puisse être amoureux… d’un homme… qui plus est de son meilleur ami…

Jack se tut, dardant sur Daniel un regard où brillait une lueur d’espoir. Le jeune homme n’arrivait pas à croire ce qu’il venait d’entendre. Il avait l’impression d’être encore plongé dans un doux songe et murmura :

— Je dois être encore en train de rêver… ce n’est pas possible autrement…

Son ami lui pinça le bras.

— Aïe !

— Non, vous ne rêvez pas, lança alors Jack avec un sourire complice.

— Vous voulez dire… que vous m’aimez ? Vraiment ?

— Vraiment.

— Mais… Sam…

— Comme je vous l’ai déjà dit lorsque nous étions avec Oma, je l’ai aimée mais maintenant, je la considère juste comme une amie très proche. Je sais que ça peut paraître dingue, après toutes ces années… mais je vous assure que c’est encore plus dur à admettre pour moi que pour vous. Le jour où je l’ai réalisé, j’ai pensé que je pourrais continuer comme si de rien n’était… après tout, avec Carter, j’ai bien réussi…

— Hum…

— Quoi ?

— Vous n’étiez pas très convaincants tous les deux…

— Euh… oui, bon… toujours est-il qu’au bout de quelques jours, je me suis aperçu que je ne pourrais pas continuer à vous côtoyer sans taire mes sentiments… alors, j’ai pris ma décision et j’ai donné ma démission au Président. Je me suis dit qu’en partant loin de vous, en prenant enfin ma retraite, j’arriverais à vous oublier…

Plus Jack parlait, plus Daniel sentait son cœur se gonfler d’allégresse. S’il l’avait pu, il aurait sauté de joie, mais son corps meurtri l’en empêchait. Il se contenta de sourire largement avant de souffler :

— Si j’avais su ça plus tôt…

Son ami lui adressa un regard surpris.

— Oui, Jack. Je vous aime depuis des mois. Mais, il y avait Sam… et puis, j’étais persuadé qu’un homme comme vous ne partagerait jamais mes sentiments…

— Un homme comme moi ?

— Un militaire.

— Oh. Vous savez… il y a beaucoup plus de militaires homosexuels que vous ne le pensez…

— Vraiment ?

Jack haussa les épaules.

— Euh, en fait, j’en sais rien. Je disais ça comme ça…

Daniel éclata de rire, puis stoppa net lorsque ça réveilla une douleur dans ses côtes. Le souffle un peu court, il râla :

— Ne me faites par rire…

***

Jack sourit, puis se pencha vers son ami. Il se sentait irrésistiblement attiré par les lèvres entrouvertes qui semblaient n’attendre que lui. Il murmura :

— Et si je vous embrasse…

Daniel ne répondit pas, se contentant de sourire légèrement. Jack prit ça comme un accord. Il effleura doucement la bouche du jeune homme de se lèvres, hésitant tout de même un peu, puis se décida à approfondir l’étreinte. Soudain, il sursauta lorsqu’un toussotement retentit derrière lui. Il se redressa vivement et croisa le regard amusé de la doctoresse. Elle leur adressa un sourire complice, puis demanda :

— Vous voulez bien nous laisser ? Il faut que j’examine le Docteur Jackson.

— D’accord, soupira Jack. Je vais aller prendre une douche et me changer.

Alors qu’il allait sortir de l’infirmerie, Daniel le rappela :

— Jack ?

— Oui ?

— Je suis heureux que tu sois là…

O’Neill sourit, puis quitta la pièce. Alors qu’il se dirigeait vers ses quartiers, il tomba sur Rodney et John qui discutaient à voix basse au détour d’un couloir. Les deux hommes sursautèrent en le voyant :

— Mon Général ?

— Repos, Major. Content de voir que tout le monde va bien.

— Vous êtes revenus ? Pour de bon, je veux dire… demanda le scientifique.

— Je l’espère ! Parce que ça n’est pas vraiment agréable de se réveiller dans un caisson d’hibernation…

— J’imagine… sourit John. Bienvenue dans le monde des vivants.

— Merci. Et merci d’avoir ramené Daniel.

— A votre service, Mon Général.

Jack salua les deux hommes, puis continua vers ses quartiers. Une fois arrivé là, il se débarrassa du pyjama bleu et entra sous la douche. L’eau chaude délassa ses muscles un peu noués. Il se sentait bien. Tout au fond de lui, il restait une petite, toute petite, appréhension concernant les réactions que provoquerait l’annonce de sa relation avec Daniel. Il était surtout inquiet de celle de Samantha Carter. Contrairement à ce qu’il avait dit à son ami, il savait très bien que la jeune femme avait rompu ses fiançailles avec Pete Shanahan à cause de lui.

Il soupira profondément. Il n’avait pas eu le temps d’en parler à Daniel, mais il faudrait bien qu’il finisse par lui avouer qu’il ne reviendrait pas sur sa démission, malgré leur relation naissante. La règle de non-fraternisation de l’Air Force n’avait pas été établie juste pour empêcher les conflits d’intérêts entre grades. Jack savait très bien ce qui se passerait s’il restait à la tête du SGC et qu’il arrivait quelque chose à Daniel. Il avait déjà du mal à prendre des décisions objectives quand ça touchait l’un de ses amis, alors maintenant qu’ils allaient être plus que ça, ce serait encore plus problématique pour lui.

Il coupa l’eau, se sécha et enfila un uniforme propre. Puis, il repartit en direction de l’infirmerie. Quand il y entra, Daniel s’était rendormi. La doctoresse était en train de ranger des flacons dans l’armoire et se retourna.

— Tout va bien ? demanda Jack en désignant son ami.

— Oui, sourit Lune Williams. Mais évitez de le fatiguer. Il a vraiment besoin de repos.

Devant l’air amusé et complice de la jeune femme, le militaire se sentit légèrement mal à l’aise. Il grogna :

— Ne vous inquiétez pas… J’ai l’intention de l’emmener prendre un bon bol d’air à la montagne dès que nous serons rentrés.

— C’est une très bonne idée. Je vous laisse. Vous savez où me trouver.

— Merci, Docteur.

Une fois seul avec Daniel, Jack s’assit près du lit. Il sursauta lorsque la voix de son ami s’éleva dans la pièce :

— C’est vrai ce que tu viens de dire ? Pour la montagne…

— Oui. Je comptais t’emmener dans mon chalet quelques jours, le temps que tu reprennes des forces.

Le jeune homme darda son regard clair sur son compagnon, puis lui tendit la main. Jack la prit en souriant.

— Tu devrais dormir encore un peu, sinon je vais me faire tuer par ton médecin.

— Elle n’oserait pas…

— Hum… je n’en suis pas sûr… Allez, repose-toi, je veille sur toi.

Daniel referma les yeux en soupirant. Quelques minutes plus tard, il dormait à nouveau. Jack s’installa plus confortablement sur sa chaise, la main de son compagnon toujours dans les siennes.

***

Daniel ne fut autorisé à sortir de l’infirmerie qu’à leur arrivée sur Terre. Jack avait passé toutes ses journées avec lui, jouant aux échecs ou discutant de tout et de rien, juste pour le plaisir d’être ensemble. Dès que le Dédale les déposa, le militaire récupéra sa voiture et ils passèrent à leurs domiciles respectifs pour récupérer quelques affaires. Ensuite ils partirent pour le chalet de montagne. Il avait fait prévenir le SGC que Daniel et lui prenaient quelques jours de repos et avait demandé qu’on ne les dérange pas.

Installé confortablement sur une chaise longue face au lac, Daniel contemplait le paysage, perdu dans ses pensées. Jack pêchait, assis au bout du ponton. La scène était si paisible qu’ils sursautèrent tous les deux lorsque le téléphone sonna. Maugréant, le militaire posa sa canne et rentra dans le chalet pour répondre :

— O’Neill ! Ah, c’est vous Carter… Oui, il est là… Il se repose… Je… ne quittez pas…

Daniel, les yeux rivés sur la porte par laquelle Jack était rentré, le vit ressortir et s’approcher de lui.

— Carter et Teal’c aimeraient venir nous voir. Je me disais que ça serait l’occasion de leur dire pour nous.

— Tu es sûr ?

— Oui. Plus on attendra, plus elle aura de mal à l’accepter.

— D’accord.

Jack rentra à nouveau et Daniel l’entendit répondre :

— C’est d’accord… ok, on sera là. A demain, Carter.

Il ressortit en soupirant :

— Ils viendront demain midi pour le déjeuner. Ils amènent le dessert. J’espère que ça se passera bien…

— Sam est intelligente… et je suis certain qu’elle comprendra… de toutes façons, il faudra bien qu’elle l’accepte, sinon l’ambiance sera intenable quand on rentrera au SGC.

Jack toussota. Daniel fronça les sourcils. Il souffla :

— Tu ne rentreras pas…

— Non. Je maintiens ma démission. Je…

— N’en dis pas plus. Je t’aime et je respecte ta décision, même si ça me fait mal de savoir que je ne te verrai plus tous les jours. A moins que…

Jack se tourna vers lui, l’air surpris :

— A moins que ?

Daniel soupira. Il avait cette idée en tête depuis un assez long moment mais n’avait jamais eu vraiment l’occasion d’y réfléchir vraiment. Au vu des derniers évènements, notamment de sa relation avec Jack et de la démission de celui-ci, il commençait à se demander si ça ne serait pas la meilleure solution pour tout le monde.

Comme il ne répondait pas, son compagnon s’accroupit à côté de sa chaise longue et lui pris le menton pour l’obliger à le regarder.

— La Terre appelle Daniel !

— Désolé, je réfléchissais.

— Et ? Aurais-je l’insigne honneur de savoir à quoi tu pensais ?

— A quitter le SGC moi aussi…

Jack parut sincèrement surpris :

— Vraiment ? Je croyais que ça te plaisait d’explorer toutes ces planètes, de parler ces langues étranges, etc…

— Oui, j’aime ça… mais je t’aime encore plus… Et puis, je ne prends pas ma retraite… je voudrais juste avoir une année sabbatique, histoire de voir comment ça va se passer entre nous.

— Hum… tu crois qu’on se supportera si on passe beaucoup de temps ensemble ?

— On s’est bien supportés pendant 5 ans d’exploration, sourit Daniel. A moins que tu ne veuilles pas m’avoir tout le temps sur le dos…

— Ne dis pas de bêtise… souffla Jack avant de capturer ses lèvres pour un tendre baiser.

***

Le lendemain, à midi précises, les deux hommes entendirent une voiture se garer près du chalet. Jack vérifia que la viande ne brûlait pas sur le barbecue, puis jeta un coup d’œil à Daniel qui partit accueillir leurs amis. Il revint quelques minutes plus tard accompagné d’une Samantha Carter en robe d’été et d’un Teal’c chapeauté d’un feutre noir qui lui donnait un air de gangster. Jack leur adressa un sourire.

— Asseyez-vous, c’est presque prêt.

Ses amis s’installèrent sur les bancs autour de la table en bois. Jack prit un plat où il disposa les steaks puis les rejoignit. Il s’assit à côté de Daniel, en face de Sam. Au bout d’un moment de silence, la jeune femme demanda à l’archéologue :

— Vous allez bien ? Rodney McKay nous a raconté ce qui vous est arrivé.

— Il vous a tout dit ? interrogea Jack, un peu inquiet à l’idée de ce que le scientifique avait pu choisir de leur révéler ou de leur taire.

Lorsque Sam répondit, il fut soulagé. Rodney avait juste expliqué que Jack avait été gravement blessé lors d’une mission sur Atlantis, qu’il s’en était remis et que Daniel avait été enlevé et torturé par Baal au cours de leur voyage de retour. Il avait omis toute la partie concernant l’ascension de O’Neill et son miraculeux retour. Et, surtout, il n’avait rien dit sur la relation des deux hommes alors qu’il la connaissait suite aux confidences de Daniel.

Jack se tourna vers son ami et l’interrogea du regard. Puis, il refit face à Samantha, prit une grande inspiration et lança :

— Daniel et moi avons une nouvelle à vous annoncer. Enfin, deux plutôt.

La jeune femme leur adressa un regard surpris tandis que Teal’c haussait un sourcil à la Spock.

— Ce n’est pas très évident à dire, reprit Jack, vraiment embarrassé… voilà… nous sommes ensemble.

Un silence de plomb s’abattit soudain sur les quatre équipiers. Samantha fixait Jack avec incrédulité. Teal’c semblait impassible, mais ses yeux trahissaient sa surprise. La jeune femme balbutia :

— Vous êtes ensemble ? Vous voulez dire… comme un couple ?

— Oui, répondit Daniel.

— Mais… comment ? Depuis quand ?

— Ca c’est fait lorsque nous étions sur Atlantis et sur le Dédale, mais nos sentiments sont bien plus anciens.

Sam était livide et semblait totalement anéantie par la nouvelle. Alors qu’elle ouvrait la bouche, Teal’c la devança :

— J’ignorais que sur la Tauri, de telles relations existaient aussi.

Surpris, Jack se tourna vers lui, évitant le regard éberlué de Carter.

— Aussi ?

— Les relations entre hommes sont courantes chez les Jaffas. Elles le sont presque autant qu'entre hommes et femmes. J'ai moi-même eu une relation avec un autre Jaffa avant d'épouser Drey'auc.

Daniel et Jack échangèrent un regard étonné puis reportèrent leur attention sur Samantha qui ne paraissait pas vraiment prendre la nouvelle avec le même calme et la même compréhension que Teal'c. Celui-ci vint à la rescousse de ses amis en leur demandant :

— Quelle est votre deuxième nouvelle ?

Ce fut Daniel qui répondit :

— Jack prend sa retraite et moi une année sabbatique.

Cette fois-ci, la jeune femme se leva d'un bond, visiblement en colère :

— Quoi ?

— Asseyez-vous Carter, soupira O'Neill.

— Quand avez-vous pris cette décision ?

— J'ai donné ma démission au Président avant notre départ pour la Galaxie de Pégase. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle j'y suis allé, pour y faire une inspection avant de confier les rênes du SGC à quelqu'un d'autre.

— Et vous, Daniel Jackson ? demanda Teal'c.

Le jeune homme répondit en rougissant légèrement :

— Je n'ai pas envie de passer trop de temps loin de Jack...

Samantha leur adressa à tous les deux des regards meurtriers et quitta la table sans dire un mot. Jack soupira à nouveau. Il se doutait que ça ne se passerait pas très bien, mais ne pensait pas que ça serait à ce point là. Daniel posa sa main sur son bras, puis se leva à son tour :

— Je vais aller lui parler.

— Je ne suis pas sûr que ça soit une bonne idée, souffla O'Neill. Elle m'a l'air plutôt contrariée.

— Ne t'en fais pas, ça ira.

***

Daniel s'approcha doucement de Sam qui s'était assise sur une souche d'arbre près du bord du lac et jetait des galets dans l'eau. Elle ne bougea pas lorsqu'il s'accroupit près d'elle.

— Sam ? Ecoutez, je suis désolé si on vous a fait du mal. On ne voulait pas...

— Ne vous excusez pas, Daniel, souffla la jeune femme en baissant le bras après avoir jeté son dernier galet. On ne peut rien faire contre les sentiments... je suis bien placée pour le savoir... C'est seulement... Tout est si soudain !

— Et ça l'est encore plus pour nous, je peux vous l'assurer.

Elle se tourna vers son ami, plongeant son regard clair dans les prunelles céruléennes du jeune homme :

— Vous l'aimez vraiment ?

— Oui.

— Plus que vous n'avez aimé Sha're ?

Surpris par la question, Daniel dut y réfléchir et finit par répondre après quelques secondes :

— Je ne sais pas. C'est... différent... mais je sais que je ne pourrais pas vivre sans Jack à mes côtés... surtout maintenant que je sais qu'il partage mes sentiments...

Sam soupira, puis fixa à nouveau l'eau calme du lac.

— Je comprends... Ce n'est pas facile pour moi d'admettre que tous mes rêves d’avenir disparaissent d'un coup... mais je ferais un effort... vous êtes mon ami... vous êtes mes amis, tous les deux... je crois que je finirai par m'y habituer...

— Merci, Sam. Ca compte beaucoup pour nous...

La jeune femme eut un petit sourire.

— Juste une chose, Daniel...

— Laquelle ?

— Si vous le rendez malheureux, vous aurez affaire à moi ! Compris !

— Compris !

Daniel se leva, soulagé et lui tendit la main pour l'aider à se relever.

— Venez, allons rassurer Jack.

Elle hocha la tête et ils rejoignirent la table où leurs amis mangeaient en silence. Ils se rassirent, puis Samantha s'excusa :

— Je n'ai pas à me mêler de votre vie privée. Si vous êtes heureux ensemble, alors je serais heureuse pour vous.

Devant l'air incrédule de Jack, elle sourit et ajouta :

— Ne faites pas cette tête, Mon Général ! J'ai encore un peu de mal à m'y faire, mais tant qu'à vous voir avec quelqu'un d'autre, j'aime autant que ça soit Daniel.

Les deux amants échangèrent un regard complice, puis ils reportèrent leur attention sur le repas.

***

Sam et Teal’c ne quittèrent leurs amis qu’à la tombée de la nuit. Alors qu’ils rentraient dans le chalet, Jack remarqua l’air fatigué de son compagnon :

— Tu devrais aller dormir. Cette journée a été riche en émotions.

— Tu as raison. Bonne nuit.

— Bonne nuit.

O’Neill suivit son ami des yeux jusqu’à ce qu’il disparaisse dans sa chambre. En soupirant, il alla ensuite finir de ranger la vaisselle. Lorsque ce fut fait, il alla prendre une douche. Il savoura un long moment la chaleur de l’eau sur sa peau, puis se décida enfin à en sortir. Il était en train de se sécher lorsqu’il entendit un cri provenant de la chambre de Daniel :

— Jack, non !

Il noua la serviette autour de sa taille et se précipita auprès de son ami. Celui-ci était assis dans son lit, l’air hagard, en nage. Jack s’approcha en demandant :

— Daniel ? Ca va ?

Le jeune homme secoua la tête, puis répondit :

— Un cauchemar… Ce n’est rien…

Il passa une main dans ses cheveux humides tout en mettant ses lunettes. Une légère rougeur colora ses joues lorsque ses yeux se posèrent sur le torse encore dégoulinant du militaire. Celui-ci sentit une chaleur familière envahir ses reins. Il ne put s’empêcher de détailler son ami dont le tee-shirt blanc trempé de sueur ne cachait plus rien de sa musculature d’habitude dissimulée par les informes vêtements militaires. Jack s’approcha. Il semblait sûr de lui, mais, en fait, il paniquait totalement. Il avait peur de ce qui allait arriver. Pourtant, il n’avait aucune hésitation. Il franchit rapidement l’espace le séparant encore de Daniel, s’assit au bord du lit et captura les lèvres de son compagnon pour un baiser enflammé…

***

Au même instant, à quelques milliers de kilomètres de là, à bord du Dédale, Rodney était assis sur son lit, plongé dans un roman policier. Il sursauta lorsqu’on frappa à la porte :

— Entrez !

En voyant le nouvel arrivant, le scientifique sourit :

— Te voilà enfin ! Où tu étais passé ?

— Ferme les yeux, j’ai une surprise pour toi… souffla John en s’approchant du lit de sa démarche féline.

Devant la lueur de malice qui éclairait les yeux verts de son compagnon, Rodney obéit. Il sentit rapidement un poids sur le lit et une odeur qu’il adorait faire frémir son nez.

— Ouvre la bouche…

Il entrouvrit les lèvres et un morceau de chocolat s’insinua entre elles avant qu’elles soient recouvertes par celles du militaire. Le baiser cacaoté fut long et passionné. Lorsqu’il se rompit, Rodney rouvrit les yeux et demanda :

— Tu en as encore ?

— Gourmand ! Sourit John en montrant la plaque à peine entamée qu’il tenait à la main.

Le scientifique eut un petit sourire taquin :

— Hum… tu ne sais pas encore à quel point… souffla t’il avant de s’attaquer à nouveau à la bouche de son compagnon…

***

Rapidement, les mains et les corps se découvrirent. Plus rien n’existait d’autre que les sensations nouvelles qui naissaient à chaque caresse. Ils avaient l’impression de redécouvrir l’amour charnel comme si c’était la première fois. Le plaisir les emporta violemment vers ses cimes, puis les laissa lentement redescendre sur un nuage de douce torpeur et de plénitude. A cet instant-là, ils n’étaient plus un militaire et un civil, deux hommes, deux amis mais deux âmes-sœurs que rien ni personne ne pourraient séparer, pas même la mort.

Fin.

Fic terminée le 16/01/2006.



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Skin réalisé par Cybelia.

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